Ludwig Wittgenstein
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Ludwig Wittgenstein
Wittgenstein est né le 26 avril 1889 à Vienne. Il commence des études d’ingénieur aéronautique à Berlin puis Manchester, avant de se tourner, sur les conseils de Gottlob Frege du côté de la philosophie, par le biais des mathématiques et de la logique. Il quitte alors Manchester pour Cambridge, où il va rejoindre Bertrand Russell. Au début de la Première Guerre mondiale, il s’enrôle volontairement dans les troupes austro-hongroises et est envoyé sur le front russe en 1916, avant d’être fait prisonnier, en 1918, en Italie. La rédaction du Tractatus logico-philosophicus a lieu durant des années de guerre, en partie dans les tranchées.
Au sortir de la guerre, Wittgenstein passe une dizaine d’années à vivre éloigné de la philosophie, en occupant les professions d’instituteur dans un petit village autrichien et de jardinier dans un monastère. Son retour à la philosophie semble en partie dû à ses contacts avec les membres logiciens du Cercle de Vienne.
En 1929, poussé par certains de ses amis dont Frank Ramsey, Wittgenstein revient à Cambridge où un accueil triomphal lui est réservé. Il fait du Tractatus logico-philosophicus sa thèse de doctorat et devient assistant à Trinity College. En 1935, il semble vouloir émigrer en Union Soviétique, mais le projet n’aboutit pas. En 1936 et 1937, Wittgenstein vit en Norvège, où il commence à travailler aux futures Investigations philosophiques. En 1939, il obtient la chaire de philosophie de Cambridge, qu’il occupera jusqu’en 1947. L’essentiel de sa seconde philosophie est rédigé durant ces 18 années. Entre 1948 et 1951, il voyage entre Dublin et Cambridge où il décède d’un cancer, le 29 avril 1951.
On a coutume de diviser l’œuvre philosophique de Wittgenstein en deux périodes, parlant du premier et du deuxième Wittgenstein. Sa première philosophie se résume à un seul ouvrage : le Tractatus logico-philosophicus. Il y aborde cette question, centrale dans son œuvre, du rapport logique entre le langage et le monde, avec l’ambition de la régler une bonne fois pour toutes. Sa seconde philosophie, celle des jeux de langage, prend forme au début des années 1930 ; elle aboutira notamment aux Investigations philosophiques en 1944 et à De la certitude en 1951. Si des thèmes et des exigences se retrouvent dans les deux versions de sa philosophie, il n’en demeure pas moins qu’il passe d’une conception du langage comme monolithique, où l’abstraction et l’atomisme logiques prédominent, à une conception ouverte à la diversité culturelle des usages langagiers. Outre ces thèses sur la philosophie du langage, on lui doit également des réflexions plus ou moins développées sur la logique, la philosophie des mathématiques, la philosophie de la psychologie, l’éthique, etc.
source : signosemio.com
Bibliographie :
Tractatus logico-philosophicus (1921)
Grammaire philosophique
Investigations philosophiques ou Recherches philosophiques (1936-1949, publiées en 1953)
Cahier bleu (1933-1935, publié conjointement au Cahier brun en 1958)
Fiches (1929-1948)
Remarques Philosophiques (publiées en 1964)
De la certitude (1950-1951, publié en 1969)
Philosophica I (Cours de 1930-1933 rapporté par George Edward Moore)
Philosophica II (Notes sur l'expérience privée et les 'sens data') (1934-1936)
Philosophica III (Conférence sur l'éthique ; Remarques sur le Rameau d'Or de Frazer; La liberté de volonté) (1912-1951)
Philosophica IV (Quelques remarques sur la forme logique; Cause et effet: saisie intuitive)(1912-1951)
Cours de Cambridge 1930-1932
Cours de Cambridge 1932-1935
Cours de Cambridge sur les fondements des mathématiques 1937
Cours de Cambridge 1946-1947
Remarques Phi-Psy I (1947-1948)
Remarques Phi-Psy II(1948)
Remarques sur les couleurs
Études préparatoires à la deuxième partie des recherches philosophiques
L'intérieur et l'extérieur (1949-1951)
Correspondance (Cambridge)
Remarques mêlées (GF et TER)
Carnets secrets 1914-1916 (les éditions chemin de ronde, 2010)
Carnets de Cambridge et de Skjolden (Puf)
Leçon sur la liberté de volonté, suivis de : Essais sur le libre jeu de la pensée (Puf, Epiméthée)
Lettres, rencontres, souvenirs Ludwig Wittgenstein et Paul Engelmann (Éditions de l'éclat) 2010
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Re: Ludwig Wittgenstein
Tractatus logico-philosophicus
La présentation était intrigante et un œil sur une présentation du texte ont eu raison de ma résistance. Une approche de la grande problématique de la modélisation. Une ou des formes de représentation, de façons d'appréhender notre monde.
Le tout en énoncés numérotés pour faire apparaître une hiérarchie entre eux. ça sent le pas à pas méticuleux.
Un peu raide, retors dans ses présentations ou dans ses formules logiques. Oui, le modèle étudié est un modèle logique soigneusement décomposé. Ce n'est pas innocent dans la forme qui aime revenir avec des simplifications ou des développements déroutants et qui mettent en évidence ce qui est différent entre un modèle logique et une vision plus quotidienne de la réalité.
Univers structuré et fini de "propositions" vraies ou fausses (les vraies et les fausses). Donc le vrai, le faux, comment construire une proposition. L'implacable logique est affûtée, certains sens anéantis au profit d'autres. On retrouve ainsi des notions comme la causalité qui sont proprement exclues du modèle et une réflexion sur le fait que le modèle ne dit rien en lui même.
C'est résumé très grassement. Parce que rentrer dans le détail sans revenir sur le texte, sans avoir pris de note serait un peu sauvage et que ça peut se lire dans le livre !
On ne s'imagine pas forcément dire ça quand on commence la lecture mais c'est un bien beau texte. Derrière sa forme mécanique par ses redondances et ses subtiles mises en pratique (avec des notations qui sont régulièrement introduites après coup sans que cela empêche la compréhension) il fait un travail de fond : les approches contrariées qui forcent à faire la différence entre le modèle et l'habitude.
Surtout alors qu'on pourrait trouver que ça coupe les cheveux en quatre et contrarie certaines façon d'approcher des problèmes et questions je crois bien qu'en fin de compte c'est très ouvert aux possibilités en séparant le modèle de réflexion avec ses limites du "métaphysique" et en plaçant les sciences en chemin. ça n’apparaît qu'à la toute fin après cette longue et soigneuse préparation.
La logique, le modèle logique décrit, sont un langage. Avant de passer à quelques citations, je rappelle cette idée de pas à pas de cohérence extrême dans l’enchaînement. Il faudrait aussi parler de cette différence entre le "dire" qui serait dans le sens des mots ou ce qui en fait office dans la démonstration et le "montrer" qui est par la forme, la structure du langage (choisi).
ça part donc d'une étude de modèle le plus élémentaire et général qui soit, ratissé dans une forme mathématique qui vous rappellera les cours avec des patates au tableau avant de pouvoir en toute conscience dégager les intérêts et les limites, délimiter des champs et en libérer certains.3.3 - Seule la proposition a un sens; ce n'est que lié dans une proposition que le nom a une signification.
4.1213 - Aussi comprenons-nous maintenant le sentiment que nous avons d'être en possession d'une conception logique correcte seulement si tout est cohérent dans notre langage symbolique.
5.552 - L' "expérience" dont nous avons besoin pour comprendre la logique, ce n'est pas qu'il y ait tel ou tel état de choses, mais qu'il y ait quelque chose : mais ce n'est pas là une expérience.
La logique est antérieure à toute expérience - que quelque chose est ainsi. Elle est antérieure au Comment, non au Quoi.
5.61 - La logique remplit le monde; les frontières du monde sont aussi ses frontières.
Nous ne pouvons donc dire en logique : il y a ceci et ceci dans le monde, mais pas cela.
Car ce serait apparemment présupposer que nous excluons certaines possibilités, ce qui ne peut avoir lieu, car alors la logique devrait passer au-delà des frontières du monde; comme si elle pouvait observer ces frontières également à partir de l'autre bord.
Ce que nous ne pouvons penser, nous ne pouvons le penser; nous ne pouvons donc davantage dire ce que nous ne pouvons penser.
6.13 - La logique n'est point une théorie, mais une image qui reflète le monde.
La logique est transcendantale.
6.371 - Toute la vision moderne du monde repose sur l'illusion que les prétendues lois de la nature sont des explications des phénomènes de la nature.
Étonnant, marquant, beau. Ce problème inévitable de la représentation, du lien au monde (et du lien exprimé) est très finement abordé.
Une élégance de la pensée ?
(Récup).
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Re: Ludwig Wittgenstein
Recup ? ça date de quand cette lecture ?
tu l'as copié au regard de ta citation d'avril, j'entends bien, mais tu l'as lu quand ducoup? pour savoir juste ?
ça me plais comme tu en parles.
tu l'as copié au regard de ta citation d'avril, j'entends bien, mais tu l'as lu quand ducoup? pour savoir juste ?
ça me plais comme tu en parles.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Ludwig Wittgenstein
j'attendais que Tristram ouvre le fil en fait mais j'ai finalement opté pour l'ouverture en attendant l'intervention.
été 2013 la lecture ? le temps passe vite !
le souvenir reste vivace...
été 2013 la lecture ? le temps passe vite !
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Re: Ludwig Wittgenstein
Tu l'as lu aussi Nadine ?Nadine a écrit:Recup ? ça date de quand cette lecture ?
tu l'as copié au regard de ta citation d'avril, j'entends bien, mais tu l'as lu quand ducoup? pour savoir juste ?
ça me plais comme tu en parles.
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Ludwig Wittgenstein
J'aurais sans doute quelque chose à dire sur ce fil dans peu de temps
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ludwig Wittgenstein
@Eglantine, non, jamais, et j'ai tord, je crois. ça devrait me plaire.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Ludwig Wittgenstein
L'intervention si attendue de Tristram se trouve ici
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Ludwig Wittgenstein
Marrant cet article est un article d'un ancien professeur de philosophie que j'ai eu. Spécialiste de Musil aussi.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ludwig Wittgenstein
Bon. Alors j'ai dû me tromper dans les liens... Ou alors je n'ai pas reconnu ce petit Hanta si prometteur à l'époque ?
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Ludwig Wittgenstein
J'avais complètement oublié l'existence de ce fil comme je feuilletais cette nuit le Tractatus... J'ai survolé de très haut les démonstrations mathématique et logique, mais c'est vrai que dans son alternance de clarté et de complexité, c'est un livre de grande élégance et beauté formelle, littéraire.
Il est préférable que je me contente de reporter ce que j'ai noté à 1 heure (réveillé à minuit par des SMS en retard de plusieurs heures) : des choses toutes simples...
Il est préférable que je me contente de reporter ce que j'ai noté à 1 heure (réveillé à minuit par des SMS en retard de plusieurs heures) : des choses toutes simples...
« 1 - Le monde est tout ce qui a lieu.
1.1 - Le monde est la totalité des faits, non des choses.
[…]
1.2 - Le monde se décompose en faits. »
« 4.112 - Le but de la philosophie est la clarification logique des pensées. »
« 4.113 - La philosophie délimite le territoire contesté de la science de la nature.
4.114 - Elle doit marquer les frontières du pensable, et partant de l’impensable.
Elle doit délimiter l’impensable de l’intérieur par le moyen du pensable.
4.115 - Elle signifiera l’indicible en figurant le dicible dans sa clarté.
4.116 - Tout ce qui peut proprement être pensé peut être exprimé. Tout ce qui se laisse exprimer se laisse exprimer clairement. »
« 5.6 - Les frontières de mon langage sont les frontières de mon monde.
[…]
5.621 - Le monde et la vie ne font qu’un.
5.63 - Je suis mon monde. (Le microcosme.) »
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Ludwig Wittgenstein
aaah. merci pour la petite touche de rappel avec cet extrait qui ferait écho à des textes fondateurs de spiritualités lointaines.
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Re: Ludwig Wittgenstein
Oui, par moments on pense au Tao Te King, si simple d'apparence qu'on peut lui faire dire tout et son contraire, ce dont d'ailleurs on ne se prive pas.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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