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Valère Novarina

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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 11:58

Valère Novarina
Né en 1947

Valère Novarina Novari10

Valère Novarina est né en 1947 à Genève. Il passe son enfance et son adolescence à Thonon, sur la rive française du Léman. À Paris, il étudie à la Sorbonne la philosophie, la philologie, et l’histoire du théâtre.
Sa première pièce, L’Atelier volant, sera mise en scène par Jean-Pierre Sarrazac en 1974. Marcel Maréchal lui commande une libre adaptation des deux Henry IV de Shakespeare, Falstafe, qui sera montée au Théâtre national de Marseille en 1976.
Valère Novarina a mis en scène plusieurs de ses textes et a peint de grandes toiles pour chacun de ces spectacles.
Il a réalisé deux émissions pour l’Atelier de création radiophonique de France Culture : en 1980, Le Théâtre des oreilles, et en 1994, avec Roséliane Goldstein, Les Cymbales de l’homme en bois du limonaire retentissent.
A partir des années 80, Valère Novarina a intensifié ses activités de dessinateur et de peintre. Il réalise ainsi plusieurs performances où il mêle les « actions » de dessin ou de peinture, le texte, et parfois la musique ou la vidéo.
André Marcon a créé, au Festival d’Automne et au Festival d’Avignon, Le Monologue d’Adramélech (1985), Le Discours aux animaux (1986) et L’Inquiétude (1991). Ces deux dernières interprétations ont fait l’objet d’enregistrements sur disque compact, aux éditions Tristram.
Claude Buchvald a mis en scène Vous qui habitez le temps, en 1994, elle a créé Le Repas en 1996, L’Avant dernier des hommes en 1997 et L’Opérette imaginaire en 1998.
Jean Pierre Vincent a mis en scène Le Drame de la vie - fragment - au Théâtre des Amandiers en mai 2001.

Sources : site de l'auteur ; éditions P.O.L.

Sensibles sans doute à sa verve jubilatoire et aux résurgences des parlers savoyards et de l'argot, les amateurs de classifications et d'écoles ont rangé Novarina aux côtés de Jacques Audiberti et de Jean Vauthier dans le camp du « théâtre du verbe ». L'appellation ne rend pas vraiment compte de la singularité de son langage. À l'instar de Rabelais, de Jarry, du Joyce d'Ulysse et de Finnegans Wake, de Queneau ou de Perec parfois, Novarina fait subir à la langue française des acrobaties ludiques, multipliant les néologismes, les barbarismes, manipulant sans précaution la morphologie et les racines latines, procédant par agglutinations perpétuelles : « J'ai malaufond », dit le mort du Drame de la vie (1984), dont l'action a lieu dans un Stade d'Action, « mélodrome de cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres ».

Source : David LESCOT, « NOVARINA VALÈRE (1947-    ) », Encyclopædia Universalis [en ligne]. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/valere-novarina/

Bibliographie

L'Atelier volant (1974), pièce de théâtre.
Falstafe (1976), éd. Ch. Bourgois, pièce de théâtre d'après Henry IV de Shakespeare, rééd. P.O.L., 2008, pièce reprise au Théâtre national de Chaillot.
Le Babil des classes dangereuses (1978), éd. Ch. Bourgois (rééd. 2011), roman théâtral.
La Lutte des morts (1979), éd. Ch. Bourgois, roman théâtral.
Lettre aux acteurs (1979), éd. l'Énergumène.
Le Drame de la vie (1984), éd. P.O.L, rééd. Poésie/Gallimard, 2003, pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon, reprise au festival d'automne à Paris ; Le Drame de la vie - fragment, créée au Théâtre Nanterre-Amandiers.
Le Monologue d'Adramelech (1985), pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon, reprise au festival d'automne à Paris.
Cent dessins (1986).
Pour Louis de Funès (1986).
Le Discours aux animaux (1987), pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon, reprise au festival d'automne à Paris. Page 1
Théâtre (juin 1989), ce volume réunit les cinq premiers textes publiés par Valère Novarina et qui étaient épuisés : L'Atelier volant, Le Babil des classes dangereuses, Le Monologue d'Adramélech, La Lutte des morts, Falstafe.
Le Théâtre des paroles (1989) (rééd. 2009).
Vous qui habitez le temps (1989), pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon, repris au festival d'automne à Paris.
Pendant la matière (1991).
Je suis (1991), pièce de théâtre créée au théâtre de la Bastille dans le cadre du festival d'automne à Paris.
L'Animal du temps (1993), adaptation théâtrale.
L'Inquiétude (1993), adaptation théâtrale, créée au festival d'Avignon, repris au festival d'automne à Paris.
Le Feu (1994), écrit avec Thérèse Joly.
La Loterie Pierrot (1995).
La Chair de l'homme (1995), pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon.
Le Repas (1996).
Le Jardin de reconnaissance (1997), pièce de théâtre, créée au théâtre de l'Athénée à Paris.
L'Espace furieux (1997), inscrit au répertoire de la Comédie-Française.
L'Avant-dernier des hommes (1997).
L'Opérette imaginaire (1998) : Page 1
Devant la parole (1999).
L'Origine rouge (2000), pièce de théâtre, créée au festival d'Avignon.
L'Équilibre de la croix (2003).
La Scène (2003), pièce de théâtre, créée pour le festival d'Avignon et pour le théâtre Vidy-Lausanne.
Lumières du corps (2006), Recueil d'aphorismes sur le théâtre, éd. P.O.L.
L'Acte Inconnu (2007), pièce de théâtre, créée pour le Festival d'Avignon (cour d'honneur).
Le Monologue d'Adramélech (2009), éd. P.O.L.
L'Envers de l'esprit (2009), éd. P.O.L.
Le Vrai sang (2010), création (mise en scène de l'auteur) à l'Odéon-théâtre de l'Europe23, Paris, janvier 2011, éd. P.O.L, 2011
Je, tu, il (2012), Éditions Arfuyen.
La Quatrième Personne du singulier, éd. P.O.L, (2012).
• Jean Dubuffet, Valère Novarina, Personne n’est à l’intérieur de rien (Correspondance, 1978-1985), L’Atelier contemporain, (2014).
Le Vivier des noms, éd. P.O.L, (2015).
Le Jeu des Ombres, éd. P.O.L, (2020) : Page 1

Source : Wikipédia
MAJ le 06/05/2021
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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 12:21

L'Opérette imaginaire
Pièce de théâtre publiée en 1998

Valère Novarina L-oper10

L’Opérette imaginaire, c’est le traditionnel quatuor amoureux des comédies légères, constitué ici de trois hommes et trois femmes – mais si, mais si. Six personnages jouant à se séduire les uns les autres. Dans une atmosphère érotico-géométrique, comme en témoigne cet échange entre L’Ouvrier Ouiceps et Anastasie (à l’acte I) :
L’OUVRIER OUICEPS.
Ma spirale verticale repense à vous : permettez-moi que je passe cordon autour d’vot’appendice !

ANASTASIE.
Mon cube est attiré profondément par vot’sphéricité.

L’OUVRIER OUICEPS.
Permettez que je passe mon anneau vital autour des limites externes de votre tétraplastie.
Ou encore une atmosphère érotico-anatomique, où L’Ouvrier Ouiceps et La Dame autocéphale, puis Le Valet de carreau avec la même partenaire, exposent en duo leurs spécificités désirables (à l’acte III) :
L’OUVRIER OUICEPS.
Ce que je veux, c’est ta rate fleurie-e, qui s’exclaffe-e, chaque fois que tu ris…

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Ce que je veux, c’est tes doubles poumons, qui s’déplient en accordéons…

L’OUVRIER OUICEPS.
Ce que je veux, c’est ton museau de tanche, au p’tit conduit si tant tellement étanche…

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Je désire par-dessus tout ton pli superstinien, où-c’qu’y a de la place pour mes trois mains !

L’OUVRIER OUICEPS.
Ce que je veux, c’est le paquet de tes os, qui me rappellent le gigot…

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Ce que je veux, c’est ta précieuse matrice, l’excellence de tous les calices…
[…]

LE VALET DE CARREAU.
Ce que je veux, c’est ta gouttière costale prolongeant, d’façon si vespérale, mon isthme pharingo-nasal…

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Ce que je veux, c’est ton tubercule précotyloïdien volant au secours d’mon faisceau cubito-carpien…

LE VALET DE CARREAU.
Ce que je veux, c’est ta valvule pylorique dont l’échappement est extrêmement pratique…

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Ce que je veux, c’est ta veine sous-clavière qui conduit droit au p’tit vestibulaire…
L’Opérette imaginaire, c’est trente-huit chansons en vers de mirliton. Extraits :
LE MORTEL, chantant jusqu’à ce qu’on le retue.
Relevailles, chanson mortelle, par un Ex.
[…]
« Attendre ! attendre allongé !
J’l’avoue c’est à désespérer
Tout seul sous terre où on voit rien
C’est déprimant, c’est dégoûtant
D’y passer tou-ou-out son temps…
Revivre ! ça m’enivre !
Revivre ! oh oui, ça m’grise !
J’étais là-bas, tellement couché,
J’étais dans cette nuit noire si en-nuyé :
qu’j’étais na-vré !
C’est épatant, ressusciter ! c’est évident,
Ça m’fait du bien
Ça m’différen-ci-i-e du chien.
Revivre revivre, rerespirer :
C’est la meilleure façon
D’pas trépasser ! »
L’HOMME SANG & LE MORTEL.
L’originelle, chanson de mon professeur de terre :
« Mon professeur de terre
M’disait naguère :
Le pire dans l’homme c’est l’homme :
Vidons-le d’son contenu !
Gommons l’homme, ôtons vite l’homme
D’ici !
Reprenons la femme à zéro
Refaisons d’eux des animaux ! »
[…]

LE MORTEL.
« L’homme n’est pas bon, nom de nom !
Il aime écorcher son frère
Y préfère, sur terre, surtout boulotter
Y s’prend les pieds dans la matière
Y fait tout dégringoler. »
L’Opérette imaginaire, c’est aussi le monstrueux discours de L’Infini romancier, qui présente aux autres personnages le début de son roman, un extrait uniquement constitué de réparties, soit 157 phrases venant à bout des verbes déclaratifs. L’Infini romancier est ainsi réduit à employer des verbes d’action ou d’état, ce qui produit un effet assez cocasse :
L’INFINI ROMANCIER.
[…] « Oh la-la » prospecta Ciboire ; « Je passe » cornemusa Jean Yolande ; « Là, j’hésite » balança Nestor ; « Je suis’s’ivre » zigzagua Boniface ; « Slptatrtacthurch ! » dégringola Caroline ; « Attention à la marche » prévint Prudence ; « Oh pardon ! » péta Philibert ; « Soupe-à-la-grimace-amaigrit-la-louche » oulipa Babouin […]
L’Opérette imaginaire, c’est encore trois actes ponctués par le passage répété du Mortel sur sa civière, une présence déstabilisante qui tend à invalider tout le reste. Ici, le mort fait son apparition alors que les autres personnages s’apprêtent à célébrer le mariage de la Dame autocéphale avec le Valet de carreau :
Les acteurs se rangent dans l’ordre alphabétique : on choisit la Dame autocéphale et le Valet de carreau. Le mort passe sur son chariot poussé par le Galoupe, un message dans les mains.

ANASTASIE.
Que dit-il ?

LE GALOUPE.
Il dit :

LE MORTEL.
Je le dis comme je l’écris : « C’est l’homme, multiplié par la femme, qui m’a porté la mort. »

ANASTASIE.
Ah c’est écœurant.

LE VALET DE CARREAU.
Enterrez-le !

LA FEMME PANTAGONIQUE.
Incinérez-moi vite ça !

LA DAME AUTOCÉPHALE.
Déterrez-le !

L’ACTEUR FUYANT AUTRUI.
Il est trop tard la chose est dite.

LE GALOUPE.
Rechose redite est dite deux fois. Voilà, c’est dit. Aucun mariage peut avoir lieu. Poursuivons le mariage tout de même.

Sortie du mort.
L’Opérette imaginaire, c’est enfin une heureuse découverte qui m’incite à poursuivre avec cet auteur. Peut-être même en adoptant l’ordre chronologique des publications pour mieux saisir cet univers si particulier. En effet, dans Paysage parlé, Valère Novarina explique : « Les spectacles riment, chacun enfonce le clou du précédent. Il y a aussi tout un travail obstiné de retour aux textes précédents, tout un ensemble de « révisions » à la manière de saint Augustin. L’Acte inconnu, c’est La Scène dévoilée et La Scène, L’Origine rouge dévoilée. Je dois revenir sur mes pas pour essayer, à chaque fois, de dire les choses plus nettement ».
Valère Novarina Hungop10

Képzeletbeli Operett / L’Opérette imaginaire
Créé le 24 avril 2009 au Théâtre Csokonai à Debrecen (Hongrie)
Reprise à l’Odéon-Théâtre de l’Europe en novembre 2011.


mots-clés : #théâtre
Louvaluna
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Message par Tristram Dim 5 Aoû - 14:59

À l'instar de Rabelais, de Jarry, du Joyce d'Ulysse et de Finnegans Wake, de Queneau ou de Perec parfois, Novarina fait subir à la langue française des acrobaties ludiques, multipliant les néologismes, les barbarismes, manipulant sans précaution la morphologie et les racines latines, procédant par agglutinations perpétuelles : « J'ai malaufond », dit le mort du Drame de la vie (1984), dont l'action a lieu dans un Stade d'Action, « mélodrome de cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres sur cent mètres ».
Les spectacles riment, chacun enfonce le clou du précédent. Il y a aussi tout un travail obstiné de retour aux textes précédents, tout un ensemble de « révisions » à la manière de saint Augustin.
On ne fait pas mieux comme appât...
Merci pour la précieuse découverte, Louvaluna, et pour nous tenir informés au courant de ton exploration !
Je suis particulièrement attiré par Devant la parole :
«Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. À la fin, nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole.»

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par colimasson Dim 5 Aoû - 15:44

Merci pour ce fil qui me rappelle d'anciens souvenirs de lecture ! J'ai découvert Novarina il y a une douzaine d'années, mis à l'honneur par la bibliothèque municipale de Thonon (ville dont le théâtre s'appelle d'ailleurs "Espace Novarina") et j'avais découvert avec plaisir une de ses pièces... L'espace furieux ou L'acte inconnu, je ne sais plus, dont j'avais apprécié la folie furieuse, un genre de Ionesco gorgé d'idées obsessionnelles linguistiques, un brin hystérique, posant sans cesse des questions sous forme de jeux de mots absurdes et de situations confuses.
J'ai ensuite lu deux autres de ses textes mais j'appréciais de moins en moins, avec l'impression de lire des redites un peu plus maladroites à chaque fois... c'est ce qui arrive peut-être quand on lit sans méthode...
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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 15:59

colimasson a écrit: J'ai ensuite lu deux autres de ses textes mais j'appréciais de moins en moins, avec l'impression de lire des redites un peu plus maladroites à chaque fois... c'est ce qui arrive peut-être quand on lit sans méthode...
Michel Corvin en parle justement dans sa préface : "Ces reprises de textes font problème à un lecteur peu familier avec Novarina : il pourrait penser que l'auteur ne se donne pas la peine d'inventer et se contente d'exploiter ses fonds de tiroir. Il n'en est rien : [...]", suivi de la citation issue de Paysage parlé, déjà donnée plus haut. Smile
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Message par Tristram Dim 5 Aoû - 16:14

Ce risque de saturation ne fait-il pas partie intégrante du procédé, assez obsessionnel ?

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Message par bix_229 Dim 5 Aoû - 16:17

A ton avis, Louva, ça gagne à etre lu ou plutot à etre vu ?
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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 18:40

Tristram a écrit:Ce risque de saturation ne fait-il pas partie intégrante du procédé, assez obsessionnel ?
Une idée, ici, peut-être...  Valère Novarina 1123869720
Dans les comédies philosophiques de Valère Novarina, c'est au sein de sa propre langue et de cette parole qui le constitue que l'homme se trouve englouti et en perdition.

Source : Jean-Pierre SARRAZAC, « DRAME - Les écritures contemporaines », Encyclopædia Universalis [en ligne].
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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 18:48

bix_229 a écrit:A ton avis, Louva, ça gagne à etre lu ou plutot à etre vu ?
Bix, je ne peux pas émettre un avis là-dessus. Il revient à chacun de vivre sa propre expérience avec des textes comme ceux de Valère Novarina.  Smile
Personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire L'Opérette imaginaire, et j'ai aussi aimé Locus Solus, de Raymond Roussel, alors...  alien
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Message par Louvaluna Dim 5 Aoû - 18:57

Valère Novarina 4186548357 Valère Novarina, en 2012, sur France Culture, dans l'émission "Du jour au lendemain" par Alain Veinstein.

Extraits :
La langue est en elle-même une bibliothèque extrêmement complexe [...]
Les écrivains difficiles à lire, on y pénètre une fois que l'on a compris comment ils respirent. [...] Il faut comprendre la danse rythmique de chaque écrivain et après on peut nager avec lui.
Le langage est un corps qui agit en volume dans les deux sens, dans plusieurs sens, et en couleur.
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Message par bix_229 Dim 5 Aoû - 19:19

Louvaluna a écrit:
bix_229 a écrit:A ton avis, Louva, ça gagne à etre lu ou plutot à etre vu ?
Bix, je ne peux pas émettre un avis là-dessus. Il revient à chacun de vivre sa propre expérience avec des textes comme ceux de Valère Novarina.  Smile
Personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire L'Opérette imaginaire, et j'ai aussi aimé Locus Solus, de Raymond Roussel, alors...  alien
Tiens ! Une suggestion comme ça...Tu pourrais essayer aussi Gombrowicz, si tu ne connais pas ! Valère Novarina 1090692548
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Message par colimasson Mar 7 Aoû - 14:32

Merci Louva pour l'émission de radio.

Le soir même où j'ai découvert le sujet, je suis retombée sur un bouquin de Novarina dans ma bibliothèque - je ne savais même plus que je l'avais ! C'est L'acte inconnu. Je vais le relire un peu pour voir ce que le vestige du temps aura provoqué sur mes souvenirs et mes nouvelles impressions de lecture Smile
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Message par Louvaluna Mar 7 Aoû - 15:48

Oui, c'est toujours une expérience très enrichissante, une relecture. Rapport à ce qui nous en est resté, à notre propre évolution en littérature,... J'ai hâte de lire ton retour à ce propos.  Smile

Ça me fait penser à ça (posté récemment sur le fil "Citation du jour") :
Dire d'un livre : "je l'ai lu" est toujours impropre ; mieux vaudrait dire en fait : "j'y ai lu". Car on ne lit jamais un livre en entier : on ne fait toujours que prélever, cueillir de-ci de-là tel ou tel morceau (lire, en latin legere, c'est aussi cueillir). Seuls importent dans nos lectures, dit à peu près Borges, les souvenirs qu'elles nous laissent...
Alain Duchesne & Thierry Leguay - Petite fabrique de littérature
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Message par bix_229 Mar 7 Aoû - 15:54

Les relectures sont souvent très étonnantes.
C' est un autre texte qu' on lit. Lui ne change pas, nous oui.
Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir relire autant que je le voudrais.
A une époque, j' ai presque relu tout Faulkner.
La citation aussi est parlante.
Oui les souvenirs de la lecture importent autant que la lacture.
Et j' ajouterai, ce qu' on a ajouté ou imaginé...
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Message par colimasson Mer 8 Aoû - 18:36

J'ai réouvert l'Acte inconnu... je n'arrive pas à dépasser le cap de la préface Laughing Je sais, je devrais m'en foutre et passer directement au texte, mais une préface donne quand même assez souvent une idée de ce qui va nous attendre, et je me dis que ça a l'air foutrement alambiqué quand même !
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Message par Tristram Mar 4 Mai - 20:35

Le Jeu des Ombres

Valère Novarina Le_jeu11

Le Jeu c’est celui avec les mots (aussi en latin)…
« LA BOUCHE HÉLAS.
Avis aux Huminiâtres, aux Huminiacés ! Psaumes aux Théosaures, aux Penseurs Perpendiculaires, aux Anthropo-bisphoriques – et urbains de la même farine ! »

« LE CLAVIER.
Déchroniquons-le ! Mourons-y ! Tuons-le ! Mourons-y !
LE PHRASÉ.
Démourissons-le avant que nous y fûmes. »
… et les Ombres ce sont les morts, dans l’enfer mythologique de la Rome antique principalement (Hécate, Pluton, surtout Orphée et Eurydice), mais aussi le Dieu biblique, et même Mahomet chevauchant le Bourak.
« ORPHÉE.
"Les mots sont devenus dans les langues humaines comme autant de morts qui enterrent des morts, et qui souvent même enterrent des vivants. Ainsi l’homme s’enterre-t-il lui-même journellement avec ses propres mots altérés qui ont perdu tous leurs sens. Ainsi enterre-t-il journellement et continuellement la parole." »
Le discours est souvent de tendance métaphysique (le temps et l’espace, le jour/ lumière et la nuit).
« Je vais tracer au compas
La limite qui est invisible
Entre naître… et n’être pas
Entre n’être… et naître pas. »

« LE CONTRE-CHANTRE.
Tous les hommes sont des écriteaux égaux : homme et emmoh : égal est l’homme, légal le mot.
LE CHANTRE.
La parole est aux hennissements !
FLIPOTE.
Ôtez l’espace du lieu : rien ne reste. Prenez le temps, enlevez-lui chaque moment : l’instant est là. Ôtez-lui le mot : le temps file à vau-l’eau. »

« La nature est un jeu d’énergies, une phrase dite et respirée par toute la création, par toutes les créatures vivant ensemble : d’un souffle, en un geste pluriel, d’un seul tenant. Comme une donnée : l’apparition de tout. »
On pense tout de suite à Michaux, puis à Jarry, Audiberti, entr’autres.
Cette pièce est a minima une comédie bouffonne (avec des personnages comme l’Ambulancier Charon, Marcel-Moi-Même, etc.), où explose l’inventivité jubilatoire de Valère Novarina concernant la parole, du verbe, du langage.
« ANTIPERSONNE I.
Ce qui fait extrêmement peur, ce n’est pas le chaos d’ici, ni l’infini, ni le labyrinthe, ni la chair, ni le mystère de la matière – mais le rangement absolu de tout et l’apparition soudain de l’univers dans une langue ordonnée.
Ce n’est pas le chaos de la matière qui fait peur, c’est d’entendre un ordre dedans ; ce n’est pas une chose qui s’entend par la vue – puisque tout est désordre à voir, mais une chose que l’on entend dans l’ordre du souffle. Dans l’architecture du langage, nous entendons un ordre dans le langage. »

« Conclusion : Ceux qui ont tagué "La mort est nulle" au bord du canal de l’Ourcq ont bien fait.
Nous ne sommes pas du tout faits pour ça. Ce n’est pas une fin pour nous. Nous sommes dévorés par elle mais nous ne sommes pas ses sujets. »
Apparaissent une multitude de figures humaines ou mythologiques, dont de nombreux animaux, et des machines ; l’Huissier de Grâce annonce régulièrement l’entrée de nouveaux personnages, parfois en longues listes extraordinaires, comme celle qui clôt la pièce.
« L’HUISSIER DE GRÂCE.
Entrent Les Phases, Les Phrases, Les Ombres, Les Nombres, Les Âmes et Les Enfants Pariétaux. »
Des personnes réelles en font partie, dont nombre appartiennent au monde du spectacle.
« PIERRE BERTIN.
Je traversais ma mort à temps plein, et de plein jour comme en pleine nuit. Telles étaient mes scènes, qui n’avaient pas encore eu lieu à c’t’époque-là.
On ne voit ici dans la nuit noire plus que la nudité vraie de la lumière : sa force est écrasante tant elle se répand. Cependant le sol était là – et je continuais à vivre uniquement pour me venger d’exister. »
Il y a aussi des allusions littéraires, comme à Molière (Le vivant malgré lui, Le mort imaginaire), et une curieuse récurrence du chiffre huit, (qui rime avec nuit dans presque toutes les langues) et onze.
On retrouve la Dame autocéphale et le Valet de Carreau évoqués par Louvaluna dans sa lecture de L'Opérette imaginaire ; démonstration par l’inverse de ma méthode de lecture chronologique des auteurs, j’ai malencontreusement abordé Novarina par sa dernière pièce…

\Mots-clés : #absurde #contemythe #mort #philosophique #spiritualité #théâtre

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Message par bix_229 Mar 4 Mai - 20:56

Idem que Coli... Valère Novarina 2441072346
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Message par Tristram Mar 4 Mai - 21:12

C'est clair que je ne lirais pas toute son oeuvre d'une traite... C'est un peu comme Joyce, on en a plein la tête et on est vite dépassé. J'imagine que vu sur scène ce doit être plus confus encore !? Quelqu'un aurait assisté à une de ses représentation ?

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Message par Dreep Jeu 6 Mai - 22:03

Le Discours aux animaux

Valère Novarina Le-discours-aux-animaux-1

Discours sur le langage, discours sur la pensée qui ne peut se concevoir sans mots, roman qui ne peut se concevoir sans oralité (essayer dans sa tête c'est un peu traverser sans lire). Jeux de sons, jeux de sens, inversion de mots, néologismes... dans Le Discours aux animaux, la langue réinvente un emploi des mots mais ne se réinvente pas elle-même, elle se systématise, devient obsessionnelle, névrotique. D'ailleurs Valère Novarina ne laisse d'autre choix à son lecteur que de s'appuyer sur la langue dans son livre, puisque les lignes biographiques qui se détachent de cet amas d'éléments fantaisistes (listes, nombres, dates) ne se structurent pas du tout dans la continuité : le discoureur (on suppose que c'est le même larron du début à la fin) naît et meurt plusieurs fois, se présente sous différentes identités, repart à chaque fois sur de nouvelles bases.

Mais ses marottes comme ses tics de langages se répètent, sa nervosité éclate lorsqu'il aborde ce point existentiel : vivre c'est penser, et il y a là autant directions possibles que de mots (si ce n'est plus). Si ce narrateur est une machine à créer des concepts, tout cela à peu ou prou quelque chose d'humain, peu par excès de méthode, prou lorsque la langue retrouve sa forme primesautière. On en revient toujours à la respiration, au rythme du texte qui se colle à l'humeur ce personnage soucieux du vide et du plein de l'existence ; à sa constitution organique, d'où viennent la parole et la pensée. C'est vraiment une expérience de lecture mais c'est là presque sa seule raison d'être, le livre pouvait bien faire vingt pages, ou pouvait bien en faire dix-mille.
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Message par Tristram Jeu 6 Mai - 22:39

Oui, c'est justement vu, que la pièce soit brève ou longue, voire illimitée, on ne progresse pas (et c'est sans doute pourquoi on ne ne ressent pas le besoin d'y revenir tout de suite).

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