Pierre Jourde
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Re: Pierre Jourde
J’avoue avoir été beaucoup gênée par les derniers messages postés ici et sur le fil « critique littéraire ». Autant j’ai trouvé stimulants les avis négatifs sur Pays perdu, livre que j'ai apprécié pour ma part, car, comme le dit plus haut Nadine, il est enrichissant de se confronter à la perception des autres, autant par la suite le ton m’a mis très mal à l’aise et je ne savais plus comment intervenir dans la discussion. La justice est vite rendue sur internet. C’est une des choses qui m’effraient le plus avec les nouvelles technologies. J’ai donc pris un peu de recul et me suis dit qu’il valait mieux s’en tenir aux textes.
Et ici, par exemple, je me suis demandé comment on pouvait avoir un avis aussi radical à partir d’une courte présentation vidéo. (Tout le monde n’est pas à l’aise avec cet exercice difficile et ce n’est pas forcément représentatif.) Donc, au départ, j’ai compris que tu n’avais lu de Pierre Jourde que Pays perdu. Ensuite, je me suis dit que j’avais peut-être manqué quelque chose et que tu devais aussi avoir lu le Jourde & Naulleau…
Moi aussi, il m’arrive de ne connaître un livre que par le détour de quelques articles et interviews, mais ne faut-il pas, pour s’en faire une idée solide, confronter ensuite tout cela au texte ? Même si l’on part avec un sentiment négatif ? Surtout si l’on part avec un sentiment négatif ? Je me pose honnêtement ces questions, car c’est d’abord une exigence que j’ai envers moi-même.
Si j’ai bien tout saisi, La littérature sans estomac est une satire, le Jourde & Naulleau un pastiche. D’où la posture qui va avec sur les vidéos et dans les interviews ? Des genres littéraires plus difficiles à recevoir ? Même quand ils apportent un éclairage nécessaire sur une situation néfaste et sclérosée ? Sur ce point, il me semble intéressant de lire, par exemple, la totalité des propos tenus par Thierry Guichard en 2003 dans Le Matricule des Anges pour la sortie de La littérature sans estomac (+ l’entretien avec Pierre Jourde, où il me semble répondre avec franchise). Car Guichard n’a pas seulement écrit :
« On ne reprochera pas à Pierre Jourde de citer abondamment les auteurs qu'il attaque : mais faut-il encore que les citations soient représentatives d'une œuvre. Car à ce jeu, on débinerait joyeusement Proust, Rabelais ou Balzac. L'emploi de la citation a quelque chose du Canada dry : ça ressemble à une preuve, ça a le goût de l'irréfutable, mais ce n'est rien de tout cela. » (cf. le fil « critique littéraire »)
Guichard écrit aussi :
« La Littérature sans estomac est donc un livre nécessaire. […] Que la littérature fasse enfin débat, voilà qui est salutaire. Le seul geste de descendre dans l'arène non pour encenser quelques écrivains morts (ce que l'on voit souvent), ni pour appeler de ses vœux une littérature nouvelle, mais pour s'engager soi et batailler contre des écritures reconnues par leurs pairs, voilà qui ne manque ni de courage, ni, finalement, d'éthique. Le pamphlet se lit au rythme d'une charge de cavalerie, avec une jubilation qu'il faut préciser : non celle d'assister à un jeu de massacre (ce qu'est le livre) mais de voir qu'il existe encore un espace pour que la littérature fasse sens hors de son rôle médiatico-économique. »
Et je mets le lien vers l’article pour que l’on puisse se faire son propre avis – positif ou négatif, ça m’est égal, pourvu que l’on ne parte pas uniquement des réserves émises sur le livre. C'est ici.
Le Jourde & Naulleau, ce serait un peu comme une version plus accessible et ludique de La littérature sans estomac ? Mais avec la même idée derrière ?
Quasimodo, il serait sûrement plus judicieux pour toi de lire ce dernier titre, qui est plus pointu, et dont l’introduction pourra peut-être, je l’espère, t’éclairer sur les intentions de Pierre Jourde quant à sa démarche.
Tristram, si tu es d’accord, j’aimerais aussi avoir ton avis là-dessus, au moins pour l’introduction. Pour le reste, on peut peut-être se faire une idée en lisant quelques éreintements et quelques encensements ?
Tu sais bien, pourtant, qu’il existe différents types de lectorats. Nous ne sommes pas tous armés de la même manière, malheureusement. À l’époque, je me serais peut-être bien engouffrée là-dedans pour un moment. Et pourquoi pas ? Un gain de temps, du coup.Quasimodo a écrit:: Mais ce n'est pas là où je voulais en venir : la plupart des auteurs critiqués dans le Jourde et Naulleau (entre autres, ceux que j'ai cités) sont tout à fait inintéressant au plan artistique; ce n'est à mon avis un scoop pour personne.
Quasimodo a écrit:[…] ce n'est pas tant de littérature dont il est question, semble-t-il, que d'un divertissement dans l'esprit "On n'est pas couchés".
En réponse à cela, je propose un extrait de l'introduction de La littérature sans estomac :
Il y a pourtant un point commun entres [l]es textes [commentés dans cet essai]. Quel que soit le succès qu’ils ont connu, aucun d’entre eux ne peut tout à fait se ranger dans la littérature populaire, ou de grande consommation : psychologisme, exotisme ou reconstitution historique. Tous, sans aller jusqu’à l’écriture de laboratoire, peuvent figurer au rayon « littérature exigeante », ou « littérature inventive », celle qui est publiée par des maisons prestigieuses, censées sélectionner rigoureusement leurs auteurs et travailler pour la postérité ; celle qui est défendue dans les magazines spécialisés et dans les pages littéraires des grands quotidiens.
Cette distinction entre littérature exigeante et littérature de grande consommation, reproduisant des schémas éprouvés, ne constitue pas un jugement de valeur (on trouve de grandes œuvres dans la littérature populaire). Il s’agit de définir un horizon d’attente : dans le cas de la littérature exigeante, la maison où le texte est publié, le journal qui en rend compte s’adressent à un lectorat averti, celui des amateurs cultivés, pour qui il existe une valeur littéraire, pour qui elle reste importante, et qui en attendent quelque intervention, quelque nouveauté, quelque « effort au style », et la confirmation de leur croyance en un enjeu de la littérature, autre que la pure distraction.
Les livres abordés ici peuvent être l’occasion de s’apercevoir que, de plus en plus, les choix éditoriaux tendent à brouiller les pistes. Des ouvrages médiocres, simples produits d’opérations publicitaires, sont présentés par leurs éditeurs, de manière explicite ou implicite, comme de la « vraie littérature ». En France et dans les pays occidentaux, la demande de consommation culturelle se généralise. On se bouscule aux expositions et dans les musées. On s’arrache le Goncourt, qu’on ne lit pas, ou qu’on offre. Il s’agit donc de fournir à un public élargi, qui désire pénétrait dans le cercle des amateurs cultivés, quelque chose qui puisse passer pour de la vraie littérature (en fournir vraiment serait plus compliqué. Un auteur au plein sens du terme met du temps à se faire admettre, il ne rapporte pas vite). Il n’est pas nécessaire que de tels textes soient lisibles, il faut simplement que les livres soient achetés. Le public n’a pas réellement besoin de lire le livre qu’il a acquis : il suffit, par une promotion adroite, de parvenir à le convaincre qu’il est devenu détenteur d’une valeur symbolique, qui se nomme littérature. On s’emploie donc à lui fournir, non pas de la littérature, mais une image de la littérature. Il y a des écrivains pour fabriquer ces textes médiocres qu’éditeurs et journalistes ont habitué le public à considérer comme de la création.
(Extrait trop long ? J'ai mal aux pattes !)
Je tiens à dire une fois encore que je ne cherche pas à avoir raison ; je veux juste comprendre. J'ai peut-être manqué une certaine dimension dans ces lectures. Ou je les ai peut-être vécues autrement parce que je ne suis pas partie du même endroit (manque de connaissances dans le domaine) ?
Louvaluna- Messages : 1682
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Re: Pierre Jourde
Quasimodo- Messages : 5461
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Age : 29
Re: Pierre Jourde
Parler sans savoir n'est décidément aisé qu'avec des gens qui n'ont pas lu...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Pierre Jourde
Louvaluna a écrit:Tu sais bien, pourtant, qu’il existe différents types de lectorats. Nous ne sommes pas tous armés de la même manière, malheureusement. À l’époque, je me serais peut-être bien engouffrée là-dedans pour un moment. Et pourquoi pas ? Un gain de temps, du coup.Quasimodo a écrit:: Mais ce n'est pas là où je voulais en venir : la plupart des auteurs critiqués dans le Jourde et Naulleau (entre autres, ceux que j'ai cités) sont tout à fait inintéressant au plan artistique; ce n'est à mon avis un scoop pour personne.
Pour X raisons (apparues bonnes ou mauvaises) j'ai du m'engouffrer dans ces lectures.
Je m'instruis à vous lire, continuez vos échanges, vos ressentis, le partage (dit celle qui n'a pas lu Jourde, mais qui le fera certainement, puisque, je le répète, le commentaire de topocl et le tien Louvaluna m'y incite)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21745
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Pierre Jourde
J'ai déjà éprouvé une relative antipathie (ou un défaut de sympathie) pour un auteur, que j'apprécie ou non ses œuvres : pour Racine, dont j'aime les pièces, Voltaire, dont j'aime les histoires, Huysmans, dont j'ai adoré À rebours, Léon Daudet, dont j'apprécie les Mémoires (je ne fais pas ici allusion à son antisémitisme, qui ne s'exprime pas dans les œuvres que j'ai lues), David Lodge, dont je ne sais que penser, François Bégaudeau, dont j'ai moyennement apprécié Entre les murs, Tahar Ben Jelloun, etc. Il s'agit parfois de sentiments troubles, problématiques, qu'il conviendrait d'approfondir.
Mais cela n'a rien de commun avec la répulsion démesurée que j'ai éprouvée pour des auteurs comme Jourde et comme Cercas, qui relève d'un scandale intime, visiblement d'ordre axiologique. Et voilà ce qu'il me faut maintenant interroger : quels en sont les motifs, de quoi ce scandale est-il fait ?
Je tiens donc à te remercier, Louvaluna, pour les réflexions que tes commentaires ont permis.
Moi de même, pourtant… J'ai quitté certain réseau social pour cette unique raison.Louvaluna a écrit:La justice est vite rendue sur internet. C’est une des choses qui m’effraient le plus avec les nouvelles technologies.
Ici, je peux tout de même répondre : je n'ai pas connu Jourde par ses vidéos, mais par ses articles de blog, que j'ai lu avec une relative assiduité. Cet avis radical n'est pas le résultat d'un processus plus complexe que le visionnage d'un unique entretien, mais procède d'une lente sédimentation. Ainsi, je l'ai vu porter de vives attaques à l'encontre d'Edouard Louis, qui écrit sur les même thèmes avec davantage de succès, avec un ressentiment et une mauvaise foi visibles. J'ai lu par la suite de nombreux articles à tonalité pamphlétaire dirigés contre quelques écrivains actuels (souvent les mêmes). Sans avoir lu le Jourde et Naulleau ni La Littérature sans estomac, j'ai pu voir quelques illustrations de sa méthode, qui, comme je l'ai dit, jusqu'à présent me déplaît.Louvaluna a écrit:Et ici, par exemple, je me suis demandé comment on pouvait avoir un avis aussi radical à partir d’une courte présentation vidéo. (Tout le monde n’est pas à l’aise avec cet exercice difficile et ce n’est pas forcément représentatif.)
Je veux bien m'y essayer, et je retiens les recommandations que tu me fais, ainsi que les liens partagés.Louvaluna a écrit:Moi aussi, il m’arrive de ne connaître un livre que par le détour de quelques articles et interviews, mais ne faut-il pas, pour s’en faire une idée solide, confronter ensuite tout cela au texte ? Même si l’on part avec un sentiment négatif ? Surtout si l’on part avec un sentiment négatif ? Je me pose honnêtement ces questions, car c’est d’abord une exigence que j’ai envers moi-même.
En effet, je m'en suis aperçu en l'écrivantLouvaluna a écrit:Tu sais bien, pourtant, qu’il existe différents types de lectorats. Nous ne sommes pas tous armés de la même manière, malheureusement. À l’époque, je me serais peut-être bien engouffrée là-dedans pour un moment. Et pourquoi pas ? Un gain de temps, du coup.Quasimodo a écrit:: Mais ce n'est pas là où je voulais en venir : la plupart des auteurs critiqués dans le Jourde et Naulleau (entre autres, ceux que j'ai cités) sont tout à fait inintéressant au plan artistique; ce n'est à mon avis un scoop pour personne.
En ce sens, c'est un livre utile.
J'ajouterai une seule chose (et, comme toi, je ne cherche pas à avoir raison à tout prix : il s'agit d'une simple hypothèse). Jourde et Naulleau, à travers leurs interventions télévisées ou leurs articles, ne semblent pas se placer dans la perspective d'une éducation populaire, quand bien même ils le prétendraient. Leur ambition littéraire est assez importante : Naulleau fait de Jourde l'un des principaux romanciers de notre temps, et semble se considérer l'un des principaux critiques. Peut-être s'agit-il d'un jeu médiatique; ce serait bien possible. Mais je soupçonne que ce faisant, ils s'adressent à un public cultivé (l'introduction de La Littérature sans estomac le suggère); que ce faisant, ils désignent leurs adversaires en littérature et proposent un art poétique à rebours. Qu'il ne s'agit donc pas de montrer un soi-disant dysfonctionnement de la machine éditoriale et médiatique, qu'il ne s'agit pas réellement de nous apprendre à mieux lire, à mieux nous interroger. Ce livre a eu cet effet, certainement, mais je me demande dans quelle mesure c'est accidentel. Enfin, pour en savoir plus, il faudrait que je le lise...
Quand à cet extrait de l'introduction de La Littérature sans estomac, je ne peux qu'être d'accord avec ce qui y est dit, et je le trouve agréablement écrit. Il faudrait que j'aille y voir, pour éclairer un peu tout cela...
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Pierre Jourde
Je vous lis tres attentivement. Quasimodo j'admire ta capacité à répondre précisément,
ce que tu disais Louvaluna me concerne aussi dans la mesure où j'ai physiquement ressenti de l'acrimonie envers Pays perdu, et par extension ressenti le besoin de poser un rejet de ce regard là.
Mais je me sentais démunie et brouillonne, la clarté et la pondération de Quasimodo constituent une chance.
je continue à me placer dans son sillage.
Et sans avoir rien lu d'autre, n'ai pas aimé ce livre Pays perdu, qui dans une transe littéraire enclôt parfois de vraies pépites de veulerie.
Une autre réaction, à vous lire : pamphlet, satire, pastiche : et bien je situe mal tous ces genres.
"Une satire est une œuvre dont l'objectif est une critique moqueuse de son sujet, souvent dans l'intention de provoquer, prévenir un changement ou de porter à réfléchir. "
"Un pastiche est une imitation du style d'un auteur ou artiste qui ne vise pas le plagiat. On peut en découvrir dans tous les domaines littéraires et artistiques. Le pastiche est à différencier de la parodie ou de la caricature, bien que le mot « pastiche » puisse être employé comme un synonyme de « parodie »"
Ok.
et puis il y a "pamphlet" :
Le pamphlet est une œuvre littéraire dont le but est de contester un pouvoir ou un homme de pouvoir sur le mode de la dénonciation, de la caricature, du dénigrement, de la raillerie, dans un style souvent vindicatif."
Hum.
Bon, l'un de vous lira peut être un autre écrit de Jourde.
Je n'ai pas envie, même pour creuser "sa bonne foi";
son livre seul, sans que je sache rien d'autre de lui ou de ses positions critiques , m'a donné à voir une vision triste de l'humain, faussement bonne, sordide. Je n'ai pas envie de me plonger dans une vue pessimiste et sordide telle que celle -ci. La saleté, la précarité, le démuni ont d'autres chantres, plus cléments, sachant transmettre le terrible sans dégoût. Et avec une force dans la forme plus maitrisée.
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Pierre Jourde
Je serai moins sotte dans les salons !
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Pierre Jourde
Parfois, souvent, ça s'arrête là.
On ferme le livre et on passe à autre chose.
D'autres fois, on a l'envie d'échanger nos impressions.
Parce que quelque chose nous a étonné, interrogé, exalté.
Et c'est alors qu'on se heurte au regard et à la subjectivité des autres.
A leur différence.
On ne parle quasiment plus du livre, (mais on ne le sait pas), on parle de soi.
Nos perceptions, nos impressions, nos certitudes peuvent être mises en cause.
Trop brusquement.
C'est compliqué, difficile à admettre.
Inutile ?
Sans doute pas.
Luna a raison, les arguments sont souvent trop rapides, trop raides, trop entiers.
Il faut avoir la bonne foi et la sincérité d'un Quasimodo pour lâcher du leste sans se départir de sa propre opinion.
C'est ce qu'il faudrait faire je crois.
Nous sommes tous différents d'une part et la compréhension des autres et des choses, est quelque chose de limité et de fragmentaire.
Plus on essaie d'approfondir ce qui nous différencie et plus on se rend compte des limites de la communicabilité et de l'imprécision de toute définition.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut se résoudre au silence et considérer que la banalité est une forme d'inhibition totalement dissuasive.
Je crois qu'il faut faire avec ou sans.
Accepter nos limites. Essayer d'aller au delà. De percevoir ce qui dans nos silences ou nos argumentations est une tentative d'approche.
Avec de l'empathie pour celui qui tente cette approche.
C'est peu mais ça pourrait suffire.
Je ne sais pas.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Pierre Jourde
bix_229 a écrit:Nous sommes tous différents d'une part et la compréhension des autres et des choses, est quelque chose de limité et de fragmentaire.
Plus on essaie d'approfondir ce qui nous différencie et plus on se rend compte des limites de la communicabilité et de l'imprécision de toute définition.
Ça me semble très juste; approche (de l'individu à l'œuvre, et des individus entre eux qui parlent de l'œuvre) favorisée par la multiplication des angles de vue ? Pour reprendre Louvaluna :bix_229 a écrit:Je crois qu'il faut faire avec ou sans.
Accepter nos limites. Essayer d'aller au delà. De percevoir ce qui dans nos silences ou nos argumentations est une tentative d'approche.
Avec de l'empathie pour celui qui tente cette approche.
… ce qui fait l'importance et le sel de ces lieux.Louvaluna a écrit:J'ai peut-être manqué une certaine dimension dans ces lectures. Ou je les ai peut-être vécues autrement parce que je ne suis pas partie du même endroit
"Le misanthrope sans le savoir". Il y a quelque chose de ça, peut-être, dans ce récit, que l'on pourrait rapprocher d'un certain dégoût de Zola pour le peuple (voire pour l'espèce humaine ?) Ce qui le rend peut-être plus acceptable chez Zola, c'est que la composition de ses livres est plus ferme, le style plus efficace (bien que pas vraiment de mon goût), l'esprit qui les mène me paraît plus solide et structuré.Nadine a écrit:son livre seul, sans que je sache rien d'autre de lui ou de ses positions critiques , m'a donné à voir une vision triste de l'humain, faussement bonne, sordide. Je n'ai pas envie de me plonger dans une vue pessimiste et sordide telle que celle -ci. La saleté, la précarité, le démuni ont d'autres chantres, plus cléments, sachant transmettre le terrible sans dégoût. Et avec une force dans la forme plus maitrisée.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Pierre Jourde
Pour dire que ça fait des pages que j’ai décroché et ne lis plus qu’en travers.
J’ai l’impression qu’on se gargarise de parler de livres qu’on n’a pas lus, de parler allusivement de choses que les autres ne connaissent pas, de commenter une vidéo soigneusement choisie pour illustrer un propos, de juger un type sous prétexte qu’il a jugé.
Je m’en fiche complètement de Jourde, je ne pense même pas qu’il mérite tant de pages et de pages. C’est juste un type avec défauts et qualités, comme pas mal d’entre nous, qui a produit un livre où il livre son intime et qui a su me toucher par moments, à travers ses maladresses. Un homme qui publie et prend donc le risque de s'exposer et doit donc accepter la critique argumentée, mais n'est-on pas passés à l'argument pour l'argument?
Il y a un moment où je me demande si on continue à parler de Jourde ou si on s’emballe à parler autour de soi-même.
Désolée une fois encore, mais cela avait vraiment besoin d’être exprimé. Mais ce n’est sans doute que l’expression de ma candeur, consentie ou non.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8560
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Pierre Jourde
Tu as parfaitement raison, mais pourquoi ne goûtes-tu pas les escarmouches que Jourde sut magistralement susciter ? Je trouve fascinante sa capacité à démontrer par l'absurde la vanité de la critique littéraire (un vrai sujet, comme la déréliction rurale). Et pourquoi le Chosien prolétaire ne saurait-il pas croiser le fer comme/ avec/ pour/ contre lui, tel le porteur de stylo professionnel ? L'élite a-telle seule le droit de s'amuser, la valetaille ne peut-elle jouer aussi dans la cour des grands ? Il me semble que nous sommes là dans le vif du propos de ce forum, assavoir échanger sur les livres, fût-ce avec les mots mal agencés, la façon fâcheusement tournée reflétant mes pensées approximatives ?Topocl a écrit:Un homme qui publie et prend donc le risque de s'exposer et doit donc accepter la critique argumentée, mais n'est-on pas passés à l'argument pour l'argument?
A propos, Jourde n'a-t-il pas composé et publié Pays perdu comme une illustration de son art d'écrire (avec ou sans estomac) paru l'année précédente ?
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Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Pierre Jourde
Que fait on d'autre sinon parler de soi quand on parle d'un livre ou de quoi que ce soit d'autre ?
Que fait l'auteur (tous) sinon parler de lui, meme quand il l'ignore ou veut l'ignorer ou s'efforce de s'abstraire ?
Oh et puis, argumenter, s'écarter du sujet, parler, se taire ou peigner la girafe...
On tue le temps avant qu'il ait le dernier mot !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Pierre Jourde
topocl a écrit:Je suis désolée mais je vais revenir un peu au plancher des vaches.
Pour dire que ça fait des pages que j’ai décroché et ne lis plus qu’en travers.
J’ai l’impression qu’on se gargarise de parler de livres qu’on n’a pas lus, de parler allusivement de choses que les autres ne connaissent pas, de commenter une vidéo soigneusement choisie pour illustrer un propos, de juger un type sous prétexte qu’il a jugé.
Je m’en fiche complètement de Jourde, je ne pense même pas qu’il mérite tant de pages et de pages. C’est juste un type avec défauts et qualités, comme pas mal d’entre nous, qui a produit un livre où il livre son intime et qui a su me toucher par moments, à travers ses maladresses. Un homme qui publie et prend donc le risque de s'exposer et doit donc accepter la critique argumentée, mais n'est-on pas passés à l'argument pour l'argument?
Il y a un moment où je me demande si on continue à parler de Jourde ou si on s’emballe à parler autour de soi-même.
MOT POUR MOT , j'aurais pu écrire LA MEME CHOSE . C'est EXACTEMENT ce que je ressens depuis plusieurs jours par rapport à vce fil (et que je ne peux même plus lire tant il me renvoie à tout ce que je n'aime pas en moi et en l'être humain ) .
Mais je suis bien trop à vif pour être aussi soft .
Alors je n'en dirai pas plus .
Et mon grand regret c'est d'avoir exprimé mon opinion . Qui n'a aucune importance d'ailleurs .
Et mea culpa pour mon outrecuidance d'avoir mis mon grain de sel lourdingue sur ce fil . Quand on n'aime pas , on peut le dire évidemment mais passer rapidement à autre chose de plus nourrissant . Pour soi et pour les autres .
Allez on continue .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Pierre Jourde
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Pierre Jourde
Mais c'est fait.
Je suis navrée.
Nadine a écrit:
Et sans avoir rien lu d'autre, n'ai pas aimé ce livre Pays perdu, qui dans une transe littéraire enclôt parfois de vraies pépites de veulerie.
(...)
Bon, l'un de vous lira peut être un autre écrit de Jourde.
Je n'ai pas envie, même pour creuser "sa bonne foi";
son livre seul, sans que je sache rien d'autre de lui ou de ses positions critiques , m'a donné à voir une vision triste de l'humain, faussement bonne, sordide. Je n'ai pas envie de me plonger dans une vue pessimiste et sordide telle que celle -ci. La saleté, la précarité, le démuni ont d'autres chantres, plus cléments, sachant transmettre le terrible sans dégoût. Et avec une force dans la forme plus maitrisée.
Nadine a écrit:Mais je vous lirai, puisque je découvre qu'il existe des batailles critiques contemporaines. Autant être au courant, d'autant que je me rends mieux compte à présent des présupposés qui habitent les opinions littéraires de mon libraire, par exemple. Qui cite les mêmes auteurs que Jourde et Naulleau, et selon les mêmes faisceaux d'analyse je crois.
Je serai moins sotte dans les salons !
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Pierre Jourde
Ne vous autocensurez pas surtout.
Je pense que les messages de Bix sont très justes et peuvent avoir l'assentiment de tous.
_________________
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Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Pierre Jourde
Invité- Invité
Re: Pierre Jourde
On se plaint que le forum ne soit pas assez animé, et pour une fois que ça discute, ben ça ne va pas non plus. Personnellement j'ai apprécié les échanges entre Quasimodo et Louvaluna, qui cherchaient à comprendre les raisons de leurs divergences dans le respect et la sympathie.
Alors oui, Jourde n'en mérite peut-être pas tant, mais pour une fois que les chosiens discutent de leurs divergences avec passion, personnellement je ne m'en plains pas.
Et si on n'a pas envie de passer autant de temps sur Jourde, rien ne nous oblige à lire les échanges.
J'aimerais qu'on n'en arrive pas à tous se censurer, à parler uniquement des livres qu'on aime pour éviter de se faire tacler. Parce que c'est souvent la réaction qui suit ce genre de remarque. Et c'est dommage.
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Armor- Messages : 4589
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