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Jacques Audiberti

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vieillesse - Jacques Audiberti  Empty Jacques Audiberti

Message par Tristram Mar 26 Mar - 19:24

Jacques Audiberti
1899-1965


vieillesse - Jacques Audiberti  Audibe10

Jacques Audiberti est né le 25 mars 1899, fils unique de Louis Audiberti maître-maçon à Antibes et de sa femme, Victorine, de 1905 à 1914 il fait ses études primaires, puis secondaires, qu’il est obligé d’interrompre pour raison de santé. Il commence à faire paraître poèmes et chroniques au Réveil d’Antibes. Edmond Rostand, à qui il a envoyé des poèmes, lui adresse ses encouragements ainsi qu’une photo dédicacée qu’Audiberti conservera longtemps. Il découvre avec émerveillement le cinéma. De 1918 à 1924, il est commis-greffier au tribunal de Commerce où son père a été nommé juge. Audiberti monte à Paris. Recommandé par un condisciple, Émile Condroyer, il entre au Journal qu’il quittera l’année suivante pour Le Petit Parisien où il couvre les faits divers en banlieue parisienne. Par Benjamin Péret, également journaliste au Petit Parisien, il approche le mouvement surréaliste sans jamais lui appartenir. Il fréquente beaucoup la Bibliothèque nationale. Deux ans plus tard, il se marie avec une jeune institutrice antillaise, Élisabeth Cécile Amélie Savane (1899-1988), dont les prénoms composeront le titre d’un poème paru en 1936 et qui sera connue comme traductrice de l'anglais sous le nom d'Amélie Audiberti. Elle sera notamment la première traductrice du roman 1984 de George Orwell en 1950. Deux filles naîtront de cette union : Jacqueline et Marie-Louise.

En 1930 paraît à compte d’auteur, grâce à l’aide financière de son père, un premier recueil de poèmes, L’Empire et la Trappe. Soutenu par Jean Paulhan, Audiberti collabore à diverses revues et est nommé, en 1935, reporter au Petit Parisien. Parmi ses connaissances et amis, figurent Jean Cassou, Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue. Début en 1933 de la correspondance avec Jean Paulhan qui ne s'achèvera qu'en 1965, quelques semaines avant sa mort. Race des hommes, recueil de poésie publié à la NRF en 1937, reçoit le Prix de poésie de l’Académie Mallarmé en 1938. Audiberti rencontre, à cette occasion Paul Valéry et Jean Cocteau. Le Petit Parisien l’envoie en 1939 à la frontière espagnole lors de la déroute de l’armée républicaine : « Je vis la guerre d’Espagne. Je vomis. » Audiberti suit l’exode pour le journal, puis interrompt sa collaboration quand le journal passe sous contrôle allemand. Audiberti donne des critiques cinématographiques. Il poursuit son œuvre poétique et romanesque tout en voyageant à travers la France (Aurillac, Toulouse, Val-d'Isère). De 1941 à 1943 il collabore au journal Comœdia pour lequel il rédige de nombreuses critiques cinématographiques qui donnent une vision intéressante du cinéma sous l'occupation. Il se lie d’amitié avec le futur cinéaste Jacques Baratier. Il passe la fin de la guerre à Antibes, où il traduit les épisodes amoureux de la Jérusalem Délivrée sous le titre Les flèches d'Armide.

Les années 1946 à 1952 sont fécondes de production : expositions de gouaches ; création de ses pièces de théâtre ; publications de romans ; participation aux côtés, entre autres, de Marcelle Auclair, Hervé Bazin, Émile Danoën et Roger Vailland, au fascicule de La Nef de Lucie Faure, intitulé « L’Amour est à réinventer », etc. Rencontres fécondes : Georges Vitaly, Suzanne Flon, Michel Piccoli, André Barsacq, etc. Avec l’écrivain italien Beniamino Joppolo et le peintre Camille Bryen, Audiberti élabore « l’abhumanisme » en 1952. L'année suivante François Truffaut convainc Audiberti d’écrire des « billets » pour les Cahiers du cinéma.
De 1954 à 1964 il publie des romans et connaît le succès au théâtre. En 1962, la création à la Comédie-Française de La Fourmi dans le corps provoque une bataille mémorable entre des abonnés choqués et un public plus « averti » ne cachant pas son adhésion enthousiaste, tandis que son ami Jacques Baratier adapte au cinéma son roman La Poupée. Audiberti contribue à cette réalisation et en fait le récit dans un article paru dans Le Nouveau Candide, no 78, en octobre.

Audiberti reçoit en 1964 le grand prix national des Lettres pour l’ensemble de son œuvre ainsi que le prix des Critiques. Dès 1960, Marcel Maréchal met en scène avec son accord et son soutien nombre de ses pièces, L'Opéra du monde, Cavalier seul, La Poupée... Souffrant d’un cancer, il subit une première opération. Il correspond avec François Mauriac.
Jacques Audiberti meurt le 10 juillet 1965, quelques semaines avant la publication de son roman-journal Dimanche m’attend. Son ami Claude Nougaro lui rend hommage cette même année avec sa Chanson pour le maçon (le père d'Audiberti).
Œuvres

Romans :
- Abraxas, Gallimard, 1938
- Septième, Gallimard, 1939
- Urujac, Gallimard, 1941
- Carnage, Gallimard, 1942
- La fin du monde, Société parisienne de librairie et d'édition,1943
- Le retour du divin, Gallimard, 1943
- La Nâ,  Gallimard, 1944
- Monorail, Egloff, 1947
- TALENT, Egloff, 1947
- L'opéra du monde, Fasquelle, 1947
- Le victorieux, Gallimard, 1947
- Le maître de Milan, Gallimard, 1950
- Cent jours, Gallimard, 1950
- Marie Dubois, Gallimard, 1952
- Les jardins et les fleuves, Gallimard 1954
- La beauté de l'amour, Gallimard, 1955
- Les enfants naturels, Grasset, 1956
- La poupée, Gallimard, 1956
- Infanticide préconisé, Gallimard, 1958
- Les tombeaux ferment mal, Gallimard, 1963
- Dimanche m'attend, Gallimard, 1965
- Chiens écrasés, Fata Morgana, 2000

Poésie :
- L'Empire et la trappe, Librairie du Carrefour, 1930
- Elisabeth-Cécile-Amélie, G.L.M., 1936
- Race des hommes, Gallimard, 1937
- Paroles d'éclaircissement, 1940
- Des tonnes de semences, Gallimard, 1941
- Toujours, Gallimard, 1943
- Vive guitare, Robert Laffont, 1946
- La pluie sur les boulevards, Au Masque d'or, 1950
- Rempart, un poème, Gallimard, 1953
- Le sabbat ressuscité par Léonor Fini, Société des Amis des Livres, 1957
- Lagune hérissée,  Société des Cent-Une, 1958
- Ange aux entrailles, 43 poèmes, Gallimard, 1964
- Poésies 1934-1943 : La pluie sur les boulevards, Des tonnes de semences, Toujours, Gallimard, 1976
- Des tonnes de semences, Toujours, la nouvelle origine, Gallimard, 1981
- Le Poète,  Fata Morgana, 2001

Théâtre :
- La bête noire, pièce en trois actes. Les Quatre Vents, 1945,
- Théâtre I : Quoat-Quoat, L'Ampélour, Les femmes du boeuf, Le Mal court, Gallimard, 1948
- Théâtre II : La fête noire, Pucelle, Les naturels du bordelais, Gallimard, 1952
- Le cavalier seul, pièce en trois actes, Gallimard, 1955
- Théâtre III. La Logeuse, Opéra parlé, Le Ouallou, Altanima, Gallimard,1956
- La mégère apprivoisée, comédie en trois actes, Gallimard, 1957
- L'effet Glapion, parapsychocomédie, Gallimard, 1959
- Théâtre IV : Cœur à cuire, Le soldat Dioclès, La fourmi dans le corps, Les patients, L'armoire, Gallimard, 1961.
- Théâtre V : Pomme pomme pomme, Bâton et ruban, Boutique fermée, La Brigitta, Gallimard, 1962

Essais :
- La nouvelle origine, Gallimard, 1942
- L'Amour, Foret, 1950
- Le globe dans la main II, La médecine, Foret, 1951
- L'ouvre-boîte, colloque abhumaniste, Gallimard, 1952 (en collab. avec Camille Bryen)
- L'Abhumaniste, Gallimard, 1955
- Les enfants naturels, Fasquelle, 1956.
- Molière, L'Arche, 1954
- Les médecins ne sont pas des plombiers, actualité, Gallimard, 1948
- Entretiens avec George Charbonnier, Gallimard, 1965
- Audiberti/Paulhan, lettres 1933-1965, Gallimard, 1993
- La Forteresse et la Marmaille, Ecrits sur la littérature et les écrivains 1938-1964. L'Ecole des Lettres / Le Seuil, 1996
- Le mur du fond, Ecrits sur le cinéma  Cahiers du cinéma, 1996
- Paris fut, Ecrits sur Paris 1937-1953, Ed. Claire Paulhan, 1999

http://www.audiberti.com/accueil.shtml (un peu arrangé)


Dernière édition par Tristram le Mar 21 Sep - 15:39, édité 2 fois

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Mar 26 Mar - 19:32

Abraxas

vieillesse - Jacques Audiberti  Abraxa10


Voyage épique et même picaresque, entre Ravenne et péninsule ibérique, entre Moyen Âge et Renaissance, entre gitans, juifs, chrétiens et sarrasins, puis sur « la chère, la belle », la féminine caravelle à la recherche des îles.
Fable un peu fantastique, poétique, sensuelle, d’une baroque inventivité verbale, c’est, pour un premier roman, un texte dense, une œuvre exigeante du lecteur, 300 pages difficiles aussi à lire à cause de la taille minime des caractères et de la piètre impression photomécanique Gallimard. Ledit lecteur suit sans grand effort l’histoire, et pourtant la plupart des syntagmes l’interroge.
C’est une histoire de peintre(s) : descriptions, observations, métaphores, lexique d’une fabuleuse richesse, notamment vocabulaire de la marine, mais aussi néologismes et archaïsmes, à démêler des "provencialismes", italianismes et hispanismes ; ça tient du surréalisme en plus merveilleux, de Boris Vian en moins systématique ; à propos, ça se rapproche de Salammbô, Huysmans, Gadda, Michaux, Asturias, la constellation des écrivains créateurs, des auteurs de l’excès et du débordement, avec comme étoiles majeures Homère, Rabelais, Cervantès, Joyce… bref, Jacques Audiberti se révèle un « écripvain » fou de mots !
L’abraxas est une amulette, un talisman, un truc ésotérique, qui aurait même donné abracadabrantesque ; selon Thomas More, l’île d’Utopia s’appelait Abraxa lorsqu’elle était encore une presqu’île raccordée par un isthme au continent américain…
Peu de commentaires sur cette œuvre ; en voici cependant un, assez pertinent : https://brumes.wordpress.com/2014/02/13/voyage-au-bout-du-jour-abraxas-de-jacques-audiberti/
« Peindre… Tirer le néant du néant, si ce monde est le néant. » I, IV

« Tous les hommes sont promis à devenir, tôt ou tard, des hommes. Mais en eux la bête s’attarde… Elle s’attarde. » I, VI

« Avec une prestesse toute escoubellesque, Villalogar se munit d’un pinceau, l’humecta d’une gélatine salivaire, brouilla la partie supérieure du trait vert qu’il dilata, vers le haut, d’une patouille grise et fondue, barré, enfin, d’un liséré mince et bleuâtre. Il en résultait une diffusion organisée et fuyante de présence et de distance océanique. Si on la regardait en faisant la maison du loup, c'est-à-dire les yeux encadrés par les paumes, on était, bon jeu beau fou, devant la mer. […]
J’ai frappé la roche avec un pinceau, et la roche a coulé, comme une source fraîche sur le sable de ma toile, où roche elle est revenue. J’ai frappé la mer avec mon pinceau et la mer s’est durcie sur ma toile. Elle y demeure dans sa dureté humide. J’ai pris le gros rat du monde dans le trou de ma palette. » I, X
(L’escoube, ou escouve, est un balai en vieux français ; ce mot nous a donné l’écouvillon !)
« Se battre, même pour une cause juste, équivaut à jeter un peu de bois au brasier de la violence et de la souffrance. » I, XII

« La tempête s'emballait. Vainement elle cherchait, de ce qui l'exaspère, le difficile secret dans les mollesses qu'elle chavire. La caravelle, de toutes ses forces, se contractait. Elle se bouchait les oreilles au bruit de ses mâchoires dont éclate l'os délicat. Cernée par les vagues ameutées, elle leur demandait, pourtant, de la porter, de la masquer. Perdue dans une bave massive, elle frissonnait aux jambes chaque fois qu'une gifle liquide l'écrasait dans l'élasticité diluvienne, laquelle prenait sa part de la bourrade allongée et, de plus belle, s'ébouriffait. » II, XVIII

« Son jupon mouvementé noyait, accompagnait d’escalades et de dégringolades, à grand renfort de tambourins silencieux, le rythme de ses jambes non pas même devinées sous l’étoffe, mais éparses et multipliées à ce train négligent et dominateur d’ailes et de gouffres autour d’elles. »


Mots-clés : #aventure #fantastique #voyage

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Message par Invité Mar 26 Mar - 19:41

oeuvre exigeante alors ? (je vais jeter un oeil au commentaire que tu mentionnes).
j'avais noté cet Abraxas, d'Audiberti.
Thomas More, oui, Abraxas revient aussi dans le Demian, de Hesse. Et c'est le Dieu, chez les Gnostiques et les Perses. Et chez d'autres partisans de l'ésotérisme, Daumal et consorts.

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Message par Tristram Mar 26 Mar - 19:49

En fait, je ne suis pas certain que le(s) sens du mot abraxas ait un intérêt pour la lecture du livre...
Dis-nous si tu en trouves un !

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Message par bix_229 Mar 26 Mar - 19:50

Bonne idée de relancer Audiberti, qui a eu beaucoup de succès en son
temps, surtout au théatre.
Mais semble oublié à présent.
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Message par Tristram Mar 26 Mar - 19:52

C'est effectivement une oeuvre devenue confidentielle (et difficile à trouver).

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Message par bix_229 Mar 26 Mar - 19:54

Marie Dubois

vieillesse - Jacques Audiberti  Audibe10

Loup-Clair l' anti héros de ce roman est un drole de type...
Mou, gros et plutot sale, telle est son apparence. A l' intérieur, c' est pire.
Sans amitié ni amour, sans la moindre confiance en lui, Loup-Clair a peur de tout tout le temps.
De la betise, de la violence. Et de lui-meme.
Il a peur de la police bien entendu et pour se protéger, croit-il, il devient policier...

Les femmes sont sa seule passion et sa tragédie en meme temps. Il les dévore du regard, mais il se trouve vraiment trop moche pour leur adresses la parole.
Alors, il les imagine de façon obsessionnelle, belles, pures et ... inaccessibles.

Un jour pourtant, en tant que policier, il voit une morte, Marie Dubois, une jeune femme dont il tombe immédiatement amoureux.
Si les vivantes lui échappent, celle-là est morte et elle lui appartient. Il pense sans cesse à elle, lui invente un passé, une histoire.
Une histoire qu' il tisse au cours de ses nuits et qui lui permet de penser que cette femme le rejoindra un jour.
Plus tard, il se décide à lire le journal de la femme qu' il a pris pour l' enquête, il y découvre une femme très différente de celle qu' il imaginait.
Et enfin, il rencontre l' homme qui a vécu avec elle et qui l' aimait.
Au fil des révélations, il découvre que Marie Dubois était une ouvrière, une intellectuelle, une prostituée...
La raison l' abandonne désormais et il sombre dans un délire onirique et appaisé où enfin, il vit avec son aimée, Marie Dubois.
Dostoievski écrit quelque part qu' un homme qui a perdu tout espoir devient un monstre.
La folie sauve Loup-Claire du désespoir.

Voilà un livre dérangeant au possible, d' autant qu' Audiberti mélange les tons et les styles.
Et que parfois trop, c' est trop.

Récup.
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Message par bix_229 Mar 26 Mar - 20:00

Dans mon souvenir, Monorail et surtout Dimanche m'attend me laissent un
meilleur souvenir.
Ce dernier livre est autobiographique et c'est une sorte de testament peu
avant la mort d'Audiberti.
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Message par Tristram Mar 26 Mar - 20:09

Ces livres sont dans ma LAL...

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Message par Tristram Mar 18 Fév - 21:51

Dimanche m’attend

vieillesse - Jacques Audiberti  Dimanc10


« Qu’est-ce qu'un "journal" ?
Un roman.
Un roman ouvert débouchant sur le mystérieux espace qui s'étend après la série éphémère des anecdotes datées. Goncourt note les bons mots des anges. Léautaud décrit les spectres qui l'entourent.
Mais demeurons dans la vie. Restons en vie si nous pouvons. Le "journal", roman annelé, s'allonge petit à petit, engouffrant les sentiments que le héros, c'est-à-dire l'auteur, reçoit de ses rencontres et de ses expériences. Vous ne saurez jamais au juste, vous, sujet de votre propre bouquin, de quel morceau de votre personne le chapitre qui vient fera ses choux gras.
Le "journal" traîne l'adjectif "intime". Mais il ne se borne pas à recenser à la file les avis du percepteur, les ressemelages et les chocs émotifs. L'extérieur pénètre le privé. Le journaliste intime n'a pas besoin de coiffer lui-même la triple couronne de la tiare pour qu'un voyage pontifical, lui donnant à penser, figure dans son histoire. Si l'on me demande : "Mais que vous est-il arrivé ?" je peux montrer tous ces quotidiens, tous ces hebdomadaires qui ne cessent en effet d'arriver jusqu'à moi. Mon récit colle à la durée commune et linéaire où le premier crocus répond à l'ultime violette, cependant que se succèdent bombardements et tours de force. Mais il dépend avant tout de moi, cerveau, boyaux.
Je tiens mon journal. Il me tient. »
Dernier livre d’Audiberti, sorte de roman-journal tenu un an alors que, malade, il se sait condamné au dimanche de la mort chrétienne.
Il note avec verve (« l’inquiétante facilité d’une prose lyrique ») ses promenades dans Paris (en cours de transformation en ces années soixante) et ses environs, ses souvenirs (d’écrivain et journaliste notamment, sous la houlette de Paulhan, mais aussi de son enfance antiboise, en passant par ses amis), ses réflexions sur les sujets les plus divers, mais surtout l’Église avec la figure majeure de La Lutte de Jacob avec l'Ange (peinture murale de Delacroix, dans l’église Saint-Sulpice), combat de l’homme révolté contre Dieu (voir Associations d'images et de livres). Il suit les sermons dominicaux :
« Unique originalité, ce messie s’affirme le Messie. À partir de là se développe, énorme bastide de volumes et de paroles, la Babel gothique et romane, antisémite de nature, qui décalqua le démon sur un certain prototype busqué qui conjuguerait bouc et dibbouk. »
(Le dibbouk est un esprit malin ou démon juif qui s’attache à quelqu’un.)
Audiberti retrouve sa maison, longtemps inhabitée, de « Coresse-en-Hurepoix. Une gare au commencement de la vallée de Chevreuse, entre deux lèvres boisées », sous les « bombes de bruit » des « bouings d’Orly ». Il explore ses archives, évoque « l’écrivanité » :
« Telles liasses dactylographiées me donnent, un instant, l’espoir de se rapporter à quelque mienne œuvre d’autrefois, inédite, germée d’elle-même dans ce rustique local. »

« Désormais je ne saurais écrire que ce que j’écrivis. Alors, à quoi bon écrire ? L’unique envisageable progrès ne réside point tant dans de nouveaux acquêts que dans l’abandon de certains thèmes, par exemple, le sexe. Quant à mes autres dadas majeurs, le passé, pseudonyme et substitut de l’inviolable avenir, le scandale de la souffrance, l’énigmatique destin juif, ils ne me fournirent jamais que des prétextes à guirlandes d’ébahissements consternés. »

« Le mot, toujours le mot et non pas seulement l’assonance. J’aime faire vivre les mots, même en dehors du sens qu’on leur accorde. J’aime les faire vivre comme des êtres, des entités vivantes.
Le chant poétique ‒ je proposerais volontiers ce raccourci ‒ n’est d’abord au fond du poète qu’un chant sans paroles comme l'arabesque d'un mouvement d'éloquence. Il passe comme un aimant parmi les stocks des mots, il passe et repasse jusqu’à l'accident d’une mystérieuse perfection, celui où le mot valable est retenu...
Ma mission ? Rafraîchir, par l’expression poétique, le monde créé, le replonger dans son principe. Il retourne à son origine. Il repasse dans le bain initial. Poète, je crée, je renomme, pour une durée indéterminée. Je puis donc croire à mon efficacité, non didactique, mais utile, urgente. Pour que les oiseaux chantent, que le vent passe sur les champs, que les vagues soulèvent la mer, il faut le vers réussi, digne du poète, cet avocat du Créateur.
Les poètes se partagent la besogne, selon la nation, le langage, le siècle. Chaque poète est un fragment du roc brisé qu’est le Créateur. Tous rassemblés, ils n’en donnent, je veux bien, qu’une image balbutiante. Ils demeurent cependant les héritiers de la puissance suprême : la parole ! »
Aux Deux magots :
« À la table à côté Simone de Beauvoir accumulait au stylographe des ligne parallèles légèrement montantes, sans ratures, sans fioritures. Elle s’arrêtait pour consulter l’espace un tout petit peu plus haut que sa tête. Vu nos tables juxtaposées, il advenait qu’un de ses feuillets touchât, de l’angle, l’un des miens où se démenait un bal flamboyant de monstres et de mots tirés de l’encrier que je transportais dans un sac de toile marron avec mes manuscrits. Du contact du Deuxième Sexe et de mes graffouillages, ne sortit, j’espère, rien de fâcheux pour la haute lucidité méthodique et entraînante de l’œuvre de ma voisine. »
Esprit audibertien :
« L’histoire, sciemment ou non, ne cesse ainsi, tout comme la zoologie, de se livrer à des essais. La tête de cheval s’esquisse dans l’hippocampe et le haricot vert préfigure Claudia Cardinale. »

Mots-clés : #journal #nostalgie #religion #vieillesse #xxesiecle

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Message par bix_229 Mer 19 Fév - 16:01


Comment un auteur aussi reconnu que lui en son temps peut il connaitre l' oubli ?

Il a écrit des poèmes, des romans, mais c' est surtout son théatre qui l' a fait connaitre.
Des pièces comme Le mal court, La Fete noire, L' Effet Glapion étaient jouées partout....
Il faut reconnaitre que c' est un auteur qui a touché tous les genres en essayant de les
dépasser.
Personnellment je l' ai connu par ses romans : Monorail, Le maitre de MIlan
et surtout Dimanche m' attend, un livre autobiographie peu avant sa mort.
Dimanche l' attendait et il l' a suivie...

Quelques citations :

- Il faut que le monde soit clair. Si les coeurs étaient clairs, le monde serait clair.

- La vie est pleine d' illusions. Parmi ces illusions, certaines réussissent, ce sont elles qui constituent la réalité.

- Un con qui marche vaut mieux que dix intellos assis.
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Message par Tristram Mar 28 Sep - 20:13

Les Enfants naturels

vieillesse - Jacques Audiberti  Les_en12

« Je m'en tiendrai, comme pour l'ensemble du présent travail, au fil conducteur biblique et catholique. »
Dans cette genèse de l’humanité vue au fil de l’illégitimité, le Christ est bien sûr un enfant naturel.
« Dieu, comme fils, nous visita dans la personne de Jésus. Comme père, au domaine français, dans celle de Victor Hugo. »
Le livre contient une galerie d’auteurs portraiturés avec maestria, et aussi d’hommes politiques :
« L'avouerai-je ? Mon cœur n'a jamais battu pour les orbites en visière et le menton rétractable de l'homme de Néanderthal, Adam plausible selon l'anatomie, dont on trouva un spécimen, connu sous le nom de primate des Gaules, jusque dans la Haute-Marne, à Colombey. »
Essai plein de verve et d’humour, foutraque jeu avec les mots, érudits, réinventés ou nouveaux.
« J'aime mieux tout coller ensemble, pincemaille, ou, carrément, séparer, brûle parfum.
Il est un moyen antifatalitaire de rompre la ligne paternelle en se branchant direct sur l'infini créateur à travers une inspiration verbale qu'on sollicite et qu'on articule en pleine ivresse de nouvelle origine. »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

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