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Edith Wharton

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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 9:29

Edith Wharton
(1862-1937)

Edith Wharton Wharto10

Edith Wharton, née Edith Newbold Jones à New York le 24 janvier 1862 et morte à Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d'Oise) le 11 août 1937, est une romancière américaine. Elle est le troisième enfant et la première fille de George Frederic et Lucretia Jones. Sa famille appartenait à la haute société new-yorkaise. Elle passe une partie de son enfance en Europe, à Paris d'abord, puis à Bad Wildbad en Allemagne et à Florence. Sa famille ne retourne à New York qu'en 1874. Dès son enfance, elle fait preuve d'une intelligence et d'une imagination exceptionnelles. Adolescente, elle écrit des poèmes et une nouvelle, Fast and Loose, achevée en 1877. Elle publie à compte d'auteur un recueil de poèmes, Verses, en 1878. Plusieurs de ses poèmes paraissent dans l'Atlantic Monthly à partir de 1880.

À 23 ans, elle épouse Edward (Teddy) Robin Wharton, issu du même milieu qu'elle mais de douze ans son aîné. Ils ne partagent aucun intérêt intellectuel et artistique et finissent par divorcer en 1913, après de nombreuses infidélités de Teddy, dont la santé mentale décline. En 1890, sa première nouvelle, Mrs Manstey's View, paraît dans le Scribner's Magazine où elle publiera régulièrement. En 1893, elle rencontre aux États-Unis pour la première fois l'écrivain Paul Bourget, qui l'introduira dans la haute société parisienne lorsqu'elle se rendra en France. Son premier ouvrage, The Decoration of Houses, écrit en collaboration avec son ami architecte Ogden Codman et paru en 1897, est un succès immédiat. En 1902, elle s'installe à The Mount, la maison que les Wharton ont fait construire à Lenox, mais retourne en Europe en 1903, où elle rencontre en Angleterre Henry James, avec lequel elle restera liée jusqu'à la mort du « Dearest cher Maître » en 1916.

En 1905, elle publie Chez les heureux du monde (The House of Mirth), dans le Scribner's Magazine. En 1907, elle s'installe à Paris. Au fil des années, elle fréquente des écrivains français tels que Paul Bourget, Jacques-Émile Blanche, Anna de Noailles, André Gide et Jean Cocteau, ainsi que plusieurs « grands de passage », tels que Henri Adams, Henry James, Theodore Roosevelt, Walter Gay. Son installation à Paris, puis après 1919 dans sa villa Pavillon Colombe à Saint-Brice-sous-Forêt, n'altérèrent guère son goût du voyage. Elle loue à Hyères (ville qu'elle a connue grâce à Paul Bourget), le Castel Sainte-Claire et devient l'amie de Marie-Laure de Noailles. En 1911, Sous la neige, commencé l'année précédente, paraît dans le Scribner's Magazine, suivi par L'Écueil en 1912. Pendant la Première Guerre mondiale, elle fonde les American Hostels for Refugees, collecte des dons et visite les hôpitaux du front. Les récits de ses visites sont publiés dans un recueil intitulé : La France en Guerre (Fighting France: From Dunkerque to Belfort). Elle est décorée de la Légion d'honneur.

En 1920, paraît Le Temps de l'innocence (The Age of Innocence), pour lequel elle recevra l'année suivante le prix Pulitzer. En 1923, elle est la première femme à être faite Docteur honoris causa de l'Université Yale. En 1927, elle achète le Castel Sainte-Claire-du-Château, à Hyères, et se rend souvent chez ses grands amis, Paul Bourget et son épouse, Minnie, dans leur propriété du Plantier de Costebelle. Le 27 avril 1934, elle publie son autobiographie, A Backward Glance. Le 11 avril 1935, à 73 ans, elle a une crise cardiaque, sans séquelle. Une nouvelle crise se produit le 1er juin 1937, à laquelle elle succombe le 11 août. Elle est inhumée au cimetière des Gonards à Versailles. En 1937, est publié son recueil Ghosts, qui est traduit en français près de soixante années plus tard, en deux volumes distincts : Grain de grenade et Le Triomphe de la nuit. Son dernier roman Les Boucanières, inachevé, est publié à titre posthume en 1938. Une nouvelle version, achevée par Marion Mainwaring à partir du synopsis et des notes écrits par Wharton, est publiée en 1993.


Traduits en français

Chez les heureux du monde : Voir la lecture commune : https://deschosesalire.forumactif.com/t3572-lc-edith-wharton-chez-les-heureux-du-monde
Le Fruit de l'arbre
Ethan Frome : Page 1
Sous la neige
L'Écueil
Les Beaux Mariages
Plein été
Au temps de l'innocence
La Splendeur des Lansing : Page 1
Un fils au front
Le Bilan
Les New-Yorkaises
Leurs enfants
Sur les rives de l'Hudson
Les Dieux arrivent
Les Boucanières
Libre et légère

Nouvelles
Madame de Treymes et autres nouvelles
Xingu
Vieux New York
Fièvre romaine
Le Triomphe de la nuit
Grain de grenade
La Plénitude de la vie : Page 1

Essais
Villas et Jardins d'Italie,
Paysages italiens
La France en automobile
Voyages au front, de Dunkerque à Belfort,
Les Mœurs françaises et comment les comprendre
Voyage au Maroc
Les Règles de la fiction

Autobiographies
Les Chemins parcourus, suivie de La Vie et moi
Lettres, 1900-1915

MAJ 11/11/2023

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 9:32

Edith Wharton 41v8lw10

La plénitude de la vie.

Une femme meurt, arrivée dans l'au-delà elle est reçue par l'Esprit de Vie lui dit son étonnement d'un tel lieu, beau serein, elle lui confie que dans sa vie terrestre elle n'a pas connue la plénitude, dont elle a pourtant eu un aperçu dans la beauté d'une église. Elle identifie son corps comme la composition d'une maison mais dont la porte de la pièce intime là où se trouve son âme, n'a jamais été poussée, même pas par son mari. Sa vie en ce lieu pourrait-il offrir plus que la vie qu'elle a quittée, un homme qui pousserait-il la porte, la "plénitude" espérée ?  Un grincement de bottes, une porte qui claque peuvent-être une réponse. Sait-on reconnaître le bonheur ?

La lampe de Psyché

Delia Corbett est une femme comblée, après un premier mariage difficile, elle a trouvé en Corbett un homme parfait, beau, aimant, aimé. C'est lors d'une visite chez une tante d'Amérique dans un milieu "vertueux" qu'une question posée amène une déconvenue envers «l'homme idéal». Quel cynisme dans la conclusion de Délia : Et à l'adoration passionnée qu'elle avait payé pour avoir son mari elle substitua une affection tolérante qui offrit exactement les mêmes avantages.

La vue de Madame Manstey

Madame Manstey est veuve, seule, son unique fille vit au loin, après une vie médiocre son petit bonheur quotidien est la vue de sa fenêtre. Elle a plaisir à voir en toutes saisons les plantes, les cours,  les maisons et leurs habitants au-dessous de sa fenêtre et jusqu'au loin le clocher, le ciel. Mais un jour la propriétaire d'une des maisons décide de faire construire une extension, laquelle construction occulterait la vue de la vieille dame. Mme Manstey offre 1000 dollars de son économie à la propriétaire afin qu'elle renonce. Qui peut croire à un tel renoncement ? seule Mme Manstey qui punira celle qui a promis. Mais vous connaissez la fin du pot de terre contre le pot de fer !


L'atmosphère est feutrée, compensée, une impression que tout se passe en catimini dans ces nouvelles.


mots-clés : #nouvelle


Dernière édition par Bédoulène le Lun 15 Mai - 11:28, édité 1 fois

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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 9:33

Edith Wharton 51ewaw10

Ethan Frome

j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre, peut-être à cause de l'introduction de l'auteure m'attendais-je à autre chose ? mais dès que j'ai accepté cette écriture j'ai pu apprécier l'histoire de cette famille et surtout d'Ethan Frome. Une vie dramatique mais dont il sait qu'il ne pourra s' évader, parce que rien ne lui est accordé, ni la possibilité de vivre son amour, ni les moyens financiers, ni la morale de l'époque.

Finalement une bonne lecture

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Message par Nadine Dim 4 Fév - 19:17

Edith Wharton La-spl10

La splendeur des Lansing

J'avais beaucoup aimé lire, il ya des années, Les chemins parcourus, un recueil de mémoires de l'auteur, et puis un autre de ses livres, un roman dont je ne me souviens plus du titre.

Celui-ci m'a moins plu, mais un peu quand même. C'est facile à lire, c'est un genre particulier, très ratiocinatoire, qui m'a un peu lassée sur la longueur, par la réitération très naturaliste des cheminements mentaux des héros. Ils ressassent, errent dans leurs peurs et calculs désespérés, de ce point de vue j'avoue avoir trouvé ça déprimant parce que cela m'a rappelé ma propre propension à spéculer au coeur de mes états d'âmes parfois. Ils sont complètement contradictoires, tout à fait crédibles en fait. J'ai trouvé déprimant de lire à quel point, aussi, l'orgueil peut créer des quiproquos. Tout un programme hihi.
Je peux donc dire qu'Edith Wharton est une excellente peintre des sentiments, apparemment . Glups !

L'histoire :

un jeune homme et une jeune femme font partie de ce qu'on appellerait aujourd'hui la Jet Set, grâce à la popularité que leur caractère entraîne naturellement. Ils sont pourtant tous deux loin d'être nantis et sont totalement soumis à la générosité des piliers de ce microcosme international.

En alternant le récit des sentiments intérieurs de ces deux jeunes gens, Edith Wharton raconte les strates de frustration , d'éthique, rebuffades envers la solitude et la pauvreté de ceux-ci, mais aussi l'amour qui nait entre-eux, d'abord, semble-t il, par communauté de statut mais aussi par la grâce de la vie.
Ils se marieront pour allier leur force face à la précarité de leur position, puis subiront l'explosion de leur confiance mutuelle, mise à mal par la règle du jeu qui sous-tend les rapports sociaux de leur cercle relationnel.
On les verra souffrir et nier leurs sentiments profonds jusqu'à peu peu les voir enfin se retrouver, plus forts d'éthique et de courage face à leur avenir bancal. Il y a là un peu de caractère initiatique mais dont les enjeux seraient "riche et seul et triste" ou "un peu pauvre et amoureux sans ressource pour nourir son goût du beau".

Wharton nous parle d'un début du XXeme siècle troublant d'échos de notre propre siècle commençant, et de ses cercles détachés des soucis communs aux mortels, dirais-je.
L'argent et son manque, autant que ses lois, sont réellement placés au coeur de la narration, comme ressort total des mouvements amoureux, mais Wharton , de manière assez inattendue mais habile introduit aussi la notion de goût, de beauté que la richesse peut permettre de combler et stimuler, mais qu'elle dégage comme véritables moteurs, en eux-même, d'éthique. Et ça c'est beau, merci Edith.

C'est une échappée qui ne m'a pas déplu, mais qui si elle est servie par un style élégant, reste tout de même une peu gnan gnan à mon goût. Edith Wharton propose pourtant, au coeur de cette palette qui est la sienne, un beau chant à l'honneur de l'amour et du libre arbitre. Elle pose, au final, également, un encouragement très clair à croire en des valeurs de coeur comme supérieures au faste pour développer un vrai rapport à l'art et la culture.


mots-clés : #amour #psychologique #solitude
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Message par Tristram Sam 11 Nov - 12:34

Chez les heureux du monde

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Plein de commentaires dans notre lecture commune, https://deschosesalire.forumactif.com/t3572-lc-edith-wharton-chez-les-heureux-du-monde

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Message par Pinky Sam 2 Mar - 17:31

Les chemins parcourus. Autobiographie
traduit de l’anglais par Jean Pavans, Flammarion, 1995.

Edith Wharton 97820810

L'intérêt de l'ouvrage réside dans la description d'un mode de vie dont on retrouve les éléments dans les romans de James et dans Les heureux du monde que nous avons lu récemment. Toute cette bourgeoisie oisive américaine de la seconde moitié du XIXe siècle passe une partie de l'année en Europe, voyageant entre l'Angleterre, Paris ou la Riviera, l'Italie. Société qu'Edith Wharton côtoie tout en menant peu à peu sa carrière d'écrivaine.
Ce livre de souvenirs a été publié en 1933, peu de temps avant sa mort en 1937 alors qu’elle réside en France depuis 1907 ; Edith Wharton était née en 1862.
« Ce ferment de lectures relança mon envie fiévreuse de raconter des histoires ; mais cette fois je voulais écrire et non improviser. Ma première tentative (à l’âge de onze ans) fut un roman, qui commençait ainsi : « Oh, comment allez-vous, Mrs Brown ? dit Mrs Tompkins. Si j’avais su que vous deviez venir, j’aurais rangé le salon.» Je soumis craintivement cette esquisse à ma mère, et je n’oublierai jamais la chute finale de ma frénésie créatrice, lorsqu’elle me la rendit avec ce commentaire : « Les salons sont toujours rangés. »
Son témoignage exprime ce qui est alors dans l’air du temps dans ce milieu, tout en regrettant parfois son évolution :
« Je me suis étendue sur ces détails parce qu’ils faisaient partie -une partie très importante et très honorable- de cette antique formation d’une maitresse de maison qui, du moins dans les pays anglo-saxons, devait être balayée par le « monstrueux régiment » des émancipées : ces jeunes femmes qui ont appris de leurs ainées à mépriser la cuisine et la lingerie, et à remplacer l’art complexe de la vie civilisée par l’obtention de diplômes universitaires. Ce mouvement a commencé lorsque j’étais jeune, et maintenant que je suis vieille, que j’ai observé sa progression et pris note de ses résultats, je déplore plus que jamais l’extinction des anciens arts domestiques. La conservation des aliments par le froid, si regrettable soit-elle, a fait beaucoup moins de mal à la vie du foyer que les études supérieures. »
« On considérait comme snob et vulgaire d’essayer de faire la connaissance à Londres, Paris ou Rome, de personnes de la classe correspondante à la vôtre. On disait que les Américains qui faisaient tout pour s’introduire dans la bonne société en Europe étaient ceux qui en étaient exclus dans leur propre pays. »

« Dans les boutiques, comme l’a finement remarqué Henry James dans La Pension Beaurepas, la femme américaine trouvait une inépuisable consolation à la solitude et aux inconvénients de la vie à l’étranger. Toutefois, de crainte d’avoir excessivement mis l’accent sur les limites de mes compatriotes, je dois rappeler qu’à cette époque le tourisme intelligent n’était guère connu même de sociétés plus sophistiquées. ….En attendant la majorité des gens plus simples ramassaient des bouts de marbres dans le Forum, faisaient sécher les cheveux-de-Vénus pris au temple de Vesta à Tivoli, ou des marguerites cueillies près de la tombe de Shelley, achetaient des edelweiss collés sur du bristol aux guides de Chamonix ou des reproductions de l’Aurore de Guido Reni ou des Joueurs du Caravage aux marchands romains."
Son amitié avec James nous le décrit comme un compagnon familier, corpulent ne supportant pas la chaleur, fan d'automobile  pour profiter de la fraicheur du déplacement dans un véhicule ouvert voire sans pare-brise au tout début de ce nouveau mode de transport et pour le plaisir des excursions dans la campagne américaine. Ces débuts de l'automobile nous rappellent aussi que bien des lieux n'étaient pas accessibles aussi facilement lorsqu'ils étaient loin d'une gare et que se priver de voiture est plus facile pour un urbain que pour un rural. Wharton, complice de James, n'hésite pas à critiquer son attachement à un mode de narration qu'elle trouve trop rigide et raconte comment tous deux ont été émerveillés par la liberté d'écriture de Proust. Nous sommes quelques années avant la guerre de 14 :
« C’était comme si ces années contenaient quelque flamme génératrice qui faisait naître des chefs-d’œuvre ; car après Isadora et les danseurs de Diaghilev, vint le premier volume de Proust. Proust – un nom aussi peu familier que celui d’Isadora, et destiné, comme le sien, à emplir nos esprits d’un bouquet de fleurs printanières : la haie d’aubépines de Du côté de chez Swann. Sur le moment, il me rappelait simplement quelques considérations pleines d’esprit sur des écrivains contemporains, que j’avais parcourues de temps en temps dans le Figaro. J’ai oublié qui me parla pour la première fois du livre, mais il se peut que ce fût Blanche, qui était un des plus anciens amis et admirateurs de Proust. Je commençai à lire avec indolence, puis, au bout de deux pages, je me sentis entre les mains d’un maître, et tremblai bientôt de l’émotion que seul un génie peut susciter.
J’envoyai aussitôt le livre à James, et sa réponse montre à quel point il fut impressionné. James, à cette époque, était un vieil homme, et, comme je l’ai dit, ses jugements littéraires étaient depuis longtemps déformés par son obsession croissante de la structure du roman et son refus d’admettre que le centre vital (quand il y en a un) pouvait se trouver ailleurs.
……….
Seul un romancier sait combien il est difficile pour quelqu’un du métier de lire les romans des autres ; mais, en présence d’un chef-d’œuvre, tous les préjugés et toutes les réticences de James disparaissaient. Il s’empara de Du côté de chez Swann et le dévora dans une passion de curiosité et d’admiration. »
Edith Wharton croise aussi un grand nombre de célébrités dans les salons parisiens :
« Même à ceux qui ont bien connu l’abbé Mugnier, il n’est pas facile de définir les qualités qui le singularisaient…je puis seulement dire que comme vicaire de l’église ultraélégante de Sainte-Clotilde, puis comme aumônier d’un couvent d’une rue éloignée au-delà de Montparnasse, il avait également l’air d’être dans son milieu approprié….L’abbé Mugnier eut son heure de gloire quand il convertit Huysmans…
Nous parlions un jour des difficiles problèmes moraux que les prêtres appellent des cas de conscience et il déclara : « Ah, un problème très délicat s’est une fois présenté à moi, auquel je ne connais aucun précédent. J’administrais les derniers sacrements à une paroissienne mourante, et à ce moment-là le canari de la pauvre femme s’échappa de sa cage et, se posant sur son épaule, se mit à picorer l’hostie.
-Oh, monsieur l’abbé, et qu’avez-vous fait ?  
-j’ai béni l’oiseau. »
« Un des premiers amis que je me fis fut Jacques-Emile Blanche, peintre et hommes de lettres distingué chez qui on rencontrait non seulement la plupart des Parisiens intéressants mais aussi un échantillon remarquable du Londres littéraire et artistique….Tout y était harmonieux par la disposition et les couleurs, depuis les grands paravents de Coromandel, les vieux tapis, les porcelaines et les bronzes chinois, jusqu’aux splendeurs accrochés aux murs, des tableaux de Renoir, Degas, Manet, Corot, Boudin, Alfred Stevens et Whisler.
j’y ai fait de nombreux séjours et la première fois que j’y suis allée, j’y ai rencontré un jeune homme de dix-neuf ou vingt ans, qui à cette époque vibrait de toute la jeunesse du monde. C’était Jean Cocteau. »
« Un autre ami que je connus….fut Victor Bérard, l’éminent directeur de l’Ecole des hautes études, dont l’interprétation spéculative et pittoresque de l’Odyssée (Les Phéniciens et l’Odyssée) avait suscité un grand intérêt bien au-delà des cercles universitaires. Victor Bérard était un bel homme corpulent, au cerveau bouillonnant d’enthousiasmes intellectuels et d’hypothèses intrépides.
Leur grande vieille maison qui donnait sur les jardins voisins de l’Observatoire restait ouverte aux écrivains, historiens et archéologues, les plus fameux de l’époque – et également aux peintres éminents, car Bérard était un ami intime de Lucien Simon, Cottet et René Ménard, qui étaient eux-mêmes de grands amis et qu’on voyait souvent ensemble chez lui. »
C’est Paul Bourget, un autre proche d’E Wharton, qui propose de confier la traduction de The House of Mirth à un de ses amis, Du Bos : livre qui prendra le titre français de Chez les heureux du monde :
« Quand nous nous installâmes finalement rue de Varenne, Chez les heureux du monde, que la Revue de Paris faisait paraître, attirait l’attention dans son habit français, d’une part parce que peu de romans anglais et américains avaient alors été traduits, mais aussi, et surtout, parce qu’il dépeignait une société totalement inconnue des lecteurs français. »
Un voyage à Berlin en 1912 ou 1913 (elle ne sait plus) lui donne l’occasion de rencontrer Rainer Maria Rilke.
Un chapitre évoque le rôle des Américains comme bienfaiteurs et des Américaines s’occupant des réfugiés et des blessés, échappant ainsi à leur vie mondaine.
La description de New York avant les gratte ciels comme une petite ville de province a également  son intérêt  comme la découverte de la campagne profonde de la Nouvelle Angleterre, surtout lorsque l'auteur témoigne du contraste entre cette Amérique terne, sans attrait et l'Europe riche en monuments et vestiges  qu'elle a découverte enfant avec ses parents.
En lisant ce récit qui laisse de côté certains aspects de sa biographie comme son divorce et l'évocation de ses deux compagnons de vie, on peut se lasser de récits parfois répétitifs de mondanités et d'une certaine auto satisfaction mais on y retrouve aussi tout ce qui fait les romans de l'époque, en particulier les siens et ceux de James (à mon avis plus fins) ainsi que toutes ses rencontres avec les artistes jusqu’à la première guerre mondiale.
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Message par Tristram Sam 2 Mar - 18:05

Je trouve excellent l'incipit de son premier roman !
Malgré le panégyrique de la femme au foyer et le snobisme, cette lecture paraît intéressante, au moins par son aspect historique !

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Message par Pinky Sam 2 Mar - 18:13

En effet, c'est vraiment l'aspect historique qui est intéressant, disons entre 1870 et 1920, c'est tout un monde privilégié qu"elle fait revivre.
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Message par Bédoulène Sam 2 Mar - 20:23

merci Pinky !

tu as semble-t-il une légère préférence pour l'écriture de James ! (je dois toujours lire d'ailleurs Portrait de Dame)

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Message par Pinky Dim 3 Mar - 11:34

Oui , Bédoulène, je pense que James est plus fin. J'ai aussi une préférence pour Virginia Woolf et je suis étonnée qu'Edith Wharton n'en parle jamais.
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Message par Bédoulène Dim 3 Mar - 13:38

il faudra bien que je la lise aussi Woolf

merci Pinky

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