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Message par Invité Mar 31 Mar - 21:56

Elle avait pris ce pli

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c'était un esprit avant d'être une femme.
Son regard reflétait la clarté de son âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J'appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste !
Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

Les Contemplations, également et toujours le souvenir de Léopoldine.

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Message par ArenSor Dim 17 Mai - 19:05

ArenSor a écrit:Moi aussi : lecture d'adolescence, mais qui m'avait beaucoup plu.
Aventin m'a donné envie de me replonger dans les Choses vues.
Je vous propose de noter au fil de ma lecture quelques citations sous la rubrique
Choses lues dans choses vues
Commençons par le début :
1830
C'est l'année de la révolution : les trois glorieuses. On se rend compte que le souvenir de la Terreur est encore bien présent. Ce n'était que 35 ans avant !

Ne demander pas de droits pour le peuple tant que le peuple demandera des têtes

Nous sommes dans le moment des peurs paniques. Un club, par exemple, effraie et c’est tout simple : c’est un mot que la masse traduit par un chiffre : 93. Et, pour les basses classes, 93, c’est la disette ; pour les classes moyennes, c’est le maximum ; pour les hautes classes, c’est la guillotine.
Mais nous sommes en 1830.

On est tout stupéfait des existences qui surgissent toutes faites dans la nuit qui suit une révolution. Il y a du champignon dans l’homme politique.

La nouvelle génération a fait la révolution de 1830, l’ancienne génération prétend la féconder. Folie, impuissance ! Une révolution de vingt-cinq ans, un parlement de soixante, que peut-il résulter de l’accouplement ?

En France, que de gens à longues oreilles : ânes en littérature, lièvres en politique !

Nos chambres décrépites procréent à cette heure une infinité de petites lois culs-de-jatte, qui, à peine nées, branlent la tête comme de vieilles femmes et n’ont plus de dents pour mordre les abus.

M. de Maistre disait à propos des religions : « La science est le grand acide. »

Il y a des hommes malheureux : Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte ; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention. Tous deux, eût dit Falstaff, avaient trouvé un chemin de l’autre monde.

1831

« Le roi Ferdinand de Naples, père de celui qui vient de mourir, disait qu’il ne fallait que trois F pour gouverner un peuple : Festa, Forca, Farina. »

« On veut démolir Saint-Germain-l’Auxerrois pour un alignement de place ou de rue ; quelque jour on détruira Notre-Dame pour agrandir le parvis ; quelque jour on rasera Paris pour agrandir la plaine des Sablons. »

« Il y avait quelque chose de plus beau que la brochure de M. de C… [Chateaubriand] ; c’était son silence. Il a eu tort de le rompre. Les Achilles dans leur tente sont plus formidables que sur le champ de bataille. »

1832

« J.L… élabore sa pensée avec peine et souffrance. Il a des hémorroïdes au cerveau. »

« Gare Napoléon II ! Rien n’est plus funeste, en politique, que les Racine fils. »

« Le jour où Louis-Philippe tombera du trône, il ne se fera pas maître d’école, comme Denys de Syracuse, mais épicier. »

« Nous avons un gouvernement dont les parties honteuses sont vraiment belles, développées, charmantes, dodues et magnifiques, un ministère callipyge. »

« A de Vigny a deux raisons pour ne pas m’aimer. Primo, que « Marion Delorme » a fait plus d’argent que la « Maréchale d’Ancre » et « Hernani » plus d’argent qu’ »Othello ». Secundo, que j’ai donné quelquefois le bras à Mme Dorval. Envieux et jaloux. »

1836

"M. de Chateaubriand vieillit par le caractère plus encore que par le talent. Le voilà qui devient bougon et hargneux. Le voilà qui invective, à côté de la monarchie de Louis-Philippe, les nouvelles écoles d’art et de poésie, le drame actuel, les romantiques, tout ce qu’un certain monde est convenu d’invectiver en certains termes. Le voilà qui mêle aux passions politiques les passions littéraires, la jalousie à l’opposition, les petites haines aux grandes. Triste chose qu’un lion qui aboie. »

1839

« Si un souvenir sacré n’y emplissait mon âme, je haïrais votre Père-Lachaise, avec ses hideux petits édifices maniérés, à cases et à compartiments, où le brave Parisien met dans des tiroirs son père, sa mère, sa femme, ses enfants, toute sa race. O  tombeau de famille, dernière commode du bourgeois ! »

1840

« La taquinerie est la méchanceté des bons. »
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Message par Invité Lun 25 Mai - 21:56

Aventin a écrit:
Seul échec: même si j'ai une petite hypothèse personnelle derrière la tête, je n'ai pas vraiment dénoué le pourquoi du fait que Balzac, qui finira royaliste, enfonce à ce point ceux qui firent ces guerres côté blancs, tandis qu'Hugo est autrement magnanime et respectueux avec eux, bien qu'incontestablement républicain de toute sa fibre, attachement indéfectible qui le conduisit à la carrière politique, à l'exil et aux prises de position que l'on sait (mais, c'est une autre histoire...).

Superbe commentaire fouillé, @Aventin ! Qu'en est-il alors de cette intuition personnelle ? Tu nous la partages ? Very Happy
Tu m'as donné envie de faire également cette double lecture, même si j'ai plus de mal avec Balzac que Hugo. Pourquoi pas pour me réconcilier avec le premier ?
Je viens de voir le film Chouans, de Philippe de Broca. ça déménage !

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Message par Aventin Mar 26 Mai - 17:34

Arturo a écrit:
Aventin a écrit:
Seul échec: même si j'ai une petite hypothèse personnelle derrière la tête, je n'ai pas vraiment dénoué le pourquoi du fait que Balzac, qui finira royaliste, enfonce à ce point ceux qui firent ces guerres côté blancs, tandis qu'Hugo est autrement magnanime et respectueux avec eux, bien qu'incontestablement républicain de toute sa fibre, attachement indéfectible qui le conduisit à la carrière politique, à l'exil et aux prises de position que l'on sait (mais, c'est une autre histoire...).
Qu'en est-il alors de cette intuition personnelle ? Tu nous la partages ? Very Happy  

Eh bien comme je disais sur le fil Balzac, en commentaire des Chouans:
Il faut se souvenir sans doute que Balzac, lui, naît d'un père très homme nouveau, du progressisme que donne le couple argent-appartenance à la capitale, ayant fait fortune en se faufilant dans une carrière administrative centrale, sous la République puis l'Empire, et d'une mère d'une lignée de commerçants parisiens aisés. Ses parents le rêvaient notaire, c'est-à-dire un de ses points de rencontre et de confusion entre avoir et être, aisance, position sociale et titre de maître...
Or c'est pour Balzac une œuvre de jeune auteur, pré-Comédie humaine. Il a encore la paille du nid familial accrochée à sa plume. De plus il situe son action en 1799, alors que la messe était dite pour ce qui reste de la chouannerie et des forces royalistes.

Pour Hugo, qui n'a pas dû manquer de lire Les Chouans, c'est à l'opposé une de ses dernières œuvres en format roman.

Il s'est longuement, très longuement interrogé sur la révolution française, en vient à considérer cette année butoir, cruciale autant que repoussante, de 1793, qui fait assez tache il est vrai: c'est au-delà du sanglant et de l'horreur, plus qu'arbitraire, c'est la Terreur naissante, c'est Carrier, la baignoire nationale, les livres en peau de curé, les charniers, etc (évitons ici la litanie très longue, tendant vers l'infini, des exactions injustifiables)...  

Ceci encombre les républicains bon teint, à la Hugo, de cette seconde moitié du XIXème, en plus c'est dans un contexte particulier, 4 ans après son retour de très long exil, 4 ans après la défaite de 1870, 3 ans après la Commune de Paris...

Hugo choisit de ne pas expliquer, de surtout ne pas idéaliser, de ne jamais justifier ce sommet d'horreur de la révolution française, mais d'en conter un petit fragment, sans sensationnalisme.

Il se place dans une perspective, commune au XIXème et au XXème, du progrès, du sens de l'histoire (ça s'écrivait avec majuscules), valant quant-à-soi, façon d'évacuer sans devoir de mémoire.

Sans devoir de mémoire sans doute, mais avec le soin de répartir un peu plus équitablement les hommes de bien entre bleus et ceux qui chouanent, même si, comprenons-le, il n'ira jamais plus loin dans la démarche qu'un renvoi dos-à-dos.

Dans ce qui m'a été donné de lire sur cette période sous de très grandes plumes littéraires (hors livres d'historiens donc), il y a un troisième monument des Lettres françaises qui signe quelques forts chapitres, avec hauteur et pudeur, et c'est incroyablement méritoire vu le sort que ladite période a réservé à sa famille, c'est Chateaubriand, dans le vol. I des Mémoires d'outre-tombe.
Chateaubriand qui, lui, fut acteur et témoin...
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Message par Invité Mar 26 Mai - 19:27

Merci !
Le premier tome des Mémoires d'outre-tombe m'a paru très appréciable en effet, même si je ne me souviens pas vraiment des détails. Je me suis un peu enlisé ensuite avec Napoléon puis toutes les aventures diplomatiques de F.R. Mais je m'égare !

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Message par ArenSor Mar 26 Mai - 19:56

La position politique de Victor Hugo a beaucoup évoluée au cours de sa longue carrière. Il est monarchiste légitimiste sous Louis XVIII et Charles X, très proche du roi Louis-Philippe qui le fait nommer Pair de France sous la Monarchie de Juillet. Dans "Choses vues" Hugo relate des entretiens avec le roi qui apparaît à l'inverse de l'image de bonhomme borné que l'histoire en a gardée. C'est vraiment le coup d'état de L-N Bonaparte qui le fait basculer définitivement dans le camp républicain.
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Message par Aventin Mar 26 Mai - 20:52

Voilà, une évolution opposée à celle de Balzac, en somme; mais ne pas prendre en compte les dates d'écriture et les opinions des auteurs alors aurait été dommage, pour une lecture en parallèle, quitte à faire toussoter les Proustiens tendance Contre Sainte-Beuve.

Cela dit et pour réconcilier Arturo avec Balzac, une petite prescription à base des Contes drolatiques et Les paysans (l'inachevé, dont j'avais dû faire une lecture parallèle avec La terre de Zola sur l'ancien forum, du moins il me semble, peut-être était-ce antérieur encore, en tout cas au résultat c'était nettement à l'avantage de Balzac. Tandis que là, je ne départage pas Quatrevingt Treize des Chouans -deux œuvres vraiment puissantes).
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Message par Invité Mar 26 Mai - 21:31

Merci pour tes conseils. J'ai lu tes commentaires sur le fil Balzac. Je vais voir (j'ai essuyé quelques échecs déjà : Illusions perdues, Le colonel Chabert, et un autre que j'oublie ?). C'est le style qui me bloque, les lourdeurs (bon je me plains de la légèreté des contemporains et maintenant de la lourdeur des anciens, jamais content le gusse !) Je pense que je tenterai Les Chouans quand même. A voir pour le reste, il y a également La recherche de l'absolu, qui m'attirait. Je n'ai pas encore totalement renoncé à entrer dans Balzac.

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Message par bix_229 Sam 30 Mai - 17:53

Arturo a écrit:Merci pour tes conseils. J'ai lu tes commentaires sur le fil Balzac. Je vais voir (j'ai essuyé quelques échecs déjà : Illusions perdues, Le colonel Chabert, et un autre que j'oublie ?). C'est le style qui me bloque, les lourdeurs (bon je me plains de la légèreté des contemporains et maintenant de la lourdeur des anciens, jamais content le gusse !) Je pense que je tenterai Les Chouans quand même. A voir pour le reste, il y a également La recherche de l'absolu, qui m'attirait. Je n'ai pas encore totalement renoncé à entrer dans Balzac.
C'est ce qui me bloque aussi, lourdeurs, répétitions, commentaires personnels, moralisateurs, réactionnaires. Des descriptions à n'en plus finir du décor,
des personnages. Il ne nous laisse rien deviner, imaginer, il nous écrase. 
Et c'est dommage !
Il est plein de talents et de hardiesses, Balzac.
Qu'il gache comme à plaisir.
Par contre tu peux essayer certaines nouvelles comme La Grande Bretèche ou Une idylle dans le désert.
Hugo aussi a des défauts qui sont un peu l'envers de ses qualités : redondances, enflure lyrique, mais qu'il
compense largement parce qu'il en a conscience et du génie à revendre.
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Message par Quasimodo Sam 30 Mai - 18:07

Balzac, j'ai eu du mal à l'adolescence (comme Flaubert, comme Proust, comme…)
Finalement, c'est l'un des deux seuls romanciers dont j'aie emporté un livre à Séville, et le seul romancier français, en cas de mal du pays. C'est me paraît assez significatif, et inattendu.
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Message par Invité Sam 30 Mai - 18:41

Je commence à peiner avec Les Chouans, et je rejoins ton ressenti Bix. Pourtant le livre m'intéresse, mais toujours cette lourdeur. Si chaque page de Flaubert est un délice pour moi, chaque page de Balzac est un effort à commettre. Je peine, car parfois il faut peiner.
Mais cessons de digresser sur le fil du bon Victor, autrement il va bouder.

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Message par animal Sam 30 Mai - 19:46

j'avais comme qui dirait trop kiffé ses tartines du Lys dans la vallée ! on s'y croirait en plus.

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Message par ArenSor Sam 30 Mai - 19:59

Je vous trouve bien sévères avec ce brave Honoré  Very Happy. Il est parfois exaspérant mais il a tout de même écrit de vrais chefs d'oeuvre : Le Père Goriot, le cousin Pons, même le Lys ; pour moi ce n'est pas rien  Very Happy

Quasimodo a écrit: Finalement, c'est l'un des deux seuls romanciers dont j'aie emporté un livre à Séville, et le seul romancier français, en cas de mal du pays. C'est me paraît assez significatif, et inattendu.

Je pense que je ressentirais la même chose

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Message par Quasimodo Sam 6 Juin - 11:02

ArenSor a écrit:Je vous trouve bien sévères avec ce brave Honoré  Very Happy. Il est parfois exaspérant mais il a tout de même écrit de vrais chefs d'oeuvre : Le Père Goriot, le cousin Pons, même le Lys ; pour moi ce n'est pas rien  Very Happy
...même les œuvres moins connues : les nouvelles, Mémoires de deux jeunes mariées, Modeste Mignon, et j'en passe.


ArenSor a écrit:
Quasimodo a écrit: Finalement, c'est l'un des deux seuls romanciers dont j'aie emporté un livre à Séville, et le seul romancier français, en cas de mal du pays. C'est me paraît assez significatif, et inattendu.
Je pense que je ressentirais la même chose

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Message par Quasimodo Sam 6 Juin - 11:08

Et pour me faire pardonner auprès de Victor Hugo, voici :

Rêverie

Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline :
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !  

Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies !
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet !

Les Orientales
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Message par ArenSor Lun 13 Juil - 19:30

Choses vues (suite)

1841
Description des funérailles de Napoléon aux Invalides

« M. Lemercier. Sorte de modestie hautaine. Ne parlait jamais de lui ni des autres. Sa plénitude de lui-même ne se révélait que par l’impossibilité d’admettre autrui. »

« Pour les statues comme pour les hommes, un piédestal, c’est un petit espace étroit et honorable, avec quatre précipices tout autour. »

1842
Mort accidentelle du duc de Chartres, fils aîné du roi. Savoureux propos sur le cardinal Maury, archevêque de Paris sous l’Empire.

« L’église de Conches est située entre deux maisons. La maison à droite est le presbytère ; elle est habitée par le curé. Dans la maison à gauche loge une dévote qui vit seule et tout occupée de saintes pratiques.
Au mois de mars dernier, pendant le grand ouragan de la nuit du 12, le clocher de l’église, vénérable construction du XIIIe siècle, s’est écroulé. Il est tombé sur la maison située à sa gauche et l’a écrasée. Il aurait certainement écrasé aussi la digne dévote si la Providence n’inspirait des idées salutaires à ceux qui se font siens. Cette nuit-là, la béate était allée coucher avec le curé, et c’est ainsi qu’elle fut miraculeusement sauvée. »

1843
Mort de Léopoldine

1844

« M. Pradier, l’excellent statuaire, a un talent merveilleux et une femme coquette. Son talent l’enrichit, sa femme le ruine. La femme fait plus de besogne encore que le talent ; d’où il suit que le pauvre grand sculpteur gagne cinquante mille francs par an et marche à l’hôpital. »

« Je connaissais beaucoup Pétion, mais je n’avais jamais vu Robespierre. C’était bien la figure dont Mirabeau avait fait le portrait d’un mot, un chat qui boit du vinaigre. (propos rapportés par le roi Louis-Philippe). »

« Oh, que c’est rare, un vrai ministre ! Ils sont tous comme des écoliers. Les heures de conseil les gênent. Les plus grandes affaires se traitent en courant. Ils ont hâte d’être à leurs ministères, à leurs bureaux, à leurs bavardages. (propos rapportés par le roi Louis-Philippe). »

1846
Procès de Lecomte coupable d’avoir voulu assassiner le roi :

« 196 pour la peine des parricides ;
33 pour la peine capitale ;
3 pour la détention perpétuelle.
Voici la nuance entre l’accusé et le procureur général ; Lecomte a une figure féroce ; M. Hébert a une figure atroce. »

Autres temps :
« Les femmes en Orient s’épilent absolument. Les Orientaux considèrent comme une laideur ce que les occidentaux considèrent comme un attrait. »

« Voici comment le bey de Tunis qualifie le roi : mon auguste cousin le padischah des Français. »

« Le maréchal de Richelieu écrivait : je cuis de la Cademi. »

« Toute cette chambre ainsi meublée tenait du palais, du cachot et de l’arrière-boutique. Cela était patibulaire, magnifique, laid, bête, sinistre, royal et bourgeois ».

En septembre 1846 : longue visite de la prison de la Conciergerie : volet social en visitant les cellules, notamment des femmes et des enfants ; envolée lyrique à la vue de la salle à la question ; colère devant les destructions faites à ce monument du Moyen Age par les architectes de la Restauration.

« En 1826 fut pratiquée la porte qu’on voit sur le quai entre les deux grosses tours rondes. Ces deux tours avaient au rez-de-chaussée, comme la tour de la question, une chambre sans fenêtre. Les deux grotesques ogives, sans voussures et sans triangle équilatéral pour base, qu’on y admire encore en ce moment et qui sont des chefs d’œuvre d’ignorance, ont été ouvertes dans ces magnifiques murailles par une sorte de maçon nommé Peyre, qui avait la fonction d’architecte du Palais de Justice et qui l’a mutilé, déshonoré et défiguré comme on le peut voir. »

« - Ah ! dis-je, voici une des cheminées. Mais où sont les trois autres ?
- Il n’y a plus, me répondit M. Lebel, que celle-ci qui soit intacte. Sur les trois autres, deux sont entièrement démolies, la troisième est mutilée, cela était nécessaire pour notre souricière. C’est comme il a été nécessaire de remplir avec de la maçonnerie les intervalles des piliers. Il a fallu faire des cloisons. L’architecte a conservé cette cheminée comme spécimen du style de l’architecture de ce temps-là.
- Et, ajoutais-je, de l’ineptie des architectes de notre temps. Ainsi, plus de salle ; des cloisons ; et, sur quatre cheminées, trois détruites. On a arrangé cela sous Charles X. Voilà ce que les fils de saint Louis ont fait des souvenirs de saint Louis. »

« Henri IV doutait de la probité de Sully. Un jour, le duc, saluant le roi, faillit tomber. Henri IV éclata de rire et dit tout haut «  Le plus fort de mes Suisses serait tombé tout à plat s’il eût eu autant de pots-de-vin dans la tête »
12 novembre

« La police autrichienne vient de saisir « Le Dante » dans la poche d’un voyageur français entrant en Lombardie, comme « œuvre pestilentielle de l’esprit français contemporain. »
19 novembre

« L’autre jeudi, à l’académie, M. Ancelot disait ce quatrain :
« J’ai joué, je ne sais plus où,
Sur un billard d’étrange sorte,
Les billes restent à la porte
Et la queue entre dans le trou »
Cala faisait rire ceux que le dictionnaire ne faisait pas bâiller »
31 novembre

« Dans la nouvelle salle des séances privées de l’Académie, la statue de Racine a été mise dans un coin et la statue de Corneille au centre, derrière le fauteuil du président.
Autrefois, c’était Racine qui était au centre, et Corneille dans le coin. C’est un pas de fait.
Encore une démolition, encore une reconstruction, encore un pas, et ce sera Molière qu’on mettra à la place d’honneur. »
1er décembre

« Trait de probité : Un homme a trouvé deux billets, l’un de mille francs, l’autre de l’Odéon. Il a rapporté fidèlement le billet de l’Odéon.
On ne saurait donner trop de publicité à de pareils actes qui honorent notre époque. »
12 décembre
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Message par Bédoulène Mar 14 Juil - 10:28

des extraits intéressants, merci Aren !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Message par ArenSor Lun 12 Oct - 10:47

1847 : année marquée par des scandales : affaire Teste- Cubières de corruption et de pots de vin touchant des pairs de France et des ministres, assassinat de sa femme par le duc de Choiseul-Praslin. Dans les « faits contemporains » de la fin de l’année, récit intéressant sur la prise d’Alger par les Français.

« M. Casimir Bonjour disait un jour à M. Trongnon :
« - Vous avez un nom terrible. Il est impossible d’en rien faire. Otez le t, il reste rognon ; ôtez l’r, il reste ognon ; ôtez l’o, il reste gnon ; ôtez le g, il reste non ; ôtez l’n, il reste on. »
La chose est jolie. Si j’étais sûr que M. Casimir Bonjour l’eût dit, je lui donnerais ma voix pour l’Académie. Ce mot vaut mieux que toutes ses comédies. »
6 janvier

« M. de Chateaubriand, au commencement de 1847, état paralytique ; Mme Récamier était aveugle. Tous les jours, à trois heures, on portait M. de Chateaubriand près du lit de Mme Récamier. Cela était touchant et triste. La femme qui ne voyait plus cherchait l’homme qui ne sentait plus ; leurs deux mains se rencontraient. Que Dieu soit béni ! on va cesser de vivre qu’on s’aime encore. »
12 février

« Vacance à l’Académie par la mort de Guiraud. Après M. Empis, voici M. Ampère. J’ai dit à Ségur : « - Je ne sais pas si cela empisse ni si cela ampère, mais je suis sûr que cela empire. »
6 mars

« Méry, ce soir, 10 mars, a fait une violente sortie contre Lamartine. Il a nié l’existence d’Elvire et célébré la laideur de Mme de Lamartine, et il s’est écrié : « - Je hais les poètes rêveurs qui inventent des Elvire pour épouser des Anglaises… »
Cette sortie a un peu contristé tout le monde (c’était chez Mme de Girardin). Méry a promené son regard sur l’auditoire silencieux et, après une minute, a ajouté d’un ton foudroyant : « au nez rouge ! »
10 mars

« L’autre soir, au bal des comédiens, à l’Opéra-Comique, Mlle Brohan me dit : « - venez donc dans ma loge. J’y ai l’ambassadeur de Russie, M. Kisseleff (elle prononçait les ff comme un v). Puis elle ajouta : - J’aime beaucoup M. Kisseleff. » J’ai répondu : «  - J’aime mieux Madame qui se couche. »
11 mars

« M. Madrolle ôtez Rolle – il reste mad – Fort bien. De Rolle ôtez crétin. Que vous reste-il ? – Rien. »
4 avril

Visite à la prison de la Roquette et rencontre avec un jeune condamné à mort (6 avril)
« D’un côté, tous les condamnés pêle-mêle, l’enfant de dix-sept ans avec le vieillard de soixante-dix, le prisonnier de treize mois avec le forçat à vie, le gamin imberbe qui a chipé des pommes et l’assassin de grandes routes sauvé de la place Saint-Jacques et jeté à Toulon pour les circonstances atténuantes, des presque innocents et des quasi-condamnés, des yeux bleus et des barbes grises, de hideux ateliers infects où se coudoient et travaillent, dans des espèces de ténèbres, à des choses sordides et fétides, sans air, sans jour, sans parole, sans regard, sans intérêt, d’affreux spectres mornes, dont les uns épouvantent par leur vieillesse, les autres par leur jeunesse. »

« J’ai entendu pour la première fois, il y a trois jours, parler le duc de Montebello. Son père s’appelait Lannes. Je crains qu’il ne faille maintenir la prononciation et changer l’orthographe. »
17 juin

« Le prétendu dictionnaire historique de la langue que fait en ce moment l’Académie est le chef-d’œuvre de la puérilité sénile. »
13 août

Préfiguration de la crise de la vache folle ?
« Les journaux anglais racontent qu’il est arrivé du continent à Hull plusieurs millions de boisseaux d’ossement humains. Ces ossements mêlés d’ossements de chevaux, ont été ramassés sur les champs de bataille d’Austerlitz, de Leipzig, d’Iéna, de Friedland, d’Eylau, de Waterloo.
On les a transportés dans le Yorkshire, où on les a broyés et mis en poudre et de là envoyés à Doncaster où on les emploie comme engrais.
Ainsi, dernier résidu des victoires de l’Empereur : engraisser les vaches anglaises. »
5 décembre

« L’autre jour, M. le duc de Montpensier, qui reçoit tous les lundis à Vincennes, dit à Alexandre Dumas :
« - On m’a conté un mot que vous auriez dit chez Victor Hugo ; M. Ponsard est la constipation ; M. Latour-Saint-Ybars est le contraire. Est-ce vrai, l’avez-vous dit ?
- C’est vrai, monseigneur.
- En ce cas, vous avez bien fait de ne pas venir hier chez moi ; vous y auriez trouvé M. Latour Saint-Ybars.
- Je le savais, monseigneur, dit Dumas. C’est pour cela que je ne suis pas venu. J’ai eu peur de marcher dedans. »
31 décembre

1848 : l’année est particulièrement commentée par Hugo (235 pages) en raison de l’actualité : Révolution de février et proclamation de la seconde République, insurrections sanglante de juin, élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence en décembre.
Bien que républicain dans l’âme, Hugo reste royaliste, estimant que le peuple français n’est pas encore prêt pour une république. Ainsi, il proposera la régence lors de l’abdication de Louis-Philippe. Globalement, Hugo se montre déçu par cette république :

« L’Assemblée constituante de 1848 a de l’honnêteté et du courage. Son malheur est d’être médiocre, ce qui la fait hostile aux grandes intelligences qu’elle contient. L’éloquence vraie, mâle et ferme, l’étonne et la hérisse. Le beau langage lui est patois. Elle est presque entièrement composée d’hommes qui, ne sachant pas parler, ne savent pas écouter. Ils ne savent que dire, et ils ne veulent pas se taire. Que faire ? Ils font du bruit.
On sent que cette assemblée est d’hier et qu’elle n’a pas de demain. Elle vient de naître et elle va mourir. De là un bizarre amalgame des défauts de l’enfance et des misères de la décrépitude. Elle est puérile et sénile. Elle discute, dispute, avance, recule, dit oui et non, se fâche, s’impatiente, boude, bougonne ; elle se hâte et elle se traîne. Jamais de hauteur, jamais de profondeur, même dans la colère. Pas de tempêtes, des giboulées. »

Les godillots de Macron ?
« Ne vous presser pas trop d’admirer les grands politiques de quart d’heure, dont on dit : sans eux la France ne pourrait marcher. C’est peu de chose après tout. Ce sont des souliers qui deviendront des savates. »

D’une plume qui peut être acide, il dresse en quelques mots des portraits des hommes politiques. Ainsi, à plusieurs reprises, il se gausse de la petite taille de Louis Blanc :

« Vous savez comme M. Louis blanc est petit, plus petit que Thiers, haut comme ça ; il est démagogue, ce qui le fait adorer du faubourg Saint-Germain ; il dîne chez l’archevêque de Paris ; il fait la cour à deux marquises, Me la comtesse X, fort jolie femme et grande, le reçoit très bien et cause volontiers République avec lui. Ceci a tant enhardi M. Louis Blanc que, l’autre jour, il s’est risqué au milieu d’une causerie presque tendre, à soulever les jupes de la comtesse ; en même temps il est tombé à genoux. La comtesse lui a dit avec le plus grand sang-froid « - Oh ! monsieur Louis Blanc, si c’est pour vous cacher, je veux bien. Pour autre chose, jamais. »
20 janvier

« M. Louis Blanc a parlé pour la première fois à l’Assemblée nationale. Il est de si petite taille que lorsqu’il a paru à la tribune, le garde-fou lui montait presque aux yeux. Un huissier lui a apporté un petit banc sur lequel il est monté, et l’assemblée s’est mise à rire. »
6 mai

« Voici une des choses que l’on chuchote dans l’Assemblée : Louis Blanc est en ce moment fort bien avec une personne jolie et de grande taille. L’autre jour, il monte dans un omnibus avec cette dame. Au moment où elle s’asseyait, le conducteur lui cria en montrant Louis Blanc : « Madame, vous savez que le petit paie place entière ! »
22 juin
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Message par Invité Ven 1 Jan - 9:58

Dans La légende des siècles, et le mythe du géant foudroyé, Hugo nous parle avec ses images de la mort des dieux de la nature, chassés par les dieux de la technique.

La terre est aujourd'hui comme un radeau qui sombre.
Les dieux, ces parvenus, règnent, et, seuls debout,
Composent leur grandeur de la chute de tout.
Leur banquet resplendit sur la terre et l'affame.
Ils dévorent l'amour, l'âme, la chair, la femme,

Le bien, le mal, le faux, le vrai, l'immensité.
Ils sont hideux au fond de la sérénité.
Quels festins ! Comme ils sont contents ! Comme ils s'entourent
De vertiges, de feux, d'ombre ! Comme ils savourent
La gloire d'être grands, d'être dieux, d'être seuls !
Comme ils raillent les vieux géants dans leurs linceuls !
Toutes les vérités premières sont tuées.

Les heures, qui ne sont que des prostituées,
Viennent chanter chez eux, montrant de vils appas,
Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas.

Toute la terre tremble à leurs métamorphoses ;
La forêt, où le jour pâle pénètre peu,
Quand elle voit un monstre a peur de voir un dieu.
Quelle joie ils se font avec l'univers triste !
Comme ils sont convaincus que rien hors d'eux n'existe !
Comme ils se sentent forts, immortels, éternels !
Quelle tranquillité d'être les criminels,
Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles !

Et les hommes ? Que font les hommes ? Ils frissonnent.
Les clairons dans les camps et dans les temples sonnent,
L'encens et les bûchers fument, et le destin
Du fond de l'ombre immense écrase tout, lointain ;

Et les blêmes vivants passent, larves, pygmées ;
Ils regardent l'Olympe à travers les fumées,
Et se taisent, sachant que le sort est sur eux,
D'autant plus éblouis qu'ils sont plus ténébreux ;
Leur seule volonté c'est de ne pas comprendre ;
Ils acceptent tout, vie et tombeau, flamme et cendre,
Tout ce que font les rois, tout ce que les dieux font,
Tant le frémissement des âmes est profond !

Victor Hugo - Page 2 Vh_110

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Message par Bédoulène Ven 1 Jan - 10:40

merci Arturo ! Smile

Je ne pense pas qu'Hugo fut oublié .

Loin d'être" Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles" versifions !

"Que clément soit le pardon
A celui qui fait le don
De la paix si, il lui choit
Pour simple respect doit"

(Poètes ne vous chagrinaient pas de mon peu)

(j'ai jeté un oeil sur le fil Ravaisson sur wiki)

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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