Dante Alighieri
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Dante Alighieri
Dante Alighieri
(1265 - 1321)
(1265 - 1321)
Biographie :
À l'origine, « Alighieri » s'écrivait « Allighieri », avec deux « L ». Le second « L » a été omis sans doute par aisance typographique. L'ancienne orthographe est cependant utilisée sur le piédestal de la statue du portique du piazzale des Offices, à Florence. De même, la Divina Commedia d'Ugo Foscolo, éditée par la Torino Tipografia Economisa en 1852, est attribuée à « Dante Allighieri ».
Durante (syncopé en « Dante ») degli Alighieri naît entre la mi-mai et la mi-juin 1265 dans la famille florentine des Alighieri (dont le nom, dans sa forme originale, est Alaghieri), favorable à la faction des guelfes (favorables au pape) et qui aurait joué un rôle important dans la vie de la cité. Son père, Alighiero di Bellincione, était un guelfe blanc, mais il ne souffrit pas de la vengeance des gibelins, favorables à l'empereur, après leur victoire à la bataille de Montaperti, et ce salut donna un certain prestige à la famille.
La mère de Dante, Bella degli Abati, (Bella est un diminutif de Gabriella, mais signifie aussi « belle physiquement »), mourut en 1278, alors que Dante avait treize ans (le père mourut quatre ans plus tard, en 1282). Alighiero emménagea peu de temps après avec une nouvelle compagne, Lapa di Chiarissimo Cialuffi, et eut avec elle deux enfants, le demi-frère de Dante, Francesco, et sa demi-sœur, Tana (Gaetana).
Quand Dante eut 12 ans, en 1277, son mariage fut négocié avec Gemma, fille de Messer Manetto Donati, qu'il épousa ensuite.
L'éducation de Dante est peu connue ; on présume qu'il étudie à domicile. Il séjourne sans doute quelque temps à Bologne et reçoit à Florence les enseignements des écoles franciscaines de Santa Croce et de Rémi de Florence et des écoles dominicaines de Santa Maria Novella et de Brunetto Latini. Il rencontre des poètes et noue une solide amitié avec Guido Cavalcanti. Il est quasi certain qu'il étudie la poésie toscane, au moment où l'école poétique sicilienne, un groupe culturel originaire de Sicile, a commencé à être connue en Toscane. Ses centres d'intérêt le portent à découvrir les ménestrels, les poètes provençaux et la culture latine. Évidente est sa dévotion pour Virgile « Tu se' lo mio maestro e 'l mio autore; tu se' solo colui da cu' io tolsi lo bello stilo che m'ha fatto onore. », écrit-il dans la Divine Comédie6.
Au cours du Moyen Âge les régions d'Italie unifiées sous l'Empire romain se séparent progressivement, laissant une douzaine de petits États, de sorte que la Sicile est aussi éloignée (culturellement et politiquement) de la Toscane que celle-ci l'est de la Provence : les régions ne partagent ni la même langue, ni la même culture et les communications sont difficiles.
Dante a de nombreux enfants avec Gemma, il est probable que seuls Jacopo, Pietro et Antonia aient été ses enfants légitimes. Antonia entre dans les ordres sous le nom de sœur Béatrice. Un autre homme, Giovanni, se réclame de sa filiation et l'accompagne lors de son exil, mais aucune preuve n'existe que ses prétentions soient justifiées.
C'est en 1274 que Dante aurait rencontré pour la première fois Béatrice. De son vrai nom Beatrice (dite « Bice ») di Folco Portinari, elle épouse un certain Simon de Bardi et meurt en 1290. On sait peu de chose d'un amour dont l'histoire est sublimée dans Vita nuova, (composé entre 1292 et 1294) dans laquelle il décrit sa première rencontre avec Béatrice, alors qu'il est âgé de neuf ans, puis la deuxième, advenue neuf années plus tard (il expliquera plus tard le sens symbolique du neuf, chiffre de Béatrice)7. Dans la Vita Nuova, Dante décrit sa passion et son désespoir à la mort de Béatrice. Il raconte la crise profonde qui s'ensuit, son errance et son aventure avec une « noble dame » (sans doute une allégorie pour désigner la philosophie), et enfin son repentir. Bien que Vita Nuova soit probablement inspirée par la vie personnelle de Dante, de nombreux critiques mettent en doute l'existence réelle de Béatrice, préférant voir en elle une figure allégorique (certains considèrent encore aujourd'hui que dans la Divine Comédie, Virgile représente la raison naturelle, et Béatrice la théologie).
Un rêve fait par Dante, et qui accompagne le premier poème inséré dans le livre, nous éclaire : Dante voit apparaître le dieu Amour dans une nuée de feu, portant Béatrice nue dans un drap couleur de sang. Amour tient dans sa main le cœur enflammé de Dante et le donne à manger à Béatrice, puis s'élève vers le ciel avec elle. Ce rêve montre la richesse et la puissance évocatrice du poète dans la Vita Nuova, œuvre difficile à interpréter : la tradition mystique (la nuée de feu par exemple) croise la tradition courtoise (l'histoire du cœur mangé), les appels aux « Fidèles d'Amour » et les rassemblements de dames invitent à des lectures ésotériques, tandis que les visions et les rêves énigmatiques placent l'œuvre dans une dimension à la fois eschatologique (la mort de Béatrice comme horizon) et mystérieuse. En effet, si Béatrice a été souvent comparée à une sainte (par référence à l'hagiographie franciscaine notamment)8, et si une des meilleures façons de s'approcher de cette figure de femme souveraine est d'étudier les analogies marquées avec le Christ, la Vita Nuova, bien au-delà de la simple description des vertus ou la narration des miracles qui ponctuent la vie des saintes, semble envelopper les mystères de Béatrice. La dimension rituelle présente surtout dans la première partie du livre prend ici certainement tout son sens. Il est difficile de savoir si Dante envisageait véritablement un culte de Béatrice qui orienterait ainsi toute son œuvre, mais il est certain que sa conception de la cité est tributaire de la vie et de la mort de Béatrice : en effet, après la mort de la gentilissima (la très noble, la très courtoise), Florence est veuve et Béatrice devient un nom commun (« Florence a perdu sa Béatrice », écrit le poète).
La Vita Nuova, qui se distingue déjà du courant stilnoviste, se compose d'une trentaine de poèmes, des sonnets pour la plupart, qui brûlent d'une ardeur amoureuse et mystique à la fois8. Quarante-deux chapitres en prose commentent les vers au fur et à mesure. Dante achève son œuvre par une annonce introduite après le dernier sonnet comme une vision paradisiaque. Il écrira quelque chose que jamais personne n'a écrit pour chanter la gloire de l'être-aimé. Peut-être pensait-il déjà à la Divine Comédie.
Dante joue un rôle très actif dans la vie politique de Florence. Dans les troubles qui agitent alors la péninsule italienne, Dante est un guelfe ardent : il se signale dans plusieurs expéditions contre les gibelins d'Arezzo, de Bologne et de Pise, et contribue beaucoup par sa valeur à la victoire de Campaldino (1289), remportée sur ceux d'Arezzo, ainsi qu'à la prise du château de Caprona, enlevé aux Pisans (1290). Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques et est nommé prieur de Florence au titre du bimestre courant du 15 juin au 14 août 1300, c'est-à-dire qu'il devient un des magistrats suprêmes de l'exécutif. Mais les guelfes, qui dominent à Florence, se sont divisés en deux factions : les Noirs, favorables à la politique papale de Boniface VIII, et les Blancs, partisans d'une plus grande autonomie de la ville. En 1300, le pape Boniface VIII revendique le vicariat impérial sur les communes toscanes. À partir de ce moment-là, Dante s'engage de plus en plus fermement du côté des guelfes blancs, c'est-à-dire contre la politique d'ingérence du pape. En octobre 1301, membre du Conseil des cents, il se rend à Rome pour tenter une ultime démarche de conciliation. Pendant ce temps, Charles de Valois, représentant du pape, se rend à Florence et s'empare de la ville avec l'aide des guelfes noirs triomphants. Les procès commencent. Dante apprend sur le chemin du retour qu'il est condamné pour concussion, gains illicites et insoumission au pape et à Charles de Valois. Il refuse de se présenter en accusé9. Un deuxième procès, instruit le 10 mars 1302 par le podestat Cante de' Gabrielli da Gubbio, le condamne au bûcher. Tous ses biens sont confisqués, il est exilé avec d'autres guelfes blancs et ne reviendra jamais à Florence. Le décret de bannissement de Dante de la ville de Florence ne sera d’ailleurs révoqué qu’en 2008.
Dans les premiers temps de l'exil, Dante songe à assiéger la ville, aux côtés d'autres exilés guelfes blancs ou gibelins. Mais il y renonce bientôt et se met à errer de ville en ville, luttant contre la misère, cherchant protection auprès des cours de l'Italie du nord : Forlì, Vérone, Sienne, Mulazzo ou encore Arezzo. En juillet 1306, il se trouve à Padoue et en octobre de la même année à Sarzana pour la signature du traité de Paix de Castelnuovo (it). Il s'arrête finalement à Ravenne chez le podestat Guido Novello da Polenta. Il y meurt de la malaria dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie. Son tombeau, qui date de 1780, commandé par le cardinal légat Luigi Valenti Gonzaga, se trouve à Ravenne, via Dante Alighieri en bordure du couvent franciscain, au centre historique de la ville. Encore aujourd'hui, les Florentins voudraient bien récupérer son corps pour le placer dans un sarcophage prévu dans son cénotaphe qu'on peut voir, élevé par Luigi de Cambray Digny avec les statues de Stefano Ricci, dans la nef de la basilique Santa Croce de Florence, mais Ravenne refuse toujours de restituer à cette ville les restes d'un personnage qu'elle a banni.
En italien
- Vie nouvelle ou Vita nova
- Rimes
- Le Banquet ou Il Convivio
- La Divine Comédie
En latin
- De l'éloquence en langue vulgaire
- De la Monarchie
- Épîtres
- Églogues
- Querelles de l'eau et de la terre
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Dante Alighieri
La Divine Comédie
J'avais comme l'impression de dire une drôle de chose à dire d'un tel livre, que je le lisais "pour l'histoire" : ce voyage de Dante par-delà la mort, accompagné de Virgile puis de Béatrice, à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. "L'histoire" contient d'ailleurs à elle seule plusieurs voix, plusieurs récits, des différents personnages ― historiques ou mythologiques ― que Dante rencontre sur son chemin. La Divine Comédie se nourrit de toutes sortes de rencontres (en particulier celle entre la mythologie gréco-latine et la mythologie chrétienne), et Dante d'en tirer une telle profusion d'images que ce sont elles qui rendent la lecture de ce long poème si intense et parfois difficile (son style souvent alambiqué...). Toutes ces images tendent à expliquer en quoi l'homme est une créature imparfaite (depuis le péché originel) mais en quoi consiste le "projet" de Dieu à son égard, son salut.
Progressivement, La Divine Comédie passe du concret vers l'abstrait, de l'Histoire à la Philosophie. Du seul fait historique, on pourrait écrire des livres entiers pour documenter La Divine Comédie, mais sur sa fin le poème se suffit davantage à lui-même. Il y a du reste une unité rythmique qui fait que toutes les voix en sont une seule : le personnage de Dante reçoit, le poète transmet non seulement un enseignement mais une kyrielle d'émotions subtiles. Il a peur, il doute, il apprend... on l'accompagne, et c'est en grande partie ce qui m'a rendu cette œuvre assez fascinantes malgré tous ses obstacles.
J'avais comme l'impression de dire une drôle de chose à dire d'un tel livre, que je le lisais "pour l'histoire" : ce voyage de Dante par-delà la mort, accompagné de Virgile puis de Béatrice, à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. "L'histoire" contient d'ailleurs à elle seule plusieurs voix, plusieurs récits, des différents personnages ― historiques ou mythologiques ― que Dante rencontre sur son chemin. La Divine Comédie se nourrit de toutes sortes de rencontres (en particulier celle entre la mythologie gréco-latine et la mythologie chrétienne), et Dante d'en tirer une telle profusion d'images que ce sont elles qui rendent la lecture de ce long poème si intense et parfois difficile (son style souvent alambiqué...). Toutes ces images tendent à expliquer en quoi l'homme est une créature imparfaite (depuis le péché originel) mais en quoi consiste le "projet" de Dieu à son égard, son salut.
Progressivement, La Divine Comédie passe du concret vers l'abstrait, de l'Histoire à la Philosophie. Du seul fait historique, on pourrait écrire des livres entiers pour documenter La Divine Comédie, mais sur sa fin le poème se suffit davantage à lui-même. Il y a du reste une unité rythmique qui fait que toutes les voix en sont une seule : le personnage de Dante reçoit, le poète transmet non seulement un enseignement mais une kyrielle d'émotions subtiles. Il a peur, il doute, il apprend... on l'accompagne, et c'est en grande partie ce qui m'a rendu cette œuvre assez fascinantes malgré tous ses obstacles.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Dante Alighieri
Ton pouvoir d'adaptation est aussi étonnant que la matière littéraire que tu parcours !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Dante Alighieri
Merci Dreep pour l'ouverture du fil de cet auteur fondamental !
Généralement le lecteur préfère L'enfer, je crois (moi en tout cas) ; et toi ?
Généralement le lecteur préfère L'enfer, je crois (moi en tout cas) ; et toi ?
« Comme si l’on avait jamais fait quelque chose de grand et de durable avec le bonheur des hommes depuis que la Terre tourne ! Même Dante y a échoué et n’a rien écrit de bon avec son ennuyeux Paradis. »
Blaise Cendrars, « Le Lotissement du ciel », « La Tour Eiffel Sidérale », I
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15923
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Dante Alighieri
Merci bix si je dois l'entendre comme un compliment
Cendrars est un peu décevant pour ce jugement hâtif. Le Paradis est sûrement la partie la plus difficile, mais c'est la plus belle.
Je trouve l'anecdote plutôt drôle ; au-delà de ça je trouve que s'arrêter à un jugement aussi définitif, c'est dommage .
Ceux qui n'ont pas lu : essayez ! Je ne garantis pas que l'expérience sera facile mais elle vaut le coup.
Cendrars est un peu décevant pour ce jugement hâtif. Le Paradis est sûrement la partie la plus difficile, mais c'est la plus belle.
Lope de Vega, à l'article de la mort, appelle son confesseur :
- "J'ai quelque chose de grave à vous confier, mon père."
Le prélat se penche aussitôt vers l'illustre mourant :
- "Je vous écoute, mon fils. Quel est ce lourd secret ?"
- "Dante m'a toujours emmerdé !"
Je trouve l'anecdote plutôt drôle ; au-delà de ça je trouve que s'arrêter à un jugement aussi définitif, c'est dommage .
Ceux qui n'ont pas lu : essayez ! Je ne garantis pas que l'expérience sera facile mais elle vaut le coup.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Dante Alighieri
@Dreep Merci bix si je dois l'entendre comme un compliment Smiley
Tout à fait ! Je suis très admiratif
Tout à fait ! Je suis très admiratif
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Dante Alighieri
Tu me fais bien plaisir bix, en tout cas je suis content d'avoir surmonté l'obstacle "bondieuseries" très étranger à mes idées et à mon tempérament...
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Dante Alighieri
Merci Dreep !Tristram a écrit:Merci Dreep pour l'ouverture du fil de cet auteur fondamental !
Généralement le lecteur préfère L'enfer, je crois (moi en tout cas) ; et toi ?
Auteur fondamental, Tristram, je ne sais pas, mais quel souffle, quelle puissance !
Le lecteur préfère l'enfer parce que c'est ce qui vient d'abord, je pense - peut-être aussi parce que l'évocation (la représentation mentale) est plus aisée.
Virgile dans les limbes, sinon (Dante m'a fait aimer Virgile).
Le paradis est si désarçonnant...
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Dante Alighieri
Aventin a écrit:Le lecteur préfère l'enfer parce que c'est ce qui vient d'abord, je pense - peut-être aussi parce que l'évocation (la représentation mentale) est plus aisée.
Oui, je pense qu'il y a de cela. Pourtant le problème de savoir qui est qui (les nombreux personnages historiques croisés) se posent un peu moins au Paradis. Il y a davantage de concepts, mais aussi, beaucoup de lumière, de lacs, d'arbres et d'étoiles.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
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