Christiane Taubira

Christiane Taubira est une femme politique française.

Titulaire d'un diplôme d'études approfondies en sciences économiques, d'une licence en sociologie et d'un certificat en ethnologie afro-américaine obtenus à Paris, elle devient professeur de sciences économiques en 1978.

À la fin des années 1970, elle rencontre le Dr Roland Delannon, généticien et leader indépendantiste, qu'elle épouse en 1987 et avec lequel elle a quatre enfants.

Elle commence sa carrière politique en 1978 comme militante indépendantiste, notamment au sein du Mouvement guyanais de décolonisation (MOGUYDE), que son mari a fondé en 1974.
En 1993, elle cofonde avec son mari le parti Walwari et en devient présidente.
Députée de la première circonscription de la Guyane de 1993 à 2012, elle est garde des Sceaux, ministre de la Justice du 16 mai 2012 au 27 janvier 2016, dans les gouvernements Jean-Marc Ayrault I et II, puis Manuel Valls I et II.

Elle est à l'origine de la loi Taubira, en 2001, qui reconnaît, comme loi mémorielle, le crime contre l'humanité des traites négrières et de l'esclavage pratiqués à partir du XVe siècle sur certaines populations par des trafiquants.
En 2013, elle porte comme garde des Sceaux, ministre de la Justice, le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.

Bibliographie

- L'Esclavage raconté à ma fille, 2002
- Codes noirs : de l'esclavage aux abolitions,  2006
- Rendez-vous avec la République 2006
- Égalité pour les exclus : le politique face à l’histoire et à la mémoire coloniales 2009
- Mes météores : combats politiques au long cours, 2012
- Paroles de liberté, 2014
- Murmures à la jeunesse, 2016
- Nous habitons la Terre, 2017
- Baroque Sarabande, 2018

(J'arrive d'ici demain pour commenter "baroque sarabande", je voudrais recopier des fragments ça prend du temps)

En tout cas, merci pour elle !
Elle a tellement été insultée, carricaturée.
Mais elle est fière, intelligente, courageuse et pleine d' humour.
Bon, elle a des défauts aussi, et elle le sait...

Baroque Sarabande

"On prend d'assaut la prison du langage
Pour libérer les mots prosçrits
Et autour des rêves menaçés par les fauves
On entretient le feu
c'est d'Abdellatif Laâbi.
Voilà bien ce qu'il s'agit de faire, entretenir le feu. Contre l'adversité, contre les interdits, contre la violence qui semble gratuite mais dessert un dessein, celui d'un ordre social où les places sont attribuées. Ne pas obéir. Ne se laisser ni asservir ni accabler. " La langue maternelle, la langue dans laquelle on rêve, c'est bien là le "chez soi". Les interdits sur la langue sont donc une expulsion en bonne et due forme, de chez soi, de soi. Ne pas consentir au bannissement ontologique. Refuser l’exil symbolique. Accéder au baroque bénéfique. Ce baroque-là même qui « rompt toute certitude orthodoxe de limite, d’unité, d’espace borné, d’angle de vue privilégié, pour tout changer –espace et temps, rêve et réalité – en objet d’une floraison dynamique, sans axe centrique par nature, soumises aux lois du mouvement plus qu’à celles de l’essence », tel que le définit Carlos Fuentes ».

Voilà un peu l'objet de ce livre, remonter avec l'auteur les sources de cette lutte , au coeur de ses sources personnelles. Taubira se fait passeuse, offre un nombre important de noms, de citations, à suivre, à redécouvrir.

En une suite de courts textes, on la suit dans des chemins érudits et engagés. J'ai regretté être aussi ignare, face à de nombreuses références car lorsque  certaines m'étaient connues, j'ai pu mesurer la pertinence de l'auteure à les placer sous une perspective dynamique et nouvelle, personnelle.

La première moitié du livre s'est ainsi déroulée entre mes mains, la langue de Taubira étant très belle, avec grand plaisir , mais pourtant vient un moment où je m'y suis un peu perdue, faute d'être, au coeur des références, familière. je me suis même prise à me dire que son style était peut-être finalement un peu ronflant, faussement précis (l'accumulation des adjectifs commentant les nombreux extraits qu'elle nous propose a produit ce sentiment, par exemple.)
Et puis, PAF, un peu après le milieu de l'essai, en sa 3eme partie, on tourne la page et on lit :

Assez folâtré. Il est temps que je vous dise.
Et d’abord, balisons.
Dans Cayenne des années cinquante, il n’existe pas de librairie. Une papeterie fait vente de livres un mois par an, le temps de liquider les manuels scolaires.

Suivent 5 pages qui prennent cette fois corps dans l'histoire personnelle de Taubira, et c'est magnifique. Sa prose demeure aussi précise, mais prend des atours plus simples, parce qu'elle achoppe au quotidien, au vécu, et en quelques paragraphes elle nous dresse avec beaucoup de force toute une époque, tout un contexte (la Guyane). C'est le joyau de sa transmission. Un livre à lire pour s'instruire, prendre des notes, des références, et pour recevoir ce chapitre magnifique. Le début est visible dans çe lien :
e book

J'avais envie de recopier beaucoup d'analyses ou de commentaires sur des auteurs, mais ce serait trop long. Il y a notamment de très intéressantes notes sur la traduction en littérature. C'aurait été intéressant de le faire car l'intérêt du livre vient certainement de son invite à un allé/retour entre cet essai et les auteurs cités. Elle parle beaucoup des auteurs d'Amérique Latine, notamment.
C'est une promenade à la forme assez libre , dans l'univers si particulier de la culture, pas toujours facile à suivre, mais belle comme la Dame.


mots-clés : #colonisation #conditionfeminine #philosophique #temoignage #universdulivre

Baroque Sarabande a écrit:page 32 : "Ils ont enjolivé leurs jours mornes en confectionnant des oeuvres éphémères et parfois, à mains multiples, devisant et pestant ils ont modelé et sculpté ces artefacts, tracé ces brisées en se doutant confusément que nous en ferions des icônes, des fétiches, des larcins, des énigmes ou des conférençes. De çes terres montent encore aujourd'hui des voix qui relaient çe patrimoine d'Amadou Hampâté Bâ à Birago Diop, de Lydia cabrera aux générations de grands saches, aux obiamans, aux artistes passeurs de l'art tembé, et jusqu'au renfrogné Damas avec ses Veillées noires. Ces terres ont hérité, aux deux sens du Verbe, par l'écrit et par le fait, de structures ethnosociales inégalitaires, travesties en problématiques raciales telles qu'elles furent échafaudées pour supporter l'ordre colonial, et telles qu'elles s'imposèrent au fil des métissages qui échappaient de plus en plus aux codes et aux hierarchies pour suivre les dédales de l'amour, parfois du calcul, à l'occasion des deux, comme le fit sans doute avec finesse xica da Silva. Cet ordre mélano-colonial s'entamait à mesure que s'enracinait la créolisation. Des romans en attestent. Ceux de Carlos Fuentes, Gilberto Freyre, Augusto Roa Bastos, Miguel Otero Silva, Edwige Danticat ou Maryse Condé, ceux de Jorge Amado, bien-sûr, évidemment quelques-uns d'Alejo Carpentier. Leurs histoires nous racontent l'improbable que sont devenues ces sociétés si violemment ébranlées, cassent la ronde fiévreuse des rivalités et inimitiés artificielles pour nous mener ailleurs, dans des combinaisons sociales et des imaginaires à la fois plus aléatoires et plus réels. (...) "La poésie nous lave de nos impuretés. Elle est vraiment du savon philosophal." René Char en est sûr.

Exçusez moi, vraiment, pour çes  çédilles et majusçules /minusçules tronquées, mon çlavier est moribond, j'espère que ça reste lisible.

On se rend çompte je çrois de la riçhesse du livre dans çette çitation. Dense, préçise, exigente prose.

je vais noter Nadine et je plussoie ce que dit Bix !

A lire donc !

A bloç de pistes de leçtures sublimes .

Nadine a écrit:
Exçusez moi, vraiment, pour çes  çédilles et majusçules /minusçules tronquées, mon çlavier est moribond, j'espère que ça reste lisible.
.

J'ai corrigé les ç et les majuscules dans l'extrait et le commentaire, Nadine, afin que leur lecture en soit facilitée.
Tu aurais des hashtags à conseiller ? (Je pensais notamment à #universdulivre ?)
Et n'hésite pas à faire un tour chez Emmaüs ou dans une Trocante, on peut y trouver un clavier pour vraiment pas cher, qu'il suffir de brancher sur l'ordi.

Je te remercie Armor. Je suis en attente d'un clavier, une récup en effet. hashtag "sociologie de la culture", "littérature" en tous cas, "apprendre à penser" ?

Si tu pouvais aussi en prendre quelques uns dans la liste existante, ça nous arrangerait.
La liste est disponible ici : clic

On ne peut pas étendre cette liste à l'infini, malheureusement, même si on est bien conscient que c'est réducteur.
Après, si un hashtag qui n'est pas dans la liste te semble important, tu peux bien évidemment nous le suggérer.

ok j'avais jamais vu çette liste : univers du livre, çolonialisme, çonditionfeminine , philosophie me paraissent bien.

Un des auteurs qui semble avoir transporté Taubira : Yachar Kemal , et ses 2 "Mémed". Ardente épopée apparemment.

ça ne m' étonne pas !
Yachar Kemal, écrivain kurde, a consacré une partie de la vie à un personnage
de révolté, Memed le Mince, qui refuse l' arrogance des agas et prend le maquis
pour les combattre.
C' est une saga lyrique, pleine d' aventures et avec un souffle révolutionnaire incontestable.

Nadine a écrit:ok j'avais jamais vu çette liste : univers du livre, çolonialisme, çonditionfeminine , philosophie me paraissent bien.

Merci, c'est fait !

Christiane Taubira manie la langue française avec brio, cela fait plaisir de l'entendre parler dans une époque où les politiques ont tendances à réduire au maximum leur vocabulaire...
Je me suis souvent dit que j'aurais aimé -hors de toute considération politique- me retrouver avec elle dans sa bibliothèque immense, afin qu'elle me fasse découvrir tout un pan de cette littérature qu'elle affectionne et que je méconnais totalement.

Armor a écrit:Christiane Taubira manie la langue française avec brio, cela fait plaisir de l'entendre parler dans une époque où les politiques ont tendances à réduire au maximum leur vocabulaire...

Ça me rappelle la novlangue de 1984, réduite à sa plus simple expression par un totalitarisme sans nuance(s).

Armor a écrit:Je me suis souvent dit que j'aurais aimé -hors de toute considération politique- me retrouver avec elle dans sa bibliothèque immense, afin qu'elle me fasse découvrir tout un pan de cette littérature qu'elle affectionne et que je méconnais totalement.

Moi itou, d'autant que nous sommes pratiquement voisins (si jamais elle nous lit, hein !)

5000 posts ! ça ne me rajeunit pas ! ce qu'on peut dire comme bêtises !

La lecture, la littérature, avec un style soutenu, d’une érudition qui m’a révélé bien des auteurs inconnus de moi. Fragments, qui parlent de langue(s) et langage, de créolité, de racisme, de femmes, d’éducation, de poésie, de musique, d’engagement politique …de lecture :

« Toujours les livres font caravane pour nous conduire au-dedans des époques et des lieux, des histoires et des faits, des univers et des imaginaires, au-dedans de ce que nous offrent d’eux les autres. »

Préoccupation quelquefois sensible sur le forum, l’exclusion de certains œuvres/ auteurs :

« Exit, mais après lecture. Car enfin il faut les lire pour s’en faire une idée, prendre ses distances, sans se priver de l’insigne plaisir qu’ils diffusent, ni culpabiliser de ce plaisir. En connaître la nature et la malignité, inégale d’une œuvre à l’autre, suffit. »

Et la liste des auteurs politiquement infréquentables réserve des surprises.

Christine Taubira termine en citant Brel (sans le nommer) : « brûler d’une possible fièvre » ; cela lui convient.

J'ai eue du mal à choisir le nom du fil, j'ai commenté et ouvrage dans la rubrique essai je crois, que les modos voient si on scinde ? J'avais hâte d'avoir ton retour Tristam. Tu résumes bien.
J espere que tu liras de ces auteurs qu'on méconnait, j'ai rendu l'ouvrage sans les noter, ça m'incitera à suivre ces chemins riches, comme je l'espererais. Vertu de ce forum.

(Si les modos scindent : gardez la photo de bio choisie par Tristam, elle est magnifique !)

fusion et récupération de photo