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Frédéric Berthet

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viequotidienne - Frédéric Berthet Empty Frédéric Berthet

Message par ArenSor Lun 24 Sep - 18:46

Frédéric Berthet
(1954-2003)

viequotidienne - Frédéric Berthet Image_12

Ecrivain français mort prématurément (49 ans) des suites de l'abus d'alcool. Il a été attaché culturel à New York. Il avait en projet un grand roman dont les fragments constituent "Journal de "Trève"" Jean Echenoz et Michel Déon étaient de ses amis.

Pierre Bayard, son camarade de la rue d'Ulm et son ami, dit de lui : « Il avait une aura fascinante, de par ses fréquentations prestigieuses : Barthes, Sollers, Julia Kristeva... Mais surtout, il était très drôle ».
Cinq livres ont été publiés de son vivant, en l'espace de dix années. Simple journée d'été, que l'auteur définit lui-même comme une « suite » de nouvelles, au sens musical du terme, paraît chez Denoël dans la collection L'Infini, en janvier 1986. Fait notable, cette première publication ne comporte aucune mention de genre ou de format littéraire. Daimler s'en va, nouvelle incursion sur le « territoire romanesque », toujours selon ses propres termes, est publié dans la même collection, désormais chez Gallimard, en mai 1988. Le livre, salué notamment dans Le Monde par Bertrand Poirot-Delpech, qui lui consacre l'intégralité de son feuilleton2, connaît un large succès critique. Dès lors, et bien que le titre de ce roman invite à la réflexion comme le dernier mot de son récit au silence, chacun des livres de Frédéric Berthet est attendu avec curiosité.
En janvier 1993 paraissent simultanément Felicidad, second recueil de nouvelles (le bandeau de la collection L'Infini précise : « Nouvelles du front »), et Paris-Berry (celui de la collection Blanche : « Contre-attaque »), bref récit tout aussi inclassable que les précédents, mais qui suscite dans la presse une vague d'interrogations, sinon d'indignations : un rien désinvolte, cette irruption dans la collection mythique de Gallimard est-elle une provocation ?
Dernier livre publié, Le Retour de Bouvard et Pécuchet, et peut-être faut-il percevoir dans ce titre une relation de cause à effet, paraît aux éditions du Rocher en mars 1996.

Œuvre :

simple journée d'été (nouvelles), 1986
Daimler s'en va (roman) 1988, 2011, 2018.
Felicidad (nouvelles), 1993,2013
Paris-Berry (récit),1993,2013
Le Retour de Bouvard & Pécuchet,1996,2014
Journal de Trêve (Journal littéraire 1979-1982), suivi de Lettre à Saul Bellow
Correspondances 1973-2003 (choix de lettres),2011
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Message par ArenSor Lun 24 Sep - 18:53

Daimler s'en va

viequotidienne - Frédéric Berthet Image_13


J’ai hésité à ouvrir un fil pour un auteur qui n’a que très peu publié, mais comme j’avais voulu le faire pour Jean de La Ville de Mirmont,  pourquoi pas pour Frédéric Berthet.
De plus, « Daimler s’en va » me semble entretenir certaines parentés avec «Les Dimanches de Jean Dézert » : brièveté du texte, univers du quotidien, humour et intense sensibilité. Le texte de Berthet est cependant plus marqué par l’absurde et les procédés d’écriture de la seconde moitié du XXe siècle.
S’il y a bien un livre auquel s’appliquerait la formule de C. Marker « L’humour est la politesse du désespoir », c’est bien celui-ci. Raphaël Daimler (dit Ralph), probable autoportrait de l’auteur, se révèle comme un funambule, n’ayant pas appris le métier, et virevoltant avec grâce au bord d’un précipice. Il sait qu’il va tomber, mais l’important est de le faire avec une suprême élégance !  

Il est vrai que Raph, sorte de détective sans enquêtes, joue de malchance. Sa belle vient de le quitter pour les îles. Il va faire une vague tentative pour la rejoindre :

Daimler fait passer dans Le Figaro la petite annonce suivante : « Jeune homme sérieux, titulaire d’une licence de droit, bon en équitation, cherche place de précepteur ou secrétaire particulier aux Barbades anglaises » Il ne reçoit AUCUNE réponse.

Rapidement son attention se porte vers d’autres filles qu’il a l’occasion de rencontrer, mais sans grand succès.

Daimler a repéré, dans l’immeuble d’en face, une fille, qui passe et repasse devant une fenêtre (tout habillée). Daimler, quant à lui, est penché à sa propre fenêtre et tient à la main une poêle dans laquelle il vient de faire sauter quelques petites pommes de terre, taillées en cube. Il en lance quelques-unes, pour essayer d’attirer l’attention de la fille. Il rêve d’avoir son téléphone, de l’appeler et de lui dire, sur un ton excédé : « Ecoutez, ça fait un quart d’heure que je vous lance des petites pommes de terre sautées, et… »

Parfois, il observe sa chambre à partir des toits :

Il s’installe confortablement dans l’obscurité, le dos contre la cheminée, les pieds sur une antenne de télévision, et fume une cigarette. Il jette un coup d’œil en direction du fauteuil vide où il était assis une demi-heure avant, et constate avec satisfaction que, vue du dehors, la pièce a l’air paisible, presque studieuse ; elle ressemble à la cabine du capitaine, dans les vaisseaux fantômes.

Daimler souhaiterait beaucoup connaître la gloire littéraire et il s’y prépare :

En fait Daimler prépare déjà le discours qu’il prononcera à Stockholm, lorsqu’on lui donnera le prix Nobel et qu’il sera extrêmement âgé. Il se méfie de ce qu’il sera devenu à cet âge, et prend ses précautions avant.

Il trouve décevant ses tentatives pour renouer avec la poésie :

Quand il avait une quinzaine d’années, Daimler écrivait des poèmes, en octosyllabes, où il était question d’envols de corbeaux au-dessus des terres labourées, d’odeurs citronnées, de parfums capiteux et de femmes alanguies. Il se dit qu’il devrait s’y remettre. Ce qui donne :
Over
Rio Bravo appelle Tango II
Crapaud IV appelle Tango, bon sang
Coyote hurlant appelle Tango malade
Over

A part le fait qu’il soit passé au vers libre, son état d’esprit a changé. L’inspiration ne se commande pas.

Daimler a beaucoup d’états d’âme

Daimler va acheter des croissants. Daimler regarde le journal télévisé. Daimler va au restaurant. Daimler mène une vie normale.
- C’est hallucinant, pense-t-il.

Quand Daimler voit des pigeons dans la rue, il a envie de leur courir après. On lui demanderait pourquoi, et il expliquerait :
- C’est qu’ils manquent d’exercice.

Daimler fait parfois des rêves étranges :

Un autre rêve de Daimler : il est poursuivi par un œuf sur le plat géant, à peu près deux mètres de diamètre, et comme monté sur coussin d’air. Daimler dévale des collines, court à travers bois. De temps en temps, haletant, il se retourne : l’œuf sur le plat continue de le suivre.

Un jour, il aperçoit derrière la fenêtre un pantin le représentant, la tête en bas :

Daimler en a assez. De toute façon, il savait que ça se terminerait comme ça un jour. Ou autrement, mais il devait avoir vu trop de films de vampires
- Eh bien, entre, dit Daimler.
Et, par pure politesse, il va lui-même ouvrir la fenêtre.

Un petit livre drôle, charmant, touchant et qui en offrira beaucoup plus si affinités. Very Happy


Mots-clés : #absurde #humour #viequotidienne
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Message par animal Lun 24 Sep - 19:37

(ça peut servir aussi en cas de manque d'inspiration pour un polaroid ?)

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Message par Tristram Lun 24 Sep - 20:01

Ça ferait un peu penser à Chevillard ?

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Message par Nadine Mar 25 Sep - 12:44

Super triste, sa biographie.
ça a l'air plein d'humour et touchant, en effet.
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Message par colimasson Mar 25 Sep - 17:28

Les extraits du livre me plaisent... merci.
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Message par topocl Ven 28 Sep - 14:35

ArenSor a écrit:
S’il y a bien un livre auquel s’appliquerait la formule de C. Marker « L’humour est la politesse du désespoir », c’est bien celui-ci.
merci, Arensor, je cherchais justement cette semaine l'auteur de la citation (et je n'aurais jamais pensé à Chris Marker) (les hasards et les coïncidences, encore eux)

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Message par bix_229 Sam 16 Jan - 17:28

Une simple journée d'été

viequotidienne - Frédéric Berthet Berthe10



A lire Berthet, on a l'impression bizarre et troublante d'assister à un ballet d'ombres errantes, ou de fantomes mimant des existences ou plutot des
souvenirs, des scénographies déjà jouées ou imaginées et qu'ils essaient de raconter d'outre vie.

« Je pense, déclara-t-il en se prenant la tête entre les mains, que si nous admettons que nous sommes le rêve d’une ombre, et que, partant du principe que la vie est un songe, considérant encore qu’un fantôme peut difficilement en pincer un autre, si rien n’existe que le sentiment pur de l’existence… »

Simple journée d'été

A deux reprises, Frédéric Berthet écrit ceci : "Je ne pense pas à la mort, mais elle pense souvent à moi."
De fait, la mort l'attendait alors qu'il espérait achever le "grand livre.
Il n'avait pas cinquante ans.
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