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Juan Goytisolo

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Exil - Juan Goytisolo Empty Juan Goytisolo

Message par Tristram Mer 7 Aoû - 14:03

Juan Goytisolo
(1931-2017)


Exil - Juan Goytisolo Juan-g10

Juan Goytisolo Gay, né à Barcelone le 6 janvier 1931 dans une famille bourgeoise et mort le 4 juin 2017 à Marrakech, est un écrivain espagnol appartenant à la Génération de 50 (c'est-à-dire les enfants de la guerre civile).
Attaché par des liens sentimentaux et intellectuels très forts à l'Espagne où il est né, il a pourtant vécu en exil et développé un regard critique vis-à-vis de son pays d'origine, ce qui l'aura aidé à construire une œuvre d'une grande originalité idéologique et stylistique et à adopter une position politique originale devant le nouvel ordre mondial de la fin du XXe siècle.
Son enfance est marquée par la Guerre civile espagnole, notamment parce que sa mère est tuée pendant les bombardements de Barcelone par l'aviation franquiste en 1938.
Son implication politique aux côtés du parti communiste clandestin et surtout son engagement dans l'écriture le poussent à s'installer à Paris en 1956. Il y rencontre Monique Lange, qui deviendra sa compagne. Il entre chez Gallimard comme lecteur et devient responsable de la littérature espagnole, permettant la publication de la jeune génération. Il fréquente l'intelligentsia parisienne (Sartre, Beauvoir, Guy Debord, Queneau, Barthes, etc.) et développera notamment une amitié mêlée de fascination et de curiosité pour Jean Genet.
La publication de ses premiers romans, influencés par la littérature française (Gide, Sartre, le Nouveau roman) et la volonté de témoigner de la réalité sociale de l'Espagne contemporaine, est accueillie avec enthousiasme en France, ce qui lui vaut très vite une certaine renommée. En Espagne, il est en conséquence de plus en plus considéré comme un opposant très visible. Ses livres sont, à partir de Pièces d'identité (1966), interdits de publication en Espagne et il est régulièrement l'objet de campagnes de dénigrement de la part de la presse officielle.
À partir de 1969, il s'engage dans une révolution radicale de l'écriture qui s'accompagne d'un bouleversement de son existence : il abandonne son travail chez Gallimard, découvre et assume son homosexualité, et vit désormais entre Paris et Marrakech. Influencé par les théories du texte (Barthes, Bakhtine) et la critique du réalisme, il entre dans son œuvre majeure, qui retravaille à la fois la tradition littéraire espagnole et sa propre identité.
Ses livres de fiction proposent une écriture éclatée, associant le délire verbal et onirique avec l'ironie. Ils déconstruisent successivement les grands mythes de l'histoire espagnole (l'invasion musulmane avec Don Julian) et inventent une identité plurielle, celle de Juan sans terre, métèque sans attaches qui revendique sa splendide différence. Plusieurs de ses romans explorent la richesse de la culture musulmane (Makbara, Barzakh) ou revisitent la culture espagnole en relevant l'importance de ses sources juives et musulmanes (Les vertus de l'oiseau solitaire, basé sur les origines soufies de la poésie mystique de saint Jean de la Croix).
Cette plongée dans la tradition littéraire, associé à son activité d'enseignant dans les universités américaines entre 1969 et 1975, a conduit Juan Goytisolo à des essais modifiant en profondeur la tradition de l'histoire littéraire espagnole (saint Jean de la Croix, Cervantes, Rojas, etc.).
Critique acerbe de la civilisation occidentale, il associa un point de vue marxiste non conformiste et un regard décentré, et s'engagea pendant les guerres de Yougoslavie, Tchétchénie et Palestine.

Œuvre narrative :
• Juegos de manos (1954) - Jeux de mains
• Duelo en el Paraíso (1955) - Deuil au paradis
• El circo (1957). Trilogie El mañana efímero
• Fiestas (1958). Trilogie El mañana efímero - Fiestas
• La resaca (1958). Trilogie El mañana efímero
• Para vivir aquí (1960) - Pour vivre ici. Récits
• La isla (1961) - Chronique d'une île
• La Chanca (1962) - La Chanca
• Fin de Fiesta. Tentativas de interpretación de una historia amorosa (1962) - Danses d'été. Récits
• Señas de identidad (1966). Trilogie Álvaro Mendiola - Pièces d'identité
• Reivindicación del conde don Julián (1970). Trilogie Álvaro Mendiola - Don Julian
• Juan sin Tierra (1975). Trilogie Álvaro Mendiola - Juan sans terre
• Makbara (1980) - Makbara
• Paisajes después de la batalla (1985) - Paysages après la bataille
• Las virtudes del pájaro solitario (1988) - Les Vertus de l'oiseau solitaire
• La cuarentena (1991)
• La saga de los Marx (1993) - La Longue Vie des Marx
• El sitio de los sitios (1995) - État de siège
• Las semanas del jardín (1997)
• Carajicomedia (2000)
• Telón de boca (2003)

Essais :
• Problemas de la novela (1959). Littérature.
• Furgón de cola (1967).
• La Obra inglesa de José Maria Blanco White (1972).
• España y los españoles (1979). Histoire et polítique.
• Crónicas sarracinas (1982) - Chroniques sarrasines.
• El bosque de las letras (1995) - La forêt de l’écriture.
• Disidencias (1996). Littérature.
• De la Ceca a la Meca. Aproximaciones al mundo islámico (1997).
• Cogitus interruptus (1999).
• El peaje de la vida (2000). Avec Sami Naïr.
• El Lucernario: la pasión crítica de Manuel Azaña (2004).

Autres:
(Wikipédia remanié)

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Mer 7 Aoû - 14:31

Pièces d’identité

Exil - Juan Goytisolo Pizoce10


Premier volume de la trilogie Álvaro Mendiola, comme ne l’annonce pas l’éditeur. À propos de ce dernier, il faut signaler que de trop nombreuses coquilles altèrent le texte...

Barcelone, 1963 : le personnage principal, Álvaro Mendiola, 32 ans, est rentré en 1961 dans sa ville natale après un exil de dix ans à Paris. Il est à la recherche de son identité et de celle de son pays, principalement en se plongeant dans le passé. La « tribu » espagnole (terme rimbaldien ?) c’est une longue histoire de misère jusqu’au franquisme issu de la guerre civile, soit 25 ans de « paix » depuis, et l’examen qu’il fait de sa patrie déchue n’est pas complaisant…
« Sol barbare et stérile, combien de générations vas-tu encore frustrer ? »

« Plusieurs années se sont écoulées depuis cette époque, et si Hier s’en fut, Demain n’est pas venu. »
De retour d’exil comme au sortir d’une parenthèse de son existence, une suspension de la vie, Álvaro parcourt en mentales allées et venues remémoratrices (voire ramentevantes) photos de famille et cimetières, avec un sentiment de vague culpabilité.
« (Un de tes premiers souvenirs d’enfance ‒ ou était-ce une création tardive de ton imagination fondée sur une anecdote souvent racontée en famille ? ‒ [… »
C’est notamment l’occasion de narrer l’histoire emblématique du barrage d’Yeste, et le massacre des gardes civils en parallèle avec l’encierro tauromachique.
Méfiance rurale (souvent justifiée) :
« Le pouvoir central continuait à se manifester exclusivement sous forme d’ordres et d’anathèmes, et, comme par hasard, l’intérêt des uns et des autres tournait toujours au profit des caciques. »
Il y a aussi chez Álvaro une volonté de témoigner des faits et personnes dont il ne restera rien à sa disparition (il évoque ainsi ses amis, Sergio puis Antonio).
« …] sans profession connue ‒ car ce n’est ni un office ni une profession, mais un supplice et un châtiment que vivre, voir, noter, décrire tout ce qui se passe dans ta patrie ‒ [… »

« …] ‒ faudrait-il donc qu’ils meurent tous sans savoir quand sonnerait leur heure, unique raison de leur venue au monde, la possibilité conquise un jour et vite arrachée, d’être, de vivre, de se proclamer, simplement des hommes ? ‒ [… »
Image forte du chassé-croisé des touristes européens et des exilés ou émigrés espagnols. D’ailleurs amer constat du passage de l’indigence à « se mercantiliser, se prostituer » dans le tourisme :
« La modernisation était arrivée, étrangère à la morale et à la justice, et l’essor économique menaçait d’anesthésier pour toujours un peuple non encore réveillé, au bout de vingt-cinq ans, du long et lourd sommeil où il était resté en léthargie depuis la déroute militaire lors de la guerre. »
Le tableau des expatriés germanopratins n’est pas moins critique, voire sarcastique, que celui des intellectuels et diverses factions politiques ressortissant de près ou de loin à la République.
Viennent ensuite les belles pages sur l’amour, celui d’Álvaro pour Dolores avec qui il vit depuis dix ans.
De grandes similitudes biographiques sont évidentes entre Álvaro et l’auteur.
La langue est volontiers soutenue, alternant les registres selon les séquences, réflexions cérébrales et mélancoliques, aperçus populaires, comptes-rendus de filature des activistes clandestins, les discours officiels de la dictature rendus avec emphase et sans ponctuation (dès dans l’incipit).
Un vrai bel écrivain.
Je pense que cet ouvrage (ou l’auteur en général) pourrait plaire à Bédoulène, à Quasimodo, à Topocl et Armor, ou encore ArenSor ; mais il est vrai que les livres de Goytisolo sont difficiles à trouver…

Mots-clés : #devoirdememoire #exil #guerredespagne #identite #xxesiecle

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Message par Tristram Mer 7 Aoû - 14:51

C’est Kundera qui a attiré mon attention sur Goytisolo. De ce dernier, j’ai lu aussi avec intérêt un recueil d’articles ou essais, La forêt de l'écriture.
« Comme nous le savons, toute l’histoire littéraire du XIXe siècle semble en réalité se débattre dans la contradiction entre l’absence délibérée de l’auteur et ses intrusions certes fréquentes, mais pas toujours opportunes. »

« …] ce que nous appelons histoire ne consiste-t-il pas en une perpétuelle réélaboration des documents, des manuscrits, des légendes et des chroniques, c'est-à-dire de cette masse énorme des écrits sur les événements sur laquelle le chercheur doit toujours travailler, et non des événements eux-mêmes ? »

« Telle est la grande leçon de Cervantès et de ceux qui ressentirent à sa suite la nécessité de rompre la camisole de force qui les opprimait ‒ de Diderot à Sterne à la poignée d’auteurs qui cervantisent aujourd’hui ‒ : accéder à la littérature par l’anomalie, se situer délibérément en marge des modes, des courants et des genres. L’acte de naissance de l’écrivain, observait Barthes, est le procès qu’il intente à la littérature : la décision de remettre en cause les canons conventionnels qui la figent. »

« En accord avec la constatation des formalistes russes d’après laquelle tout œuvre voit le jour dans un univers peuplé d’autres œuvres dont l’existence soit les perpétue soit les modifie, selon qu’elle respecte ou élude les canons littéraires dominants, mon aventure créatrice depuis la revendication de comte Don Julián a été une confrontation soit en termes d’antithèse, soit en termes d’appropriation, à quelques auteurs que leur singularité et leur force ont soustraits aux lois de leur temps pour les inclure dans les listes de mes contemporains. »

« Une culture est en fin de compte la somme des influences extérieures qu’elle reçoit. »
J'ai hâte de trouver Don Julián et Juan sans terre, pour aborder la "seconde manière" de Goytisolo !

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Message par Tristram Mer 7 Aoû - 14:55

http://www.archipress.org/batin/ts17goytis.htm
Cet article libre de droits résume bien les convictions de Goytisolo et le principe du "roman national(iste)" (transposable sans hésitation à la France). Il présente intelligemment les articulations arabe-juive-chrétienne de l’histoire espagnole. Et c’est une lecture de circonstance en cette époque où les démons tourmentent de nouveau toutes les formes de mixité et de métissage ; croyance en la pureté du sang (et de la foi), orgueil de classe et haine de l’intellectuel/ savant, tout ça n’est pas fini.
Cette attitude de rejet radical du savoir et du travail trouve son expression ultime chez Quevedo, le grand écrivain espagnol du XVIIe siècle qui, dans La hora de todos et Los suenos, exalte la carrière des armes comme seule digne d'un Espagnol. Son œuvre dessine l'image d'une Espagne ignorante, orgueilleuse et misérable, où il suffisait d'exprimer quelque inquiétude intellectuelle ou religieuse, de savoir le grec ou l'hébreu, pour être soupçonné de judaïsme. Au point que l'ignorance des premières notions de l'écriture en vint à constituer un titre de gloire. Dans les œuvres de Lope de Vega, notamment, nombreux sont les personnages qui s'enorgueillissent de leur analphabétisme. Les auteurs ironisent-ils à leur propos ? Point du tout ! Ils célèbrent au contraire leurs vertus. Et seul Cervantes, l'ironique auteur de Don Quichotte, peut faire dire à l'un de ses personnages qu'il refuse d'apprendre à lire parce que les choses écrites "sont des chimères qui envoient les hommes au bûcher".
Aujourd'hui comme hier, l'identité vraie est un courant qui ne cesse jamais, alimenté par une infinité de ruisseaux et de rivières.

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Message par Bédoulène Mer 7 Aoû - 15:32

oui Tristram je pensais lire cet auteur et ton commentaire m'y incite encore plus, mais oui pas facile à trouver les livres, je pars en recherche !

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Message par bix_229 Mer 7 Aoû - 16:11

Bédoulène a écrit:oui Tristram je pensais lire cet auteur et ton commentaire m'y incite encore plus, mais oui pas facile à trouver les livres, je pars en recherche !
En bibliothèque peut etre. A moins qu'ils n'aient été envoyés au pilon.
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Message par Quasimodo Jeu 8 Aoû - 11:33

Voilà qui fait envie, et cela tombe d'autant mieux que je voudrais découvrir de la littérature espagnole avant de partir. Mais je ne sais pas si c'est dur à trouver, le site "decitre" indique que Don Julian et Pièces d'identité sont disponibles (donc en principe, on doit pouvoir les commander dans n'importe quelle librairie). Pour Juan sans terre, ça a l'air plus compliqué ! Mais tant mieux, vivent les quêtes !
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