Jean-Paul Sartre
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Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Charles Aymard Sartre, né le 21 juin 1905 dans le 16e arrondissement de Paris et mort le 15 avril 1980 dans le 14e arrondissement, est un écrivain et philosophe français, représentant du courant existentialiste, dont l'œuvre et la personnalité ont marqué la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970.
Écrivain prolifique, fondateur et directeur de la revue Les Temps modernes (1945), il est connu aussi bien pour son œuvre philosophique et littéraire qu'en raison de ses engagements politiques, d'abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes dans les années 1970.
Son œuvre comporte plusieurs essais et textes philosophiques ayant marqué leur époque, comme L'Être et le Néant (1943), le bref L'existentialisme est un humanisme (1946) ou la Critique de la raison dialectique (1960), mais surtout des textes littéraires contenant des messages philosophiques : nouvelles (Le Mur), romans (la Nausée, les Chemins de la liberté), pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos, La Putain respectueuse, Le Diable et le Bon Dieu, Les Séquestrés d'Altona). Il a publié des études biographiques sur plusieurs créateurs comme Le Tintoret, Mallarmé, Baudelaire, Faulkner ou Jean Genet, ainsi qu'une vaste étude sur Gustave Flaubert, L'Idiot de la famille (1971-1972). Un texte court, mais important est son étude autobiographique, Les Mots, qui évoque les onze premières années de sa vie.
Intransigeant et fidèle à ses idées, il a toujours rejeté tant les honneurs que toute forme de censure ; il a notamment refusé le prix Nobel de littérature en 1964 ; exception notable, il a cependant accepté le titre de docteur honoris causa de l'Université de Jérusalem en 1976. Il refusa de diriger une série d'émissions télévisées qu'on lui proposait en y mettant comme condition qu'il réalisât une maquette préalable, expliquant : « Je n'ai plus l'âge de passer des examens ». Il contribua fortement à la création du journal Libération, allant jusqu'à le vendre lui-même dans les rues pour donner une publicité à son lancement.
Il a partagé sa vie avec Simone de Beauvoir, philosophe de l'existentialisme et féministe. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues, même si les deux auteurs se sont influencés.
D'autres écrivains ont joué un rôle important à différentes étapes de sa vie : Paul Nizan et Raymond Aron, ses condisciples à l'École normale supérieure ; Maurice Merleau-Ponty et Albert Camus dans les années d'après-guerre.
wikipédia
ŒuvresRomans et nouvelles
La Nausée (1938)
Le Mur (1939)
Les Chemins de la liberté (1945)
L'Âge de raison
Le Sursis (en)
La Mort dans l'âme
La suite ci-dessous : théâtre, essais, récits ...
- Spoiler:
Théâtre
Bariona, ou le Fils du tonnerre (1940)
Les Mouches (1943)
Huis clos (1944)
La Putain respectueuse (1946)
Morts sans sépulture (1946)
Les Mains sales (1948)
Le Diable et le Bon Dieu (1951)
Kean (1954)
Nekrassov (1955)
Les Séquestrés d'Altona (1959)
Les Troyennes (adaptation d'Euripide, 1965)
L'Engrenage (1969)
Autobiographie, mémoires, entretiens et correspondance
Les Mots (1964)
Carnets de la drôle de guerre - Septembre 1939-mars 1940 (1983-1995)
Lettres au Castor et à quelques autres, tome I et II (1983)
L'Espoir maintenant, les entretiens de 1980 (avec Benny Lévy) (1980)
La Reine Albemarle, ou le Dernier touriste (1991)
Essais
Situations I (1947)
Situations II (1948)
Situations III (1949)
Situations IV (1964)
Situations V (1964)
Situations VI (1964)
Situations VII (1965)
Situations VIII (1972)
Situations IX (1972)
Situations X (1976)
Essais politiques
Réflexions sur la question juive (1946)
Entretiens sur la politique avec David Rousset (1949)
L'Affaire Henri Martin (commentaire sur des textes de Hervé Bazin, Marc Beigbeder, Francis Jeanson, Michel Leiris, Vercors, Jacques Prévert, Jean-Marie Domenach, etc.) (1953)
Plaidoyer pour les intellectuels (1972)
On a raison de se révolter avec Pierre Victor et Philippe Gavi (1974)
Critique littéraire
La République du Silence (1944)
Baudelaire (1947)
Qu'est-ce que la littérature ? (1948)
Saint Genet, comédien et martyr (1952)
L'Idiot de la famille (1971-1972) sur Flaubert
Un théâtre de situations (1973)
Critiques littéraires
Ouvrages de critique littéraire posthumes
Mallarmé, la lucidité et sa face d'ombre (1986)
Philosophie
L'Imagination (1936)
La Transcendance de l'Ego (1936)
Esquisse d'une théorie des émotions (1938)
L'Imaginaire (1940)
L'Être et le Néant « essai d'ontologie phénoménologique » (1943)
L'existentialisme est un humanisme (1945)
Questions de méthode (1957)
Critique de la raison dialectique I : Théorie des ensembles pratiques (1960)
Ouvrages philosophiques posthumes
Cahiers pour une morale (1983)
Critique de la raison dialectique II : L'intelligibilité de l'histoire (1985)
Vérité et Existence (1989)
Invité- Invité
Re: Jean-Paul Sartre
Que retient-on de Sartre ? L'enfer c'est les autres ! (de sa pièce Huis-clos) ?
Sa confrontation avec Camus ?
Sa relation avec le castor (Simone de Beauvoir) ?
Moi, j'en retiens l'oeuvre immense d'un très grand. Je suis un peu nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue (c'est possible ça ?)
Celle où le paysage littéraire était celui de Sartre, Camus, Céline, Merleau-Ponty, Simone de Beauvoir, Yourcenar, et tant d'autres, suivis de Foucault ... etc.
Sartre, et Camus. Les têtes d'affiche. Les hommes complets, infatigables ? sur tous les fronts : politique, philosophie, romans, théâtre, critique littéraire.
Pas étonnant que Sartre carburait aux amphét' et ne dormait que 3 ou 4 heures par nuit.
De Sartre, je suis loin d'avoir tout lu. Sa philosophie m'est difficilement accessible, enfin ses pavés. J'avais trouvé stimulant son existentialisme.
J'ai beaucoup apprécié La nausée, roman de haute-voltige.
Ses pièces de théâtre.
Et puis, j'ai lu ces derniers mots ses entretiens avec Benny Lévy (1980), très touchant. On y découvre un Sartre différent. Moins dominateur, en proie au doute. A la remise en question de sa postérité à venir. Très facétieux, on sent qu'il a toujours l'esprit brillant et vif. On peut le critiquer, mais ce type était indéniablement un érudit. J'ai pu lire ses écrits sur Le Tintoret, ou Baudelaire ... J'ai envie de lire ses pavés sur Flaubert.
Bref, avec tout ce qu'il a écrit, il y en a pour différentes entrées dans son oeuvre.
Sa confrontation avec Camus ?
Sa relation avec le castor (Simone de Beauvoir) ?
Moi, j'en retiens l'oeuvre immense d'un très grand. Je suis un peu nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue (c'est possible ça ?)
Celle où le paysage littéraire était celui de Sartre, Camus, Céline, Merleau-Ponty, Simone de Beauvoir, Yourcenar, et tant d'autres, suivis de Foucault ... etc.
Sartre, et Camus. Les têtes d'affiche. Les hommes complets, infatigables ? sur tous les fronts : politique, philosophie, romans, théâtre, critique littéraire.
Pas étonnant que Sartre carburait aux amphét' et ne dormait que 3 ou 4 heures par nuit.
De Sartre, je suis loin d'avoir tout lu. Sa philosophie m'est difficilement accessible, enfin ses pavés. J'avais trouvé stimulant son existentialisme.
J'ai beaucoup apprécié La nausée, roman de haute-voltige.
Ses pièces de théâtre.
Et puis, j'ai lu ces derniers mots ses entretiens avec Benny Lévy (1980), très touchant. On y découvre un Sartre différent. Moins dominateur, en proie au doute. A la remise en question de sa postérité à venir. Très facétieux, on sent qu'il a toujours l'esprit brillant et vif. On peut le critiquer, mais ce type était indéniablement un érudit. J'ai pu lire ses écrits sur Le Tintoret, ou Baudelaire ... J'ai envie de lire ses pavés sur Flaubert.
Bref, avec tout ce qu'il a écrit, il y en a pour différentes entrées dans son oeuvre.
Invité- Invité
Re: Jean-Paul Sartre
je n'ai lu que "la nausée" et il y a très longtemps !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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[/i]
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Bédoulène- Messages : 21018
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Re: Jean-Paul Sartre
Et la préface à Aden Arabie ? C'est dans lequel Karletmamie ?
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Re: Jean-Paul Sartre
Sartre a pétri notre conception désenchantée de l'existence, été le fondateur de toute une jeune génération, avec La Nausée notamment :
Il a très bien compris notre société, comme dans Le sursis, et se voulait témoin actif :
Il ne faut pas négliger la place de son théâtre (ici, Les mouches) :
Et j'ai beaucoup apprécié Les Mots :
Quelques autres extraits, y compris de la préface à Aden Arabie :
« Il faut choisir : vivre ou raconter. »
« En réalité c'est par la fin qu'on a commencé. Elle est là, invisible et présente. »
Il a très bien compris notre société, comme dans Le sursis, et se voulait témoin actif :
« Les gens avaient l’air triste mais c’était de naissance. »
« Tout, j’ai toujours tout fait pour un témoin. Sans témoin, on s’évapore. »
« …] il avait vu les maisons comme elles étaient pour de vrai : des chutes arrêtées. Ce gracieux magasin supportait des tonnes de pierre et chaque pierre, scellée avec les autres, tombait à la même place, obstinément, depuis cinquante ans ; quelques kilos de plus et la chute recommencerait ; […] des hommes erraient entre les avalanches stabilisées. […] La mort est inscrite dans les hommes, la ruine est inscrite dans les choses [… »
Il ne faut pas négliger la place de son théâtre (ici, Les mouches) :
« Je ne suis ni le maître, ni l’esclave, Jupiter. Je suis ma liberté ! »
Et j'ai beaucoup apprécié Les Mots :
« Qu'est-ce qui m'empêchait de crever les yeux de Daisy ? Mort de peur, je me répondais : rien. »
« Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui. »
« …] j’écris toujours. Que faire d’autre ? »
Quelques autres extraits, y compris de la préface à Aden Arabie :
« Or l’art est une image calme du mouvement ; quand vous commencez la lecture d’un roman, d’une confession même, tout est consommé depuis longtemps ; [… »
Jean-Paul Sartre, avant-propos à « Le traître », d’André Gorz
« Or il me semble que ce type d’existence pourrait se définir comme celui d’une statue ensorcelée ; nous avons affaire à des marbres hantés par la vie. »
Jean-Paul Sartre, « Situations », I, « L’homme et les choses »
« …] à l'origine de tout, il y a d'abord le refus. »
Jean-Paul Sartre, préface à « Aden Arabie », de Paul Nizan
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Jean-Paul Sartre
animal a écrit:C'est dans lequel Karletmamie ?
Les mots. (je fais genre je suis incollable sur Sartre, mais je ne l'ai pas lu )
Merci Tristram pour tes contributions ! Je suis aussi sensible à son théâtre. Grande allégorie, Les mouches.
Invité- Invité
Re: Jean-Paul Sartre
je l'aurais donc lu il y a quelques vies antérieures de ça...
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Re: Jean-Paul Sartre
Sartre : enthousiasme de la jeunesse puis profonde désillusion avec impression de s'être fait "enfumer"....
Chamaco- Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Jean-Paul Sartre
Chamaco a écrit:Sartre : enthousiasme de la jeunesse puis profonde désillusion avec impression de s'être fait "enfumer"....
Tu parles de l'homme publique ou de l'écrivain?
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Jean-Paul Sartre
Le contraste de style ou manière entre la préface et le texte est radical, ça m'avait frappé et ça pourrait être une des raisons pour lesquels je n'ai pas essayé ou réessayé de lire un bouquin de Sartre.Tristram a écrit:Quelques autres extraits, y compris de la préface à Aden Arabie :
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Re: Jean-Paul Sartre
topocl a écrit:Chamaco a écrit:Sartre : enthousiasme de la jeunesse puis profonde désillusion avec impression de s'être fait "enfumer"....
Tu parles de l'homme publique ou de l'écrivain?
Je laisse Sartre te répondre, il le fait si bien : "La patrie, l'honneur, la liberté, il n'y a rien : l'univers tourne autour d'une paire de fesses, c'est tout..."
Chamaco- Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Jean-Paul Sartre
La nausée (et l'L'étranger) était au programme scolaire et dans l'air du temps, il fait partie du bagage littéraire de la génération d'une époque, a minima ; c'est donc une des bases de réflexion du XXe, même si personnellement il n'a pas su déterminer le moindre engagement politique et m'a moins marqué que l'absurde ; de plus, il a conduit à d'autres auteurs, comme Nizan, ou Simone de Beauvoir, auteure remarquable pour moi.
Animal, et si tu te frottais à l'assez bref Les Mots (deux parties, Lire et Ecrire) ?
Animal, et si tu te frottais à l'assez bref Les Mots (deux parties, Lire et Ecrire) ?
J'avais trouvé ma religion : rien ne me parut plus important qu'un livre.
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
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Re: Jean-Paul Sartre
J'avais lu L'étranger "pour l'école". Je vais garder la suggestion des Mots, des fois que.
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Re: Jean-Paul Sartre
Duras disait de Sartre qu'il n'avait pas écrit. Parfois j'ai l'impression qu'elle disait cela seulement pour renvoyer à Sartre un peu de sa propre médecine, le monsieur ayant tenu de tels propos lapidaires en son temps. Pour ma part, je n'aime pas m'arrêter à l'opinion des autres; je trouve que Sartre a ses moments de beauté, voire de grands moments stylistiques, par exemple l'ouverture d'Orphée Noir :
Avec Sartre, il n'y a jamais de gratuité : c'est ça qui déplait à Duras, sans doute. C'est une peur de la pensée, un soupçon vis-à-vis de l'homme seul qui pense. Sartre est un idéologue comme il s'en faisait à la pelle au XIXe siècle, mais il est arrivé un peu trop tard. Sartre ne colle pas à son époque.
Sartre a écrit:Qu'est-ce donc que vous espériez, quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ses bouches noires ? Qu'elles allaient entonner vos louanges ? Ces têtes que nos pères avaient courbés jusqu'à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l'adoration dans leurs yeux ? Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus. Car le blanc a joui trois mille ans du privilège de voir sans qu'on le voie ; il était regard pur, la lumière de ses yeux tirait toute chose de l'ombre natale, la blancheur de sa peau c'était un regard encore, de la lumière condensée. L'homme blanc, blanc parce qu'il était homme, blanc comme le jour, blanc comme la vérité, blanc comme la vertu, éclairait la création comme une torche, dévoilait l'essence secrète et blanche des êtres. Aujourd'hui ces hommes noirs nous regardent et notre regard rentre dans nos yeux ; des torches noires, à leur tour, éclairent le monde et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent.
Avec Sartre, il n'y a jamais de gratuité : c'est ça qui déplait à Duras, sans doute. C'est une peur de la pensée, un soupçon vis-à-vis de l'homme seul qui pense. Sartre est un idéologue comme il s'en faisait à la pelle au XIXe siècle, mais il est arrivé un peu trop tard. Sartre ne colle pas à son époque.
Jeremy.- Messages : 44
Date d'inscription : 27/12/2016
Re: Jean-Paul Sartre
Intéressant, Jeremy ! Mais Sartre paie pour sa volonté d'être un outil militant...
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jean-Paul Sartre
Les mots m'a beaucoup plu, vraiment beaucoup.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean-Paul Sartre
Bel extrait, Jeremy ! Je vais creuser ça ...
J'ai beaucoup aimé Les mots (et je ne partais pas convaincu). Où Sartre joue à l'enfant prodige, plein de lectures sérieuses, mais qui lit en douce des romans d'aventure (dont Un tour du monde en aéroplane !!), ce qui rend fort sympathique le jeune courtisan.
Savoureux récit d'une découverte de la littérature :
J'ai beaucoup aimé Les mots (et je ne partais pas convaincu). Où Sartre joue à l'enfant prodige, plein de lectures sérieuses, mais qui lit en douce des romans d'aventure (dont Un tour du monde en aéroplane !!), ce qui rend fort sympathique le jeune courtisan.
Savoureux récit d'une découverte de la littérature :
J'aimais cette incertitude et que l'histoire m'échappât de tout côté : cela me dépaysait. Vingt fois je relus les dernières pages de Madame Bovary; à la fin, j'en savais des passages entiers par cœur sans que la conduite du pauvre veuf me devînt plus claire : il trouvait des lettres, était-ce une raison pour laisser pousser sa barbe ? Il jetait un regard sombre à Rodolphe, donc il lui gardait rancune - de quoi, au fait ? Et pourquoi lui disait-il : "Je ne vous en veux pas" ? Pourquoi Rodolphe le trouvait "comique et un peu vil" ? Ensuite Charles Bovary mourait : de chagrin ? de maladie ? Et pourquoi le docteur l'ouvrait-il puisque tout était fini ? J'aimais cette résistance coriace dont je ne venais jamais à bout; mystifié, fourbu, je goûtais l'ambiguë volupté de comprendre sans comprendre : c'était l'épaisseur du monde; le cœur humain dont mon grand-père parlait volontiers en famille, je le trouvais fade et creux partout sauf dans les livres.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Jean-Paul Sartre
Sartre a beaucoup réfléchi sur la littérature, notamment contemporaine, ce que l'on retrouve dans ses articles et préfaces (voir Situations), et qui peut aider le lecteur. Ainsi, sur l'antiroman, le nouveau roman (et Sarraute) :
Les antiromans conservent l'apparence et les contours du roman ; ce sont des ouvrages d'imagination qui nous présentent des personnages fictifs et nous racontent leur histoire. Mais c'est pour mieux décevoir : il s'agit de contester le roman par lui-même, de le détruire sous nos yeux dans le temps qu'on semble l'édifier, d'écrire le roman d'un roman qui ne se fait pas, qui ne peut pas se faire, de créer une fiction qui soit aux grandes œuvres composées de Dostoïevski et de Meredith ce qu'était aux tableaux de Rembrandt et de Rubens cette toile de Miro intitulée Assassinat de la peinture. Ces œuvres étranges et difficilement classables ne témoignent pas de la faiblesse du genre romanesque, elles marquent seulement que nous vivons à une époque de réflexion et que le roman est en train de réfléchir sur lui-même.
Préface à Nathalie Sarraute, Portrait d'un inconnu
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jean-Paul Sartre
Chamaco a écrit:topocl a écrit:Chamaco a écrit:Sartre : enthousiasme de la jeunesse puis profonde désillusion avec impression de s'être fait "enfumer"....
Tu parles de l'homme publique ou de l'écrivain?
Je laisse Sartre te répondre, il le fait si bien : "La patrie, l'honneur, la liberté, il n'y a rien : l'univers tourne autour d'une paire de fesses, c'est tout..."
. Il faut dire que le modèle de couple libéré Sartre Simone de Beauvoir a pris du plomb dans l'aile, le rôle de cette dernière ayant parfois consisté à mettre dans le lit de son amant vieillissant de jeunes ingénues à peine majeures...
ArenSor- Messages : 3366
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Jean-Paul Sartre
En quoi n'est-ce point un "couple libéré " ??
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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