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Carlos Fuentes

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historique - Carlos Fuentes Empty Carlos Fuentes

Message par shanidar Mar 6 Déc - 19:56

Carlos Fuentes (1928-2012)

historique - Carlos Fuentes Fuente10
Carlos Fuentes Macías, né à Panama le 11 novembre 1928 et mort le 15 mai 2012 à Mexico, est un écrivain et essayiste mexicain.


Bibliographie en français

1954 Les jours de carnaval,
1958 La plus limpide région : Page 1
1959 Les bonnes consciences,
1962 La mort d'Artémision Cruz,
1962 Aura,
1964 Chant des aveugles,
1967 Zone sacrée,
1967 Peau neuve,
1969 Anniversaire,
1969 Le nouveau roman hispano-américain,
1970 Todos los gatos son pardos,
1970 Le borgne est roi,
1975 Terra Nostra,
1978 La tête de l'hydre : Page 1
1980 Une certaine parenté
1981 Les eaux brûlées
1982 Des orchidées au clair de lune
1985 Le vieux gringo
1987 Christophe et son œuf : Page 1  
1990 Constancia et autres histoires pour vierges
1990 La campagne d'Amérique
1990 Cérémonies de l'aube
1992 La Desdichada
1992 Le miroir enterré
1993 L'oranger,
1993 Géographie du roman
1994 Un temps nouveau pour le Mexique
1995 La frontière de verre
1996 Diane ou la chasseresse solitaire : Page 1
1999 Les années avec Laura Diaz,
2000 Les cinq soleils du Mexique
2001 L'instinct d'Inez,
2002 Ce que je crois,
2003 Le siège de l'aigle ,  
2004 Contre Bush
2004 En inquiétante compagnie
2005 Los 68
2006 Le bonheur des familles,
2007 Regards sur la France (ouvrage collectif)
2008 La volonté et la fortune
2009 Adam en Eden

màj le 30/12/2017
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Message par shanidar Mar 6 Déc - 19:57

historique - Carlos Fuentes Produc17

La tête de l'hydre

Ce roman est un pur régal et une agréable surprise.

Après avoir été complètement emportée par le lyrisme de Terra Nostra, j'ai attendu pas mal de temps avant de revenir à Fuentes, craignant que cette première découverte supplante définitivement les autres, mais La tête de l'hydre, publié juste après le Grand Œuvre de Fuentes est à la fois réussi et incomparable !

Car si Terra Nostra réécrivait l'histoire dangereuse de l'Espagne du Siècle d'Or, La Tête de l'hydre est une variation moderne (datant de 1978) sur le Mexique, les conflits mondiaux et les terres d'influence. Donc rien à voir avec ma lecture précédente, hormis sans doute cette incroyable liberté de l'auteur !

Il n'est pas souvent donné à un lecteur d'assister à une naissance, ici il s'agit de la naissance d'un espion : Felix Maldonado dont le visage et le nom vont être tour à tour utilisés pour masquer et montrer sa présence. Felix est un petit fonctionnaire d'un petit ministère, il est plein d'ambition, d'orgueil et de rêve d'avenir. Il voyage entre trois grandes révélations féminines : Ruth son épouse, Sara son amour platonique et Mary sa sauvage maîtresse ; cette trinité va former le nœud de sa formation d'espion, chacune jouant un rôle de sainte et de démon au fil d'une narration trépidante et inattendue.

Inattendue, car à ma grande surprise, Fuentes n'écrit pas seulement un roman sur le Mexique mais aussi sur les juifs et sur Israël. Par la grâce du personnage de Sara, Felix (lui-même converti au judaïsme pour pouvoir épouser Ruth) découvre toute la complexité d'une situation intenable : car dans la bouche de la jeune femme, les questions sont sans voile : comment de victimes, les juifs sont-ils devenus des bourreaux ? Comment les juifs qui rêvaient de vivre libres dans un état démocratique et donc sans esclaves peuvent-ils traiter le peuple palestinien comme ils le font ?  Et aussi : comment les juifs vont-ils sortir de cette situation ?

A ces questions, torturantes, sans doute insolubles, en tout cas terrifiantes, chaque protagoniste apporte sa réponse, l'ultime étant sans doute qu'aucun clan, aucun camp ne possède le privilège de la Vérité, de la Justice et de l'honneur… Tous sont liés par la violence, la mort et le mensonge. Par le terrorisme, la torture et l'assurance d'être dans son droit.

Mais, il ne faudrait pas croire à la lecture de ce commentaire que ce roman est un roman tout noir, violent et sans espérance. Non. Ce serait méconnaître la liberté d'esprit de Fuentes, ses sauts et ses gambades revigorantes dans les arcanes merveilleux de la narration. Car ce Mexicain est capable de toutes les acrobaties liées au code affiché du roman d'espionnage (changement d'identité, infiltration, mensonges, masques et maquillages…) mais aussi à toutes les audaces, les crocs en jambe et les roulades d'un romancier émancipé, doué, innovant et joueur, capable de saisir son lecteur par le cou pour l'emmener au cœur d'une histoire rocambolesque à souhait et jubilatoire.

C'est donc avec un plaisir sans cesse décuplé que je me suis laissée entraîner à la suite de Felix dans les méandres humides et orageux de ce Mexique de légende et de modernité, cherchant à sauver son pays des accaparements extérieurs, déjouant les jeux intérieurs et risquant sa vie en déclamant des vers de Shakespeare ou des passages de Lewis Carroll.

A la fois roman total et roman élastique, La tête de l'hydre (qui porte parfaitement son nom) est un roman foisonnant, amoureux, politique et facétieux.

Bref : magique !


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Message par ArenSor Mar 6 Déc - 21:21

J'hésite à me lancer dans "La Plus limpide région" qui est dans ma PAL
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Message par shanidar Mar 6 Déc - 21:22

C'est celui que je compte commencer ce soir (d'où cette ouverture de fil pas totalement intempestive !) !
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Message par Tristram Mar 13 Déc - 23:35

Ce qu'il me reste de mes lectures de Fuentes _ très partiel, mais ce n'est pas si mal !

« Mais il se demanda aussitôt si la mort se transmet des jeunes aux vieux, ou si ce sont les vieux qui la transmettent aux jeunes. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », I, « Le vieux monde »

« Entre la vie et la mort, il n’est d’autre destin que la mémoire. Le souvenir tisse le destin du monde. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », II, « Le nouveau monde »

« Ce qui me permit de constater une fois de plus que la distance crée la peur, la proximité la confiance. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », II, « Le nouveau monde »

« La vie et la pensée ne font qu’un. Ce qui est pensé, est. Ce qui est, est pensé. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », III, « L’autre monde » (« Le Zohar »)

« Le rêve est la forme intelligente du suicide. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », III, « L’autre monde »

« …] ce héros de comédie, né de la lecture, serait le premier héros à se savoir lu.
[…] Et cette nouvelle lecture transforme le monde qui se met à ressembler de plus en plus au monde du livre dans lequel se narrent les aventures du gentilhomme.
[…] Je laisserai un livre ouvert où le lecteur saura qu’il est lu et où l’auteur saura qu’il est écrit. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », III, « L’autre monde », « Âme de cire »

« – L’écrit seul est réel. Les paroles s’envolent comme elles sont venues. Seul l’écrit reste. Je ne croirai à ma vie que si je peux la lire. Je ne croirai à ma mort que si je peux la lire. »
Carlos Fuentes, « Terra Nostra », III, « L’autre monde »

« Le temps est le rapport entre ce qui existe et ce qui n’existe pas. »
(citation de) Carlos Fuentes, « Terra Nostra », III, « L’autre monde »

« …] le romancier nous dit toujours que le passé n’est pas achevé, qu’il doit être inventé heure par heure pour que le présent ne meure pas entre nos mains. »
Carlos Fuentes, « La mort d’Artemio Cruz »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Barcarole Mer 14 Déc - 9:06

Bien tentante, cette Tête de l'hydre ! Je la note dans ma liste d'achats compulsifs !
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Message par shanidar Mer 14 Déc - 10:19

Barcarole a écrit:Bien tentante, cette Tête de l'hydre ! Je la note dans ma liste d'achats compulsifs !

On pourra voir comme ça si on s'ajuste aussi sur des écrivains un peu décalés... Very Happy

@ Tristram (merci pour les citations) : je les ai un peu réarrangées pour faciliter la lecture mais tu as le droit de ne pas être d'accord et de le dire !
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Message par Tristram Mer 14 Déc - 11:30

Shanidar a écrit:je les ai un peu réarrangées pour faciliter la lecture mais tu as le droit de ne pas être d'accord et de le dire !

Non, tu as bien fait ; j'aérerai comme ça à l'avenir !

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Message par shanidar Mar 20 Déc - 11:59

Finalement, je m'aperçois que je me suis complètement laissée submerger par le nombre de personnages et de situations de La plus limpide région. Absorbée par le style tellement intelligent et subversif de Fuentes, j'en ai perdu de vue l'ensemble de la narration et je n'arrive plus vraiment à 'rattraper les wagons'. Du coup, j'ai décidé de tout reprendre en m'aidant de la liste impressionnante des personnages pour tenter de trouver une liaison possible entre toutes les situations. Je suis assez habituée à l'éclatement narratif dont Fuentes est coutumier mais là, c'est un peu trop. On rembobine.
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Message par shanidar Mar 3 Jan - 18:30

Commentaire mi-figue mi-raisin après rembobinage :

La plus limpide région

historique - Carlos Fuentes Fuente11

Ce roman est à mon avis une sorte de réécriture en forme d'hommage de la Recherche du temps perdu de Marcel Proust. Mazette, me direz-vous ! Rien que ça !!? Hé oui, Fuentes du haut de ces trente ans écrit un livre fleuve sur le temps et sur le Mexique, un livre qui laisse tout à la fois songeur, charmé et un peu déçu.

La question du temps qui passe et après lequel les personnages courent, se cristallisent dans la figure centrale d'Ixca Cienfuegos, sorte de narrateur omnipotent, auxquels les personnages (mais essentiellement les masculins) se confient et racontent leur passé. Et que celui-ci soit glorieux, famélique ou révolutionnaire, il pèse et manque à ces hommes devenus banquier conformiste, financier cocufié, dandy suicidaire. Tous ont des regrets sur ce qu'est devenu le Mexique parce que tous sont marqués par le sceau du compromis qui ravage l'Idéal de la jeunesse. Mais, et ce n'est guère surprenant venant de Fuentes (qui est dans mon imaginaire un séducteur), se sont les portraits de femmes qui m'ont le plus intéressés et en particulier dans leur rapport au temps :

A propos de Norma :
Maintenant elle éprouvait, plus que de la terreur, un léger sentiment d'outrage, de mépris, à la pensée qu'il lui faudrait commencer à se souvenir alors que les autres l'oubliaient.

A propos de Dona Lorenza :
La maison de la rue de Hambourg ! Le soir où elle y pénétra à nouveau, dona Lorenza s'assit sur l'escalier et pleura. Elle fut saluée par le même miroir, à cadre doré, devant lequel, il y a si longtemps !, elle avait raccompagné ses invités, arrangé sa toilette, esquissé un sourire de douce résignation : maintenant, quelque chose d'irréel brillait dans la glace, ou dans sa bouche, quelque chose à quoi dona Lorenza ne voulait pas penser, qui s'était imprimé sur toute sa personne : une certitude de soulagement définitif, de soulagement sans ouverture sur la vie, définitif comme un souvenir retrouvé qui ne permet plus qu'on tente de le rechercher, et, dans la recherche, de croire qu'il existe toujours. Les yeux fixés sur ses mains dona Lorenza décida d'oublier. D'oublier qu'elle s'était souvenue. De continuer à être une grande dame.

Parcourant à hue et à dia l'histoire du Mexique de 1900 à 1950, Fuentes passe en revue le peuple et ses chauffeurs de taxi, les putes, les actrices, les femmes de bonne famille, les dames patronnesses, les politiciens et les politicards, les intellectuels désabusés, les poètes versant dans le marxisme, les révolutionnaires qui, pour survivre, ont bien dû s'enrichir ou déchoir et le spectre vulgaire du sale ricain de pacotille. On croise toute une faune désœuvrée et d'un esprit mondain, composée d'anciens nobles et de nouveaux riches, de joueurs invétérés et de femmes fatales. On frôle la misère édenté des enfants dormants dans la rue et des femmes vendant leurs corps pour quelques verres. On fixera l'œil aux aguets les tours et les détours des hommes pour se faire aimer et les déliquescences mystérieuses des femmes qui furent aimées.

Il y avaient celles qui se promenaient en ondulant de la croupe, et celles qui se contentaient de montrer, enveloppées dans des robes de chambre en coton, leur visage aux fenêtres ; celles qui attendaient, l'air renfrogné, le long des murs, et celles qui raccrochaient, griffant la manche des hommes, expliquant qu'un peso de plus leur suffirait à payer les haricots ou l' autobus. L'emphase dans les fesses et le buste ; le ventre aussi bien exposé, et les genoux recouverts de sparadrap. Les yeux comme des panaches, mobiles et dansants, ou comme des pierres, durs et las. Bouches serrées, dessinées en forme d'arcs et de pétales, et bouches épanouies, aux gencives rouges et dents de souris. Et en toutes, brillant, comme une blessure couverte de bijoux, le sexe occulte et mou, fugitivement accueillant, cauteleux et hâtif, brève souricière, lâche ou resserré, aimable et de longue compagnie, ou impatient de solitudes. Les uns pareils à des cataractes et les autres au compte-gouttes, les uns encore neuf et les autres vétustes, les uns patinés, croulants et experts, les autres étrennés au hasard, larmoyants et sans harmonie, les uns sans honte, et les autres tout honteux, les uns portés à rire et à folâtrer, les autres sombres et cérémonieux.
(…)

Le roman, inclassable, ne permet pas le résumé mais la rêverie, n'offre aucune prise à la synthèse mais se déploie en une vaste fresque (et nous savons combien la fresque est mexicaine depuis Rivera et Orozco) insaisissable et saisissante, évoquant tour à tour l'attrait d'une Europe d'artistes fantasmée et la peur (sinon l'horreur) du Mexicain face à l'outrecuidance américaine. Tout cela est délicieusement raconté, par un maître de la digression, de l'éclatement narratif, du fouillis faramineux, dans une langue éblouissante, drôle, pleine de sarcasmes légers, de tendres révélations, de regard doux et chagriné pour un pays aimé mais dont on espère toujours mieux.

Ce n'est pas le meilleur roman de Fuentes car il lui manque une véritable ossature, cette 'lisibilité' qui fait le charme de Terra Nostra ou La tête de l'Hydre malgré leur propre impétuosité ou leur part de complication. La plus limpide région ressemble à un galop d'essai, pour lequel  le cheval choisit serait terriblement retors, rebelle et folâtre. Un roman cabré, enivrant comme un daïquiri, passant d'un monde à un autre avec la souplesse digitale des joueurs de mariachis et tendant vers ces complaintes que les musiciens chantent à pas d'heure, au moment où plus personne ne semble les écouter…


Un roman de sombres héros qui donne une image à la fois vorace et trouble du Mexique. Mais que c'était long...
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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 21:28

merci Shanidar je garde dans un coin !


historique - Carlos Fuentes Captur46


Christophe et son Œuf

Première lecture de cet auteur !

La note de la traductrice est très utile pour qui rencontre l’auteur pour la première fois.

Notamment : « Le lecteur verra du reste qu’il est constamment fait appel à lui (en hommage à un autre illustre précédent), lecteur plus que lecteur, sujet décidant, «choisissant sa lecture : Electeur. »

L’écriture, très riche dans les mots, dans les nombreuses références : littérature, peinture, Hommes politiques Mexicains évidemment mais aussi étrangers.

L’auteur fait confiance à son lecteur pour la compréhension des diverses allusions, jeux de mots, transformations …. ; l’Electeur doit participer.

Touenties, vol street, clinup, teikover, ticheurtes
Le Mall Effik, le Mall O’net, le Mall Autru, le Mall Fra

Originalité que de laisser un fœtus raconter la rencontre de ses parents, leur histoire et à travers eux le Mexique, sur sa période de gestation en l’an 1992.

L'auteur évoque dans ce récit plusieurs mythes, celui de la Tour de Babel : deux peuples d'indiens vivant de chaque côté d'un grand ravin, ne pratiquant pas la même langue ne se comprennent pas et pour l'un ne voit pas l'autre car la tribu entière est aveugle. Cependant l'espoir est introduit quand des deux côtés du ravin s'élèvent des "pétards, des fusées" et de l'autre en réponse des objets rudimentaires "récoltes, tissages, masques, poteries.."

Le mythe de Babylone aussi, quand le gouvernement participe à la destruction de "Acapulco" l'orgueilleuse, la riche.

Le mythe du vagin denté : un document ancien est recherché par un Professeur de Darmouth College.

La Nef de Chine emporte certains personnages vers une ville utopique "Pacifica", doit-on comprendre que l'uotpie est le Communisme ?

Dieu non plus n'est pas épargné dans ce récit, parfois avec humour :

historique - Carlos Fuentes Oeuf_110
historique - Carlos Fuentes Oeuf_210

la corruption : discours d'Ulyse Lopez (portefeuille du Sepadu)
historique - Carlos Fuentes Oeuf_310

Le géniteur du foetus prénommé "Christophe", se définit comme un conservateur révolutionnaire. Il est instruit, ascendance aristocratique et passionné pour ces 9 mois par le sexe.

Et combien d'émotions pour Christophe, lui qui voit, entend, devine, apprend sa génèalogie, mais qui sait qu'en venant au monde, il va tout oublier de son passé récent


Une très bonne et longue lecture, j'ai eu un peu de mal au début à m'habituer aux diverses langues, à cette grande richesse.
Encore une image qui vient de cette lecture, un tableau de Soutine (nommé par l'un des personnages), le boeuf écorché, comme peut l'être le Mexique dans cette histoire, en 1992, après des années de violence. Un espoir s'annonce avec la naissance de l'enfant.


historique - Carlos Fuentes Boeuf10

(message rapatrié)
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Dernière édition par Bédoulène le Sam 30 Déc - 18:57, édité 1 fois

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Message par shanidar Mer 4 Jan - 10:59

Je n'arrive pas à le trouver en bouquinerie celui-ci, mais j'en ai encore quelques uns en réserve !!
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Message par Tristram Dim 25 Juin - 8:26

Le Bonheur des familles (au second degré) sur Universalis

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Message par Hanta Dim 16 Juil - 20:13

Apollon et les putains

historique - Carlos Fuentes 41layf10

Nouvelle d'une centaine de pages retraçant le tourisme d'un acteur de série B hanté par le seul film valable qu'il ait fait et par l'ennuie existentiel de sa vie. Pour rompre cette déprime il décide lors de vacances à Acapulco de louer un bateau et des prostituées.

Histoire qui est l'objet d'un twist à la moitié du récit, twist qu'on ne peut vraiment deviner et qui laisse place à tout l'intérêt de l'ouvrage. La nouvelle situation permettant un vrai questionnement existentiel et philosophique sur l'utilité de tout ce qu'on vit et sur le sens qu'on peut y attribuer.

Le style est fluide, bien que je pense que la traduction n'est pas mirobolante. Vocabulaire courant voire familier voire pornographique sur certaines phrases, Fuentes semble vouloir traiter de l'obscénité sous toutes ses formes même l'obscénité induite, insidieuse tellement nous y sommes habitués.

Un récit intéressant qui pêche par une certaine mollesse.


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Message par Tristram Sam 30 Déc - 13:13

Diane ou La chasseresse solitaire

historique - Carlos Fuentes Diane_10

Cette « chronique autobiographique » commence (et se poursuit) par d’intéressantes considérations sur Dieu (pouvons-nous être heureux dans la vie, et aussi dans un éventuel ciel ?), la littérature et le cinéma (mais aussi les autres arts), Don Juan (métamorphose et mouvement), auquel s’apparente l’auteur. Il s’agit essentiellement de narrer les (presque) deux mois de sa liaison avec Jean Seberg (Diane Soren dans le livre) ; elle a la trentaine en 1970, lui quarante ans ; les deux sont mariés, elle à un autre écrivain, Romain Gary (Ivan Gravet), lui à une autre actrice, Rita Macedo (Luisa Guzmán). C’est érotique, et assez impudique ; avec des regards (de gauche) sur les sociétés sud-américaine (les faits se passent au Mexique) et américaine (hollywoodienne notamment, mais pas que : influence puritaine, arrogance, etc.) ; sur les mythologies (dont Jeanne d’Arc) ; et bien sûr c’est une histoire d’amour mouvementée jusqu’à la rupture, sur fond de Black Panthers et FBI.
Intéressant pour qui s’intéresse à la biographie de Jean Seberg, « l’accoucheuse de révolution », persécutée, angoissée. Pour qui s’intéresse à Carlos Fuentes, l’écrivain qui se confie exceptionnellement ici, et pas sous un jour toujours brillant. Enfin l’occasion de rencontrer, par exemple, Buñuel (le désir et le rêve doivent en rester à ce stade), ou encore Clint Eastwood (en photo au chevet du lit).

historique - Carlos Fuentes Jean_s10

« Combien de fois ne me suis-je pas dit : Je serai toujours ce que je suis en ce moment ! Je me remémore et j’écris pour retrouver le moment où elle serait à jamais comme elle était, tel soir, avec moi. Mais toute singularité, amoureuse ou littéraire ‒ souvenir ou désir ‒, est vite engloutie par la grande marée qui sans cesse nous encercle comme un incendie sec, comme un déluge ardent. Il nous suffit de sortir un instant de notre peau pour savoir que nous sommes cernés par une houle toute-puissante qui nous précède et nous survit, indifférente à notre existence particulière.
J’aime et j’écris afin d’emporter une victoire passagère sur l’immense et omnipotente réserve qui est là, mais ne se manifeste pas… Je sais que la victoire est éphémère. Mais elle me permet de garder mes propres réserves, grâce auxquelles je peux faire quelque chose ‒ en cet instant ‒ qui ne ressemble pas au reste de ma vie. L’imagination et la parole me disent que, pour que l’imagination parle et la parole imagine, le roman ne doit pas être lu comme il a été écrit. Cette condition devient extrêmement hasardeuse quand il s’agit d’une chronique autobiographique. L’écrivain doit fournir les variations sur le thème choisi, multiplier les options du lecteur et tromper le style par le style même, au moyen de constantes modifications de genre et de distance. »
« Diane, la chasseresse solitaire. Ce récit, lesté des passions du temps, se met lui-même en échec parce qu’il n’atteint jamais à la perfection, à l’idéal de ce qui a pu être imaginé. Il ne le désire même pas, du reste, car si la parole et la réalité coïncidaient parfaitement, le monde s’achèverait, l’univers ne serait plus perfectible puisqu’il serait parfait. La littérature est une blessure par où jaillit l’indispensable divorce entre les mots et les choses. Par cette plaie, nous pouvons perdre tout notre sang.
Seuls à la fin, comme seuls au commencement, nous nous remémorons les instants de bonheur que nous avons sauvés de la mystérieuse latence du monde, nous revendiquons l’esclavage du bonheur et nous n’écoutons que la voix de la réserve masquée, le pouls invisible qui au bout du compte se manifeste pour affirmer la vérité la plus terrible qui soit, la condamnation irrévocable du temps qui nous est imparti sur terre :
Tu n’as pas su aimer. Tu as été incapable d’aimer. »

« ‒ Les couples qui auraient pu être mais qui ne se sont pas formés, les couples qui se ratent, ajouta-t-elle en français, tu comprends ? les gens qui se croisent comme des bateaux dans la nuit. Cette idée m’angoisse beaucoup. »

« À tort ou à raison, je n’ai vécu que pour écrire. »

« Le mensonge est le revers du progrès. Plus nous avançons dans le progrès technologique, plus nous compensons notre retard moral ou imaginatif en utilisant l’arme dont nous disposons : le mensonge. »

« Le lecteur doit être inventé par l’auteur, imaginé dans le but de lui faire lire ce que l’auteur a besoin d’écrire, non ce qu’on attend de lui. »
historique - Carlos Fuentes Jean_s11
Diane/ Jean y Carlos

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