Zsuzsa Bank
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Zsuzsa Bank
Zsuzsa Bánk (née le 24 octobre 1965 à Francfort-sur-le-Main de parents hongrois) est une écrivaine allemande.
Les parents de Zsuzsa Bánk s'exilent à l'Ouest après la répression en Hongrie à la suite de l'insurrection de Budapest en 1956. Bánk grandit en parlant l'allemand et le hongrois.
Zsuzsa Bánk exerce le métier de libraire. Après elle fait des études politiques et littéraires à l’université Johannes Gutenberg de Mayence et à Washington aux États-Unis. Elle travaille ensuite en tant que journaliste à Francfort-sur-le-Main avant de se consacrer, à partir de 2000, à l'écriture de romans.
Elle a reçu de nombreux prix littéraires, dont, en 2002, le prix Aspekte et le prix de promotion littéraire de la Fondation Jürgen-Ponto, en 2003, le Deutscher Bücherpreis pour son premier roman Le Nageur et aussi le prix Bettina-von-Arnim. En 2004 elle obtient le prix Adalbert-von-Chamisso.
Livres traduits en français :
- Le Nageur (Der Schwimmer) Le Seuil
- L’Été le plus chaud (Heißester Sommer), Le Seuil
- Les jours clairs (Die Hellen Tag), Piranha
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Zsuzsa Bank
LE NAGEUR
Hongrie 1956, les habitants de Budapest manifestent en masse contre le gouvernement communiste. Ils réclament le retour d'Imre Nagy, un dirigeant plus accommodant.
On connait la suite : l'Armée rouge intervient et réprime dans le sang le peuple de Budapest qui s'était soulevé. 200 000 morts. 160 000 personnes se réfugient à l'Ouest.
C'est dans ce contexte tragique et quelques années après que se situe l'histoire que nous raconte Zsusza Bank.
Essentiellement l'histoire d'une famille, le père, la mère, la fille et le fils. Mais aussi celle de trois générations à l'intérieur de cette famille et des personnages de rencontre qui gravitent autour d'elle.
La mère s' est enfuie à l'Ouest sans prévenir qui que ce soit et les nouvelles qu'elle essaiera de donner à sa familles sans l'inquiéter ne lui parviendront pas. Ou trop tard.
Le père alors se lance dans une errance sans but avec ses deux enfants.
Et quand on a dit cela, on a vraiment rien dit. Car c'est le genre de livre qui décourage toute tentative de commentaires.
La fille est la narratrice. Elle entreprend quelques années plus tard de retracer les évènements concernant sa famille et ceux qu'ils ont rencontré.
Le style est essentiellement descriptif, beaucoup plus qu'analytique. La narratrice s'attache avec une minutie étrange aux gestes de chacun, aux comportements, aux silences, aux réactions personnelles.
Elle déroule ses souvenirs en hâte comme si elle craignait qu'ils s'effacent ou s'altèrent.
Les deux enfants sont merveilleusement ludiques et inventifs malgré l'obsession taraudante de leur mère perdue. Le père, c'est lui, le nageur, un être mutique ou presque, presque absent aux autres et à lui même, s'éveillant par moments pour se chauffer auprès d'une femme, mais que les enfants suivent partout avec la crainte de le perdre lui aussi. La nuit, il se lève et va nager dans un lac, et sa fille le suit des yeux chaque fois.
Les autres membres de la famille et les gens de rencontre sont eux aussi merveilleusement attachants, tous en quête d'amour et d'affection dans une période particulièrement troublée.
La force principale du livre tient à sa sobriété, à l'émotion retenue mais toujours présente.
Des phrases brèves, à peine infléchies par la douleur sous-jacente, mais aussi par la beauté des choses éphémères, la découverte d'un bonheur fait de riens qui sont tout.
Le passage du temps est monotone et imprécis. Seuls les êtres ou les lieux sont des points fixes, des repères.
Comment parler d'une écriture qui s'infiltre en vous lentement comme l'eau à travers la roche pour devenir stalagmite.
Marie l'a dit ce livre est lent, et j'avoue avoir eu du mal à le lire, non à cause de sa lenteur mais de ma propre fatigue.
Mais j'aurais pu difficilement le passer sous silence.
Récup.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Zsuzsa Bank
L'ETE LE PLUS CHAUD. - Bourgois
Le temps nous est compté, celui des plaisirs et des joies, des amours, des bonheurs de l'enfance qu'on croyait éternels parce qu'on ne savait pas.
Les personnages des nouvelles de ce recueil sont à ce moment de leur vie où elle est dépouillée des espoirs, des illusions et des faux-semblants. Tout a été dit et tout est inutile désormais. Sauf les regrets tout aussi vains. Elles (ils) ont eu pourtant eux aussi leurs moments, et les ont vécus avec intensité. Mais ces moments se sont dilués... Laissant un goût d'inachevé, d'à quoi bon... Ainsi va la vie. C'était beau et c'est triste...
Je dois ajouter, et c'est important, que les personnages principaux sont presque toujours des femmes au bord de la crise de nerfs ou de l'épuisement.
Tout cela enlevé et brillamment écrit. Après Le Nageur, Zsuzsa Bank est à suivre avec intérêt.
Dernier dimancheZsoka, elle parle comme autrefois. Sa voix ne s' est pas transformée, pas même son regard, sa manière de dire les choses de telle sorte que que personne ne peut s'empêcher de rire. Elle prononce le nom d'Anna comme elle n'a jamais prononcé le nom de personne depuis des années. Elle dit ce surnom affectueux qu'elle avait enfant, à chaque fois qu'elle s'adresse à Anna, et cela ne dérange pas Anna que Zsoka l'appelle ainsi, comme personne ne l'a plus appelée depuis longtemps, ça ne la dérange pas le moins du monde, non, ça lui plait.
LydiaLydia ressemble à ce qu'elle est parce qu'elle ne mange pas, parce qu'elle fait passer la faim, parce qu'elle se met dans la bouche du coton imbibé de tisane quand je ne l'en dissuade pas. Son petit réfrigérateur est vide, presque vide, une bouteille de vieux jus de fruit, périmé depuis longtemps... Quand elle est assise ainsi le matin, face à moi, devant cette fenêtre à croisillons blancs que Lydia soulève à chaque fois qu'elle a fumé sa troisième cigarette, l'idée me revient constamment qu'il n'y aura pas de vieillesse pour nous deux, du moins pas comme Lydia l'a imaginé, à l'époque, : elle et moi, penchées, courbées, nous retenant l'une à l'autre.
BonheurQuand on perd l'amour on perd du poids, a dit l'inconnu, et je lui ai répondu que c' était une foutaise, qu'en tout cas ça ne valait pas pour moi. Moi j'ai pris au moins huit kilos. Je ne monte plus sur la balance. Je l'ai emballée dans du plastique, elle a disparu dans une armoire dont j'ai oublié l'emplacement. Je mange tout. Tout ce qu'apporte ma mère, tout ce que je mets dans mon chariot au supermarché, tout ce que je peux acheter en plus de l'essence, tout ce que je fourre dans le compartiment à glace.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Zsuzsa Bank
Oui j'avais aimé aussi Le nageur !
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Zsuzsa Bank
Alors tu devrais aussi adorer Les Jours clairs que je suis en train de lire.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Zsuzsa Bank
Les jours clairs
« Nous grandîmes tandis que le monde continuait à tourner comme s'il ne se souciait pas de nous et que nos mères mettaient tout en oeuvre pour ne pas perdre l'équilibre, trébucher et tomber en ayant du mal à se relever. Pendant longtemps elles avaient marché à longue distance l'une à côté de l'autre, Évi en bottes de caoutchouc vert auxquelles collait toujours de la terre, ma mère en souliers plats dans lesquels elle courait rapidement, comme si elle avait toujours quelque chose à l'esprit et peu de temps pour cela, et la mère de Karl sur de hauts talons que nous entendions claquer sur les dalles branlantes... »
Je n'en dirai pas beaucoup plus, sinon que ce livre m'a envoûté.
Chronique d'une famille composée, décomposée, augmentée autour d'une femme qui attire et magnétise, naturellement, pour ainsi dire.
Mais tous ceux qui l'entourent et surtout les trois enfants, d'abord idéalement liés entre eux dans leur bulle enfantine.
Mais qui seront plus tard confrontés à des épreuves entre amour, trahison et culpabilité.
C'est un livre magique, magnifiquement écrit, composé, tissé.
En dire plus serait courir le risque de détricoter l'ensemble et de vous priver du plaisir de la découverte au fil des pages et celui de vire avec pendant 536 pages.
Mots-clés : #amitié #enfance #famille #initiatique
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Zsuzsa Bank
Mourir en été.
C’est avec beaucoup d’empathie, de douceur et de tristesse que Zsuzsa Bank raconte l’été torride de la mort de son père et l’année qui s’en suivit.
Cette expérience commune à presque tous, unique et universelle.
Si particulière auprès de cet homme né en Hongrie qui a connu l’exil.
D’une sensibilité très différente de celle de l’autrice, d’une relation au père toute autre aussi, j’ai ressenti cependant une grande proximité dans la relation de cet événement de vie que nous partageons, cette distance et cette proximité, cette façon de vivre un instant unique et terrorisant où tout ce joue, définitivement, la clôture d’une relation (qui continuera ensuite tout autrement), la nécessité que ce moment soit « réussi », la détermination et le découragement entremêlés.
(un livre pour Marie?)
C’est avec beaucoup d’empathie, de douceur et de tristesse que Zsuzsa Bank raconte l’été torride de la mort de son père et l’année qui s’en suivit.
Cette expérience commune à presque tous, unique et universelle.
Si particulière auprès de cet homme né en Hongrie qui a connu l’exil.
D’une sensibilité très différente de celle de l’autrice, d’une relation au père toute autre aussi, j’ai ressenti cependant une grande proximité dans la relation de cet événement de vie que nous partageons, cette distance et cette proximité, cette façon de vivre un instant unique et terrorisant où tout ce joue, définitivement, la clôture d’une relation (qui continuera ensuite tout autrement), la nécessité que ce moment soit « réussi », la détermination et le découragement entremêlés.
(un livre pour Marie?)
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8585
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