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Jean Giono

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Message par Bédoulène Ven 2 Déc - 17:10

Jean Giono (1895-1970)

viequotidienne - Jean Giono  Giono10

Jean Giono, né le 30 mars 1895 à Manosque et mort le 9 octobre 1970 dans la même ville, est un écrivain français. Un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque dépeint la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques et possède une portée universelle.

Il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno, des peintres Georges Gimel et Serge Fiorio, ce dernier étant son cousin issu de germain. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps.

Bibliographie

Colline, 1929 : Page 8
Un de Baumugnes, 1929
Regain, 1930
Naissance de l'Odyssée, 1930 : 9
Poème de l'olive, 1930 : Page 8
Manosque-des-plateaux, 1931 : Page 9
Le Grand Troupeau, 1931 : Page 1
Jean le Bleu, 1932 : Page 3
Solitude de la pitié, 1932 : Page 10 (contient Prélude de Pan : Page 4)
Le Chant du monde, 1934 : Page 9, 10
Que ma joie demeure, 1936 : Page 9
Refus d'Obéissance, 1937
Batailles dans la montagne, 1937 : Page 1
Pour saluer Melville, 1941 : Page 2
L'Eau vive, 1943 (Rondeur des Jours et l'Oiseau bagué -1973)
Un roi sans divertissement, 1947 (extraits) : Page 1, 4, 6, 8
Noé, 1947
Fragments d'un paradis, 1948
Mort d'un personnage, 1949
Les Âmes fortes, 1949 : Page 1
Les Grands Chemins, 1951 : Page 1
Le Hussard sur le toit, 1951 : Page 6, 8
Le Moulin de Pologne, 1952
L'Homme qui plantait des arbres, 1953
Le Bonheur fou, 1957
Angelo, 1958 : Page 5, 9
Hortense ou l'Eau vive (avec Jean Allioux), 1958
Deux cavaliers de l'orage, 1965
Le Déserteur, 1966 (le Déserteur et autres récits, 1973) : Page 1
Ennemonde et autres caractères, 1968
L'Iris de Suse, 1970
Les Récits de la demi-brigade, 1972 : Page 2
Faust au village, 1977
L'Homme qui plantait des arbres (illustrations de Willi Glasauer), 1983
Le Bestiaire, 1991
Le prélude de Pan : Page 4
L'esclave : Page 4
Le noyau d'abricot et autres contes : Page 8

Essais et chroniques journalistiques
Présentation de Pan, 1930
Manosque-des-plateaux, 1931
Le Serpent d'étoiles, 1933
Les Vraies Richesses, 1936
Refus d'obéissance, 1937
Le Poids du ciel, 1938
Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, 1938
Précisions, 1939
Recherche de la pureté, 1939
Triomphe de la vie, 1941
Voyage en Italie, 1953
Notes sur l'affaire Dominici suivi de Essai sur le caractère des personnages, 1955
Provence (1953), 1957
Le Grand Théâtre, 1961
Le Désastre de Pavie, 1963
Les Terrasses de l'Ile d'Elbe, 1976
Les Trois Arbres de Palzem, 1984
De Homère à Machiavel, 1986
Images d'un jour de pluie et autres récits de jeunesse, 1987
La Chasse au Bonheur, 1988
Les Héraclides, 1995
De Montluc à la « Série Noire », 1998
Arcadie... Arcadie..., 2002

Poèmes
Premiers poèmes – Conception : fin des années 1910 - début des années 1920
Accompagnés de la flûte, 1923
La Chute des Anges, Fragment d'un Déluge, Le Cœur-Cerf, 1969

Récits inachevés
Angélique, 1980 : Page 5
Cœurs, passions, caractères, 1982 : Page 4
Caractères, 1983
Dragoon, 1982
Olympe, 1982

Correspondance
Ce que j'ai donné : Page 10


màj le 31/01/2024


Jean Giono (1/4) Se retirer du mal

Jean Giono (2/4) L’idéal d’un au-delà du roman
Jean Giono (3/4) Le toit de l’écriture
Jean Giono (4/4) Des paysages personnages



                                         
        ***





"Batailles dans la montagne »

viequotidienne - Jean Giono  41vbhc11






La bataille de la montagne entre  toutes ses composantes et celle des Hommes qui se  défendent.

La Montagne se présente , dans ces descriptions, inamicale, agressive et monstrueuse ; son ossature ressemble d’ailleurs à celle du Léviathan et les hommes se retrouvent comme Jacob, selon les paroles de Clément Bourrache ( le porte-paroles du Pasteur, dans les 4 villages de la vallée) qui n’est pas apprécié par les habitants car « il se servait injustement de la parole de Dieu » et déversait à toute heure des sentences de reproche et sanction.
A rapprocher de ce que dit Giono dans d’autres livres
Spoiler:

L’ atmosphère de la journée rappelle par sa nature  celle où un drame s’est déroulé il y a des années ; les animaux ne s’y trompent pas. Toute vie paiera le prix, tous seront essentiels dans cette lutte ; les premières dissensions s’évanouiront à mesure que la tragédie montera en puissance. Les êtres se découvriront et chacun dans sa force ou sa faiblesse participera à construire une entité.
Cette entité soutiendra celui qui portera la délivrance. Ils seront onze à l’accompagner dans le dernier acte. Ils se retrouveront à douze, peut-être comme les disciples ; même si l’on tient compte des citations de Giono, il me semble que ce chiffre n’est pas fortuit ?
Le prénom du « sauveur » Saint-Jean  me confirme dans cette supposition, mais  ce n’est qu’une idée personnelle.   Mais Jean, forestier de son métier, a tout d’un être sain d’esprit, de nature, il sera l’homme providentiel que n’hésitera pas d’ailleurs à suivre confiante  une fillette.
Saint-Jean se servira honnêtement de l’amitié et de l’amour qui lui sont donnés, il acceptera tout en protégeant.
Il y a dans ce récit, tous les simples gestes qui contribueront à installer progressivement l’espoir, une poignée de sel dans la soupe, du foin pour litière au blessé, le vin partagé qui enivre la peur et la douleur.
La montagne  vomit des années de digestion  dans la vallée, c’est horrible mais c’est aussi terrible pour elle, la délivrance des homes sera aussi la sienne . Les couleurs, les bruits, les odeurs la rendront à nouveau belle, même si les villageois savent combien elle peut être cruelle ; ils resteront y vivre car, malgré tout ils l’aiment leur montagne.
C’est d’ailleurs ce qu’ ils disent à un de la basse vallée qui a cru pouvoir vivre dans la plus haute maison du territoire : « Ah ! Ne dis pas de mal de notre montagne, elle a ses gueules. Mange tes cerises et que le bon dieu t’accompagne ! ».

Encore une fois et intensément, les descriptions de Giono sont somptueuses, efficaces,  même dans
l’ insoutenable. Les métaphores également qui renforcent ces descriptions, les construisent.
Quant aux dialogues, combien révélateurs sur les personnages, intenses. Celui entre Boromé et Saint-Jean est digne et franc comme le sont ces deux hommes , l’ amour qu’il révèle est d’autant puissant que les voix sont intimes.
Que de tensions dans ce récit, le duel entre Saint-Jean et le taureau, la dynamite portée au corps et la nuit qui toujours est obstacle.
Les nuits d’ailleurs participent de la trame  dans les récits de Giono.
Que dire de plus, sinon que j’ai encore beaucoup de plaisir de lectures.


Je reviens sur Batailles dans la Montagne :

L'espace vallée étant inondé, les sauvetages se sont par radeau, donc on pense bien sur au radeau de la Méduse.

quant à l'expédition de Saint-Jean et Marie, la fillette pour aller chercher la dynamite ?

La débâcle des corps ensevelis, rappel biblique ?

sur la fin, je pense que comme la fillette nous n'aurons pas la réponse mais le choix d'imaginer et puisqu'il parle de chance, je me dit qu'il part sur un bon chemin.

D'après ce que dit l'une des filles de Giono, son père aimait beaucoup imaginer, un seul mot lui suffisait faisons de même  sourire[/url]


mots-clés : #contemythe #nature


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Message par Bédoulène Ven 2 Déc - 17:11

Le grand troupeau

viequotidienne - Jean Giono  C_le-g10


Ce grand troupeau qui étonne et effraie aussi par son ampleur, par le bruit, par sa marche, préfigure une aventure terrible, le grand troupeau des hommes qui marchent dans la guerre.

La guerre dans toute son ampleur, son impact sur les hommes, le bêtes et la Nature. Ce sont les détails qui sont puissants, car l'ennemi ne se rencontre qu'une fois quand l'un des soldats Français découvre un Allemand, aussi misérable que lui et à qui, contre toute attente, le Capitaine saisit amicalement les mains.

Les descriptions déchirent, plus que la mort ce sont ses "auxiliaires" (corbeaux, rats, vers etc...) qui nous la montre, avide, affamée comme pour se venger de la "belle" vie d'avant.

La guerre est morte, la vie reprend. Peut-être que l'on retrouve cette idée dans les nouveaux-nés (des jumeaux si j'ai bien compris) la fille a des jambes mortes et le garçon est plein de promesses.

Que dire, sinon que l'écriture de Giono me prend les tripes et le coeur. Que ses mots je les lis, les relis, je les sens, je les vois vivent.

Ah, y revenir à ces lectures !


mots-clés : #premiereguerre


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Message par shanidar Ven 2 Déc - 17:22

Je l'aime beaucoup Giono.

J'ai adoré la lecture du Grand troupeau, c'est un livre incroyable de densité sur ceux de l'arrière, ceux qui vivent la guerre par procuration mais parfois tout aussi intensément que les gars du front.

Un formidable roman.
Très fort.

J'ai Noé et Que ma joie demeure sur mes étagères qui m'attendent...
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Message par topocl Ven 2 Déc - 17:25

Que ma joie demeure est une des grandes lectures de ma jeunesse!

Un roi sans divertissement

viequotidienne - Jean Giono  Images72

Je suis partie comme dans une ballade fabuleuse en pleine nature, simplement envahie par la beauté du site et la rencontre d’hommes simples, totalement intégrés dans ce paysage majestueux, cette époque, cette ruralité à la fois rude et bienheureuse. L’œil de Giono, sa verve à la fois tranquille et pateline, c'était une grande jouissance de lecture. La peur régnait, certes, mais tout était en place. Le récit généreux, la phrase savoureuse.. Tout baignait.

Et puis, petit à petit , tout cela m'est parti dans les doigts. Le récit est passé du nous au je, le texte en a perdu en richesse et en vivacité. Langlois, revenu, victorieux du monstre et des loups est devenu « austère et cassant », fascinant, certes, mais tellement lointain, tellement insaisissable, personne n'y comprenait plus rien... et si cela ne gênait guère les villageois ensorcelés par cet homme hautain, pour moi j'avançais précautionneusement, comptant sur un dénouement qui me rendrait à mon bonheur. .. Et ce ne fut vraiment pas le cas : mon encombrante rationalité a été déstabilisée par tout ce mystère, cet homme pour lequel on n'a au final aucune clé (sont elles restées dans la poche de Giono, ou n'ai-je pas su les trouver ?).

Je me demande si , une fois n’est pas coutume, le film ne m'irait pas mieux.

Il n'en demeure pas moins que Giono me convainc, une fois de plus, par son écriture magique, sa proximité des hommes et des paysages.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature #violence


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Message par Bédoulène Ven 2 Déc - 17:34

Les grands chemins

viequotidienne - Jean Giono  Les-gr10

Comment un homme qui gagne sa vie honnêtement, sensible aux charmes de la Nature peut-il s’enticher d’un jeune homme qui le répugne ?

« Il lève la tête ; il a un vilain regard. » « Il ne me plait pas » … s’il me dit la vérité, j’ai peur qu’elle ne me dégoûte. »

C’est l’histoire d’une étrange amitié que dévoile l’auteur. La complexité de l’âme humaine,  perméable au mal, prête à se livrer.

« Je me dis qu’ il a trouvé mieux que le jeu : il triche.  Il n’a jamais de sécurité. Ses gains sont toujours contestables. Il risque constamment sa mise et sa peau ; et la mise ne compte pas puisqu’il triche, qu’il en dispose à son gré, le donne à Pierre ou à Paul pour préparer le gros coup. Ce qui compte, c’est sa peau, c’est ce qu’il risque ; le gros coup ne sert qu’à risquer plus. »

« (je le répète : il n’est pas obligé d’être un saint) c’est un bien plus beau joueur que nous. C’est lui joue la vérité. Tricher l’oblige à miser l’essentiel. Il est quelqu’un de plein. »

« On ne pouvait pas voir qu’il trichait, une fois qu’on avait vu qu’il vivait, on avait tout vu : le reste coulait de source. »
Le narrateur exprime son amitié par le partage, l’autre par l’acceptation du don.

Le caractère jusqu’au - boutiste  de l’artiste subjugue le narrateur lequel  devient au fil des pages de plus en plus opaque, accommodant sa morale aux actes, même les plus répréhensibles de son ami.

Alors qu’il est nettement plus âgé que le jeune homme il subit  les soubresauts de l’artiste se réjouissant même de ses critiques, il veut lui faire plaisir .

« Nous parlons de choses et d’autres et, au bout d’une heure, ex abrupto, il me dit très gentiment : « Tu es une vieille noix. » Je suis ravi. Je trouve que le jour est charmant. »

« Chapitre argent c’est terminé. Il me dit : donne. Je ne me dégonfle pas, je lui donne treize mille balles. »

« Il me dit : Si on traverse une  petite ville, paye moi une guitare. » J’y avais déjà pensé. Ces moments- là comptent parmi les plus heureux. »
Quant à l’artiste, lui  joue en permanence sa vie sur du hors - piste,  il est visible. Lorsqu’ il n’aura plus la possibilité de continuer  dans cette voie il préfèrera abandonner sa vie aux mains du narrateur qui dans un dernier geste d’amitié ( ? ) la lui prendra.

"C'est beau l'amitié !"

ou bien se donne t-il le droit pour lui avoir donné son amitié et parce que l'autre se livre, de rendre justice  ?

L’homme poursuit son chemin sans en être affecté,  il  croit avoir égalé  l’artiste, il est allé au-delà de ce qu’ il pensait être capable d’accomplir. simple fait ou fanfaronnade   :

"J'ai été finalement félicité par les gendarmes"



L’écriture de Giono, parfumée et colorée reste en bouche bien après la lecture. J’éprouve le besoin de revenir sur les mots,  à chaque fois un plaisir différent m’attrape.  Ce récit est jeu de piste où le lecteur se perd parfois,  mais où il peut aussi se poser et être surpris par  les personnages au détour d’un chemin.

Je vais suivre Giono sur un autre chemin.


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Message par topocl Ven 2 Déc - 17:47

Le grand troupeau

viequotidienne - Jean Giono  C_le-g10

Le grand troupeau, ce sont ces hommes qu’on emmène à la boucherie et qui n'ont guère le choix (encore que, certains…) Ce sont ces femmes, ces vieux, ces enfants qui restent au pays, et qui n'ont aucun choix, attendre, se battre, tenir. Les bêtes, aussi. Chez tous, cette révolte impuissante. Et sous la chape de plomb d’un présent (et d’un avenir ) confisqué, quelques étincelles qui font croire, encore, en l'humanité des vivants.


Au petit Paul, qui remercie sagement des condoléances lors de la soirée de veille du corps de son père mort au combat, Giono veut dire : oui, mais vois. Oui, mais connais.
Et il lui donne à voir : la boue, les errances, l’attente, le brouillard, les obus, la cervelle qui gicle, la viande d’homme déchiquetée. Les rats aussi, et les corbeaux. Et il ne détourne pas les yeux, Giono, il décrit un porc qui dévore le cadavre d'un enfant, les corbeaux qui sucent et picorent les corps. Il décrit des combats insensés, où il faut avancer sans voir, sans savoir, sans comprendre, où la peur est  peut-être pire que la mort. L'absence de sens, aussi.

Il livre de petits morceaux de vie, va de l’un à l’autre , du village au front, des femmes aux hommes. Il va de l’un à l’autre, comme les lettres, les pensées, les permissionnaires, tous ces ponts  lancés pour rompre l’atroce déchirement, l’insupportable angoisse. Ces liens qui ont été brisés par la force de l’Histoire, intolérable intruse de ces humbles vies ordinaires, où chaque instant s’interroge de l’autre, est dans l’attente d’une fin..

Giono
donne à voir aussi la nature, la nature sordidement bafouée, mais qui revendique parfois ses droits, par un éclat de lumière ou de verdure, par le désir d'un corps : ils donnent à ce désastre son sens , mais démultiplient aussi sa hideur. Face à cette négation de l’humain, Giono reste celui de Que ma joie demeure, qui sait faire jaillir l’étincelle dans l’ homme. Dans un final élégiaque que j’ai trouvé vaguement naïf, il clôture ce requiem sauvage par un poème d’espoir. Car qui oserait  croire qu'après cela, la vie pourrait reprendre.

C'est insoutenable ? 
Oui, c'est insoutenable. Mais nous, lecteurs, nous nous devons à cette connaissance, rappelons-nous que nous, nous le lisons, alors que eux, ils le vivaient. Giono nous honore d'une prose au plus proche de ces hommes, de ces femmes, il donne une espèce de beauté atroce à leur souffrance, une vibration à tous notre être, parce que justement , nous n’y sommes pas et nous en serons éternellement redevables . Oui, j’en suis gênée, mais ce texte est beau. N’est ce pas cela , l’art, faire du beau avec du laid ? Témoigner , et emporter en même temps ?.


(commentaire rapatrié)


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Message par topocl Ven 2 Déc - 17:48

Le Déserteur

viequotidienne - Jean Giono  51a49d10

C'est un tout petit bouquin qui parle simplement de gens simples et de choses simples, avec une empathie assez extraordinaire.
C'est une histoire vraie.
Un jour, dans les montagnes suisses, émerge un homme affamé, fatigué, qui a voyagé longtemps en se cachant des gendarmes. On ne sait pas pourquoi, on s'interroge, on ne saura jamais, et finalement parce que cet homme est un simple, un timide, et qu'il amène avec lui deux pinceaux et quelques couleurs en poudre, il va trouver sa place au village, s'installer même si c'est en retrait, et produire une oeuvre qui restera. Cet homme s'appelle Charles-Frédéric Brun.
C'est un livre tellement un et attachant, qu'il n'y a rien à en dire, si ce n’est que c’est superbement écrit avec une douce attention pour le déserteur, les villageois, la montagne, l'art de peindre quelque chose comme l’art de récolter ou de construire des  meubles.
Quelque chose qui s'appellerait comme muette d’admiration


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Message par Bédoulène Sam 3 Déc - 9:15

je note Topocl pour une prochaine lecture après ton ressenti.

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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Tristram Lun 13 Mar - 19:54

Comment est-ce possible que je ne découvre ce fil que maintenant ?
J'ai tout lu de Giono, et j'aime sa première manière, le monde paysan provençal/ le monde naturel, autant que la seconde (Le hussard sur le toit).
C'est surtout son style qui m'enchante, l'épaisseur, la rondeur de sa phrase ; c'est l'écrivain de l'hymne à la vie (la plus humble, la plus risquée). Mon ouvrage préféré est peut-être Noé.
J'en suis aux relectures, récemment L'Iris de Suze, et le superbe Désastre de Pavie.

« J’ai été trop séduit par le mot et le son qu’il a. »
Jean Giono, « Journal de l’Occupation », 13 février 1944

« Telle cicatrice leur [les capitaines de François I] rappelait le trouble des petits matins, des crépuscules, ou l’ardeur des midis, quand ils en avaient été marqués. Ils se souvenaient de cette pointe extrême de jouissance, de ce paroxysme de divertissement quand ils avaient pris l’initiative ou quand ils l’avaient perdue ; un moment blanc, éblouissant, semblable à une petite attaque d’épilepsie mais très savoureuse, une perte de conscience. Ils n’aiment pas leur conscience, ils sont ravis de la perdre. La conscience c’est l’ennui. De là, des morts assez horribles, comme précisément celle de M. de La Palice, mais qui n’ont dû être que des super-paroxysmes, à voir avec quelle patience, quelle conscience, quelle ardeur, ces vieux guerriers chassé, traqué, et enfin pris ces morts enviables, ces beaux gibiers.
[…] Or, dans cette distraction, la mort a une place éminente. On ne la fuit pas, puisque le jeu consiste précisément à lui passer sous le nez avec les plus beaux gestes. Si on ne savait pas qu’on risque de rester accroché à ses cornes, le jeu n’en vaudrait pas la chandelle.
Dans les mémoires et journaux qu’écrivent les bourgeois de l’époque, on ne dit pas que ces hommes ont été tués, on dit qu’ils ont été couronnés par la mort. Le confort dans la distraction supprime l’appétit de la mort. Nous ne pouvons plus le comprendre. Le suicide n’en est qu’une parodie humoristique ; le cinéma (j’entends par cinéma toute industrie d’illusion) nous permet d’accomplir nos crimes sans fatigue, sans danger, dans un fauteuil. […]
Ils préféraient être sur la scène, sur l’écran. Cet appétit de la mort était un art de vivre. Ils prenaient la vie noire et sans sucre, comme le café quand on en aime beaucoup le goût. »
Jean Giono, « Le Désastre de Pavie », chapitre premier

J'ai eu la chance de le découvrir assez tôt, avant les ouvrages de ceux qu'il a influencé ; je reviendrai ici dès que j'en relis.

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par églantine Lun 13 Mar - 20:05

Un roi sans divertissement

viequotidienne - Jean Giono  Un_roi10


Encore une fois me voilà bien loin de mes premiers -à-prioris- avec cet écrivain à multiples facettes  !
Certes l'ambiance bucolique reste sa marque de fabrique , une patine qui lui permet de mettre en scène diverses tragédies humaines dont il tirera partie pour "mettre dans l'ombre" ce qu'il veut  mieux mettre en lumière , dans le comportement humain au sein de la vaste comédie universelle .
A travers  l'enquête policière racontée telle une chronique , Giono nous entraînera dans une belle embuscade : qu'on ne s'y trompe pas , il est rusé notre écrivain ..... à l'image de Langlois , le protagoniste de l'histoire .(Il ne serait pas improbable que Giono ait pu créer ce personnage avec quelques traces d'introspection ) .

Certes,on s'amuse de toutes les malices Gionesques , le verbe est goûteux , délicieux à entendre .....de grandes envolées lyriques à de brusques passages laconiques ...de l'ellipse au grand développement , le roman se caractérise par une capacité à "distraire" le lecteur justement  sans jamais laisser place au vide et à 'ennui ....d'ailleurs c'est bien de cela dont nous parle Giono ! Le titre parle à lui seul , faisait référence à la pensée Pascalienne ....
On s'attachera à ce personnage énigmatique qu'est Langlois , on cherchera à en percer le mystère , on le suivra dans ces pérégrinations de la chasse à l'homme , à la chasse au loup et autres aventures quelquefois insolites et incompréhensibles , on relira plusieurs fois les différentes réparties des personnages qui l'entourent pour trouver des pistes de solution ....Le bougre , il nous met la barre haute : à nous de nous hisser ....Giono possède un talent inimitable pour jouer avec le lecteur dès lors que celui-ci veuille bien rentrer dans son jeu qui consiste à faire croire qu'il veuille lui faire prendre des vessies pour des lanternes !

Jusqu'où peut mener l'ennui , celui  qui se cache dans les couches souterraines de l'âme humaine , celui qui peut mener au plaisir quasi sublimé du crime , dans sa plus belle esthétique liée à l'acte gratuit , celui qui fait courir les hommes depuis la nuit des temps , celui qui  conduit à l'absurdité de la guerre et autres atrocités ....
Et ....est -ce cela aussi qui caractériserait l'homme ? Vision bien pessimiste de l'humanité !

Je retrouve dans Un roi sans divertissement une façon d'aborder l'humanité dans toute sa complexité et sa noirceur déjà rencontrée dans  "Le grand chemin" ; les procédés stylistiques se ressemblent  , les personnages ambivalents et incernables , le grand décor naturel menaçant et sécurisant à la fois ....Mais dans cette oeuvre magistrale ,nous sommes face à une sorte d'aboutissement spectaculaire !
Une lecture qui peut se faire à multiples niveaux avec des réponses sans fins aux questionnements induits dans le discours narratif de Giono :
On en ressort perplexes , destabilisés,  mais éblouis par ce coup de maître !

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Message par bix_229 Lun 13 Mar - 20:10

Tout à fait d' accord !
Giono a changé de style et de manière au cours des années.
Passant d' un lyrisme parfois quelque peu emphatique à une sobriété et une psychologie plus aigues.
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Message par Bédoulène Mar 14 Mar - 15:35

merci églantine ; il me faudra revenir encore à Giono

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Message par églantine Jeu 24 Aoû - 11:46

Les âmes fortes

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Quand on pense à Giono , des réminiscences de saveurs méridionales , des odeurs de lavande , d'enivrantes descriptions provençales affleurent la mémoire du lecteur du Chant du monde .
Et pourtant , peut-on oublier l'autre Giono , l'écrivain du cri intérieur , l'homme en proie à ses doutes intérieurs , l'homme blessé par des accusations infondées concernant ses positions durant la seconde guerre mondiale, le désillusionné ?

Les âmes fortes appartient à cette période sombre d'oeuvre de l'écrivain .Les âmes fortes , les âmes mortes ? Petit indice d'emblée pour donner le ton de ce roman en écho au monde Gogolien , celui de l'absurde , et des turpitudes  de l'être humain.

Il s'agit pour Giono de souligner toute la noirceur de l'humanité à travers une longue nuit , une veillée funèbre durant laquelle quelques commères de village raconteront , chacune à sa façon , la vie de Thérèse ....Mais Thérèse participe aussi ....Le temps s'est arrêté , la nuit enveloppe les âmes , les langues se délient , les récits s'entremêlent , s'enchâssent , dans des mouvements de va et vient temporels , les versions s'opposant , les contradictions chantantes , les avancées narratives se bousculant , l'une chassant l'autre , dans une débandade chronologique fantasque.
Probablement alors que l'exutoire est nécessaire pour déverser le trop plein de crassouilles tapis dans l'ombre du vernis social de cette petite société bien-pensante . Et les veillées funèbres remplissent ce rôle régulateur .

La nuit tous les chats sont gris .

Alors oui , Thérèse et Firmin vécurent ensemble dans l'errance et l'appât du gain , alors oui Monsieur et madame Numance liés par leur générosité sans limites . Thérèse aurait-elle ourdie toute cette affaire machiavélique pour plumer le couple Numance ? Ou bien Firmin serait-il l'instigateur ? Le couple Numance dans sa démesure donatrice serait-t il aussi virginal qu'il y parait ?
Où se situe la vérité dans les multiples récits qu'entend cette nuit inquiétante ? Les chemins sont nombreux , kaléidoscopiques , ambigues , piégés , opaques , souvent incohérents ...Le lecteur y perdrait son latin s'il en avait . Giono enferme son lecteur dans un labyrinthe complexe et d'une opacité étouffante .  

L'athmosphère est inquiétante , les incohérences destabilisantes pour le lecteur cartésien , les fantaisies Gionesques autant jubilatoires que frustrantes ....

"Par delà le bien et le mal ",voilà une oeuvre déroutante , récit façon chronique ,  fable amorale , où rien n'est binaire , tangible , vrai d'une vérité démontrée justifiée , où la figure Christique de Mme Numance apparait tout aussi effrayante que celle de Thérèse dans son machiavélisme presque revendiqué ,une oeuvre dérangeante avec une rare puissante narrative .

Basée sur un discours de l'oralité d'une musicalité étonnante , très rythmée , dans une technique narrative novatrice pour l'époque je suppose , libre , audacieuse . Giono s'efface et laisse ses personnages s'emparer du roman, il crée juste une percée pour laisser l'histoire devenir . Libre au lecteur de s'emparer des morceaux du puzzle et de créer , acceptant les dés pipés , et les facéties de Giono .
Quant aux âmes fortes , je vous laisse dans le plaisir de la découverte de ce roman malicieux , malin , cruel , addictif et jouissif . L'être humain aime les eaux troubles , vous devriez y trouver votre compte .
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Message par bix_229 Jeu 24 Aoû - 14:42

Une belle lecture imaginative en eau trouble !
Merci Eglantine !
Tu as raison, il y a plusieurs Giono...
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Message par Invité Jeu 24 Aoû - 16:22

En effet plusieurs facettes ... Je me suis fait une idée erronée de l'auteur en commençant par Colline, songeant que toute son oeuvre serait du même acabit. Puis, j'ai lu Un roi sans divertissement, affraid
Rien à voir. J'ai préféré la magie enchanteresse de Colline.

Merci pour le com' !

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Message par Bédoulène Jeu 24 Aoû - 18:06

merci églantine !

il me faudra donc découvrir un autre Giono

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Message par anagramme Ven 25 Aoû - 13:46

Pour un Giono encore différent, je conseille Noé.
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Message par Bédoulène Ven 25 Aoû - 14:23

merci Anagramme !

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Message par Tristram Ven 25 Aoû - 14:25

Oui Anagramme, Noé est peut-être mon préféré ; inventif, malicieux, rabelaisien, à la fois mythologique et proche, fantaisiste et humain, on entre avec jubilation dans l'univers de l'écrivain, avec ses personnages et sa bibliothèque.

« Il y avait également tous les nombreux personnages dont on ne parle jamais dans une histoire mais qui existent ; heureusement, car, s'ils n'existaient pas, les personnages seraient des Robinsons. Je n'en ai pas parlé : il n'était pas nécessaire d'en parler. Ils étaient logiques, et par conséquent, ils existaient, sans qu'on insiste [… »
« Car, ce serait très désagréable (et raté) de suggérer (sans le vouloir) que le drame se passe en l'air. »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par topocl Dim 27 Aoû - 20:32

Les âmes fortes

Cette nuit, veillée mortuaire.
Une fois le mort installé entre deux cierges, la veuve envoyée dormir, les pipelettes du village s'installent pour une nuit de papotages, ragots et racontars.
Chacune y va de sa version, revisitée au coin de la médisance, de l'imaginaire et de l'amplification, autour du couple mal-assemblé de Juliette, doyenne de l'assemblée et Firmin,  et du couple de bourgeois qui se ruina bizarrement à les prendre sous leur protection.  Suspicion, libertinage, cupidité, jalousie : on ressasse  placidement les petites et grosses turpitudes…

Et plus elles cancanent,  plus le style oral se met à distance, plus on entend la prose si spécifique de Giono, qui jubile dans sa narration pleine d'invention,  de perspicacité psychologique, de raffinement dans le sordide. Et en rajoute une louche, pour parfaire le conte.

Comme l'a dit Églantine,
églantine a écrit: le lecteur cartésien
souffre un peu, mais, se plaisant à comparer cette compagnie de commères à une réunion de co-scénaristes de Chabrol en recherche d'idées bien scabreuses, il se prend finalement à se régaler... C'est noir, très noir, mais raconté avec un humour badin àse tordre de rire.

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