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Georges Perros

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Message par Tristram Sam 10 Nov - 17:10

Georges Perros
(1923-1978)

Georges Perros Perros10

Georges Poulot, dit Georges Perros, né le 23 août 1923 à Paris, est un écrivain et comédien français.
Avant d'entamer une carrière d'écrivain, il étudie d'abord le piano puis l'art dramatique au Centre du Spectacle de la Rue Blanche avant d'être reçu à la Comédie-Française. Ce qui lui permettra de rencontrer Jean Grenier lors d'une tournée de la compagnie au Caire. Puis, aux côtés de son ami Gérard Philipe, il est au festival d'Avignon avec Jean Vilar, Maria Casares, Maurice Jarre le musicien, la photographe Agnès Varda, Jeanne Moreau et beaucoup d'autres jeunes artistes dont beaucoup deviendront célèbres. Il devient lecteur pour Jean Vilar au TNP du théâtre de Chaillot. S'ennuyant à la figuration théâtrale, il décide de quitter la scène pour se consacrer à la littérature, publiant dès 1953 ses premières notes dans La Nouvelle Revue française de Paulhan, et traduisant des pièces de Tchekhov et Strindberg.

À partir de 1959, après des séjours à Saint-Malo, il s'installe à Douarnenez, dans le Finistère. Avec son épouse Tania Moravsky (1929-1996) ils y élèveront cinq enfants, les deux que Tania avait eus avant de le rencontrer et les trois qu'ils eurent ensuite ensemble.

En 1961, paraît chez Gallimard le premier volume de Papiers collés, notes et réflexions griffonnées sur des bouts de papiers et largement retravaillées, associées à des études sur la littérature en général (outre quelques contemporains, sont particulièrement évoqués Kafka, Rimbaud, Hölderlin, et Kierkegaard). Perros emploie tour à tour l'humour et la distance au quotidien, dans des aphorismes ou des développements de quelques pages, au fil d'une langue à la fois dense et dépouillée. Il construit ainsi une œuvre de « journalier des pensées », proche de La Rochefoucauld, Chamfort, Joubert voire de Cioran. Perros est aussi l'auteur dans la NRF de notes de critiques littéraires et télévisuelles à la fin de sa vie (Télénotes).
Il est également l'un des poètes les plus séduisants de sa génération par la pureté de sa langue et la maîtrise de son lyrisme. Ses vers, parfois rimés — préférant à la rime riche la rime plus pauvre — tiennent avant tout du récit, de la prose poétique, comme ses fameux Poèmes bleus (1962) ou Une vie ordinaire (1967), sous-titré « roman poème ». Il y exprime le sentiment quotidien, tout comme le fait Raymond Queneau.

Georges Perros est mort d'un cancer du larynx le 24 janvier 1978 à l'hôpital Laennec de Paris. Malade depuis 1976, il fut contraint au silence après une opération des cordes vocales. Il a relaté son expérience dans L'Ardoise magique (1978).
Sa correspondance importante (avec, entre autres, Jean Grenier, Jean Paulhan, Brice Parain, Lorand Gaspar, Michel Butor, Jean Roudaut, Bernard Noël, Gérard Philipe et Anne Philipe, Henri Thomas) s'ajoute à son œuvre.

wikipedia.org

Publications

• Poèmes bleus, Gallimard, 1962
• Papiers collés, Gallimard, 1960
• Une vie ordinaire, Gallimard, 1967
• Papiers collés II, Gallimard, 1973
• Huit poèmes, Lausanne, Alfred Eibel, 1974
• Notes d'enfance, Quimper, Calligrammes, 1977
• Échancrures, Quimper, Calligrammes, 1977

Œuvres posthumes
• L'Ardoise magique, Givre, 1978
• Papiers collés III, Gallimard
• Lexique, Calligrammes, 1981
• Lectures, Le temps qu'il fait, 1981
• Les Yeux de la tête, Le Nouveau Commerce, 1983
• Je suis toujours ce que je vais devenir, coédition Calligrammes/Bretagnes, 1983. Entretiens avec Michel Kerninon
• Dessins, Le Nouveau Commerce, 1983. 11 cartes postales dessinées par l'artiste
• Télé-Notes, Ubacs, 1992
• L'Occupation et autres textes, Joseph K, 1996
• Lectures pour Jean Vilar, Le temps qu'il fait, 1999
• Pour ainsi dire, Finitude, 2004
• Dessiner ce qu'on a envie d'écrire, recueil d'œuvres graphiques, Finitude, 2005
• J'habite près de mon silence, poèmes, Finitude, 2006
• La Pointe du Raz dans quelques-uns de ses états, coédition Finitude & Fario, 2010
• Œuvres, sous la direction de Thierry Gillybœuf, Gallimard, 2017.

En revue
• Dossier M., dans Théodore Balmoral, no 71, 2013. (texte de Georges Perros précédé de Marc Le Gros, Monique ou Le Dernier Mot (Sur Georges Perros)
• « Le promeneur de Douarnenez » de Michel Kerninon, Hopala !, no 55, février 2018

Correspondances
• Correspondance Jean Grenier / Georges Perros, 1950-1971, Calligrammes, 1980
• Lettres de Georges Perros à Jean Roudaut (1968-1978) in Faut aimer la vie, Eibel / Fanlac, 1981
• Jean Paulhan / Georges Perros, 1953-1967, =Calligrammes, 1982
• Lettres à Michel Butor, tome 1 (1956-1967) et 2 (1968-1978), éd. Ubacs 1982-1983
• Bernard Noël / Georges Perros, Correspondances, Éditions Unes, 1998
• Lettres à Carl-Gustaf Bjurström (1958-1976), éd. La Part commune, 1999
• Correspondance de Georges Perros et Brice Parain (1960-1971), Gallimard, 1999
• Georges Perros / Lorand Gaspar, Correspondance 1966-1978, La Part Commune, 2001
• L'autre région, lettres à Maxime Caron, Finitude, 2002
• Georges Perros / Anne et Gérard Philipe, Correspondance 1946-1978, préface de Jérôme Garcin, éd. Finitude, 2008
• Georges Perros / Henri Thomas, Correspondance 1960-1978, édition établie et annotée par Thierry Bouchard, préface et postfaces de Jean Roudaut, éd. Fario, collection

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Sam 10 Nov - 17:20

L’occupation et autres textes

Georges Perros Perros11

Aphorismes (comme dans le Lexique) ; humour (notamment dans Notes d’enfance, y compris un autoportrait au miroir) ; bribes ; réflexions ; réactions, furibondes et léchées, sur l’actualité.

« Ne me demandez pas ce que je veux être. Je ne suis pour l’instant que refus. Mon travail essentiel réside dans la résistance que j’oppose à toutes les offres d’emploi que des milliers de petites annonces me proposent à l’extérieur et à l’intérieur. Je résiste. C’est exténuant. »
Lettre-préface (à Jean Grenier)

« Car l’homme est fait pour comprendre. D’abord qu’il n’y a rien à comprendre, puisqu’il lui manque la clé. Il jouera donc "autour" du lieu de l’esprit, il fabriquera des outils pour le cerner, ou des poèmes pour le charmer, car il ne sait de quelle nature est ce lieu. L’homme pensant est en perpétuel état de siège. Aux aguets devant les remparts qui n’existent pas d’une ville qui n’existe pas. Et cependant il ne saurait vivre sans l’obsession de cette conquête impossible. »
En vue d’un éloge de la paresse

« Les meilleures conditions pour faire la connaissance d’un homme se rencontrent dans un camp de concentration.

Le désespoir, c’est quand l’intelligence prend la souffrance à son compte. »

En vue d’un éloge de la paresse

« Nous grimpions discrètement jusqu’au premier étage, et je lui demandais de s’étendre sur son lit, en vue d’une consultation. Je commençais par la gorge, les futurs seins, et sans aucune gêne, relevait [sic] la jupe jusqu’à la ceinture, lui enlevant pour plus de sûreté, la petite culotte toile d’avion qui sentait vaguement le pipi. D’un savant exercice manuel, je lui tripotais sa chose, dans le plus grand silence, et sans penser que j’avais sous les yeux et les doigts l’instrument de torture par excellence, le rendrez-fou des hommes. Puis nous redescendions jouer à la marelle.
J’ai toujours été à l’aise avec la gent féminine. »

Notes d’enfance

« La vie est une aveugle qui tient l'homme en laisse. »
Lexique, DESTIN

« ‒ lire ? Pas question. Encore à la remorque d’un autre, merci ! Assez d’injures. »
Lexique, ENNUI

Cf. les ridicules communicants en herbe :
« Il remplacent toujours quelque chose qui manque à l’intérieur, l’essentiel. Tant pis pour qui s’en contente. »
Lexique, GESTES

« Les vivants sont peut-être moins vivants que les morts ne sont morts. »
Télé-Notes

Et je m’interroge sur la dernière des Télé-Notes :
« Je pense que nous avons tous du sang juif. Sauf les juifs.
(Borges. France-Culture.) »



Pas trop de tags en vue…

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Message par Aventin Dim 11 Nov - 7:04

Merci pour cette ouverture, je note !
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Message par Invité Jeu 2 Avr - 19:11

Quelques citations tirées de la préface de Lorand Gaspar, du recueil Une vie ordinaire, nrf poésie gallimard.

Ecrire est un acte religieux, hors toute religion. Ecrire, c'est accepter d'être un homme, de le faire, de se le faire savoir, aux frontières de l'absurde, et du précaire de notre condition. Ce n'est pas croire, c'est être certain d'une chose indicible, qui fait corps avec notre fragilité essentielle.
Papiers Collés II, p.113

La poésie est dans la rue, dans le ruisseau, elle est tout à fait dénuée de hiérarchie, elle ne sait pas. Elle ne sait rien. Elle est le chant de notre ignorance. Elle ne connaît pas son homme, ni ses amours, ni ses idées politiques, ni ses ambitions sociales. Elle est ce qui est toujours là, dans nos jours, et nos nuits difficiles...

Papiers collés II, p. 160

Je vais toujours, on dirait par vice, au mot le plus usé, le plus clochard, le plus chargé ; ce n'est pas l'amour des mots entre eux que je cherche, non, mais plutôt leur aptitude à se refiler la même maladie. Les mots nous ressemblent. Il faut et il ne faut pas s'y fier.
Papiers collés II, p. 10

L'écriture a cette vertu de nous faire exister quand nous n'existons plus pour personne.
Papiers collés I, p.128


Chacun d'entre nous n'a pouvoir
que de parler son seul langage
A quoi bon vouloir être un autre
qui nous fascina par ses mots
Une vie ordinaire, p. 91

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Message par Bédoulène Jeu 2 Avr - 21:02

chouette ces extraiats ! merci Arturo !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Invité Sam 4 Avr - 17:37

Bédoulène a écrit:chouette ces extraiats ! merci Arturo !
Une belle découverte, j'aime beaucoup.

Georges Perros Produc13


Bien sûr qu'on ne doit pas rêver
quand il ne faut pas C'est pourtant
quand il ne faut pas que l'on rêve
et que battent à tous les vents
les portes qui vont en dérive
et que sans réfléchir on prend
parce parce que Oui je jure
que ma vie est allée par là
sans que rien ne m'y force Alors
vie et mort me sont entrelacs
piège à double face J'ignore
les soucis des jours et des nuits
dont s'embarrassent mes confrères
en Arts et Lettres Je poursuis
toute autre chose pour ce faire. 


Certains disent très courageux
j'aurais mon heure C'est à peine
si je m'espère une seconde
dans le grenier de mon prochain
Je n'en suis pas le moins du monde
amer ou triste ou malheureux
Mourir de même ne me semble
ni injuste ni ténébreux
je ne suis pas né pour me plaire
mon état de vie c'est la guerre
qu'un jour je me suis déclaré
et ce passage entre les cieux
et ce qu'on appelle la terre
me ferait plutôt l'effet d'être
comme un cadeau non dénué
de l'humour le moins contestable
Connaissons-en la vanité
et jouissons du grain de sable
blé de la mer qui le travaille.


Je fus longtemps impressionné
par les gens ayant l'air de croire
à leur réalité D'où vient
qu'on puisse faire de ce rien
qu'est notre présence sur terre
un monument ? Ce ne serait
qu'à moitié absurde si tête
en avant l'autre n'y jetait
ce qu'on nomme encor son complexe
Les hommes mutuellement
se font si peur les uns les autres
Ils ne l'avouent qu'à peu près sûrs
de mourir sur l'heure Après quoi
parler de masques de pudeur
de caractère de froideur
est à tout prendre plus malin
que de choisir banalité
ta revêche et pauvre parure
J'ai l'air de prêcher pour mon saint
ne vous y fiez pas Je sais
distinguer entre mandarins
le vrai du faux Si j'ai choisi
de parler en langue courante
ce n'est pas faute d'admirer
les grands qui surent la clouer
au point de plus haute souffrance
Mais on croirait à les entendre
nos jeunes pédants d'aujourd'hui
qu'eux seuls ont le droit de prétendre
à la lecture à l'amitié
à l'amour de ce qu'ils vénèrent
et qu'ils imitent sans savoir
que chacun a son propre noir
et que ne devient fou par elle
la poésie qu'ils inaugurent
comme on le fait d'une statue
par qui veut entre deux whiskys
Eux gens tout à fait incapables 
de fréquenter qui ne les met
pas en valeur puisque tout homme
sans littérature en son crâne
est un objet qui va et vient
sorte de robot dont l'essence
est de faire figuration
dans un monde à eux destiné.
 
Quand on lit les carnets intimes
d'un homme qui a tout cassé
dans la vitrine de ses frères
on trouve un malheureux lassé
d'être cru sur fausse parole
Nous aurons surprises ainsi
avec nos Saint-Just d'aujourd'hui
quand viendra leur heure posthume
Et là-dessus que je te fume
ô ma pipe La lune est là
qui me fait signe de dormir
avant qu'elle ne soit bientôt 
mise au rang de nos idéaux
vaincus par manque de distance.

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Message par Invité Dim 5 Avr - 11:03

Personne ne réclame, mais j'en remets quand même un pour la route :


J'étais seul et quand je passais
sous une échelle ou remarquais
le pain à l'envers sur la table
ou un gros chat noir traversant
la route où j'allais m'engager
je me disais trêve aux sottises
le diable s'en retournera
comme il est venu Maintenant
je suis plus sensible à ces choses
j'y vois un avertissement
Mais quel ? J'attends qu'on me le dise
Non ce n'est pas que je vieillisse
mais on m'attend à la maison
où tout ce qui traîne à hauteur
de petits d'homme me fait peur
Épingles de nourrice ouvertes
Casserole au manche en avant
où l'eau murmure sa colère
d'être sur gaz ainsi traitée 
Médicaments que l'on oublie
dans un tiroir où chaise aidant
je t'escalade et je te lampe
Les médecins me font horreur
j'ai tort bien sûr mais quand arrive
le moment de téléphoner
chez la voisine de palier
pour supplier l'un de ces hommes
de venir sauver un enfant
je ne sais quelle angoisse tord
mon cœur Et là je comprends
qu'on préfère en fait c'est tout comme
prier le bon Dieu cet absent
qui s'il nous regarde mourir
à tous les âges de nos vies
est bien le plus grand le plus pur
le plus fieffé salaud qui soit
Mais si sa présence est la nôtre
à quoi bon blasphémer Nous autres 
avons-nous à revendiquer
adorer ? Est-ce bien la peine
d'en vouloir à qui ne peut pas
soulager nos mille misères
Le mal vient de plus loin peut-être
Je suis comme vous n'en sais rien
J'ai peur de voir mourir les miens
mais je les ai faits pour qu'ils meurent
Donner à vivre est tout de même
que donner à mourir Allons
nous sommes tous à même enseigne
ma femme mes enfants les tiens
toi qui me vois en ce moment
par le biais de ce vers qui saigne
C'est pour la rime assurément. 

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Message par Invité Dim 5 Avr - 13:24

Arturo a écrit:Personne ne réclame, mais j'en remets quand même un pour la route :
Je n'oserais pas réclamer mais je viens lire tout ce que tu partages ici, car j'apprécie ce poète ! Moralité : tu peux continuer ! Georges Perros 1486156233

Bien sûr qu'on ne doit pas rêver
quand il ne faut pas C'est pourtant
quand il ne faut pas que l'on rêve (...)

Merci, @Arturo !

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Message par Bédoulène Dim 5 Avr - 19:56

merci Arturo, tu peux remettre quand tu veux !

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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 6 Avr - 11:00

J'ai repêché ça sur Internet :

«Il y a un bruit près de chez moi...»

Il y a un bruit près de chez moi

Comment pourrai-je m’en passer

Celui de l’homme c’est la voix

Que je connais trop bien, assez.

Un bruit qui ne vient pas des hommes

Les hommes sont mes compagnons

Ce bruit qui vient de nulle part

Me rend bien fou quand je l’entends

Il ne ressemble à rien d’humain

Quoique les hommes de toujours

L’aient entendu.

Homère en parle avec génie

Il ne ressemble à rien d’ici

C’est un bruit féroce et têtu

Parfois plaintif comme une femme

Parfois meurtrier, je le nomme

Celui du flux et du reflux

Que fait la mer en mon oreille



La mer qui ne ressemble à rien

Que l’on regarde sans savoir

Ce que cache cette merveille

Pourquoi ce bruit m’enchante-t-il

Ce n’est pas demain ni après

Que je pourrai le dire, vrai

Je n’en sais plus long que personne

C’est que ce bruit à l’indicible

Dans la peau, comme nous avons

Ce sang qui coule dans nos vaines

Sang bleu quand d’ici on le voit

Sous l’épiderme il est sournois

Sang rouge quand on y va

Un peu plus fort qu’il ne faudrait

La mort est près de nous si près

Qu’on fait semblant d’être des hommes

Il suffit d’une simple aiguille

Pour que le cœur donne son nom

Au dernier fil de la quenouille.



Moi je ne suis qu’à la fenêtre

Je l’entends battre ses canons

Qui bouleversent l’horizon

Je ne suis qu’un homme, peut-être

Une vague en sursis mouvant

A me casser ce que la tête

Laisse suspendue par-delà

Toute raison où mieux se pendre.

Homme instance de poésie

Ferme les yeux pour mieux la voir

Celle qui blesse ton regard

Celle que tu nommes ta vie

Et qui ne te rendra ses billes

Qu’au bout du grand aveuglement

Qu’au bout de ce monde en dérive

Là-bas, dans le soleil levant.



Poèmes bleus

Editions Gallimard, 1962
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Message par Invité Lun 6 Avr - 12:19

Merci pour ce poème Jack, et vos interventions Janis et Bédoulène.
J'ai terminé ma lecture, je ne sais pas si je mettrai d'autres extraits.
Je songe à m'acheter le Quarto Gallimard des oeuvres complètes de Perros. sunny

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Message par Bédoulène Lun 6 Avr - 17:45

fais toi plaisir Arturo ! Smile

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Message par Tristram Lun 6 Avr - 17:55

Oui, bien tentant, ce Quarto "la totale"... D'autant que ses œuvres sont difficiles à trouver "au détail".

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Message par Invité Lun 6 Avr - 21:01

Arturo a écrit:
Je songe à m'acheter le Quarto Gallimard des oeuvres complètes de Perros. sunny
Tu m'avais donné envie de me le procurer, également !

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Message par Invité Mar 13 Avr - 19:29

Depuis le post précédent, j'ai en ma possession le Quarto, et cette somme est un réel plaisir pour tout amateur de Perros. L'auteur fait partie de ces hypersensibles, qui à la fois recherchent l'Autre et le retirement, comme une double postulation permanente. J'ai découvert avec joie les exaltations du jeune homme, son incompréhension face au conformisme dans un texte assez savoureux (Lettre préface); reste et digestion de sa participation d'avant-garde avec le mouvement lettriste. Perros se fait ensuite critique pour la nouvelle NRF de Paulhan, on sent qu'il cultive un goût du bon mot, disséminant déjà son oeuvre sous formes de notes. Il est sans concession, c'est pour ça qu'il me plaît. Tout comme Gracq, qu'il admirait, pour être à cette époque de l'écrivain engagé, dans la distanciation et le refus de ce qu'on attendait de lui.

Quand je relis Gracq, et Gracq est surtout à relire, j'ai cette sensation d'un homme, d'un contemporain, qui n'a pas cédé ; que son nerf de polémiste n'a pas dévoyé ; que son intelligence n'a pas culpabilisé, fourvoyé dans les bas-fonds de la spécialisation intellectuelle ; que son penchant originel, et en quelque sorte ingénu, n'a pas fait délirer.

Si oppressante que soit devenue la pesée sur notre vie de l'histoire, très circonscrits restent malgré tout à sa surface les points d'impact par lesquels elle nous atteint et nous pénètre. Les neuf dixièmes de notre temps vécu, de ce temps dont rien après tout n'est inintéressant pour la littérature, se déroulent dans un monde sans passé et sans avenir, dans le monde de ce qu'Eluard a nommé La Vie immédiate, monde où l'histoire mord à peine, où le souci de l'action et de l'engagement n'a pas de prise.  

A propos de Stendhal :
Stendhal semblait savoir que ce ne sont pas les écrivains les plus directs, assez rares malgré l'apparence, qui sont le mieux lus dans l'immédiat de leur manifestation. Il suffit de parler sans intermédiaire à ses contemporains pour être remis soit au lendemain soit aux calendes. Pour provoquer chez eux le haussement d'épaules du "encore un qui raconte sa vie", et n'avons-nous pas la nôtre, qu'on ne raconte pas — et pour cause ! – soit la moue du monsieur qui ne comprend pas car il y a aussi un hermétisme du naturel. Celui de Stendhal est branché sur les mille et une pulsation du langage, ou plutôt du commerce amoureux. Pulsations qui l'alimentent, le font survivre à lui-même, sans le changer fondamentalement.

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Message par Invité Jeu 15 Avr - 17:54

« Je me suis fait un non » écrit Perros dans ses Papiers collés, sa démarche s'inscrit dans la lignée du Bartleby de Melville. A l'instar d'un Blanchot, Perros fait partie de ces écrivains du retrait, de l'effacement de soi. On peut voir deux écoles dans ces mouvements absolus, les écrivains de la négation et ceux qui à l'inverse veulent crier au monde leur présence, qui vont faire toute la place au « je ». Et Céline me semble être le véritable pionnier de cette seconde mouvance, là où l'ego prend toute sa place et en même temps là où il existe un jeu permanent entre la réalité vécue, perçue et les inventions de l'imagination, ferments de l'autofiction, qui en deviendra par la suite banalisée.


Ici naquit Georges Machin
qui pendant sa vie ne fut rien
et qui continue Il aura
su tromper son monde en donnant
quelques fugitives promesses
mais il lui manquait c'est certain
de quoi faire qu'on le conserve
en boîte d'immortalité.

Prendre l'air était son métier.

extrait de Une vie ordinaire

Il subsiste néanmoins toujours cette question de laisser une trace, même chez ceux de la négation, comme Perros. Je vois comme une forme de fascination dans cet idéal de l'écrivain qui ne publie pas (Perros était fasciné par Joseph Joubert qui n'avait rien publié de son vivant, et dont l'oeuvre a survécu de manière posthume, grâce à Chateaubriand), une envie et en même temps une autre de malgré tout faire oeuvre dans ce refus apparent.

Chaque homme comprend ce qu'il ne tient pas expressément à comprendre. L'homme est incapable de tout comprendre, car alors il ne serait plus homme. Il peut agrandir le champ de son ignorance, augmenter les tentations de comprendre. D'abord qu'il n'y a rien à comprendre, puisqu'il lui manque la clé. Il jouera donc « autour » du lieu de l'esprit, il fabriquera des outils pour le cerner, ou des poèmes pour le charmer, car il ne sait de quelle nature est ce lieu. L'homme pensant est en perpétuel état de siège. Aux aguets devant les remparts qui n'existent pas d'une ville qui n'existe pas. Et cependant il ne saurait vivre sans l'obsession de cette conquête impossible.

En vue d'un éloge de la paresse, 1955, in Quarto Gallimard

(édition : en relisant le fil, je vois que tu avais noté également ce passage, @Tristram, mais il est bon de le répéter)  cat
Spoiler:

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Message par Tristram Mer 26 Juil - 12:34

Papiers Collés (I)

Georges Perros Papier10

Recueil de notes, avec en introduction Notes pour une préface, où Perros médite notamment sur l’aphorisme.
Introspections, remarques littéraires issues d’une grande culture (notamment sur Benjamin Constant, Hugo, Marivaux, Heidegger et Sartre, Rilke, Valéry, Claudel, Kierkegaard, et Ponge, ce « Don Juan des choses »), aphorismes aussi, et quelques citations. Solitude, amour et amitié, et bien sûr la mort.
« Si on ne savait pas qu’on va mourir, on se suiciderait. »
Des introspections, des réflexions originales, profondes.
« L’homme est tenté de se faire remarquer par les choses. De s’en faire aimer. Rien de moins innocent par exemple que la manière dont chacun arrange son appartement (quand il en a un). On dirait que les choses parfaitement inertes et indifférentes possèdent soudain une vertu dynamique. À partir du moment où nous les choisissons, les retenons, les mobilisons. Et les individus ne s’y trompent pas, qui, pénétrant chez eux, y vont de leur inspection, comme si le lieu où nous vivons allait leur révéler ce que nous leur soustrayons, ce que nous sommes. »
La mer (en Bretagne).
« La terre s’emmerre. Trompe l’homme. Provoque l’esprit. La mer est, sur notre pauvre terre torturée, le monument par excellence, l’éternité musclée, l’irrationnel pur, irrêvé.

Il n’y a que l’eau, les femmes et la mort, qui nous prennent dans notre nudité. Nous changent. »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Mer 26 Juil - 16:19

merci Tristram !

"Il n’y a que l’eau, les femmes et la mort, qui nous prennent dans notre nudité. Nous changent. »
"

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
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Message par Quasimodo Ven 28 Juil - 0:41

Je ne m'imagine pas ne pas les lire un jour, ces Papiers collés. L'introduction sur l'aphorisme m'intéresse, je vais la lire dès que je retourne auprès de mon exemplaire.
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Message par Tristram Ven 28 Juil - 1:01

Tiens-nous au courant !

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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