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John Burnside

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Message par topocl Lun 5 Déc - 20:37

John Burnside
Né en 1955

John Burnside Burnsi10

John Burnside est né le 19 mars 1955 à Dunfermline en Ecosse. Après avoir étudié les langues étrangères à Cambridge et suivi une formation d'ingénieur, John Burnside débute en 1996 sa carrière d'écrivain en freelance. Il est à la fois romancier et poète, mais les thèmes et tons sont très différents suivant les genres. Ses poèmes sont une production organique de son imagination, sans réelle correction rationnelle : 'The Hoop' (1988) , 'Common Knowledge' (1991), 'Feast Days' (1992, qui remporte le 'The Geoffrey Faber Memorial Prize', 'The Myth of the Twin' (1994), 'Swimming in the Flood' (1995), 'A Normal Skin' (1999), et 'The Asylum Dance' (2000). En revanche, ses romans témoignent d'une grande maîtrise de la narration, et l'atmosphère qui s'en dégage est beaucoup plus noire, en témoigne l'histoire de 'Maison muette' (1997). John Burnside s'intéresse également à la philosophie et à l'écologie.

Oeuvres traduites en français :

Romans
1997 - La maison muette
1999 – The mercy boys
2000 – Burning Elvis
2001 – The locust room
2003 – Une vie de nulle part
2007 - Les empreintes du diable  : Page 1
2008 -  Scintillation : Page 1
2011 – L'été des noyés :  Page 1
2013 -  Something Like Happy


Autobiographie
2006 -  Un mensonge sur mon père :  Page 1

Poésie:
1988 - The Broon
1991 - Common Knowledge [/color]
1992 - Feast Days
1995 - The Myth of the Twin
1995 - Swimming in the Flood
1996 - Penguin Modern Poets
1997 - A Normal Skin  
2000 - The Asylum Dance
2002 - The Light Trap
2005 - The Good Neighbour  
2006 - Selected Poems
2007 - Gift Songs
2009 -  Chasse Nocturne  
2011 - Black Cat Bone

?      
- In Argentina  
Essai sur la lumière (L'art de mourir)

màj le 21/09/2018


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Message par topocl Lun 5 Déc - 20:40

Un mensonge sur mon père

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Je suis sûr que mon père ressentait ces choses - mais ces mots sont les miens, et c'est ça le véritable mensonge sur mon père. Je ne peux parler de lui sans parler de moi, de même que je ne peux me regarder dans un miroir sans y voir son visage. (…) quelque soit les circonlocutions dont j'accompagne mon propos, un mensonge reste un mensonge, et je ne suis pas moins une invention, pas moins un faux-semblant, pas moins un mensonge qu'il le fut jamais.

Je suppose que même mon père savait que la mort était la seule situation dont il ne pourrait pas se sortir à l'aide d'un mensonge.

Cette histoire, ce sont tous les mensonges que son père lui a racontés pour protéger une personnalité dominée par la noirceur ; ce sont les mensonges qu'on raconte évidemment, le sachant plus ou moins, quand on essaie de reconstituer la vie d'un homme, et  plus encore d'un père .

Chaque vie est un récit plus ou moins secret, mais quand un homme devient père, l'histoire est vécue non pas au service, mais dans la conscience permanente d'un autre individu, ou de plusieurs. Quel que soit le mal qu'on se donne pour éviter ça, la paternité est un récit, une chose racontée non seulement à, mais aussi par les autres en question.

Ce père-là, « brutal et malheureux », entre misère et alcoolisme, a fait le malheur de ses proches et le sien propre.

Demain, me dis-je, la situation redeviendrait normale. Il s'écoulerait encore un certain temps avant que je me rende compte qu'en dépit des efforts de ma mère, ou des nôtres, il n'y aurait jamais de situation normale à laquelle revenir.

Histoire cent fois racontée d'une enfance annihilée par l'image d'un père inacceptable, puis d'un adolescent qui reproduit les schémas qui lui ont été transmis dans une terrible descente aux enfers.

Je n'attendais rien. Il n'était pas question que le chemin de l'excès mène au palais de la sagesse.L'excès était, pour moi, une tentative désespérée de préserver quelque chose d'inhumain, de me cramponner à la sauvagerie. Je savais que le fait d'être un homme était lié à cette sauvagerie : sauvagerie, non pas barbarie, mais sauvagerie des oiseaux et des animaux, sauvagerie d'un vent âpre dans les  herbes, sauvagerie de la mer, sauvagerie de ce qui reste indompté.

J'y ai rarement vu une telle lucidité, une telle humble sobriété, une telle subtilité dans l'appréhension des ambiguïtés qui nous mènent et malmènent, une telle empathie au monde croisée d'une épouvante face à son épouvante.

C'est un très beau texte, écrit dans une langue limpide, avec des portraits qui soulignent l'extrême humanité de l'auteur, cet homme qui dut attendre d'être père, non pas pour pardonner, mais envisager qu'il « pourrai[t] arriver à pardonner ».

On ne peut apprendre à s'aimer soi-même qu'à condition de trouver à aimer au moins une chose au monde ; peu importe quoi. Un chien, un jardin, un arbre, un vol d'oiseaux, un ami. J'entends par là que le vieux cliché de psychologie populaire est presque vrai dès lors qu'on le renverse : on apprend à s'aimer soi-même en aimant le monde qui nous entoure.

Du grand art.

Nous  sommes dressés à dissimuler l'imagerie de nos vies rêvées - et pourtant, ces images forment un monde en elles-mêmes, elles constituent une écologie, et c'est vers ce monde, vers cette écologie, que j'imagine m'acheminer quand je caresse un long rêve de départ, un après-midi, me projetant au loin, ailleurs, avec une poignée de pièces dans la poche et un petit vent frais qui agite les herbes.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #autobiographie #famille


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Message par tom léo Mar 6 Déc - 22:09

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Scintillation

Après les premiers pages, Morrison le policier (et d'autres) disparaîtront pour longtemps de l'histoire. Vers où nous mène Burnside ? D'un coup il introduit un nouveau narrateur, un garçon de l'âge de ceux qui ont disparu. Il nous rapproche de ce groupe-là, mais aussi, au même moment, d'une autre façon de tout ce terrain de l'usine. Donc, après une introduction « plus générale », on retrace dans un deuxième temps encore une fois des éléments de l'histoire de façon plus détaillée. Très frappant de voir comment l'auteur tire le maximum d'une situation, en décrivant différents aspects, possibilités, par exemple les pensées de Morrison en voyant le premier garçon. Sous le regard du garçon cette usine, territoire de la mort en quelque sorte, revêt au même moment un aspect attirant, attractif.

Il serait très intéressant de décrire les parallèles, juxtapositions entre les descriptions du paysage triste, moribond, mortiphore d'un coté et les « paysages » intra-humains, aussi tristes, vides, sans espoir. Mais, au même moment, on pourrait ici ET là aussi détecter des éléments de vie, les signes d'une autre réalité.

Au début le langage, les actions, l'intelligence, les goûts du garçon ne pouvaient pas me convaincre. Cela ne me semblait pas aller ensemble avec son âge. Plus tard j'y voyais, dans un certain sens, aussi un espèce de jeu de rôle, de masque : on joue ce qu'on croit être notre rôle. Ce sujet du rôle, du masque, des attentes des autres, de l'indifférence affichée etc revient à plusieurs reprises dans le roman à différentes endroits. Mais tout ces revoltes de l'école, de la réligion, de l'école, des « moeurs » ne peuvent pas cacher un autre visage de Leonard : celui qui se soucie de son père (on en parle que très discrètement) et de ses amis disparus, son amour pour les livres et le bibliothècaire, et aussi, au fond, le désir de quelque chose de plus consistante que juste ces petites plaisanteries et jeux sexuels avec sa nymphomane. Mais comment s'avouer ces choses...

Les rapports avec la littérature, le cinéma, des éléments des différentes réligions et croyances païennes sont très nombreux et on pourrait en faire un sport pour les débusquer. Il y a des images du roman tirés de films (p.ex.) qui expriment bien certains aspects. A juste titre on pourrait parler d'un roman qui joue sur plusieurs niveaux...  Prenons p.ex. « Le silence des agneaux » qui expriment si bien le tueur en série, la mise en scène de la victime pour l'élément « thriller ». D'un autre coté il y a des allusions directes au grand film de Tarkovski « Stalker » : bien décrivant aussi bien un paysage désolé que la présence de quelque chose de plus, « lieu de révélation »... Etc.

Beaucoup d'images donc viennent des réligions diverses . Mais souvent – comme c'est aujourd'hui assez habituel – le sens est détourné. L'idée centrale de la partie finale est dans la culpabilité de, quasimment, chacun sur un plan sociètale et individuel. Donc, une purification serait néccessaire et cela, selon ce livre, est apparemment seulement possible par la souffrance (n-y-a-t-il pas d'autres chemins?). A bien y voir de plus près, il y a déjà scission de corps et d'esprit (?) chez le garçon, donc assassiné lui aussi, quand il « continue son chemin vers la lumière aveuglante »...L'Homme-Papillon en serait un étrange metteur en scène qui, pour ainsi dire, accompagne celui-ci et celui-là... Eh bien, cela fait partie d'un esprit maladif, à mon avis, mais dans la logique du livre on pourrait trop facilement y croire. Je ne suis pas étonné si cela met mal à l'aise l'un ou l'autre. Tout en soulignant que le livre reste une grande découverte pour moi, et qu'il a des atouts.

A vouloir trop prendre à gauche et à droite au même moment, on pourrait éventuellement surcharger un texte qui aurait, à la fin, gagnait de plus de simplicité et moins de mystification. (Cela disant je me dis assez proche d'un certain mystique terre à terre...) Une telle lecture de la partie finale pourrait, éventuellemnt, justifier la vengeance, l'utilisation de la violence etc – ce qui serait pas souhaitable selon moi.

Bref, très déconcertant, mais étrangement beau aussi.
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Message par shanidar Mar 6 Déc - 22:12

Oh la la ! Je garde un souvenir fracassant de La maison muette !
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Message par Hanta Mar 6 Déc - 23:00

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Scintillation

Ce livre est comme une forêt noire, magnifique à première vue, appétissant à bien le regarder,
Agréable à la première « bouchée » mais beaucoup trop riche.
En effet le style de l’écrivain hésite entre de longues réflexions simples à comprendre mais exprimées de manière un peu pédante ce qui enlève toute envie d’analyser la profondeur de la pensée. L’on dit de certaines personnes suffisantes qu’elles « adorent s’écouter parler » Burnside dans cet ouvrage semble « adorer se lire en train d’écrire ». Style sophistiqué donc, voire précieux lors de certains passages ce qui gâche une histoire fantastique avec des personnages touchants auxquels on s’identifie rapidement. On aime ces personnages car leurs sentiments et leurs pensées sont si aisées à ressentir que l’on a l’impression de bien les connaître, de partager leurs intérêts, de pardonner leurs erreurs si bien que l’on est touchés lors de chaque événement malheureux.
Le décor, est posé de manière précise, la ville, le bois, l’usine, tous ses éléments sont d’une certaine manière des personnages à eux tout seuls. Ils sont le reflet des émotions des hommes qui y habitent.
Mais quel dommage que cela se termine ainsi. On a l’impression que les péripéties finales arrivent comme un cheveu sur la soupe. Le récit dramatique se transforme en une longue allégorie mystique sans que l’on sache quel en est l’intérêt. S’ajoute à cela des parties inégales ce qui laisse à penser que l’écrivain s’essouffle et veut conclure plus vite que prévu. Résultat une fin bâclée selon moi.
C’est un récit qui ne peut laisser indifférent mais pour moi ses qualités sont aussi grandes que ses défauts, il ne sort pas du lot ni vers le haut ni vers le bas.
Très frustrant car l’on touche le génie du doigt, on l’effleure et on se retrouve avec un ouvrage trop imparfait.
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Message par Mordicus Mer 7 Déc - 7:12


(J'avais lu La maison muette, une pure horreur. J'essaierai d'étoffer ce pauvre avis après avoir farfouillé ma mémoire. Mais je me souviens que ce livre m'avait "dérangée")
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Message par tom léo Mer 7 Déc - 7:38

Merci pour ces impressions, Hanta! Peut-être je me suis laissé impressionné un moment donné trop par le foisonnement d'idées, d'images etc... Mais déjà je me suis méfié d'une certaine simplification:

Hanta a écrit:Scintillation L’on dit de certaines personnes suffisantes qu’elles « adorent s’écouter parler » Burnside dans cet ouvrage semble « adorer se lire en train d’écrire ».

Pas mal comme explication...!
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Message par Hanta Jeu 8 Déc - 23:11

Après ce livre a des qualités indéniables, mais quand je l'ai lu il y avait une sorte d'euphorie qualificative de chef d'oeuvre qui m'a fait analyser ce récit et j'ai vu aussi des défauts importants. Enfin des défauts de mon point de vue.
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Message par Avadoro Ven 9 Déc - 9:28

Scintillation n'est pas forcément la meilleure porte d'entrée pour découvrir Burnside, et je comprends des réserves même si j'avais souvent été fasciné par le récit.
Un mensonge sur mon père m'a particulièrement touché, et il est dommage que le second volume de cette démarche autobiographique ne soit pour l'instant pas traduit.
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Message par topocl Ven 16 Déc - 16:15

L'été des noyés

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Plein de choses séduisantes a priori dans ce livre : une île de la Norvège septentrionale, qui vit dans une longue nuit ou dans un  jour sans fin, peuplée d'originaux, qui ont en commun  leur solitudes et leurs folies au sein de ces paysages immenses, battus par la mer, aux lumières déroutantes . Tout cela baigne dans une ambiance étrange, avec un arrière-fond de légendes mystérieuses. Le retrait, la disparition, les limites entre la réalité et toutes ses distorsions : visions, rêve, croyances et divers jetages de sort….sont les fils rouges de ce roman où rien n’est sûr, et qui flirte l'air de rien avec le fantastique.

J'aurais pu pleinement apprécier la façon de John Burnside de prendre son temps dans ces  paysages sauvages, de ne donner de solution à rien, s'il avait choisi la légèreté pour entrecroiser ses mystères multiples autour de l'étrangeté, l'hypersensibilité de l'héroïne, sa capacité à comprendre les autres et soi-même à travers un frémissement de sourcils, ou un simple coup de vent qui fouette ses intuitions. Son lyrisme poétique, souvent brillant,  m'a finalement  paru d'un sérieux un peu bourratif.


mots-clés : #insularite

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Message par Barcarole Mer 15 Nov - 18:28

L’Été des noyés

Dans une île au nord de la Norvège vivent une artiste peintre et sa fille.
L’ambiance est troublante et mystérieuse, et semble à chaque instant annoncer un drame, réel ou surnaturel. Autour, le temps est calme, la mer est étale. Se côtoient en même temps le réel, la légende et le rêve. La huldra, beauté mystérieuse légendaire, emporte avec elle ceux qu’elle a enrôlés et séduits. Disparitions sur l'île… On s'y noie.

La mère, Angelika, et sa fille Liv, vivent recluses dans une maison isolée. Si la mère peint, Liv épie le nouveau résident tout proche présent tout l’été, l’été des noyés.

Mère et fille sont présentes/absentes l’une pour l’autre et se croisent comme des ombres. Le paysage d’été est silencieux, les couleurs opalescentes, poudrées.
La mère et la fille sont aussi lisses que le paysage figé de la mer. En apparence. Des apparences trompeuses. Car tout est trompeur, embrumé. En réalité, beaucoup de silences et de non-dits, de mensonges par omission…

Très agréable à lire dans un premier temps, l’ambiance troublante est poétique, on pourrait s’y lover même. Les personnages sont un peu comme des ombres diaphanes, ils ne se racontent pas, et ne sont pas liants, et le lecteur (la lectrice !) que je suis, n'éprouve pas de franche sympathie pour ces êtres qui, à mes yeux, présentent surtout un intérêt poétique.

Mais très belle lecture malgré que ce soit beaucoup trop long.
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Message par bix_229 Mer 15 Nov - 19:01

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Les empreintes du diable

Michael, le narrateur de cette histoire est un solitaire. Au moment où il se raconte, il vit en Ecosse dans une maison isolée au bord de la mer.
C'est là que vivaient sa mère et son père. Eux aussi avaient choisi cette vie, après avoir subi des blessures et des chagrins.

"Ils avaient vécu dans de grandes villes et connu la déception, des trahisons, des désillusions auxquelles ils ne voulaient plus penser... et quand ils trouvèrent Coldhaven, ils tombèrent finalement amoureux de l'endroit."

Mais le village les avait rejetés avec violence et sournoiserie. Et ils s'étaient enfuis plus loin. Mais pas assez loin pour être à l'abri des perverses mesquineries des villageois.

"C'est certainement ce qu'on entend par destinée, ce long, lent processus d'accumulation qui veut qu' un grain de sable après l'autre, un mot après l'autre, quelque chose devienne inévitable, sans que quiconque ait pu dire quand s'est produit le changement."

Mais pour Michael aussi il est tard. Il a déjà derrière lui des mauvais souvenirs qui l'ont profondément transformé. Enfant il a été persécuté par un ado plus malheureux que méchant. Mais voilà, Michael a cessé de fuir et il s'est vengé.
Plus tard, il a connu encore très jeune, une fille qui fut sa première expérience sexuelle. Mais pas seulement.
Quelques années encore, et il épousera une femme avec qui il ne connaitra finalement que l' ennui. Et il s'en séparera pour vivre seul dans la grande maison au bord de la mer.

Mais c' est alors que Michael se rend compte que les conséquences de nos actes peuvent avoir des effets imprévisibles et dévastateurs.
Il va se laisser entrainer dans un voyage au bout duquel il sera forcé de faire face, d'affronter les fantômes du passé.

Tel est ce livre placé sous le signe du fatum, la fatalité de la tragédie antique. Enfin, c'est le nom qu'on donne à ce que la vie produit sur nous sans qu'on le comprenne.

"C'est une erreur d'étudier trop attentivement le point de départ de tel ou tel évènement. Les choses prennent naissance bien en deça de la surface ; le temps d'émerger, elles ont  acquis une existence et une direction qui leur sont propres.
On ne perçoit pas ce phénomère, aussi parle t-on de destin, de sort ou de hasard quand un évènement inattendu se produit ; on se prépare pourtant depuis le début, en secret, à prendre part au moment qu' en surface nous avons trouvé si surprenant."

A la lecture de ce livre, j'ai pensé à un auteur de polar où le destin fatal conduit à la catastrophe finale.
Il s'agit de James Cain, l'auteur de Galatée, Assurance sur la mort ou Le facteur sonne toujours trois fois. Si vous l'avez lu, vous comprendrez  peut-être ma comparaison.
Mais c'est aussi tout le sujet de l' œuvre de William Faulkner.

Récupéré

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Message par églantine Ven 21 Sep - 11:25

Un mensonge sur mon père

John Burnside 51jqvv10


Longtemps j'ai attendu avant de sortir de ma PAL  les ouvrages de John Burnside , tant mieux : en cette rentrée littéraire que j'ai eu le caprice de vouloir suivre cette année et qui s'avère ennuyeuse , j'ai trouvé une presque source d'exaltation compensatrice de mes déceptions littéraires du moment .
"Les empreintes du diable " d'abord me donnèrent un avant-goût de la qualité d'écriture , et la tonalité si particulière de cette griffe au service de thématiques en échos avec celle-ci : des ambiances ténébreuses en bordure du réel , une nature secrète et mystérieuse plus sécurisante pourtant que l'esprit grégaire du genre humain .
Alors lorsque je décidai de continuer sur ma lancée , après dépoussiérage du volume "Un mensonge sur mon père " , j'avais déjà quelques repères et sans surprise je me glissai dans ce mensonge avec volupté délicieusement malsaine sachant qu'il s'agissait d'un roman autobiographique .
Au final ce que j'en appris sur ce père violent , alcoolique , absent , pathologiquement affabulateur dans ce que je lis dans les mots et à travers ceux-ci , écrits par son fils , c'est qu'au final tout cela n'est rien que très banal . On croit se construire une personnalité , on intègre ses origines et l'histoire de sa famille , de son milieu social , de son peuple et on devient .
On devient , oui.
Systématiquement un être bancal , certains plus que d'autres , l'inconscient tricote souvent des mailles déformées , la destinée et la génétique c'est bien connu ne connaissent pas la justice . Alors oui ce père il ne fait pas partie des plus chanceux dès le départ , cahin-caha il avance au sein de cette Angleterre minière qui pue la bière mal digérée et la misère du prolétariat usé jusqu'au renoncement . Et il s'invente , se décline , selon ses humeurs et le nombre de pintes , avec une fantaisie toute à son humeur : Quand on ne sait rien de ses origines , c'est facile , on a le choix comme une garde-robe bien garnie . Pourquoi pas ?
Mais il oublie , le père , qu'il est père . Et que petit John il ne comprend pas bien ce père à multiples facettes qu'il suit dès le plus jeune âge dans ses soirées de beuveries . Témoin ,puis acteur dès l'adolescence .
Des années d'errance pour petit John devenu grand . L'alcool comme papa, mais c'est plus marrant d'aller plus loin , alors ils multiplie les drogues et les expériences , avec quelques passages psychotiques , histoire de se frotter à l'univers "des fous " "juste for fun" dans les services médicalisés , de belles rencontres surdimensionnées probablement par les substances euphorisantes et une prédisposition à l'exacerbation du réel pour mieux se sentir vivant  .
Rétrospectivement , devenu père à son tour , après plusieurs romans où l'ombre d'un père menaçant semble planer dangereusement ( je pense que c'est la raison pour laquelle je n'osais pas les sortir de mes PAL ) , père fictionnel si tant est que la pure fiction existe , John Burnside s'attaque ici à son histoire , raconte son père , le fils qu'il fut avec toute la non-objectivité assumée , et même revendiquée , mensonge et vérité se rejoignant .
Mystificateur , nous le sommes tous . John Burnside choisira une image de son père parmi tant d'autres pour continuer la transmission . Mensonges et vérités épousés , histoire de choix et d'inconscient .


Dernière édition par églantine le Ven 21 Sep - 15:12, édité 2 fois
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Message par topocl Ven 21 Sep - 11:37

Waouh Very Happy !

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Message par Avadoro Ven 21 Sep - 23:44

Un texte vraiment magnifique sur la fragilité et les contradictions d'une transmission, sur la difficulté de se construire avec la complexité des liens relationnels accumulés.
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Message par Tristram Ven 21 Sep - 23:51

Puisque tu t'y mets aussi, Avadoro... (Et, en le mettant dans la LAL, je m'avise qu'il y a deux bières en couverture John Burnside 3157204030 )

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Sam 22 Sep - 8:16

merci églantine pour ce savoureux commentaire ! je note (encore, la liste devient très longue)

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
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