La bibliothèque idéale

Allez, on se lance ! Nouvelle année, qui nous lancera peut-être (et pourquoi pas) errer sur un Bombard à la dérive, avec juste la place pour quelques volumes entre caisse de biscuits secs, réserve de bière douce et fusées de détresse. On a juste le temps de sélectionner les bouquins pour meubler la vastité de notre déréliction : qu'emmène-t-on ? A part la Bible, le Coran, Homère, Les Mille et une nuits (édition originale dédicacée), Les Fleurs du Mal et La Survie pour les Nuls, qu'emporteriez-vous ??? Le Littré, Rabelais, Montaigne, Dante, Cervantès et Shakespeare, mais encore ? Borges, OK ; Ramuz, Bosco, je suis d'accord, mais alors aussi tout Giono en pléiade. J'en oublie ?

...] j'avais dû résoudre avant de partir le vieux problème : si vous étiez isolé pendant plusieurs mois, quels livres emporteriez-vous ? Dosant les genres, j'avais emporté un Molière et un Rabelais complet, un Cervantès, un Nietzsche et le Théâtre d'Eschyle en bilingue. Spinoza, des extraits de Montaigne, et comme partitions musicales, les deux « Passions » de Bach et les « Quatuors » de Beethoven.
Alain Bombard, Naufragé volontaire

Nota bene, on dit que c'est le modèle 690 x 490, alors il faut un peu se limiter en quantité, privilégier la qualité ! Non, on ne peut pas emmener toute La comédie humaine ; oui, j'avais oublié La recherche du temps perdu ; Robinson Crusoé me paraît idoine.
Remarque : l'exercice est futile, encore que ludique, mais à feuilleter ce genre de listes d'indispensables, on peut tomber sur de belles suggestions ! C'est comme ça que j'ai découvert Francis Ponge, bien tard.

Comment choisir ? Si je devais m'embarquer pour une île déserte, je choisirais en bonne partie des livres que je n'ai pas encore lus, parce que même pour une solitude désirée, il doit être important d'entretenir de l'espoir. Mais pour me plier à l'exercice d'une façon qui vaille la peine, c'est-à-dire en esquissant le bilan d'une vie de lecteur, je commencerais volontiers par L'odyssée, Corto Maltese, Un tour du monde en aéroplane, comme des mieux appropriés. Peut-être un tel voyage réclame-t-il des rêveries tirées de notre ancien quotidien, le plus banal ? Alors ajoutons-y Flaubert, Tchekhov, Maupassant (hors le fantastique). Je voudrais bannir l'angoisse, l'asphyxie, la fracture : pas de Huysmans, de Baudelaire, de Poe; Dürrenmatt me fait hésiter; je choisis malgré tout Dostoïevski, Sabato, Kafka, je ne pourrais pas m'en passer. Et Duras.
Sans objection possible, A la recherche du temps perdu, Pouchkine et Lermontov dans la Pléiade, Borges. Le plus stimulant est le bienvenu.
Les douceurs ? Dickens bien sûr. Je triche : Les mille et une nuits, que je n'ai pas lu encore. Cortázar, Aymé, Vian.

On part, sans le théâtre ? Non !
Les Faust, avant tout. Puis de la comédie, bouffonne ou raffinée : Feydeau, Marivaux, Molière. Cyrano bien sûr ! On l'apprendra par cœur. Racine et Corneille. Mes premières amours que je ne renie pas : Anouilh et Ghelderode.

Mais une bibliothèque qui convienne à chaque moment du jour, à chaque humeur et à chaque envie doit être aussi diverse et ramifiée que possible : il manque encore la poésie, l'art, la BD...

Apollinaire, s'il n'en restait qu'un ? La Fontaine, Ronsard, Aubigné, Hugo : emballez, c'est pesé.
Pour l'art, on emmène Rembrandt, Raphaël, Chartres, la grâce d'une cathédrale, Vermeer, Klee, Pablo Auladell, Claude Ponti.
Enfin, pour terminer avec la BD : Marc-Antoine Mathieu, Bilal, Bourgeon, Les cités obscures, Calvin et Hobbes.

... et le radeau coule !

Ben d'emblée vite , Proust et sa recherche , Duras tout , Woolf tout , Sarraute tout ,Dosto tout ,Bosco tout , Platon tout et  finalement SURTOUT plein de  philo ( je crois même avant tout le reste ) ,  que je ne prends pas le temps de lire suffisamment mais que je prendrais si je n'avais pas la radio .La Bible aussi parce que je ne désespère pas de trouver la foi .

Tout Kierkegaard
Tout Hrabal
Tout Spinoza
La divine comédie de Dante
Tout Lewis Caroll
Tout Pynchon
Tout Foster Wallace
Tout Ionesco
Tout Kafka
Tout Dylan Thomas
Les Mabinogis

Trop. Beaucoup trop !
Et puis bibliothèque idéale ne convient pas. Ce serait plutot subjective ou personnelle.

Vaste question ou petite question pour laquelle répondre équivaut à tomber dans le vide.

Tout d'abord, j'emporterais le concerto à la mémoire d'un ange d'A. Berg, les variations Goldberg de J.S Bach, Salomé de Strauss,
les Kindertotenlieder de Mahler, la Nuit transfigurée de Schoenberg et la 4è de Brahms.
Pour la relecture, je ne vois que la poésie (à part Le Grand Meaulnes, je n'ai jamais "relu" de roman), j'emporte donc Pierre-Jean Jouve, Mahmoud Darwich,
Robert Desnos, Hölderlin, G. Ungaretti, Jaccottet, les Hymnes de Dorothy Parker ou quelques nouvelles d'elle.
Pour rire un peu, il y aura du T. Sharpe ou D. Copland ou un petit W. Allen que je n'ai pas encore lu, et aussi "Je suis un chat" de Natsume Soseki ainsi qu'immanquablement Molière et Goldoni.
Pour rêver un peu, le cycle des robots d'I. Asimov et les Contes d'Akutagawa Ryunosuke.
En BD, et ce sera en relecture car je ne suis pas très fan de BD: Maus de Spiegelman et Le Grand Pouvoir du Chninkel de Rosinski- Van-Hamme.
Ensuite, il y a les romans que je voudrais découvrir, donc: Ap. J-C d'Alexakis, Karoo de Tesich, Dalva d'Harrison, La Bête qui meurt de Roth.
Et il y a les auteurs que je voudrais continuer à lire comme un roman de Pavese ou Tabucchi ou Moravia ou Erri De Lucca ou carrément les 4 si place il y a;
Un des Zola qu'il me reste à lire, idem pour Giono et pour Yasunari Kawabata;
Un Zoé Valdès, Paradisio de Lezama Lima.
Peut-être aussi se poser pour enfin lire Emerson.....

Je ne relis pas, je suis certaine que demain je pourrais en ajouter une page.

Alea jacta est !

Plouf!

Ben si je vais sur une île déserte, j'emmène tous mes livres asiatiques non lus... Soit au bas mot 400 bouquins...

Mais si l'on parle des livres qui nous ont marqués et qu'on relirait avec plaisir, dont on sait qu'il seront un réconfort dans les moments de solitude intense, alors j'emmènerais :

_ Maupassant : ses nouvelles. Toutes. Parce que je l'aime d'amour.
_ Zola : Au bonheur des dames. Il est forcément de la partie : impensable de partir sans lui. C'est un livre "doudou" pour moi, avec lequel j'ai une relation particulière. Je ne compte plus le nombre de lectures, toujours avec une même "bonheur".
_ Léon Tolstoï : Anna Karénine. Parce que je l'ai lu deux fois et que je compte bien recommencer !
_ Vikram Seth : Un garçon convenable. Ce livre a marqué le début de ma passion pour la littérature indienne, il a fait date pour moi, et je l'ai tant aimé que je compte bien le relire un jour.
_ Junichiro Tanizaki : Quatre soeur. Juste parce que c'est un chef d'oeuvre !
_ Lao She : Quatre générations sous un même toit. Encore un pur bonheur de lecture qui supportera sans mal une relecture.
_ Kafû Nagai : Du côté des saules et des fleurs. Un petit bijou...
_ Rohinton Mistry : Une simple affaire de famille. Parce que je ne peux pas emmener qu'un seul roman indien et que celui-ci est l'un de ceux qui m'ont le plus marquée, subtil, sensible, tellement "vrai".

D'autres titres me viennent en tête bien sûr, mais mon radeau risquerait de couler, alors je m'arrête là...

C'est bien ce que j'espérais ! Plein de livres que je n'ai pas (encore) lus, et que je note ! (On fera des échanges de bord à bord ?)

Tellement d' auteurs que j'aimerais lire !

sinon : Bouvier, Ducharme Réjean, Koestler, Giono, Zola, Hugo, Maupassant, Buzzati, Roth Philippe, Roth Joseph, Ramuz, Hrabal, Appelfeld, Bernard Malamud, Steinbeck, Caldwell, Faulkner, Dostoievski, Vassili Grossman, Baricco, Henry James, Padura, Carpentier..............

en fait quelques auteurs par pays

Curieux, jusqu'ici, peu d’occurrences de Shakespeare, alors que c'est un réservoir de mythes/ thèmes à ne comparer qu'à la Bible, Homère et 1001 nuits ?
Réjouissant éclectisme aussi, mais peu d'auteurs actuels ?
Il serait peut-être intéressant de dégager les tops incontournables (Kafka, Faulkner) ?

Pour moi ce sera une liseuse, batterie se rechargeant avec la force motrice des rames (si, si, ça existe ), deux DD de 1T (il faut être prudent si l'un des deux flanche en mer !), des sacs plastique transparents contre les embruns (et éventuellement pour polluer un peu plus les océans).
Je télécharge en priorité de l'utilitaire : comment reconnaître les poissons comestibles, comment distiller des algues, comment calculer longitude et latitude, mode d'emploi d'un sextant, quelques scans de cartes marines ne sont peut-être pas superflus.
Pour la distraction, il faut que je réfléchisse

ah si c'est pour aller sur une ile ou un autre endroit isolé tu as parfaitement raison Arensor, survivre !

La recherche de Proust parce que je ne l'ai pas lue, et parce que l'auteur décortique tellement, je crois, que j'aurai de quoi.
Et comme il me semble que je n'épouserai pas toutes ses pages, j'escompte bien en tirer de quoi survivre aussi, par mes sursauts d'humeur, remède rôdé, et donc validable.
Franchement mon radeau est viable, c'est pas trop encombrant finalement.
Je peux peut-être vous y ajouter, du coup ? J'aime autant écouter des histoires qu'en lire, ou presque. Je ne perdrai pas au change.

Je prendrais du Romain Gary, du Jean d’Ormesson, en attendant Bojangles qui m’avait particulièrement plu, et tous les classiques que je n’ai pas encore pris le temps de lire.

Ah mais comprenons-nous bien, je veux bien aller sur une île déserte, mais ce genre-là : (Faut pas pousser non plus, le confort, c'est important. Puis il faut bien une bibliothèque pour ranger les livres...)

Quand j'habitais sur une île , je troquais des sorties en pirogue et des jus de pomme-liane , coco poussé ou quoi encore contre les livres du sac à dos du promeneur qui aboutissait à ma case dans une tribu désertée .
Et du coup j'ai lu des trucs que je n'aurais jamais choisi .
La culture hors celle de la nature était une denrée tellement rare que finalement je n'en perdais pas une miette qui passait .
Elle me plait ton île Armor .

Je les aime, vos bibliothèques. Je me sentirais bien avec elles.

Bon sang, j'oublie Juan Rulfo, Manzoni, Musil... Balzac ! C'est terrible.

Cliniou, la musique, tu as raison ! (j'aime beaucoup La nuit transfigurée, même si je penche un peu plus pour Pierrot lunaire. Peu importe, j'ai un disque qui réunit les deux)

Tristram a écrit:Curieux, jusqu'ici, peu d’occurrences de Shakespeare, alors que c'est un réservoir de mythes/ thèmes à ne comparer qu'à la Bible, Homère et 1001 nuits ?
Réjouissant éclectisme aussi, mais peu d'auteurs actuels ?
Il serait peut-être intéressant de dégager les tops incontournables (Kafka, Faulkner) ?

J'y ai pensé pour Shakespeare... je n'y suis pas trop à mon aise, même si je l'ai beaucoup lu. J'y reviendrai sans doute.
Des auteurs actuels ? J'aurais dû parler de Cabré, il le mérite. Jean-Philippe Toussaint j'ai un peu hésité.
Ok pour les incontournables ! On pourra comparer avec ça :

http://www.telerama.fr/livre/100-ecrivains-francais-devoilent-leurs-10-livres-preferes,40786.php

Nadine a écrit:Je peux peut-être vous y ajouter, du coup ? J'aime autant écouter des histoires qu'en lire, ou presque. Je ne perdrai pas au change.

Je connais la liste de Télérama, pour y avoir puisé l'inspiration ; il y en a beaucoup d'autres, les "Cent meilleurs livres de ..." & compagnie, ou encore La Bibliothèque idéale, préfacée par Pivot, où sont regroupés par genres, par langues, etc. les auteurs marquants avec de brèves présentations : de grands gisements de lectures potentielles, avec découvertes essentielles à la clef.
L'idée de Nadine m’interpelle aussi : pourquoi pas, plutôt que dériver seuls sur d'aléatoires pneumatiques, partir tous ensemble sur une arche vouée à sauvegarder les œuvres qui doivent survivre au déluge ?

J ai oublié Henry James .
Et Imre Kertesz.
Indispensables pourtant.

C'est l'idée de base du fil : recenser ceux qu'on ne doit pas oublier.