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Georges Rodenbach

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Message par Invité Lun 17 Juin - 21:08

Georges Rodenbach

(1855 - 1898)


lieu - Georges Rodenbach 220px-11

Belge, Georges Rodenbach est l'un des membres les plus originaux d'un mouvement symboliste qui a su garder son autonomie par rapport à l'école française. Venu à Paris en 1876, il reste cependant le poète de Bruges où il est né. Dans les recueils de vers Jeunesse blanche (1886), Le Règne du silence (1891), Les Voies encloses (1896) apparaît la nostalgie de sa province. Absente, elle devient le reflet du monde : les béguinages et les canaux de la Venise du Nord vont servir de relais entre un symbolisme étayé sur des sensations visuelles et une rêverie qui reste au contact de la réalité. On découvre là le secret d'une poétique des correspondances que Rodenbach a poussée plus loin que la plupart des symbolistes : à partir d'un objet, d'un paysage (ici Bruges), le poète peut évoquer ses impressions sensibles, en général impressions visuelles et auditives mêlées, et ainsi se pose l'existence d'un sujet, le je du poète.

Dans ce système d'oscillations, dans ce jeu des correspondances, le monde intérieur et la réalité vont se fondre en une sorte de rêverie mystique où l'on ne saura plus distinguer l'émoi du poète et celui de l'objet. Alors qu'en général ce procédé restait discret, sa mise en évidence et son exploitation systématique, ainsi que la rigueur de la prosodie de Rodenbach, contribuent parfois à rendre ses vers un peu affectés. Cependant, l'évocation de la Flandre mystérieuse, des petits bourgs endormis du Nord reste encore très séduisante aujourd'hui. Le fantastique qui se dégage de toute la poésie de Rodenbach serait peut-être plus original, si précisément le recours incessant à des procédés de technique poétique ne le rattachait pas toujours à la vie intérieure du poète. Mais il s'agit là de la question de la sincérité que pose toute la poésie symboliste. Rodenbach écrivit encore quelques romans, Bruges la Morte (1892), Le Carillonneur (1895), sur les mêmes thèmes, en demi-teintes, du silence et de l'obscurité.

source : Antoine Compagnon, Encyclopédie Universalis.

Oeuvres :


Œuvre poétique 2 vol., Archives Karéline, 2008.
Le Foyer et les Champs, 1877, poésies.
Les Tristesses, 1879, poésies.
La Belgique 1830-1880, 1880, poème historique.
La Mer élégante, 1881, poésies.
L'Hiver mondain, éditions Henry Kistemaeckers, Bruxelles, 1884.
Vers d'amour, 1884.
La Jeunesse blanche, 1886, poésies.
Du Silence, 1888.
L'Art en exil, 1889.
Bruges-la-Morte, 1892, roman.
Le Voyage dans les yeux, 1893.
Le Voile, drame, joué à la Comédie-Française le 21 mai 1894.
L'Agonie du soleil, (préface au recueil de Charles Guérin) 1894.
Musée de béguines, 1894.
Le Tombeau de Baudelaire, 1894.
La Vocation, 1895.
À propos de "Manette Salomon". L'Œuvre des Goncourt, 1896.
Les Tombeaux, 1896.
Les Vierges, 1896.
Les Vies encloses, 1896, poème.
Le Carillonneur, 1897, roman.
Agonies de villes, 1897.
Le Miroir du ciel natal, 1898.
Le Mirage, adaptation théâtrale de son roman Bruges-la-Morte, 1900.

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Message par Invité Lun 17 Juin - 21:18

Bruges-la-Morte (1892)

lieu - Georges Rodenbach 51fd1b10

Hugues Viane ne se console pas de la disparition de sa femme. Il s'est réfugié à Bruges dont l'eau stagnante des canaux convient à son deuil. Il erre dans le labyrinthe des rues, croise une inconnue dont la silhouette, la démarche, le visage le frappent de stupeur : " Ah, comme elle ressemblait à la morte ! "

"Bruges-la-Morte" associe les thèmes du fantastique aux intuitions du symbolisme. Il donne aussi l'exemple, avant "Nadja" d'André Breton, du premier ouvrage d'auteur illustré de photographies.

Cette réédition d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature "fin de siècle" est accompagnée des trente-cinq illustrations de l'édition oiginale [1892] et de nombreuses variantes.

D'habitude le GF est un repoussoir pour moi avec sa police minuscule et illisible, mais cette édition est vraiment agréable à lire, aérée et comprenant les illustrations d'origine, qui parsèment le texte.

Ami de Mallarmé, et membre du courant symboliste en son temps, Robenbach ne manque pas de talent. Et ce court roman est une belle découverte pour ma part.
Cela fait un peu penser à Nadja, comme le dit le synopsis, allez savoir si Breton s'en est inspiré ?

On suit avec plaisir ce veuf désespéré dans une Bruges aux allures fin-de-siècle. La bigoterie de l'époque est aussi bien présente avec la servante notamment.
Dans une prose poétique, l'on suit un homme qui cherche à faire revivre les souvenirs de sa femme, morte, dans la ville, puis à travers une autre femme.

Hugues songeait : quel pouvoir indéfinissable que celui de la ressemblance !

Elle correspond aux deux besoins contradictoires de la nature humaine : l’habitude et la nouveauté. L’habitude qui est la loi, le rythme même de l’être. Hugues l’avait expérimenté avec une acuité qui décida de sa destinée sans remède. Pour avoir vécu dix ans auprès d’une femme toujours chère, il ne pouvait plus se désaccoutumer d’elle, continuait à s’occuper de l’absente et à chercher sa figure sur d’autres visages.

D’autre part, le goût de la nouveauté est non moins instinctif. L’homme se lasse à posséder le même bien. On ne jouit du bonheur, comme de la santé, que par contraste. Et l’amour aussi est dans l’intermittence de lui-même.

Or la ressemblance est précisément ce qui les concilie en nous, leur fait part égale, les joint en un point imprécis. La ressemblance est la ligne d’horizon de l’habitude et de la nouveauté.

En amour principalement, cette sorte de raffinement opère : charme d’une femme nouvelle arrivant qui ressemblerait à l’ancienne !

Hugues en jouissait avec un grandissant délice, lui que la solitude et la douleur avaient dès longtemps sensibilisé jusqu’à ces nuances d’âme. N’est-ce pas d’ailleurs par un sentiment inné des analogies désirables qu’il était venu vivre à Bruges dès son veuvage ?

Il avait ce qu’on pourrait appeler « le sens de la ressemblance », un sens supplémentaire, frêle et souffreteux, qui rattachait par mille liens ténus les choses entre elles, apparentait les arbres par des fils de la Vierge, créait une télégraphie immatérielle entre son âme et les tours inconsolables.

C’est pour cela qu’il avait choisi Bruges, Bruges d’où la mer s’était retirée, comme un grand bonheur aussi.

les ruptures d'amour sont comme une petite mort, ayant aussi leurs départs sans adieux.


Mots-clés : #amour #lieu #mort #xixesiecle

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Message par Tristram Lun 17 Juin - 23:02

Reprise de topos baudelairiens, nervaliens, verlainiens, symboliques donc, dont :
« …] l’inconnue qui s’éloignait en son rythme de marche lente [… »
Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte, II

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Goswijn Jeu 22 Juil - 12:01

lieu - Georges Rodenbach 51pxed10


Le Carillonneur

Œuvre moins esthétisante que Bruges-la-Morte (tout en l'étant tout de même), mais plus "riche", diverse. Pages sublimes où le personnage principal va de Bruges (à nouveau) jusqu'à la mer, en songeant à cette mer (et à l'Histoire) s'étant retirée de cette distance, et ayant condamné à la somnolence cette ville, qu'il aime ainsi.

Pages plus attristantes aussi, lorsque sentant son idéal de Bruges menacé par le projet de Zeebrugge, ce personnage peu porté à l'action s'alarme, tente avec peu de succès, devant une populace indifférente, de défendre sa conception de la ville, de défendre, comme le dit l'auteur, son rêve par l'action, occasion rare où les deux se rejoignent.

Ouvrage très délicat que je recommande.

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Message par Tristram Jeu 22 Juil - 12:16

A savoir que Zeebruges est le nouveau port à l'écart de Bruges après que la mer se soit retirée de cette dernière, la privant de son accès maritime direct. Bruges était un port au Moyen Age, et Zeebruges date du début du XIXe.

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Message par Bédoulène Jeu 22 Juil - 18:41

merci Gosjiwn, c'est tentant !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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