Gottfried Keller
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Gottfried Keller
Wikipédia a écrit:Fils d'un maître artisan ambitieux, Gottfried Keller est affecté par la mort de son père, alors qu'il n'a que cinq ans. Sa mère se remarie, mais l'enfant garde le sentiment d'être marginal. À 14 ans, il est renvoyé de l'école cantonale pour indiscipline. La question de son avenir se pose et Keller décide de devenir peintre paysagiste. Après un passage dans quelques ateliers zurichois, il effectue un voyage d'études à Munich (1840-1842). Mais l'expérience munichoise se solde par un échec : son talent n'est pas à la hauteur de ses espérances. De retour à Zurich, il s'intéresse à la politique ; son libéralisme lui donne l'occasion de rédiger des poèmes politiques. Keller a choisi son camp : face à l'État fédéraliste conservateur et protecteur de la religion, dont se revendique le romancier Jeremias Gotthelf, il est radical, partisan du développement de structures démocratiques et des libertés du peuple.
Son premier recueil de poésies parait en 1846. Il faut toutefois attendre son séjour à Berlin (1850-1855) pour que sa vocation littéraire s'affirme. Il s'agit certes pour Keller d'une époque de solitude et de misère matérielle, mais aussi de contacts intellectuels fructueux avec des artistes et des écrivains, au premier rang desquels le philosophe Ludwig Feuerbach, auteur de L'Essence du christianisme (1841). L'influence de ce dernier est visible dans le deuxième recueil de poésies (1851), où Keller proclame entre autres sa libération de la croyance en l'au-delà. En 1855, il rédige alors son premier roman, Henri le vert (Der grüne Heinrich), roman autobiographique, ou plus précisément Bildungsroman (roman de formation), que les critiques allemands ont rapidement comparé au Wilhelm Meister de Goethe. Une nouvelle version enrichie sera publiée en 1880.
De retour en Suisse, Keller s'est forgé une réputation littéraire, mais il demeure cependant passionné par la politique. En 1861, il est ainsi nommé premier chancelier d'État du canton de Zurich, poste qu'il conserve jusqu'en 1876. Il est moins disponible pour son œuvre, mais renoue avec son génie dans les Sept légendes (1873), les Gens de Seldwyla (1873-74), ou encore les Nouvelles zurichoises (1878).
Les dernières années sont fécondes. Le vieillard solitaire peint par Arnold Böcklin livre deux romans, L'Épigramme (1881) et Martin Salander (1887). Le premier est aimable, mais moins en prise avec son temps que le second, où Keller dénonce les travers qui menacent la Suisse, notamment le capitalisme débridé et la destruction de l'environnement. Son dernier recueil de poésies est publié en 1883. Un an avant sa mort, il a le plaisir de voir paraître une édition intégrale de ses œuvres, réunies en dix volumes. Son audience est grande, tant en Suisse qu'en Allemagne.
Bibliographie :
Poésies (1846)
Poésies nouvelles (1851)
Henri le vert (1853-1855 ; nouvelle version : 1879-1880)
L'habit fait le moine (Kleider machen Leute) (1866)
Les Habitants de Seldwyla (tome premier : 1856, tome second : 1874)
Sept légendes (1872)
Nouvelles zurichoises (1878)
L’Épigramme (1881)
Recueil de poésies (1883)
Martin Salander (1886)
Dernière édition par Dreep le Mar 19 Fév - 20:05, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Gottfried Keller
Henri le vert
Comme au fond pour tous romans, résumer Henri le vert dans les grandes lignes revient à en masquer les qualités. Mais le « Bildungsroman » (Roman de formation) genre auquel il appartient, semble déjà l’inscrire dans une sorte de programme, et certes on suit bien l’évolution du peintre de sa naissance jusqu’à sa maturité, avec ses phases familières et bien distinctes entre elles : l’enfance, l’école, puis la jeunesse et les premiers idéaux, les premières amours puis l’indépendance, l’apprentissage du métier. Mais bien loin de n'être qu'une structure, la "formation", c'est ce qu'on raconte (le mot français rend pas bien). La narration restitue les retranchements ― psychologiques ou philosophiques ― dans le temps du récit, ses doutes et préjugés et la manière dont ils font achopper sa réflexion, la manière dont ils se dissipent quand ils sont confrontés à l’expérience.
Henri Lee est parfois exaspérant, il impressionne néanmoins le lecteur par l'acuité de son regard sur les choses : Keller le rend admirablement dans des descriptions très vivantes de la nature, puis comment celle-ci se réalise dans sa peinture. Cette formation devient nettement plus passionnante quand elle touche au métier. Sans doute le fait que Gottfried Keller se soit essayé à la peinture (sans succès) n'est pas étranger à cela. Il n'y a pas trop de termes techniques pour perdre un lecteur non-initié, seulement, il n'y a que l'avis des autres personnages, ignares ou experts, pour nous faire comprendre quand Henri Lee a du génie et quand il n'en a pas.
Le roman n'est pas uniquement centré sur son personnage, on y dépeint un pays dans son époque (1830, 1840) ; avec comme l'a justement souligné Sebald (grand admirateur de Keller) les mouvements sociaux et politiques en fond : des aspirations démocratiques ou républicaines étouffées par le carriérisme ou le corporatisme, les mouvements de migrations à travers le pays ou le monde (quand on revient d'Amérique...). Quand on nous parle d'un livre à la jonction du réalisme et du romantisme, on fait peut-être référence aux histoires étranges ou aux rêves qui nourrissent le roman de Gottfried Keller, lui donnant une dimension poétique qui côtoie doucement l'élégie.
mots-clés : #creationartistique #initiatique #nature #xixesiecle
Comme au fond pour tous romans, résumer Henri le vert dans les grandes lignes revient à en masquer les qualités. Mais le « Bildungsroman » (Roman de formation) genre auquel il appartient, semble déjà l’inscrire dans une sorte de programme, et certes on suit bien l’évolution du peintre de sa naissance jusqu’à sa maturité, avec ses phases familières et bien distinctes entre elles : l’enfance, l’école, puis la jeunesse et les premiers idéaux, les premières amours puis l’indépendance, l’apprentissage du métier. Mais bien loin de n'être qu'une structure, la "formation", c'est ce qu'on raconte (le mot français rend pas bien). La narration restitue les retranchements ― psychologiques ou philosophiques ― dans le temps du récit, ses doutes et préjugés et la manière dont ils font achopper sa réflexion, la manière dont ils se dissipent quand ils sont confrontés à l’expérience.
Henri Lee est parfois exaspérant, il impressionne néanmoins le lecteur par l'acuité de son regard sur les choses : Keller le rend admirablement dans des descriptions très vivantes de la nature, puis comment celle-ci se réalise dans sa peinture. Cette formation devient nettement plus passionnante quand elle touche au métier. Sans doute le fait que Gottfried Keller se soit essayé à la peinture (sans succès) n'est pas étranger à cela. Il n'y a pas trop de termes techniques pour perdre un lecteur non-initié, seulement, il n'y a que l'avis des autres personnages, ignares ou experts, pour nous faire comprendre quand Henri Lee a du génie et quand il n'en a pas.
Le roman n'est pas uniquement centré sur son personnage, on y dépeint un pays dans son époque (1830, 1840) ; avec comme l'a justement souligné Sebald (grand admirateur de Keller) les mouvements sociaux et politiques en fond : des aspirations démocratiques ou républicaines étouffées par le carriérisme ou le corporatisme, les mouvements de migrations à travers le pays ou le monde (quand on revient d'Amérique...). Quand on nous parle d'un livre à la jonction du réalisme et du romantisme, on fait peut-être référence aux histoires étranges ou aux rêves qui nourrissent le roman de Gottfried Keller, lui donnant une dimension poétique qui côtoie doucement l'élégie.
mots-clés : #creationartistique #initiatique #nature #xixesiecle
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Gottfried Keller
Henri le Vert fait patie depuis très longtemps des livres à lire.
Mais c'est un pavé écrit en caractères minuscules.
Sebald en pensait beaucoup de bien.
Mais c'est un pavé écrit en caractères minuscules.
Sebald en pensait beaucoup de bien.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Gottfried Keller
J'ai repensé à L'homme sans qualités, le côté "Bildungsroman"... bien sûr le roman de Musil n'est un roman de formation, mais il est très intéressant, avec le recul, de voir dans quel mesure il s'en différencie, et avant tout ce que Musil a d'innovant par rapport à tout ça.
J'aime beaucoup quand une lecture en fait grandir une autre...
J'aime beaucoup quand une lecture en fait grandir une autre...
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langue allemande
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