Françoise héritier
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Françoise héritier
Françoise Héritier
(1933 / 2017)
Petite fille de paysans de la Loire née à Veauche, non loin de Saint-Étienne, elle arrive à Paris en 1946, à 13 ans, après avoir connu l’exode et les bombardements pendant la guerre. Entrée au lycée Jean-Racine, dans le 8e arrondissement, puis en classe préparatoire au lycée Fénelon, elle s’engage dans des études d’histoire et de géographie à la Sorbonne et, à la veille de son agrégation, se passionne pour l’anthropologie sociale après avoir suivi les séminaires de Claude Lévi-Strauss à l’École pratique des hautes études.
Après une première mission d’étude d’un an en 1957-1958 en Afrique occidentale sous le parrainage de l’auteur des Structures élémentaires de la parenté et de l’Anthropologie structurale, elle accomplit de 1958 à 1980 une série de neuf missions de terrain auprès des peuples samo, pana, dogon, bobo et mossi du Mali et de la Haute-Volta – l’actuel Burkina Faso.
Elle entre au CNRS en 1967 dans le laboratoire d’anthropologie sociale, devient directrice de recherche à l’EHESS en 1980 puis titulaire de la chaire d’étude comparée des sociétés africaines au Collège de France en 1982, où elle succède à Claude Lévi-Strauss.
Dans les années 1980, l’anthropologue se consacre à l’enseignement et à l’écriture. Outre ses recherches sur les systèmes de parenté, elle investit les champs de la prohibition de l’inceste, les rapports des catégories de genre, la valence différentielle des sexes, les fondements de la domination masculine, la violence et l’anthropologie symbolique du corps.
Sur ces thèmes, ses ouvrages s’enchaînent, dont l’Exercice de la parenté, publié aux éditions du Seuil en 1981, les volumes I et II de Masculin-Féminin, publiés chez Odile Jacob à la fin des années 1990 et au début des années 2000, ainsi que Hommes, femmes : la construction de la différence, publié aux éditions du Pommier en 2010. Après des milliers de pages consacrées à l’écriture scientifique, son œuvre avait pris un tour plus personnel ces dernières années avec le Sel de la vie (Odile Jacob, 2012), le Goût des mots (Odile Jacob, 2013) et Au gré des jours (Odile Jacob, 2017). Elle venait d’être gratifiée d’un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre lors de la proclamation des lauréats du Femina ce mercredi 8 novembre.
Membre d’honneur de l’association Femmes & sciences depuis sa création en 2000 et membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de paix et de non-violence, disciple et élève de Claude Lévi-Strauss, médaille d’argent du CNRS au titre des sciences humaines en 1978 pour ses travaux sur le fonctionnement des systèmes semi-complexes de parenté et d’alliance, titulaire de la chaire d’étude comparée des sociétés africaines au Collège de France de 1982 à 1999, lauréate 2003 du prix Irène Joliot-Curie.
(D'après un article de Jérôme Skalski dans LHumanité )
Bibliographie complète :
- Spoiler:
- Françoise Izard-Héritier et Michel Izard, Aspects humains de l'aménagement hydro-agricole de la vallée du Sourou, Antony, Les auteurs, 1958.
Françoise Izard-Héritier et Michel Izard, Bouna, monographie d'un village pana de la vallée du Sourou, Haute-Volta, Antony, Les auteurs, 1958.
Françoise Izard-Héritier et Michel Izard, Les Mossi du Yatenga. Étude de la vie économique et sociale, Antony, Les auteurs, 1959.
L'Exercice de la parenté, Paris, Gallimard, 1981.
Leçon inaugurale, faite le 25 février 1983, Collège de France, chaire d'étude comparée des sociétés africaines, Paris, Collège de France, 1984.
Françoise Héritier-Augé et Élisabeth Copet-Rougier (édition et présentation), Les Complexités de l'alliance, Vol. I, Les Systèmes semi-complexes, Montreux, Gordon and Breach Science Publishers ; Paris, Éditions des Archives contemporaines, 1990.
Françoise Héritier-Augé (dir.), Les Musées de l'éducation nationale, Mission d'étude et de réflexion, rapport au ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, rédaction par Maurice Godelier, Étienne Guyon, Maurice Mattauer, Philippe Taquet et coll. ; mars 1990, revu et corrigé en février 1991, Paris, La Documentation Française, 1991.
Le Corps en morceaux, Moitiés d'hommes, pieds déchaussés et sauteurs à cloche-pied [archive], terrain no 18, mars 1992
Françoise Héritier-Augé et Élisabeth Copet-Rougier (édition et présentation), Les Complexités de l'alliance, vol. III, Économie, politique et fondements symboliques, Afrique, Paris et Bruxelles, Éditions des Archives contemporaines; Yverdon, Gordon and Beach science publications, 1993.
Françoise Héritier-Augé et Élisabeth Copet-Rougier (édition et présentation), Les Complexités de l'alliance, vol. IV, Économie, politique et fondements symboliques, Paris et Bruxelles, Éditions des Archives contemporaines; Yverdon, Suisse, Gordon and Beach science publications, 1994.
Françoise Héritier, Boris Cyrulnik et Aldo Naouri avec la collaboration de Dominique Vrignaud et Margarita Xanthakou, De l'inceste, Paris, Odile Jacob, 1994.
Les Deux sœurs et leur mère : anthropologie de l'inceste, Paris, Odile Jacob, 1994 ; rééd. 1997.
De la violence I, séminaire de Françoise Héritier, avec les contributions de Étienne Balibar, Daniel Defert, Baber Johansen, et al., Paris, Odile Jacob, 1996.
Exposés présentés dans le cadre du séminaire de F. Héritier au Collège de France, janvier-mars 1995 ; rééd. 2005.
De la violence II, séminaire de Françoise Héritier, avec les contributions de Jackie Assayag, Henri Atlan, Florence Burgat, et al., Paris, Odile Jacob, 1999.
Exposés présentés dans le cadre du séminaire de F. Héritier au Collège de France, 1996-1997 ; rééd. 2005.
Étienne-Émile Baulieu, Françoise Héritier, Henri Leridon (dir.), Contraception, contrainte ou liberté ?, Actes du colloque organisé au Collège de France, 9 et 10 octobre 1998, Paris, Odile Jacob, 1999.
Masculin-Féminin I. La Pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996 ; rééd. 2002.
Masculin-Féminin II. Dissoudre la hiérarchie, Paris, Odile Jacob, 2002.
L'Identique et le différent : entretiens avec Caroline Broué, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube, 2008.
Françoise Héritier et Margarita Xanthakou (dir.), Corps et affects, Paris, Odile Jacob, 2004.
Retour aux sources, Paris, Galilée, 2010.
Hommes, femmes : la construction de la différence, Paris, Le Pommier, 2010.
Françoise Héritier, Michelle Perrot, Sylviane Agacinski, Nicole Bacharan, La Plus Belle Histoire des femmes, Paris, Le Seuil, 2011.
Le Sel de la vie, Paris, Odile Jacob, 2012. Prix Simone-Veil 2012,
Le Goût des mots, Paris, Odile Jacob, 2013.
Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017.Prix spécial du jury, Femina 2017
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Françoise héritier
Au gré des jours
Dernier ouvrage écrit par l'auteure, dernier ouvrage plutôt personnel, loin des études anthropologiques, articulé en deux volets distincts, une premiere partie nommée "Entrez", une dernière nommée "Façonnages".
Son premier volet se feuillette, se décore ou s'oublie, je l'ai lu en diagonale, parfois frappée, touchée, parfois distraite, c'est ainsi je crois qu'il faut le prendre, ce sont des miscellanées mais à l'échelle d'une idée par phrase, dont la syntaxe même suggère la liste, l'accumulation. Recensement. On a envie de le garder, le livre, d'y revenir, pour éviter de brader les scènes encloses, parfois ébauchées en 8 mots, parfois développées sur un paragraphe.
On y croisera beaucoup de beauté sensible et d'observation à l'égard du vivant, mais aussi, alors qu'on s'habitue à une linéarité des vues, on y croisera la métaphysique, l'étonnante jeunesse intellectuelle de Héritier, et la singularité de son expérience, traduite vers l'universel .
Le second volet, plus classiquement identifiable, nous donne des éléments et souvenirs biographiques toujours pertinents, souvent propres à la féminité, où à son expérience d'anthropologue, toujours solides, on sent la femme de tête qui est épanouie et reconnue, c'est un bol d'air , donc, humaniste et intelligent, qui se lit comme un loisir sérieux. Et en réalité on a le sentiment de lire une femme extrêmement agréable et gentille. J'étais ravie de la rencontre, impressionnée par la jouvence de sa prose malgré son âge, et atterrée de lire au détour d'une page, qu'elle date, que le livre avait dans son écriture précédé sa mort de quelques mois seulement. On n'y sent pas un gramme de nostalgie morbide. Et de se rendre compte qu'elle a écrit un testament hommage à toutes ses émotions. C'est émouvant. Parce qu'elle a aimé la vie apparemment.
Mots-clés : #autobiographie #viequotidienne
Dernier ouvrage écrit par l'auteure, dernier ouvrage plutôt personnel, loin des études anthropologiques, articulé en deux volets distincts, une premiere partie nommée "Entrez", une dernière nommée "Façonnages".
Elle dit : a écrit:Le présent livre est conçu en deux parties. Dans la première, intitulée "De bric et de broc", je continue à recenser, à la manière su "Sel de la vie", les petits faits, les sensations et affects qui sont les supports et matériaux identifiables de notre existence. Dans la seconde, intitulée "Façonnages", j'essaie de présenter, sous forme imagée, par associations libres d'idées, sur un mode qui n'est ni celui de la biographie ni celui de la confession comment ces matériaux ont servi de support à l'élaboration de ma propre vie.
Son premier volet se feuillette, se décore ou s'oublie, je l'ai lu en diagonale, parfois frappée, touchée, parfois distraite, c'est ainsi je crois qu'il faut le prendre, ce sont des miscellanées mais à l'échelle d'une idée par phrase, dont la syntaxe même suggère la liste, l'accumulation. Recensement. On a envie de le garder, le livre, d'y revenir, pour éviter de brader les scènes encloses, parfois ébauchées en 8 mots, parfois développées sur un paragraphe.
On y croisera beaucoup de beauté sensible et d'observation à l'égard du vivant, mais aussi, alors qu'on s'habitue à une linéarité des vues, on y croisera la métaphysique, l'étonnante jeunesse intellectuelle de Héritier, et la singularité de son expérience, traduite vers l'universel .
Le second volet, plus classiquement identifiable, nous donne des éléments et souvenirs biographiques toujours pertinents, souvent propres à la féminité, où à son expérience d'anthropologue, toujours solides, on sent la femme de tête qui est épanouie et reconnue, c'est un bol d'air , donc, humaniste et intelligent, qui se lit comme un loisir sérieux. Et en réalité on a le sentiment de lire une femme extrêmement agréable et gentille. J'étais ravie de la rencontre, impressionnée par la jouvence de sa prose malgré son âge, et atterrée de lire au détour d'une page, qu'elle date, que le livre avait dans son écriture précédé sa mort de quelques mois seulement. On n'y sent pas un gramme de nostalgie morbide. Et de se rendre compte qu'elle a écrit un testament hommage à toutes ses émotions. C'est émouvant. Parce qu'elle a aimé la vie apparemment.
Mots-clés : #autobiographie #viequotidienne
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Françoise héritier
Merci pour l'évocation de cette auteure, une grave lacune dans mes lectures anthropologiques _ il faut dire qu'elle ne faisait pas souvent la une ?
Il faudrait peut-être lire Le Sel de la vie avant Au gré des jours ?
Le Goût des mots me parle aussi...
Il faudrait peut-être lire Le Sel de la vie avant Au gré des jours ?
Le Goût des mots me parle aussi...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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