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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Message par ArenSor Lun 4 Juin - 11:27

Laura Kasischke
Née en 1961

Laura Kasischke Avt_la10

Laura Kasischke (prononcer : Kaziski) est née à Grand Rapids, dans l’État du Michigan, elle fait des études supérieures à l'Université du Michigan. Elle devient ensuite professeur de langue anglaise et d'écriture au Residential College de l'Université du Michigan à Ann Arbor (Michigan).
Elle amorce sa carrière en littérature par la parution de plusieurs recueils de poésie dans les années 1990, certains publiés par les presses de l'Université du Michigan, d'autres ayant connu une parution dans des revues ou gagné de nombreux prix littéraires, dont le Hopwood Awards.
En parallèle à son activité de poétesse, elle devient romancière à partir de 1997 et la parution de A Suspicious River (Suspicious River), dont l'intrigue, où se développe une sourde menace, n'est pas sans rappeler, en dépit d'un style plus détaché, les œuvres de Joyce Carol Oates. Ce récit est adapté sous le même titre au cinéma par la réalisatrice canadienne Lynne Stopkewich en 2000.
Un second film, La Vie devant ses yeux (The Life Before Her Eyes), d'après son roman de même titre, est réalisé en 2008 par Vadim Perelman, avec Uma Thurman et Evan Rachel Wood. Son cinquième roman, À moi pour toujours (Be Mine), publié en 2007, devient un best-seller national aux États-Unis.
Laura Kasischke a reçu la Bourse MacDowell et la Bourse Guggenheim en 2009.
Elle vit actuellement à Chelsea dans le Michigan, avec sa famille.
Ses romans, bien accueillis en France, sont traduits chez Christian Bourgois éditeur ; sa poésie et ses nouvelles sont traduites aux éditions Page à Page.
(source Wikipédia)

Ouvrages traduits en français :

Poésie
• Wild Brides/Mariées rebelles (1992)
• Housekeeping in a Dream (1995)
• Fire & Flower (1998)
• What It Wasn't (2002)
• Dance and Disappear (2002)
• Gardening in the Dark (2004)
• Lilies Without (2007)
• Space, in Chains (2013)
• The Infinitesimals (2014)

Romans
• Suspicious River, 1997
• Un oiseau blanc dans le blizzard, 1999 : Page 2
• La Vie devant ses yeux, 2002  : Page 3
• Rêves de garçons, 2007  
• À moi pour toujours, 2007 : Page 1
• La Couronne verte, 2008  
• En un monde parfait,  2009  
• Eden Springs, 2009
• Les Revenants, 2011
• Esprit d'hiver, 2013 : Page 1

Recueil de nouvelles
• Si un inconnu vous aborde, 2017


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Message par ArenSor Lun 4 Juin - 11:35

Esprit d’hiver

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Le titre se réfère à un poème de Wllace Stevens.

Ne faites pas la même bêtise que moi : en feuilletant le livre, je suis tombé sur la dernière page imprimée avec une typographie différente, j’ai pensé à une table des matières ou quelque chose de ce genre ; erreur, cette page donne une explication rationnelle à ce qui précède.
Toutefois, le côté thriller du récit n’est qu’un des aspects, qui n’est pas, à mon avis, le plus intéressant de ce livre. Disons que c’en est le moteur.

Nous voilà donc dans une famille de classe moyenne du Michigan le matin de Noël. La maîtresse de maison, Holly, se réveille tard, trop tard. Son époux doit partir précipitamment  chercher à l’aéroport ses parents, les invités vont arriver. Pour couronner le tout, Tatiana, adolescente en crise est d’humeur revêche.
A partir de là tout va aller de mal en pire : le blizzard souffle, les invités se décommandent, Eric doit gagner un hôpital en raison de ses parents en pleine « confusion ». Le réel commence à se fissurer de toute part.

Le récit se construit essentiellement sur les rapports entre Holly, la mère, une poétesse incapable d’écrire à nouveau et Taty, sa fille. Des allers-retours précisent le rapport qui les unit. Holly fait partie d’une famille frappée par une maladie génétique : sa mère, une de ses sœurs sont mortes de cancer, une autre sœur se suicide. Holly décide donc une mammectomie et une ovariectomie pour conjurer le destin de sa famille. Elle adopte Tatiana, jeune orpheline russe.

Il s’agit donc d’un roman sur la filiation, sur le patrimoine génétique d’une personne qui est conçue avec des facteurs prédéterminés de chance ou de pas de chance.
C’est un livre aussi sur les non-dits, sur ce qu’on décide de mettre dans un coin de l’esprit et d’oublier. Holly a une technique toute particulière pour cela. Elle porte un élastique au poignet qu’elle fait claquer sur la peau, si nécessaire. Car seul compte le bonheur de Tatiana.

L’écriture de Laura Kasischke joue à merveille de ce huit-clos enfermé sous la neige qui tombe sans arrêt et enfouit tout ; atmosphère qui paradoxalement va réveiller les fêlures entre la mère et sa fille.

Spoiler:

« Esprit d’hiver » est un très beau roman que j’ai eu du plaisir à lire. Sûr, je vais continuer avec cette écrivaine.

« Et bien, avait expliquée Tatiana, parfois l’âme pouvait être derrière le corps, peut-être, et parfois elle pouvait être à côté ou en-dessous ou au-dessus, mais oui, habituellement elle se trouvait à l’intérieur. Un livre, par exemple, avait son âme dans le creux entre les deux pages du milieu. C’était typique des choses pliables. Comme les papillons qui avaient l’âme là où leurs deux ailes se rejoignaient. »

« … c’était à cette occasion que Holly avait vu les pieds nus de sa belle-mère.
Ils ressemblaient à d’horribles oiseaux déplumés. Des choses émaciées et sans ailes, préparées pour un maigre repas de prison ou une soupe du tiers-monde. Holly crut même voir le sang couler dans les veines de ces pieds, se rassemblant en petits amas de la taille d’une pastille avant de pulser. Ces pieds l’avaient rendue malade de pitié. Elle s’était dit que ce n’était pas étonnant que la vieille femme clopine de la sorte. Comment Gin arrivait-elle-même à marcher ? Et combien de temps encore des pieds si abîmés, si épuisés pouvaient-ils tout bonnement marcher sur cette terre ?»

« Ils se dirent au revoir puis, une fois la discussion finie, Holly écouta le bruit de la connexion coupée, qui était celle d’une hache toute minuscule s’abattant sur le tronc très fin d’un arbre. »

Deux réflexions intéressantes dans une interview publiée par le journal Le Monde du 22/08/2013 :

« Oui, reprend Laura Kasischke. Ici, dans Esprit d'hiver, c'est le refoulement, le déni, les souvenirs "oubliés"... Tous mes livres tournent autour de ça, l'inconscient, sa façon de nous travailler au quotidien, dans la fausse quiétude de l'univers domestique. »

« Œdipe, le roi Lear, Nora dans Une maison de poupée d'Ibsen... Vous voyez, c'est toujours la même obsession qui revient, des êtres qui voudraient supprimer des choses qu'ils savent avant que ces choses ne les anéantissent eux-mêmes."


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Message par topocl Lun 4 Juin - 12:00

J'avais été moins enthousiaste:

Esprit d’hiver

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C'est très difficile de parler de ce livre, car c'est son secret qui lui donne sa cohérence. Et évidemment, de ce secret, qui est  livré à la dernière page, comme un couperet, on ne peut pas parler.

Le livre refermé, c'est donc assez fameux.
Il n'en demeure pas moins que j'ai passé bien 200 pages à m’ennuyer et m’énerver. Qu’elle est exaspérante, cette Holly, immature, inconséquente, égocentrique… et qu'il faut de points d’exclamation, de points d’interrogations, de phrases hachées, de répétitions, pour bien nous le faire comprendre…
Puis les petites incohérences s'accumulant, j'ai compris que le dérangement et les maladresses étaient voulus, un malaise et une certaine tension se sont installés.

Jusqu'à cette fin, qui, bien sûr, justifie les « défauts » et signe plutôt la maîtrise de l'auteur.

Mais, bon… je ne suis pas sûre que, pour moi, une idée de génie compense 200 pages d’inconfort littéraire.

Recup 2014

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Message par topocl Lun 4 Juin - 12:05

Et j'avais lu aussi:

A moi pour toujours

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J'imagine Laura Kasischke, cette belle jeune femme épanouie et sûre d'elle que j’ai vue à la télé la semaine dernière, s'asseyant devant sa machine à écrire ou son ordinateur, considérant belle sa vie aboutie, correspondant plus ou moins au rêve qu'elle en avait fait quand elle avait 20 ans, réalisant avec effroi que cela pourrait être précaire, qu'il y a peut-être des zones d'ombre et fragilité, que le danger rôde, et décidant de l’illustrer dans un roman. C'est plutôt beau, non. D'ailleurs je me reconnais assez en elle, et comme elle, à l’heure où mes enfants quittent un à un le foyer , je me rends compte qu’il faut passer à autre chose, les moments de bonheur quotidiens seront là mais seront différents. Et je comprends qu’elle puisse douter.

Seulement voilà, plus démonstratif que ce livre il n’y a pas. Des révélations sur le passé, de personnes qu’on croit connaître et qu ‘on découvre autres que ce qu’ils ont été  pendant 20 ans, (tous, sans exception, à commencer par soi même) , il en pleut de tous cotés, il n’y a pas une personne saine ici et que j’en remette une couche, et quand on croit que c’est fini il y en a encore…
Le démonstratif ne s’arrête pas au déroulé de l’histoire. Il y a la métaphore de l’animal mort (avez vous bien compris comme la vie est cruelle et éphémère, et des fois que vous n’auriez pas compris on les retrouve en topiaires à la fin)) : un lapin, une mouche ; un écureuil, une biche, à croire que les animaux ne sont sur terre que pour nous faire passer des messages. La psychologie des personnages est totalement incohérente, des marionnettes dans les mains de Kasischke

Quant aux rêves (en général je déteste les rêves dans les romans car je ne comprends rien à leurs sens caché) leur métaphore du quotidien est tellement convenue et insipide.. Et pour le sexe, avons nous bien compris la dérive que vit l’héroïne ?

Ce roman n’est pas un œil acerbe porté sur la famille et notre société policée. C’est un délire grand-guignol de Mme Kasischke (c’est çà, l’effet atelier d’écriture ???). Et, à part quelques italiques, j’ai du mal à y retrouver JCO à laquelle on la compare volontiers.

Bon je m’arrête là dans la critique. D’un certain coté l’idée du « ça tient à si peu de chose », du dérapage contrôlé, de la spirale infernale me plaisent. L’idée que les non-dits magistraux de l’épilogue ne sont que l’aboutissement de tous les non-dits anodins de 20 ans de vie partagée. Cette histoire, bien que totalement impossible, est rondement menée, dans un style alerte et chaleureux, qui a su trouver sa propre voix (e ?). Au fil des pages, j’ai vue une sensibilité, un sens aigu de l’émotion, une compréhension de l’interrogation existentielle le qui prend à la gorge à l’heure des bilans, un lien à la nature et aux saisons qui m’ont touchée.

Récup 2012

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Message par Tristram Lun 4 Juin - 12:49

Avis divergents : je suis tenté de me faire ma propre opinion, mais l'élasticité du temps est limitée, et je vais en rester aux auteurs consacrés afin de restreindre les déconvenues, au risque de rater de belles découvertes...

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Message par Nadine Lun 4 Juin - 16:32

Laura Kasischke 4200188299

je me demande si je vais aimer. Yen a un qui m'attend. Esprit d'Hiver. Je voulais pas le prendre, à Emmaus, la quatrieme laissait entendre une ambiance brumeuse d'angoisse, alors bon. Mais une amie qui était avec moi me l'a chaudement recommandé, alors allons-y. Et puis Bleuenn conseille aussi, ça tombait bien. on verra.
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Message par bix_229 Lun 4 Juin - 17:10

Laura Kasischke 51vges10

A MOI POUR TOUJOURS

Laura Kasischke écrit des romans crus et cruels. Pourquoi pas ?

Mais dans le cas de A moi pour toujours, elle rend son propos absurde en accablant ses personnages de traits qui les rend non seulement pas crédibles mais caricaturaux.
Qu'elle traite ses personnages comme des marionnnettes inconsistantes, elle en a le droit, mais c'est la vraisemblance qui en souffre, après nous les avoir présentés de façon abusivement positive.
Ses personnages, elle en fait ce qu'elle veut, oui, mais pas ses lecteurs !

Voilà donc l'histoire d' une pauvre femme, qui découvre brusquement aux abords de la quarantaine, que l'époux qu'elle aime tendrement depuis 20 ans, n'est qu'un être faible, lache et puéril.
Qu'il l'a trompée avec sa meilleure amie, son amie à elle... et que la dite amie en qui elle a toute confiance depuis 20 ans, la hait mortellement, lui envoie des lettres anonymes et s'est effectivement envoyée en l'air avec son mari.
Que l'amant avec qui elle a une brève aventure est une brute violente, possessive, doublée d'un menteur, veule, marié, et père de deux enfants.
Que le père qu'elle aime, mais qui ne le lui rend pas, préférant son frère suicidé... que son père donc, est en train de devenir un légume et se masturbe devant les infirmières...

Mais attendez ! le meilleur est là : son fils bien aimé, la chair de sa chair, tue, dans un moment de colère ou d'égarement, un copain d'enfance et l'enterre, vite fait mal fait, sous la pelouse de la maison familiale !
Et je vous épargne les détails de ce mélodrame, car c'en est un, et carabiné, mais je ne crois pas que c'était le but de Laura Kasischke.
Eh non !

Je n' aime pas flinguer les livres...
Mais que voulez vous, trop c'est trop !

Récupéré

Ceci dit, j'avais apprécié les deux premiers livres de la dame, alors...
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Message par ArenSor Lun 4 Juin - 17:39

topocl a écrit:
Il n'en demeure pas moins que j'ai passé bien 200 pages à m’ennuyer et m’énerver. Qu’elle est exaspérante, cette Holly, immature, inconséquente, égocentrique… et qu'il faut de points d’exclamation, de points d’interrogations, de phrases hachées, de répétitions, pour bien nous le faire comprendre…
Puis les petites incohérences s'accumulant, j'ai compris que le dérangement et les maladresses étaient voulus, un malaise et une certaine tension se sont installés.

A vrai dire, ma lecture est factuelle. Après la violence directe de 2666 de Bolano, j'ai apprécié celle plus sourde et feutrée de Kasischke. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de faux conte de noël du livre avec tous ses ingrédients : le couple uni et heureux du middle-west, la neige qui tombe, les parents et amis qui vont arriver, les cadeaux.... Je ne me suis jamais ennuyé dans cette lecture car tout fait sens (même la sonnerie du téléphone !). C'est justement le genre de livre qu'il me fallait après Bolano Very Happy
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Message par ArenSor Lun 4 Juin - 17:43

Tristram a écrit:Avis divergents : je suis tenté de me faire ma propre opinion, mais l'élasticité du temps est limitée, et je vais en rester aux auteurs consacrés afin de restreindre les déconvenues, au risque de rater de belles découvertes...

Dommage car je pense que c'est une auteure qui mérite d'être lue.
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Message par topocl Lun 4 Juin - 19:02

ArenSor a écrit:
topocl a écrit:
Il n'en demeure pas moins que j'ai passé bien 200 pages à m’ennuyer et m’énerver. Qu’elle est exaspérante, cette Holly, immature, inconséquente, égocentrique… et qu'il faut de points d’exclamation, de points d’interrogations, de phrases hachées, de répétitions, pour bien nous le faire comprendre…
Puis les petites incohérences s'accumulant, j'ai compris que le dérangement et les maladresses étaient voulus, un malaise et une certaine tension se sont installés.

A vrai dire, ma lecture est factuelle. Après la violence directe de 2666 de Bolano, j'ai apprécié celle plus sourde et feutrée de Kasischke. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de faux conte de noël du livre avec tous ses ingrédients : le couple uni et heureux du middle-west, la neige qui tombe, les parents et amis qui vont arriver, les cadeaux.... Je ne me suis jamais ennuyé dans cette lecture car tout fait sens (même la sonnerie du téléphone !). C'est justement le genre de livre qu'il me fallait après Bolano Very Happy

Si j'ai bien compris tu t'étais toi-même spoilé la fin. Peut-être que ça change tout?
En tout cas je me réjouis que tu y aies pris plaisir!

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Message par ArenSor Lun 4 Juin - 20:36

topocl a écrit:Si j'ai bien compris tu t'étais toi-même spoilé la fin. Peut-être que ça change tout?
En tout cas je me réjouis que tu y aies pris plaisir!

Je me suis spoilé qu'une partie, heureusement ! D'ailleurs, j'étais partie sur une fausse piste... Very Happy C'est seulement vers la fin que j'ai compris. Peut-être est-ce aussi parce que ce roman m'a évoqué un de mes livres "culte" : "Ubik" de P-K. Dick Very Happy
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Message par Tristram Lun 4 Juin - 20:45

ArenSor a écrit:"Ubik" de P-K. Dick
Fallait le dire plus tôt !

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Message par Tristram Mar 28 Aoû - 22:56

Esprit d’hiver

Laura Kasischke Esprit10

Ayant dûment révisé mes notes de lecture du Raiponce des frères Grimm (fausse piste), affûté mes griffes d’âpre critique et achevé de le lire, voici ce que m’inspire ce livre qui décrit avec une grande acuité psychologique les affres d’Holly, femme d’intérieur/ maîtresse de maison culpabilisée, lors d’un matin de Noël raté, affligée qu’elle est de Tatiana, une adolescente typiquement horripilante, sa fille adoptée en Sibérie.
Génétique, adoption, maternité, sujets délicats entremêlés à des indices symptomatiques rendent anxiogène ce récit (roman ? plutôt une novella) qui eut été classé dans la littérature de science fiction il y a quelques décennies de cela.
Je pense, d’accord avec ArenSor, qu’une sensibilité typiquement féminine imprègne ce texte, que ce qui y est vécu ne peut l’être que par une femme, et donc qu’il existe une différence indépassable entre homme et femme.
Topocl relève le côté maîtrise virtuose, un peu artificielle ou vaine, et c’est vrai que ce livre est plus de ceux qui vous prennent aux tripes que de ceux qui vous font réfléchir dans la nuance ‒ quoi que…
Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux lire l’explication finale avant de lire le livre : au prix du suspense, le lecteur profiterait mieux de l’art de la conteuse (sans crainte de s’égarer dans une dystopie à la Levin ou Atwood, ou dans une histoire de simulacre dickien). Je me demande même si ce n’est pas là non un livre à lire, mais à relire…

Je rappellerai (après tout, nos commentaires s’adressent surtout à ceux qui ont lu le livre) qu’Holly a tout fait, conformément à une méfiance qui gagne l’Europe, pour soustraire Bébé Tatty aux examens médicaux, y compris aux vaccinations :
« Malgré tout ce qu’on disait, ils [les Russes] ne vivaient pas dans un pays libre, pas quand il s’agissait de décider des soins apportés à son propre enfant. […]
‒ Je suis porteuse d’une mutation génétique, dit Holly. Ce n’est pas le cas de Tatiana. Elle n’a aucun destin. Celui de ma famille fait partie du passé. Soit nous sommes toutes mortes, soit nous sommes devenues des robots. »
Je pointerai aussi certains aperçus navrants de l’alimentation américaine, tels ces convives mal élevés se réclamant de quelque allergie de complaisance, ou encore ce repas de fête dont les plats sont achetés préparés d’avance (aliments industriels, ou processed food), sauf le rôti : ce dernier baigne dans le sang, et saigne d’ailleurs encore abondamment après cuisson au four ; je sais bien qu’il y a volonté poétique de l’auteur, mais cette incohérence ou maladresse paraît trop fantastique : faut-il croire qu’à plus de 12$ le kilo, le bœuf ne serait pas maturé ? le boucher états-unien vend-il l’eau de ressuyage au prix de la viande, faisant au passage l’économie de la relativement longue maturation en chambre froide ? vend-il donc une viande coriace et insipide ? Bref : outre-Atlantique, le savoir boucher serait-il disparu au profit du bénéfice marchand ?
Enfin, en écho aux passages d’interview mentionnés par ArenSor, je souhaite à mon tour citer le contestable avertissement de la psy :
« "Prendre connaissance des horreurs de ce monde et ne plus y penser ensuite, ce n’est pas du refoulement. C’est une libération." »
Et c’est maintenant @Nadine de donner son avis !

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Message par Nadine Mer 29 Aoû - 12:34

Tristam, je ne l'ai pas encore lu, c'est la catastrophe depuis deux mois je n'arrive pas à lire. Mais je reviens bientôt , je n'oublie pas ! Je vous relirai tous apr!ès lecture, là je m'abstiens.
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Message par ArenSor Jeu 30 Aoû - 19:25

Merci Tristram pour ce commentaire argumenté.

Tristram a écrit:
Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux lire l’explication finale avant de lire le livre : au prix du suspense, le lecteur profiterait mieux de l’art de la conteuse (sans crainte de s’égarer dans une dystopie à la Levin ou Atwood, ou dans une histoire de simulacre dickien). Je me demande même si ce n’est pas là non un livre à lire, mais à relire…

Je suis d'accord avec cette idée. J'avais lu, en partie, les dernières pages, assez pour me rendre compte qu'un événement explicatif était présenté in fine, mais mon interprétation n'était pas la bonne. Cette "explication" finale entraîne l'ouvrage dans un aspect thriller qui nuit au reste du roman, à cette montée progressive des tensions, de l'angoisse. Tu as raison Tristram de souligner les talents de "conteuse" de l'auteure (c'est peut-être ce qui a déplu à toploc, ce côté très construit du récit qui peut apparaître artificiel). L. Kasischke utilise un procédé déjà ancien d'irruption progressive, par petites touches, d’événements irrationnels qui finissent par mettre en péril un quotidien banal. On trouve cela chez Poe, James (mais "Le Tour d'écrou" laisse planer l’ambiguïté et ne donne pas de réponse de l'auteur) ou chez "Ubik" de Dick.
Sinon, le rôti de boeuf est vraiment un personnage à part entière du roman ! Very Happy
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Message par ArenSor Jeu 30 Aoû - 19:28

Nadine a écrit:Tristam, je ne l'ai pas encore lu, c'est la catastrophe depuis deux mois je n'arrive pas à lire. Mais je reviens bientôt , je n'oublie pas ! Je vous relirai tous apr!ès lecture, là je m'abstiens.

T'inquiète pas Nadine : un seul mot d'ordre : la lecture doit rester un plaisir. Very Happy Il y a des périodes sans, mais ce n'est pas catastrophique ! Avec ou sans lecture, ta présence apporte beaucoup au forum. Donc, nous t'attendons avec impatience, sans te contraindre cheers
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Message par Bédoulène Ven 31 Aoû - 7:57

ArenSor a écrit:Merci Tristram pour ce commentaire argumenté.

Tristram a écrit:
Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux lire l’explication finale avant de lire le livre : au prix du suspense, le lecteur profiterait mieux de l’art de la conteuse (sans crainte de s’égarer dans une dystopie à la Levin ou Atwood, ou dans une histoire de simulacre dickien). Je me demande même si ce n’est pas là non un livre à lire, mais à relire…

Je suis d'accord avec cette idée. J'avais lu, en partie, les dernières pages, assez pour me rendre compte qu'un événement explicatif était présenté in fine, mais mon interprétation n'était pas la bonne. Cette "explication" finale entraîne l'ouvrage dans un aspect thriller qui nuit au reste du roman, à cette montée progressive des tensions, de l'angoisse. Tu as raison Tristram de souligner les talents de "conteuse" de l'auteure (c'est peut-être ce qui a déplu à toploc, ce côté très construit du récit qui peut apparaître artificiel). L. Kasischke utilise un procédé déjà ancien d'irruption progressive, par petites touches, d’événements irrationnels qui finissent par mettre en péril un quotidien banal. On trouve cela chez Poe, James (mais "Le Tour d'écrou" laisse planer l’ambiguïté et ne donne pas de réponse de l'auteur) ou chez "Ubik" de Dick.
Sinon, le rôti de boeuf est vraiment un personnage à part entière du roman ! Very Happy


à retrouver sur le fil Cuisine et littérature ? Smile

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Message par Nadine Mar 4 Sep - 11:33

 Esprit d'Hiver

Laura Kasischke 31plji10

Bon. J'ai tranché (le rôti) :
je ne vais pas le lire. j'ai avancé une 100aine de pages et je n'accroche pas dutout.
Du coup j'ai lu vos commentaires, lu la dernière page du livre, mais pas moyen, ce n'est pas ça.

Ce n'est que ma réception, mais je déteste le style. ça me rappelle ce que je n'avais pas apprécié chez Besson dans "L'arrière saison", ce procédé de déroulé de l'action, par touches ponctuées d'introspections. j'ai horreur de ça quand la langue est moderne, ou lorsque le contexte est prosaïque.
C'est au dessus de mes forces de lire "Seigneur. Il n'y avait aucune chance que cette douche soit prise avant qu'ils arrivent" décliné en dix "Seigneur. le rôti commençait à peine à être cuit" entrecoupé 40 fois de "La femme de l'orphelinat avait cousu ce gilet. " etc etc.
Je me sens agressée par ce prosaïsme et si j'ai bien compris qu'il distillera peu à peu le déraillage que la fin expose, je n'arrive pas à accrocher. Voilà.
Bon c'est comme ça, hein. Je rejoins l'avis de topocl, ennui et agacement. L'empathie ne se lève pas. Je suis très étonnée par les critiques positives sur  l'univers qu'on est forcé de suivre : Je trouve étonnant que cette tartine de lexique n'ait pas lassé (shampoing, velours, désordre, téléphone, lit, cuisine etc) au secours. Tant pis pour la mise en scène et l'orchestration générale. Qui doivent exister certainement.
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Message par ArenSor Mar 4 Sep - 16:05

Merci Nadine pour ton commentaire Very Happy . Le moins que l'on puisse dire est que la lecture de Kasischke provoque des réactions très contrastées.
J'en profite pour redire qu'il me semble important également de faire un commentaire lorsque l'on n'a pas aimé un livre.
En ce qui me concerne, l'aspect prosaïque ne m'a pas posé de problème car il m'a permis d'entrer dans ce personnage de mère ultra-protectrice, vivant dans son cocon, le petit pavillon ; l'important étant les vêtements, la préparation du repas, ménage, bref le souci donné à d'infimes questions de la vie quotidienne ; un monde étriqué, sans nulle autre ambition que la petite famille. Je pense que c'est le cas dans beaucoup de familles. J'en connais tant dont l'unique rêve est de posséder une voiture aussi puissante que celle du vosin (un exemple). Very Happy
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Message par Louvaluna Mar 4 Sep - 19:43

ArenSor a écrit:J'en connais tant dont l'unique rêve est de posséder une voiture aussi puissante que celle du vosin (un exemple). Very Happy
Ou qui font agrandir leur maison pour y installer un jacuzzi ?... oh la la Laura Kasischke 2733944666
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