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Message par bix_229 Lun 15 Mai - 23:35

J' aime aussi les auteurs latino-américains.
Mais point trop Vargas Llosa...
A vrai dire, ils sont sous estimés au profit des Anglo-saxons.
Notamment.
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Message par Bédoulène Mar 16 Mai - 8:03

c'est que les Chosiens et les ex avaient à plusieurs reprises évoqué la non adhésion à cette littérature.

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Message par Invité Mar 16 Mai - 10:52

Je ne saurais pas trop dire ce qui fait que je bloque en général avec les auteurs latinos. Question de rencontres littéraires, après c'est difficile de sortir des généralités, et je n'en ai pas lu non plus des tonnes mais après plusieurs essais chez les "grands noms" (Cortazar, Garcia-Marquez, Borges, Sepulveda, Neruda, Bolano, Vargas Llosa, Paz, Sabato ...), je n'ai jamais eu d'immense coup de coeur littéraire (un peu Bolano, à creuser), de claque, même si tous ont un bien entendu un intérêt. Ce n'est pas une question d'intérêt pour la région, car je suis plus intéressé par l'Amérique Latine que par l'Amérique du Nord, et pourtant nombreux sont les auteurs états-uniens à m'avoir marqué.

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Message par Bédoulène Mar 16 Mai - 18:53

merci pour ta réponse Arturo, peut-être un jour le coup de coeur !

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Message par topocl Sam 2 Sep - 14:29

Aux Cinq Rues, Lima

criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 Images48

Nous sommes au Pérou, à a fin des années 90, sous la double dictature de  la mainmise généralisée du gouvernement, et des attaques terroristes et enlèvements du Sentier lumineux.
La revue à scandale Strip-tease révèle les photos compromettantes d'une orgie à laquelle a participé Quique, richissime entrepreneur protégé par la dictature. La réponse est immédiate et le directeur de la publication en fait sauvagement les frais. Le milliardaire et ses amis, une fois la "faute" effacée, ne se posent guère  de questions et jouissent sans scrupules de leurs fortunes et de leurs émoustillantes  épouses dans une luxure assez désuète. Mais Julietta,  de journaliste à scandale se transforme en journaliste d'investigation  et n'a pas dit son dernier mot.

C'est un Vargas Llosa facétieux qui n'a plus rien à prouver, et qui s'est fait plaisir dans ce roman ludique, badin et faussement frivole.  Les dialogues tiennent une bonne moitié du texte. La niaiserie des industriels fortunés n'a d'égale que la naïveté du dictateur. Les parties de jambes en l'air coquines, torrides dans l'esprit des partenaires, sont racontées (avec détails ) dans un enrobage fleur bleu et un ton de moquerie amusée (on s'appelle "ma blondinette" et "mon petit mari").

Si Vargas Llosa s'appuie sur un arrière-fond de discours politique, il est surtout dans un film de série B avec ses multiples rebondissements plus ou moins prévisibles et ses personnages volontairement stéréotypés. Cette impression est confortée par l' ambitieux  chapitre XX, où les personnages s'entremêlent habilement en petites séquences entre-coupées dans une espèce de bande-annonce effrenée , tour de force littéraire de haut-vol parfaitement maîtrisé.

Au final , on pourrait croire que la morale est  que le pot de fer triomphe parfois du pot de terre. Je me demande si elle n'est pas plutôt que les vieux prix Nobel ont bien le droit de s'amuser, eux aussi, quitte à produire une œuvre piquante, mais mineure.


mots-clés : #humour #regimeautoritaire

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Message par Tristram Sam 17 Fév - 18:24

La ville et les chiens

criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 La_vil10

La ville, c’est Lima, et les chiens, des cadets (élèves encadrés par l’armée) dans toute l’ignominie qu’on peut supposer en matière d’obscénité, de bizutage, d’indigences diverses. Alberto, « le Poète » (où l’on peut reconnaître une personnification autobiographique de Llosa, au moins jusqu’à un certain point), trouve sa place entre « Jaguar », le dur chef du « Cercle » et « l’Esclave », Arana, le bouc émissaire ; il louvoie entre les deux pôles, grappille un peu de monnaie en produisant de « petits romans » pornographiques. La première partie de ce roman de plus de 500 pages (divisé en deux parties sensiblement égales, avec un épilogue) décrit assez longuement l’univers violent de la jeunesse péruvienne dans la première partie du XXe ; elle réveille des souvenirs de service militaire, pour ceux qui ont expérimenté cette découverte des brimades, de la promiscuité, des confrontations sociales et racistes, ici entre serrano (pas le jambon ou le piment, mais Indien ou métis originaire de la Sierra, la cordillère des Andes) et citadin (généralement blanc), de la côte maritime. Dans la seconde partie, l’Esclave étant mort d’une balle de fusil au cours d’un exercice, l’intrigue se développe. Dans l’ombre portée par la dictature, Llosa expose le problème de la dénonciation, et la grande règle de l’armée (laver son linge sale en famille), dans une dialectique de la loyauté et de la vengeance. Seul, l’intègre lieutenant Gamboa s’attache à éclaircir l’affaire, suite à une accusation du Jaguar par le Poète (devenu proche de l’Esclave avant sa mort, non sans avoir pris sa place auprès de la jeune fille qu’il aimait).  

« ‒ Pardon mon capitaine, dit Gamboa. Aussi longtemps que je ne m’en rends pas compte, les cadets de ma compagnie peuvent faire tout ce qu’ils veulent, je suis d’accord avec vous. Mais maintenant je ne peux plus faire semblant de l’ignorer, je me sentirais complice. » (II, 4)

« Il serait plus facile de ressusciter le cadet Arana que de convaincre l’armée qu’elle a commis une erreur. […]
Vous m’entendez, rentrez au collège et faites en sorte qu’à l’avenir la mort du cadet Arana serve à quelque chose. » (épilogue)

Les chiens (cadets de première année), c’est aussi la chienne Malencouille, adoptée par le Boa (bien qu’il lui ait cassé une patte dans un moment de colère)...
Un ultime et inattendu entrecroisement de destins boucle le livre, nettement plus captivant dans sa seconde partie.

« Je [Jaguar] ne savais pas ce que c’était de vivre écrasé. » (épilogue)

La composition caractéristique du style de Llosa, fait d’allers-retours temporels, d’entrelacements simultanés de différents fils narratifs, de monologues ou conversations de chacun des personnages (autant de narrateurs), paraît moins innovante de nos jours, après avoir lu par exemple Faulkner (qui l'aurait inspiré).
Cette histoire rejoint l’universel, comme on dit, et renvoie par exemple à La punition, de Tahar Ben Jelloun, qui vient de paraître.
Ce premier roman, écrit à 23 ans à Paris, est peut-être finalement celui que je préfère de Llosa (dont je ne suis autrement pas trop "fan").


mots-clés : #discrimination #jeunesse #regimeautoritaire #social #violence

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Message par Tristram Lun 17 Sep - 2:53

La ville et les chiens (suite)

... Et on peut en rapprocher Les désarrois de l'élève Törleß, de Musil...
https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/le-roman-de-lecole-34-albert-bensoussan-a-lecole-de-vargas-llosa
Egalement un premier roman, écrit à 25 ans pour Musil ; aussi une transposition du vécu de l'auteur dans l'internat militaire.
Albert Bensoussan, qui présente ce roman en traducteur et ami de Llosa, rapporte une expérience personnelle similaire du service militaire (solidarité innée, apprentissage de la société réelle sans exclure les [sé]vices, etc.), ce qui me résout à insérer ici un souvenir personnel que j'avais omis dans mon commentaire.
Un condisciple de classes dans l’infanterie de marine, un petit voyou du Havre expert en nunchaku, autrement pas méchant pour un sou, m’avait demandé d’écrire des poèmes pour la très jolie jeune fille que beau gosse il avait réussi à rencontrer dans notre ville de garnison. Je revois encore la belle brune souriant dans son léger ensemble de vichy vert ; mais l’écrivain public à la manque que je fus s'avéra incapable dans ce rôle de substitution : rameuter du Baudelaire en désespoir de cause se révéla parfaitement ridicule lorsque mon confrère de misère, dépité de ma défection, s’écria qu’elle était pourtant « belle comme un enjoliveur » ; épaté par cette image digne d'Apollinaire, je l'assurais que lui seul devait écrire à sa dulcinée...

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Message par Bédoulène Lun 17 Sep - 8:14

une lecture ramène à l'autre. merci Tristram !

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Message par topocl Lun 17 Sep - 8:59

Tristram a écrit:
Un condisciple de classes dans l’infanterie de marine, un petit voyou du Havre expert en nunchaku, autrement pas méchant pour un sou, m’avait demandé d’écrire des poèmes pour la très jolie jeune fille que beau gosse il avait réussi à rencontrer dans notre ville de garnison. Je revois encore la belle brune souriant dans son léger ensemble de vichy vert ; mais l’écrivain public à la manque que je fus s'avéra incapable dans ce rôle de substitution : rameuter du Baudelaire en désespoir de cause se révéla parfaitement ridicule lorsque mon confrère de misère, dépité de ma défection, s’écria qu’elle était pourtant « belle comme un enjoliveur » ; épaté par cette image digne d'Apollinaire, je l'assurais que lui seul devait écrire à sa dulcinée...

Il a bien eu raison de refuser: Cyrano de Bergerac, ça ne lui avait pas vraiment réussi.

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Message par simla Lun 17 Aoû - 6:50

criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 Conten10

Tours et détours de la vilaine fille

Que de tours et de malices chez cette «vilaine fille», toujours et tant aimée par son ami Ricardo, le «bon garçon». Ils se rencontrent pour la première fois au début des années cinquante, en pleine adolescence, dans l'un des quartiers les plus huppés de Lima, Miraflores. Joyeux, inconscients, ils font partie d'une jeunesse dorée qui se passionne pour les rythmes du mambo et ne connaît d'autre souci que les chagrins d'amour. Rien ne laissait alors deviner que celle qu'on appelait à Miraflores «la petite Chilienne» allait devenir, quelques années plus tard, une farouche guérillera dans la Cuba de Castro, puis l'épouse d'un diplomate dans le Paris des existentialistes, ou encore une richissime aristocrate dans le swinging London. D'une époque, d'un pays à l'autre, Ricardo la suit et la poursuit, comme le plus obscur objet de son désir. Et chaque fois, il ne la retrouve que pour la perdre. Et, bien entendu, ne la perd que pour mieux la rechercher. Il n'est jamais facile d'écrire l'histoire d'une obsession. Mais la difficulté est encore plus grande quand il s'agit d'une obsession amoureuse et quand l'histoire que l'on raconte est celle d'une passion. Mario Vargas Llosa avait déjà affronté ce défi par le passé dans La tante Julia et le scribouillard (1980), l'un de ses romans les plus populaires. Et voici qu'il le relève encore vingt-cinq ans plus tard et nous offre ce cadeau inattendu : une superbe tragi-comédie où éros et thanatos finissent par dessiner une autre Carte de Tendre entre Lima, Paris, Londres et Madrid. Car Tours et détours de la vilaine fille est bien cela : la géographie moderne d'un amour fou."

Lorsque tu lis la quatrième de couverture, tu es alléchée....mais cruelle déception.... cette passion amoureuse est surtout physique....car les deux protagonistes n'ont aucun point commun et surtout aucun accord spirituel en quelque sorte...

J'ai terminé récemment ce livre....conseillé par une de mes soeurs...tellement inintéressant que je n'ai rien à en dire de particulier....le thème : un homme, Ricardo,  a une passion (malsaine) pour une cinglée originaire de sa ville qu'il a connue enfant et qui ,au fond, n'est rien qu'une femme vénale obnubilée par l'argent....et manque de bol, lui n'en a pas....  le côté "guerillera" on oublie, c'est anecdotique ..."  s'en suivent des descriptions des préférences sexuelles de cette femme qui, en ce qui me concerne, n'ajoutent rien à l'histoire...quel roman creux...et long, tu attends... tu attends..une révélation....mais comme soeur Anne tu ne vois rien venir..... Shocked

Donc, je le déconseille ..heureusement, je l'avais pris à la biblio.... Pour ceux qui l'ont déjà lu, je résumerai : une vraie cucuterie (un des leitmotiv de la vilaine fille ) Very Happy


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Message par Bédoulène Lun 17 Aoû - 7:30

merci Simla ! ta prochaine lecture sera plus satisfaisante, je te le souhaite.

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Message par Armor Lun 17 Aoû - 8:19

Ton commentaire m'a bien fait sourire, simla ! Je vais éviter cette cucuterie, alors. criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 1390083676 (Par contre j'avais beaucoup aimé La tante Julia et le scribouillard)

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Message par simla Mar 18 Aoû - 0:35

Oui Armor, moi aussi j'avais bien aimé ce roman...j'avais donc entamé celui-ci avec d'autant plus d'enthousiasme....comme quoi..... Surprised
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Message par Aventin Lun 1 Nov - 10:28

Conversation à La Catedral

criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 Conver10



Titre original: Conversación en la Catedral, 1969, 610 pages environ.
Lu dans la seconde traduction, d'Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès, Gallimard collection Du monde entier, 2015.


Au début un journaliste rentre chez lui, voit sa femme éplorée, on a subtilisé de force leur chien; le chroniqueur, Santiago Zavala, se rend à la fourrière canine afin de le récupérer (amener les chiens divagants à la fourrière rapporte quelques soles, et, quand ils ne divaguent pas...).

Là, après quelques saynètes et propos crus, Zavala tombe sur Ambrosio, ex-chauffeur de son père, et, sur proposition du premier et indication du dernier, ils vont se jeter quelques bières dans un boui-boui nommé La Catedral.
Les 600 pages sont la teneur de cette conversation, par séquences voire chapitres entiers très embrouillée, mâtinée de flashes-back, de réminiscences, d'évocations, de soliloques, de dialogues entremêlés, de bâtons rompus, bien que plus l'on avance, plus le propos soit formellement clarifié.

J'avais lâché cet embrouillamini indigeste et long il y a une quinzaine d'années, dans l'ancienne traduction.
Aujourd'hui c'est passé crème, le style narratif (parlé mais pas nécessairement ordonné) nécessite un peu d'accoutumance et le nombre des caractères ou personnages fait qu'on peut conseiller de le lire avec une relative célérité, du moins une linéarité.

In fine j'ai beaucoup apprécié cet apparent magma d'écriture faussement désinvolte, comme des micros qui captent toutes les bribes de conversations éparses, fissent-elles sens ou non, doublés de micros plus sophistiqués qui saisissent ce qui traverse les esprits, ce qui passe par les têtes:
N'est-ce pas plus proche de ce qui se passe dans la vie ?

Rendu on ne peut plus original donc, qui "classe" l'ouvrage dans un courant littéraire exploratoire. Techniquement, le rendu de ces interférences permanentes, de ces coqs-à-l'âne, couplé à la narration de style parlé permet beaucoup de choses: La légèreté sur un sujet et une époque qui réunissent pourtant tous les ingrédients pour que ce soit bien pesant, l'attention pseudo-détournée du lecteur, qui du coup en redemande à la lecture d'une saynète, sans trop savoir à quel moment du bouquin il va trouver la suite (ou ce qui précédait, via les flashes-back en nombre !).  

Le Pérou, époque dictature d'Odría, il y avait tout pour faire du livre un mélo, ce qu'il n'est pas. Vargas Llosa réalise un petit coup de maître en réussissant une fresque où rien ne semble manquer excepté la vie rurale. Mais nous avons des destins, certains humbles, d'autres de premier plan, la violence, la corruption, la répression, les "arrangements", les oligarques, les révoltés, l'intérieur des familles, les maîtres et les servants, la prostitution - de luxe ou de caniveau.
Et même une certaine chronologie de ces temps particulièrement troublés. Les mondes des casseurs, des petites frappes, des indics, du journalisme, de la nuit sont particulièrement gratinés, le tout servi dans un bouillonnement où mijotent les entrelacs des histoires.  

Certains personnages évoqués sont réels, Odría, Bustamante par ex. (mais la parole ne leur ait jamais laissée directement), la toponymie aussi, et les évènements narrés coïncident avec exactitude à l'histoire péruvienne de ces années-là.  

Le personnage de Santiago Zavala a du Mario Vargas Llosa en lui, on dira qu'il colle avec sa bio (quant au personnage d'Amalia, il est remarquablement troussé, à mon humble avis).

Ce curieux kaléidoscope est sans aucun doute un vrai grand livre, à placer -à mon humble avis, toujours- parmi les ouvrages incontournables de la littérature latino-américaine de la seconde moitié du XXème siècle.


Un exemple de superposition de plusieurs situations, plusieurs dialogues (deux, en l'occurence); on note le simple "dit" pour informer le lecteur de l'auteur de la prise de parole.
Jamais ce "dit", comme un invariable, n'est remplacé par un des équivalents habituels lorsqu'on écrit des dialogues, du type annonça, interféra, trancha, cria, coupa, affirma, etc.

Chapitre VII, Partie 1 a écrit:
- Fondamentalement, deux choses, dit maître Ferro. Primo, préserver l'unité de l'équipe qui a pris le pouvoir. Deuxio, poursuivre le nettoyage d'une main de fer. Universités, syndicats, administration.
Ensuite élections, et au travail pour le pays.
- Ce que j'aurais aimé être dans la vie, petit ? dit Ambrosio. Riche, pour sûr.
- Alors tu pars pour Lima demain, dit Trifulcio. Et pour faire quoi ?
- Et vous c'est être heureux, petit ? dit Ambrosio. Évidemment que moi aussi, sauf que riche et heureux, c'est la même chose.
- C'est une question d'emprunts et de crédits, dit Don Fermín. Les États-Unis sont disposés à aider un gouvernement d'ordre, c'est pour cela qu'ils ont soutenu la révolution. Maintenant ils veulent des élections et il faut leur faire plaisir.  
- Pour chercher du travail là-bas, dit Ambrosio. Dans la capitale on gagne plus.
- Les gringos sont formalistes, il faut les comprendre, dit Emilio Arévalo. Ils sont ravis d'avoir le général et demandent seulement qu'on observe les formes démocratiques. Qu'Odría soit élu, ils nous ouvriront les bras et nous donneront tous les crédits nécessaires.
- Et tu fais chauffeur depuis longtemps ? dit Trifulcio.
- Mais avant tout il faut impulser le Front patriotique national, ou Mouvement restaurateur, ou comme on voudra l'appeler, dit maître Ferro. Pour se faire, le programme est fondamental et c'est pourquoi j'insiste tant.
- Deux ans comme professionnel, dit Ambrosio. J'ai commencé comme assistant, en conduisant de temps en temps. Après j'ai été camionneur et jusqu'à maintenant chauffeur de bus, par ici, dans les districts.
- Un programme nationaliste et patriotique, qui regroupe toutes les forces vivves, dit Emilio Arévalo. Industrie, commerce, employés, agriculteurs. S'inspirant d'idées simples mais efficaces.
- Alors comme ça t'es un gars sérieux, un travailleur, dit Trifulcio. Elle avait raison Tomasa de pas vouloir qu'on te voie avec moi. Tu crois que tu vas trouver du travail à Lima ?
- Il nous faut quelque chose qui rappelle l'excellente formule du maréchal Benavides, dit maître Ferro. Ordre, Paix et Travail. J'ai pensé à Santé, Éducation, Travail. Qu'en pensez-vous ?  
- Vous vous rappelez Túmula la laitière, la fille qu'elle avait ? dit Ambrosio. Elle s'est mariée avec le fils du Vautour. Vous vous rappelez le Vautour ? C'est moi qui avait aidé son fils à enlever la petite.
- Naturellement, la candidature du général doit être lancée en grandes pompes, dit Emilio Arévalo. Tous les secteurs doivent s'y rallier de façon spontanée.
- Le Vautour, le prêteur sur gages, celui qu'a été maire ? dit Trifulcio. Je me le rappelle, oui.
- Ils s'y rallieront, don Emilio, dit le colonel Espina. Le général est de jour en jour plus populaire. Il n'a fallu que quelques mois aux gens pour constater la tranquillité qu'il y a maintenant et le chaos qu'était le pays avec les apristes et les communistes lâchés dans l'arène.
- Le fils du vautour est au gouvernement, il est devenu important, dit Ambrosio. Peut-être bien qu'il m'aidera à trouver du travail à Lima.

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Message par Bédoulène Lun 1 Nov - 10:55

merci Aventin ! le livre est dans ma pal, mais le temps, le temps...........

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Message par Tristram Lun 1 Nov - 10:58

Avadoro a écrit:J'avais lâché cet embrouillamini indigeste et long il y a une quinzaine d'années, dans l'ancienne traduction.
Aujourd'hui c'est passé crème, le style narratif (parlé mais pas nécessairement ordonné) nécessite un peu d'accoutumance et le nombre des caractères ou personnages fait qu'on peut conseiller de le lire avec une relative célérité, du moins une linéarité.
Tout s'explique : j'ai lu Conversation à La Cathédrale, l'ancienne traduction... Sinon, oui, belle conversation de bistro !

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Message par Tristram Sam 3 Juin - 14:10

Un demi-siècle avec Borges

criminalite - Mario Vargas Llosa  - Page 2 Un_dem10

Collection d’entretiens et textes sur l’Argentin que le Péruvien admire depuis toujours, alors qu’il est aux antipodes de ses préoccupations :
« Peu d’écrivains sont plus éloignés que Borges de ce que mes démons personnels m’ont poussé à être par l’écriture : un romancier intoxiqué par la réalité, fasciné par l’histoire qui se fait autour de nous et ce passé qui pèse encore avec force sur l’actualité. »
Guère de politique chez Borges, mais de l’humour et du jeu en marge du style et de l’érudition. De l’homme-bibliothèque avec « la littérature comme réalité alternative du réel » :
« De toute façon, ma mémoire est si peuplée de vers que je crois ne pas avoir besoin de livres. Je suis moi-même une sorte d’anthologie de plusieurs littératures. Moi qui me rappelle si mal les circonstances de ma propre vie, je peux vous réciter à l’infini et jusqu’à l’ennui des vers en latin, en espagnol, en anglais, en vieil anglais, en français, en italien et en portugais. »

« Borges a fait de la pédanterie culturelle ce que, d’après lui, les romanciers nord-américains ont fait de la brutalité : il l’a transformée en technique littéraire. Les références livresques intriquées, les allusions à des commentaires de commentaires, les exotiques auteurs, textes ou philosophies mentionnés au passage, comme négligemment, en sous-entendant pour mieux nous accabler qu’ils devraient être monnaie courante pour le commun des mortels, excepté l’analphabète ou l’idiot, sont, dans les nouvelles de Borges, ce que sont les meubles et les objets dans les romans de Balzac, ou les châteaux dans ceux de Sade : le décor indispensable de l’action. »

« …] ce qui donne leur grandeur et leur originalité à ces contes ce ne sont pas les matériaux utilisés mais leur transformation : un petit univers fictif, peuplé de tigres et de lecteurs hautement cultivés, saturé de violence et d’étranges sectes, de lâchetés et d’héroïsmes laborieux, où le verbe et le rêve jouent le rôle de réalité objective et où le raisonnement intellectuel de l’imagination prévaut sur toutes les autres manifestations de la vie. »
Définition de la métaphore par Borges dans Autour de l’ultraïsme : « une identification volontaire de deux ou plusieurs concepts distincts dans le but de provoquer des émotions ».
L’homme (aveugle) :
« Il n’avait devant lui que des auditeurs, non des interlocuteurs, et peut-être même un seul auditeur – qui changeait de visage, de nom et de lieu –, devant qui il dévidait un curieux, un interminable monologue, derrière lequel il s’était reclus ou retranché pour fuir les autres, voire la réalité, comme un de ses personnages. »

« Le style de Borges est intelligent et limpide, d’une concision mathématique, avec des adjectifs audacieux et des idées insolites, où, comme il n’y a rien de trop ni rien de manquant, nous frôlons à chaque pas cet inquiétant mystère qu’est la perfection. »
Borges ne fut pas romancier…
« Car le roman est le territoire de l’expérience humaine totalisée, de la vie intégrale, de l’imperfection qui mêlent l’intellect et les passions, la connaissance et l’instinct, la sensation et l’intuition, matière inégale et polyédrique que les idées à elles seules ne suffisent pas à exprimer. Aussi, les grands romanciers ne sont-ils jamais des prosateurs parfaits. C’est la raison, sans doute, de l’antipathie tenace de Borges pour le genre romanesque, qu’il définit, dans une autre de ses célèbres phrases, comme un « égarement laborieux et appauvrissant ». »
Peu politique, Borges a quand même déclaré :
« Les dictatures entraînent l’oppression, les dictatures entraînent la servilité, les dictatures entraînent la cruauté et, ce qui est plus abominable encore, elles entraînent la bêtise. »

\Mots-clés : #essai

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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