Charles Baudelaire
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Re: Charles Baudelaire
Bédoulène a écrit:un extrait pour voir la férocité ?
Il ne faut pas croire que le Diable ne tente que les hommes de génie. Il méprise sans doute les imbéciles, mais il ne dédaigne pas leur concours. Bien au contraire, il fonde ses grands espoirs sur ceux-là.
Voyez George Sand. Elle est surtout, et plus que tout autre chose, une grosse bête; mais elle est possédée. C'est le Diable qui lui a persuadé de se fier à son bon coeur et à son bon sens, afin qu'elle persuadât toutes les autres grosses bêtes de se fier à leur bon coeur et à leur bon sens.
Je ne puis penser à cette stupide créature, sans un certain frémissement d'horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui envoyer un bénitier à la tête.
George Sand est une de ces vieilles ingénues qui ne veulent jamais quitter les planches.
Tristram a écrit:La lecture (surprenante) d’œuvres contemporaines comme le pamphlet Pauvre Belgique et ses épigrammes Amoenitates Belgicae démontre à l'envi comme un grand esprit peut s'aveugler et chuter lorsqu'il extrapole à partir de son expérience personnelle _ mais la diatribe n'est qu'un recueil de notes, ce ramassis n'a été publié que posthumément, sans qu'on sache si l'auteur l'envisageait seulement _, et Baudelaire en portait autant au crédit de la France...
Dois-je remercier Dieu de m'avoir fait Français et non Belge ?
En effet, ce sont des notes éparses de différents projets, il y a également des poèmes. Pour son pamphlet contre la Belgique et ses habitants, c'est contextuel, il cherchait à se faire publier là-bas après avoir été rejeté en France, ç'aurait été un autre pays que le résultat aurait sans doute été sensiblement le même. Intéressant aussi d'apprendre qu'il traînait par exemple avec Félicien Rops. Je me pencherai sur sa correspondance plus tard. Il y a pas mal à lire outre les merveilleuses Fleurs du Mal. Les paradis artificiels, les petits poèmes en prose, comme a dit Bix...
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
merci à vous , Arturo, Bix, Tristram !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Charles Baudelaire
Il y a surtout, dans tout cela, une posture de dandysme misanthrope commun:
Ne m'aimant pas moi-même, je foule autrui aux pieds, escomptant que cet autrui me le rende bien, ce qui me ramène à ma propre douleur de ne pas être aimé, y compris par moi-même, grâce à ce réconfortant renvoi de détestation qu'on m'oppose (mais, que, dans le fond, j'ai artificiellement créé); sauf maman, bien sûr, dans le cas de Charles Baudelaire...
Ne m'aimant pas moi-même, je foule autrui aux pieds, escomptant que cet autrui me le rende bien, ce qui me ramène à ma propre douleur de ne pas être aimé, y compris par moi-même, grâce à ce réconfortant renvoi de détestation qu'on m'oppose (mais, que, dans le fond, j'ai artificiellement créé); sauf maman, bien sûr, dans le cas de Charles Baudelaire...
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Charles Baudelaire
C'est peut-être un peu ça, mais c'est en tout cas le seul aspect de Baudelaire qui ne m'a jamais intéressé, et qu'en conséquence je n'ai jamais approfondi.
Ce genre de débat me ramentoit Céline (et Hitler n'est pas loin) ; auteurs que j'apprécie sans éprouver le besoin de prononcer des jugements moraux (et je ne dis pas non plus que j'ai raison).
Ce genre de débat me ramentoit Céline (et Hitler n'est pas loin) ; auteurs que j'apprécie sans éprouver le besoin de prononcer des jugements moraux (et je ne dis pas non plus que j'ai raison).
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Charles Baudelaire
Tristram a écrit:C'est peut-être un peu ça, mais c'est en tout cas le seul aspect de Baudelaire qui ne m'a jamais intéressé, et qu'en conséquence je n'ai jamais approfondi.
Ce genre de débat me ramentoit Céline (et Hitler n'est pas loin) ; auteurs que j'apprécie sans éprouver le besoin de prononcer des jugements moraux (et je ne dis pas non plus que j'ai raison).
Difficile pourtant quand même de passer outre cet aspect tant il est central chez Baudelaire, et même tout repose là-dessus. Ce serait comme de dire : "je ne me suis jamais intéressé à la misanthropie de Céline, ou de Schopenhauer, ou de..."
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
Je parlais surtout du dandysme (un truc si éloigné de moi que je n'ai jamais bien compris). Pour le reste, j'apprécie sa poésie et son esprit depuis très longtemps (voir ma "signature") !
Pour ce qui est de la misanthropie, à mon âge, faudrait pas trop me pousser...
Pour ce qui est de la misanthropie, à mon âge, faudrait pas trop me pousser...
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Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Charles Baudelaire
Tristram a écrit:Je parlais surtout du dandysme (un truc si éloigné de moi que je n'ai jamais bien compris). Pour le reste, j'apprécie sa poésie et son esprit depuis très longtemps (voir ma "signature") !
Pour ce qui est de la misanthropie, à mon âge, faudrait pas trop me pousser...
Dans le cas de Baudelaire, ça l'amenait à n'avoir pas d'opinions politiques exprimées (bon, une fois ou deux, il n'a pas pu se retenir, le coup est parti tout seul...) parce que la chose publique, c'est bon pour le vulgum pecus, à être railleur, méprisant (à la façon de Lord Brummell, son modèle en dandysme), comme Brummell il engloutira des sommes considérables en un bref laps de temps en soirées, habillements, frasques et tout ce qui de l'ordre du mode de vie pour parvenir à se ruiner rapidement et sans coup férir.
Avec cela cette admiration héritée, je crois, du dandysme, pour le classicisme et le romantisme alors à peine finissant lorsqu'il était (brièvement) jeune et riche, tout en essayant -et il y a là quelque paradoxe, du moins avec le classicisme- de toujours tutoyer, voire de franchir, la limite de la provocation, voire de la conduite scandaleuse, et, en société, de l'outrage.
Il n'en demeure pas moins que cela a conduit et sans doute façonné son esthétique, devant laquelle je m'incline à chaque fois que j'ouvre l'un de ses ouvrages.
Quant à l'homme, je ne sais pas bien distinguer (et n'essaie même plus) entre:
- Le misanthrope insupportable et vil provocateur phallocrate,
- Le fils transi,
- L'albatros Baudelaire,
"Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."
- L'amoureux tumultueux et ambigu de Jeanne Duval et leur entraînement commun aux excès et déchéances,
- Le gentil Baudelaire,
Ce dernier qualificatif de Marcel Proust, lequel était sidéré que sa candidature à l'Académie Française, (qui, au passage, l'eût peut-être sauvé de la déchéance et de la misère), n'ait point été couronnée de succès tant vif était son talent et ample son apport à la poésie de langue française (ce que peu de nos jours ne lui reconnaissent pas, au reste).
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Charles Baudelaire
Ces différentes facettes ne me paraissent pas incompatibles, quant à ses vues politiques, il était tout de même dans la filiation antimoderne de Joseph de Maistre, avec un désir fantasmé d'un pouvoir aristocratique, un pouvoir idéal de dandys éclairés, sans doute !
Je pense qu'il était tiraillé comme beaucoup par des injonctions contradictoires, sur le travail, sur la vie en société etc.
Je pense qu'il était tiraillé comme beaucoup par des injonctions contradictoires, sur le travail, sur la vie en société etc.
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
A la décharge de Baudelaire, le général Aupick, son beau père, qui le priva dès le plus jeune
age, de l'affection de sa mère, qu'il aimait beaucoup effectivemen.
Ce manque d'affection a peut etre contribué à faire de lui un homme frustré et empeché.
Qui sait ?
Et puis, il est facile, selon sa propre subjectivité, de faire de Baudelaire, un portrait dévalorisant
ou pas.
Les éléments ne manquent pas dans un sens comme l'autre.
Sur le plan littéraire et poétique, il faudrait sans doute lire le livre de Walter Bejamin.
age, de l'affection de sa mère, qu'il aimait beaucoup effectivemen.
Ce manque d'affection a peut etre contribué à faire de lui un homme frustré et empeché.
Qui sait ?
Et puis, il est facile, selon sa propre subjectivité, de faire de Baudelaire, un portrait dévalorisant
ou pas.
Les éléments ne manquent pas dans un sens comme l'autre.
Sur le plan littéraire et poétique, il faudrait sans doute lire le livre de Walter Bejamin.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Charles Baudelaire
Je le note, merci Bix !bix_229 a écrit:Sur le plan littéraire et poétique, il faudrait sans doute lire le livre de Walter Benjamin.
Pour ce qui est de l'homme Baudelaire, le propos développé par Antoine Blondin dans Certificat d'études" ne manque ni de fraîcheur, ni d'originalité.
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Charles Baudelaire
Je verse aussi le procès des Fleurs du mal au dossier...
Clair qu'il n'était pas univoque... si on évoque Jeanne Duval, il faut citer Madame Sabatier et Marie Daubrun !
Clair qu'il n'était pas univoque... si on évoque Jeanne Duval, il faut citer Madame Sabatier et Marie Daubrun !
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Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Charles Baudelaire
Il a été énormément écrit sur Baudelaire (Sartre, etc.), et comme souvent chacun l'a chargé de démontrer son point de vue personnel ; il est vrai que Baudelaire était si polyvalent !...
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Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Charles Baudelaire
Pour ceux qui aiment litre des ouvrages excitants et hors routine, les ovrages ne manquent pas.
3 ouvrages de poètes :
- Benjamin Fondane : Baudelaire et l'expérience des gouffres
- Pierre Jean-Jouve : Tombeau de Baudelaire
- Yves Bonnefoy : Le Sècle de Baudelaire
Et aussi :
- Jean Starobinski : Trois études sur Baudelaire
- Antoine Compagnon; Un été avec Baudelaire
3 ouvrages de poètes :
- Benjamin Fondane : Baudelaire et l'expérience des gouffres
- Pierre Jean-Jouve : Tombeau de Baudelaire
- Yves Bonnefoy : Le Sècle de Baudelaire
Et aussi :
- Jean Starobinski : Trois études sur Baudelaire
- Antoine Compagnon; Un été avec Baudelaire
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Charles Baudelaire
Pour le bouquin de Sartre, il s'intéresse beaucoup à l'homme et ça tourne pas mal à la psychanalyse.
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
« Comme l’a montré Walter Benjamin, Baudelaire lie le dandysme à l’expérience de la marchandise en opposant au capitalisme triomphant la “vaporisation du moi” inhérent au flâneur. Absorbé par la foule, celui-ci devient anonyme et s’oublie. En opposition au matérialisme qui régit les échanges en fonction de leur valeur, le poète consacre, par sa glorification de la mode, le vide comme seule réalité de l’homme moderne. Noyé par la ville, l’individu cesse de revendiquer quelque gravité philosophique pour évoluer, immatériel, dans un jeu d’apparences rythmé par la foule. »
Michel Draguet, présentation aux écrits sur l’art de Mallarmé
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Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Charles Baudelaire
merci à tous, vos interventions m'ont appris sur ce poète !
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Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Charles Baudelaire
Le temple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d’égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche
Ou que le gaz récent torde la mèche louche
Essuyeuse on le sait des opprobres subis
Il allume hagard un immortel pubis
Dont le vol selon le réverbère découche
Quel feuillage séché dans les cités sans soir
Votif pourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbre vainement de Baudelaire
Au voile qui la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même un poison tutélaire
Toujours à respirer si nous en périssons.
Le tombeau de Charles Baudelaire, par Stéphane Mallarmé.
Invité- Invité
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
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