Malte

Malte, La Valette, son ciel, juste avant l'entrée à la citadelle:



Malte, ce sont des pierres blondes extraordinaires, et des lumières qui ne le sont pas moins; par instants, le monde méditerranéen rêvé.

le Maltais, un trésor de langue rare décliné en dialectes (par ex. à Gozo ce n'est pas tout à fait le même Maltais), la seule langue sémitique d'Europe, en alphabet latin, quelle fascination: Elle fut enrichie de mots arabes, italiens, siciliens, voire français (par ex. autobus se dit xarabank, = char-à-bancs), allemand, etc...
De grâce, qu'on l'apprenne, qu'on l'écrive, qu'on la fasse vivre, qu'on l'étudie à l'étranger !




Mais, du colon britannique (jusqu'en 1964) Malte a gardé le volant à droite et la conduite à gauche, des cabines téléphoniques rouges à petits carreaux, des soldats d'apparat à casque colonial blanc avec jugulaire entre la bouche et le menton, comme Hugo Pratt aimait à les dessiner.
L'Empire a laissé sa langue, la langue anglaise, pas le globish vulgaire à 300 mots que tout voyageur déplore où qu'il pose son sac, non, la vraie, belle, bien châtiée, bien pratiquée, langue anglaise. Revers de la médaille linguistique: on ne se donne même pas la peine de traduire en Maltais les panneaux de signalisations, les pubs; les annonces au supermarché, etc...

Malte est aride, sans réel désert ni désolation toutefois - ou est-ce un point de vue tout à fait personnel ?
Mais, pas un fleuve, pas une rivière, pas un torrent, pas un ruisseau...

Comme si le climat ne suffisait pas, la terre, le sol est karstique, parfois gréseux, ce qui donne toute la munificence des pierres du bâti, plus rarement un peu crayeux: les précipitations, la pluie, qui ne sont déjà pas une spécialité locale, s'infiltrent derechef.
Sur la plus septentrionale des îles de l'archipel (Gozo), sur un affleurement argileux, j'ai badé devant une authentique mare aux canards avec de vrais mulards et de vrais colverts, qui semblaient un inouï luxe exotique.

Peu d'arbres, des pins, des araucarias, des yeuses, quelques eucalypti, des figuiers, toutes sortes de palmiers, du faux-doum au dattier, pas vraiment de maquis, pas d'élevage du tout, à part quelques chevaux, quelques lapins, car on rationne:
L'eau vient de la mer pour l'essentiel, dessalinisée.
On y pense en tirant la chasse d'eau.  

Ce pin prospère devant la jolie citadelle de Mdina, incontournable visite, un Carcassonne local modèle réduit pour les uns, l'auto-proclamée "ville du silence" pour les autres - surtout avant ou après l'invasion touristique quotidienne de 10h-19h. J'ai beaucoup aimé.




Quelques salines réellement hors du temps, l'aspect et le mode opératoire n'ont pas changé depuis la haute antiquité:




Pour la grimpe, l'archipel compterait 1300 voies d'escalades et passages de bloc, les possibilités sont infinies, la vogue viendra, espérons que ce sera en bon style.
Le goût, fort tendance actuellement, de l'auto-dénommé "psycho-bloc" (sic !), qui consiste à grimper, en bloc donc sans corde ni quincaille au-dessus des flots avec "plouf" comme sanction d'une chute éventuelle, a un bel avenir ici, vraiment le potentiel pour concurrencer les Baléares, destination "in" des pratiquants européens, en effet le "que la montagne est belle" local est surtout côtier, avoisine voire s'accouple volontiers avec la plongée ou la ballade masque & tuba.
L'occasion de voir de près, au débotté, ces beaux lézards endémiques, voire, avec un peu de chance, un caméléon placide, et quelques oiseaux marins. J'ai passé de bien belles heures, et salé mes chaussons d'escalade.

Côte sud, non loin de l'îlot de Filfla:


Blue grotto:


Elephant Head, à Comino, la plus petite des trois îles habitées de l'archipel (6 habitants à l'année suivant le -décevant et dilettante- Guide du routard, 4 selon une source web locale, 3 selon un Cominais à temps partiel rencontré sur place...):

ça me donne envie Aventin car ma visite était super rapide, tour de la partie droite en bus, visite de la Mdina et retour à pieds jusqu'à La Valette, mais j'ai vu des criques qui rappellent les nôtres dans le midi. De plus tu es allé sur Gozo, chouette !

Beaucoup de commerçants parlent l'Italien, me semble que les denrées arrivent d'Italie ?

merci pour le commentaire.

Merci Aventin pour ce très attrayant reportage !

Tristram a écrit:Merci Aventin pour ce très attrayant reportage !

Merci à toi Tristram, attends, le temps de trier un peu plus les photos, et ça continue !

Bédoulène a écrit:ça me donne envie Aventin car ma visite était super rapide, tour de la partie droite en bus, visite de la Mdina et retour à pieds jusqu'à La Valette, mais j'ai vu des criques qui rappellent les nôtres dans le midi. De plus tu es allé sur Gozo, chouette !

Beaucoup de commerçants parlent l'Italien, me semble que les denrées arrivent d'Italie ?

Wow Mdina-La Valette à pieds, ça use, ça use les souliers ! Sous le cagnard, en plus, j'imagine    ?

Histoire d'aggraver notre bilan carbone   , nous avions loué une voiture, après c'est facile de trouver des passages en bateau pour Comino (en piéton, la voiture ne sert à rien) et type bac, avec la caisse, pour Gozo; sur mon échelle de conduite méditerranéenne personnelle, Malte est en-deçà de, par ordre croissant d'étonnement, Héraklion, Izmir, Beyrouth.
Bien sûr, comme en ces lieux-là, si le klaxon (claquesonne, pour l'orthographier comme Antoine Blondin) est en panne, nul ne s'avise de démarrer le moindre véhicule: comment conduire ?
Le petit sel étant la conduite à gauche, mais, si tu as le volant du bon côté, pas de souci, même si c'est moins flegmatique qu'à Doolin, Newcastle upon Tyne ou Stirling.

En ce qui concerne l'italien, c'est la troisième langue de Malte, très diffusée, inféodation historique au Royaume de Sicile oblige: On prétend même que les britanniques ont suscité le renouveau de la langue maltaise pour contrecarrer l'italien, qui envahissait l'archipel.

Là aussi, de façon humoristique, l'on affirme volontiers qu'à Malte les enseignes qui ne sont pas de compagnies implantées wolrdwide ou europeanwide sont britanniques ou italiennes (ci-dessous "la" grande artère, chic et piétonne, de la citadelle de La Valette).



Beaucoup d'italiens dans le tourisme, la restauration, l'artisanat, et d'entreprises italiennes dans les travaux publics. J'allais tous les matins au petit jour prendre mon double expresso dans un café tenu par des italiennes, tout proche de l'appart que nous louions, en terrasse parce qu'à l'intérieur c'était la télé italienne à haut volume, on se serait cru à Catane ou à Empoli, je n'y croisais à cette heure-ci quasiment que des contremaîtres, ouvriers, artisans italiens, dont c'était le point de ralliement matinal.



Un truc aussi étonnant que les toits plats et la blondeur de la pierre, ce sont les bow-windows:

puis-je ajouter quelques photos perso Aventin ?

Tu rigoles, Bédou, mais avec joie, pas de fil sans partage !

merci ! (par contre pas de commentaire je ne me souviens plus ce que sont les bâtiments j' y étais il y a + de 7 ans )

Alors la première doit être le dôme de la basilique (ou de l'église ?) de Zurrieq, la 5me un de ces nombreux signes de foi, de piété populaire si répandus sur les façades à Malte. La 6ème, je pense, est une ruelle de Mdina, la dixième est le vieux-port de La Valette, celui du grand siège de Malte par les Ottomans (1565) - c'est sans doute numériquement enjolivé, mais 500 chevaliers de l'Ordre appuyés par 9000 maltais sans expérience on tenu tête victorieusement à une armée de 40000 soldats Turcs, en bonne partie grâce à une armée de secours émanant du vice-roi de Sicile, alors que les jeux étaient faits et que nul ne croyait encore à une issue favorable.
Je cherche d'ailleurs un ouvrage de référence sur l'histoire de l'Ordre de Malte, qui soit lisible (pas une thèse historico-scientifique, avec concept articulé sur démo et renvoi à moult travaux toutes les deux lignes, hein), si un Chosien a un conseil ?

Le vieux-port de La Valette:


Il faudrait aussi montrer Malte sous l'angle du bétonnage façon Costa-Brava/La Grande Motte/Les Sables d'Olonne, et le prospère, envahissant et convenu commerce de la junk-food mâtinée de pizzérias type réchauffe-surgelés, qui sont une réalité (Malte a les mêmes hideurs que tous les bronze-culs renommés de l'Europe), mais évidemment ce n'est pas ce qu'on y prend en photo.

Sinon c'est une terre de marins, aussi un des principaux pavillons de complaisance au monde, un endroit où les gens bossent tôt le matin et jusqu'à tard le soir (le cumul des emplois y est beaucoup plus répandu que dans le reste de l'Europe), un niveau de vie supérieur à celui de la plupart des pays de l'Europe du Sud, un taux de chômage faible, un état plutôt peu providence...bref, on a l'impression d'une terre de contraste économique.

Terre pour laquelle j'ai eu un coup de cœur, que je n'attendais pas en y partant.

Le Maltais est urbain, la population plutôt en moyenne plus jeune qu'en Europe du Nord, la densité de population est maximale, supérieure même à celle des Pays-Bas.  

Qui dit marin dit port, avec ces bateaux à œils peints côté proue, pas pour amuser les touristes, il y en a vraiment pléthore:

Celui-ci est en pleine séance rajeunissement:

Sinon, limpide est la Grande Bleue, beaux, fleuris et poissonneux les fonds marins:

Wah ! C'est beau !!
Merci beaucoup Aventin pour toutes ces photos et tes commentaires.
C'est vrai que ça donne envie de partir loin !
Et merci Bédoulène aussi.

C'est toujours un plaisir de voyager par procuration. Merci à tous les deux pour ces images pleines de charme.

merci Aventin pour le commentaire et les photos de bateaux, sculpture hommage aux pêcheurs.

Tu logeais en hôtel ou chez l'habitant ?

Bédoulène a écrit:merci Aventin pour le commentaire et les photos de bateaux, sculpture hommage aux pêcheurs.

Tu logeais en hôtel ou chez l'habitant ?

Nous avions loué, assez au pifomètre, un appart à San Pawl il-Baħar (Saint-Paul Bay), juste une excellente adresse, même pas onéreuse.
Appart rénové de fond en comble, dans un immeuble à 3 étages, un appart par étage, les deux autres étant occupés par des maltais à l'année.

Quartier populaire, loin du front-de-mer à la Mc-Donald/Subway/barres côtières (enfin," loin", à l'échelle maltaise, 10 minutes à pied), peuplé pour l'essentiel de Maltais, lesquels sont, probablement, plus diserts et disponibles à cette période-ci de l'année qu'en pleine saison touristique juillet-août, surtout si tu les rencontres tôt le matin, aux heures de départ au boulot, mais aussi le soir, dans les commerces qui-ne-sont-pas-nécessairement-ceux-des-touristes.

Comme dans la plupart des endroits de la planète, acheter et manger comme les locaux est une très bonne idée, après, ne pas juger, les visiteurs effectuent, j'imagine, un compromis entre ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent....

merci Aventin, tu as donc cotoyer des Maltais !

Merci pour cette belle visite d'un lieu authentique...

Je regarde tes photos avec un sentiment particulier, Aventin. Mes ancêtres étaient maltais.
Il n'est pas exclu qu'un jour j'y aille y faire un tour.

Dreep a écrit:Je regarde tes photos avec un sentiment particulier, Aventin. Mes ancêtres étaient maltais.
Il n'est pas exclu qu'un jour j'y aille y faire un tour.

Je vais sans doute y revenir une troisième fois dès que la coviderie ambiante nous aura lâché la grappe, et pas en été.
Je ne sais pas si aimer, c'est connaître, mais Malte, tu tires un fil, c'est une pelote qui vient.
Culturellement encore beaucoup à visiter, à faire, à voir et entendre - incroyable sur une si faible superficie.  

Et puis, des liens noués avec un club d'escalade local sont nés des idées de rencontres et d'hospitalité-contre hospitalité.
Enfin cette langue, fascinante, mériterait qu'on sorte de la confortable flemme de l'anglais, mais son apprentissage c'est une sacrée paire de manches !

J'aime tant l'exceptionnelle douceur des sculptures du Maltais Joe Xuereb, je ne sais d'où il tire sa pierre, d'un grain si doux, qui sert la tendresse de ses réalisations.

Une de ses sculptures un peu monumentales (Gozo Gossiping) trône dans un petit parc renommé à Victoria, la capitale de l'île de Gozo, et c'est justice; comme beaucoup si ce n'est la totalité des étrangers, c'est là que j'ai découvert cet artiste aujourd'hui coté sur chaque continent, hors du temps, hors des modes, et qui a le toupet de considérer que l'art moderne n'est pas provo et outrance.