César Aira
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Re: César Aira
Eh bien j'ai mené l'enquête : les avis sont extrêmement élogieux (le livre est comparé à ceux de Borges, de Schwob, de Bolaño), on en parle comme d'un monument de critique et il s'en trouve plusieurs pour affirmer qu'il pourrait se lire dans l'ordre alphabétique. Apparemment César Aira s'efforce de faire découvrir des auteurs relativement peu connus.
Je suis hameçonné.
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Quasimodo- Messages : 5431
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Re: César Aira
Engames ! D'ailleurs je n'ai pas regretté ce que j'ai lu de lui.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 14947
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Re: César Aira
bonne découverte Quasi !
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"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
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Bédoulène- Messages : 20028
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Re: César Aira
La Guerre des gymnases

Le jeune Ferdie Calvino, célèbre présentateur d’une émission pour enfants à la télévision, s’est inscrit dans un gymnase de Flores (quartier de Buenos Aires), le Chin Fu (du nom du propriétaire, un géant), à la recherche de virilité et de maturité :

Le jeune Ferdie Calvino, célèbre présentateur d’une émission pour enfants à la télévision, s’est inscrit dans un gymnase de Flores (quartier de Buenos Aires), le Chin Fu (du nom du propriétaire, un géant), à la recherche de virilité et de maturité :
Les démons du Hokkama, un gymnase rival, multiplient leurs attaques… ils prétendent détenir le cerveau de Ferdie… Bizarre légende du « Lièvre légibrérien » (alors que sa mère est atteinte de « léporose »)… L’étrange et l’irrationnel gagnent.« …] perfectionner son corps de façon à provoquer “la peur chez les hommes et le désir chez les femmes”. »
« Ferdie savait plus ou moins tout ce qu’il faut savoir sur le sexe, mais il n’avait encore aucune expérience. Il savait que les femmes sont très difficiles à satisfaire sexuellement, que seuls y arrivent des hommes spécialement doués, à force d’acrobaties fantastiques. »
Au fil des péripéties, Ferdie s’interroge sur la réalité.« On ne pouvait rien imaginer de plus incohérent. »
Caméo de l’auteur :« ‒ L’art, poursuivit-elle, est depuis toujours la méthode “naturelle” pour augmenter les capacités de perception. »
« ‒ Le Mal guette. La réalité peut devenir réelle d’un instant à l’autre, ce qui signifierait la fin de l’univers. »
Curieux roman (plutôt une novella), dont le fantastique se situerait peut-être entre Kōbō Abe et Boulgakov.« ‒ C’est Aira, un écrivain dégénéré, un ami à lui, dit Valencia. »
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Tristram- Messages : 14947
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Re: César Aira
Tu penses que ça pourrait m'aller comme auteur ?
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Keep on keeping on...
Re: César Aira
Comme tu apprécies Kōbō Abe, ça pourrait le faire ! Ça pourrait faire penser aussi à Raymond Roussel, mais je ne tiens pas à le forcer à entrer dans une case : sa première caractéristique, c'est d'être inclassable.
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Tristram- Messages : 14947
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Re: César Aira
Varamo

1923, Colón (Panamá) : Varamo, « un commis aux écritures de troisième classe », vient de recevoir son salaire en faux billets. Son narrateur-auteur, utilisant le « style indirect libre », relate comme cet étrange personnage subit des évènements étonnants, dans un enchaînement de cause à effet baroque mais plausible, mêlant au récit des réflexions de logique, parfois de métaphysique.

1923, Colón (Panamá) : Varamo, « un commis aux écritures de troisième classe », vient de recevoir son salaire en faux billets. Son narrateur-auteur, utilisant le « style indirect libre », relate comme cet étrange personnage subit des évènements étonnants, dans un enchaînement de cause à effet baroque mais plausible, mêlant au récit des réflexions de logique, parfois de métaphysique.
En fait, ce dont parle Aira, c’est de la fiction littéraire, spécialement d’avant-garde.« Varamo était de ces hommes dont on peut user pour une démonstration. »
C’est plus bizarre qu’absurde ou fantastique ; viennent à l’esprit Cortázar, Calvino, Chevillard… mais les curieux livres d’Aira sont ceux dont j’ai le plus de mal à rendre compte !« Malgré son format de roman, ce livre est un livre d’histoire littéraire. »
« Les fables étaient entièrement constituées d’intentions. La seule réalité, c’étaient les faits, la sphère de nacre rose de ce qui s’est passé. »
« Si une œuvre éblouit par son innovation et ouvre des chemins inexplorés, il ne faut pas en chercher le mérite dans l’œuvre elle-même, mais dans son action transformatrice sur le moment historique qui l’a engendrée. La nouveauté rend ses causes nouvelles, elle les fait naître rétrospectivement d’elle-même. »
« Le silence créait de minuscules "avant" et "après" dans les successions de la lumière. Le bruit lui-même faisait du bruit, discret, plié. En réalité, pour faire un cauchemar, il n’est pas nécessaire d’en faire un, comme Varamo s’en était rendu compte ce jour-là, avec cette histoire de faux billets. Il suffit de se trouver complètement pris dans une situation donnée. »
« Une fois de plus, il éprouvait quelle part d’inexplicable peut se loger dans ce que l’on sait depuis toujours. »
« Après tout, dans la société capitaliste moderne, chacun veillait sur ses intérêts personnels, et le délit était la forme naturelle de cette attitude. Du coup, la société tout entière vivait dans une atmosphère de délit. »
« Une occasion ne se présente pas toujours. Ou plus exactement, par définition, elle ne se présente jamais. Il le savait bien. Les occasions se présentaient rétrospectivement, une fois passées. »
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Re: César Aira
Les Nuits de Flores

En ces temps de crise économique, Aldo et Rosita, un couple de retraités du quartier de Flores à Buenos Aires, font partie de l’équipe nocturne de delivery de pizzas − mais si les autres sont des jeunes en mobylette, eux livrent à pied. César Aira observe précisément et avec empathie ce cas sociologique dans son quartier de prédilection. Surviennent, dans la criminalité corollaire de la crise, l’enlèvement et l’exécution de Jonathan, un des motocyclistes – occasion de remarques originales sur le traitement de l’information :
\Mots-clés : #fantastique #social

En ces temps de crise économique, Aldo et Rosita, un couple de retraités du quartier de Flores à Buenos Aires, font partie de l’équipe nocturne de delivery de pizzas − mais si les autres sont des jeunes en mobylette, eux livrent à pied. César Aira observe précisément et avec empathie ce cas sociologique dans son quartier de prédilection. Surviennent, dans la criminalité corollaire de la crise, l’enlèvement et l’exécution de Jonathan, un des motocyclistes – occasion de remarques originales sur le traitement de l’information :
Apparaît aussi Nardo, une sorte de petit monstre, « un mélange de perroquet et de chauve-souris », puis… beaucoup de choses, dont une enquête policière, de la critique d’art et une plongée dans le monde maléfique de la pègre, non sans rocambolesques rebondissements et métamorphoses, incluant un glissement dans le réalisme magique.« S’il y a une nouvelle, c’est la télévision qui la donne, elle est vite assimilée et cesse d’être une nouveauté. Il est quasiment impossible d’être surpris, car la surprise se trouve immédiatement reléguée à un passé immédiat, et il ne reste que la répétition. »
« Ceux qui avaient une certaine expérience de la vie, comme Aldo et Rosa, savaient qu’il suffisait d’attendre qu’une autre nouvelle remplace celle-ci. »
« C’était une espèce de cercle vicieux. Il fallait savoir pour pouvoir s’identifier, mais la connaissance déformait les faits. En réalité, il n’y avait rien à raconter, parce qu’il n’y avait pas de temps disponible et que la simultanéité ne se raconte pas. »
« Il fallait toujours être attentif aux décisions de la grande industrie, c’étaient les seules projections sur le futur qui comptaient. »
Ce bref roman combine réflexions sociétales et aventures baroques dans un maelström jubilatoire qui m’a bien plu !« Les naturalistes trouvent dans de petites modifications de l’environnement les causes de l’extinction d’un oiseau, d’un insecte, d’un cactus… Pourquoi l’assassinat ne serait-il pas une de ces causes ? Il était si difficile de découvrir les coupables… L’impunité circulait, comme une monnaie légale. Ils sentaient que ce n’étaient pas des pizzas qu’ils livraient, mais un message, que plus personne ne comprenait : le message de la disparition de toute chose. »
\Mots-clés : #fantastique #social
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Tristram- Messages : 14947
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Re: César Aira
merci Tristram, je note
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Bédoulène- Messages : 20028
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Re: César Aira
Le congrès de littérature

Le narrateur, César, est écrivain et vit de traductions ; il se rend au congrès de littérature dans la ville de Merida, Venezuela, pour profiter gratuitement du séjour avec piscine, mais surtout pour prélever une cellule d’un « Génie » afin de la cloner :
Ce « prologue » donne cette définition de l’unicité individuelle :
\Mots-clés : #absurde #creationartistique

Le narrateur, César, est écrivain et vit de traductions ; il se rend au congrès de littérature dans la ville de Merida, Venezuela, pour profiter gratuitement du séjour avec piscine, mais surtout pour prélever une cellule d’un « Génie » afin de la cloner :
En guise de préambule, il a résolu l’énigme du fil de Macuto, et en lecteur perspicace je gardais cette péripétie à l’esprit en attendant de la voir reparaître, explicitée et/ou incluse dans le puzzle de l’intrigue générale – sans succès, ou plus vraisemblablement ça m’a échappé…« Le "Savant fou", bien entendu, c’est moi. Identifier le Génie peut s’avérer plus problématique, mais inutile de se perdre en conjectures : il s’agit de Carlos Fuentes. »
Ce « prologue » donne cette définition de l’unicité individuelle :
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’ensemble est foutraque (si ce mot peut avoir une acception particulière à cet auteur ; j'ai quand même songé à Raymond Roussel). On perçoit néanmoins qu’il s’agit d’une sorte de parabole de l’imaginaire littéraire, un exercice pratique en étonnante démonstration de cette créativité.« Le fait est (je vais tenter de l’expliquer) que chaque esprit se constitue en accord avec la somme totale de ses expériences, de ses souvenirs et de ses connaissances, et que l’accumulation très personnelle de toutes ces données, qui font qu’il est ce qu’il est, le rend unique. »
« La qualité unique d’un intellectuel peut être saisie, tout simplement, dans la conjonction de ses lectures. »
Le déroulement est conçu et présenté comme des permutations de strates de signification (là aussi j’ai certainement pas tout compris).« L’idée (très typique de ma part, au point que je crois que c’est l’idée que je me fais de la littérature) avait été de créer quelque chose d’équivalent à ces figures à la fois réalistes et impossibles, comme le Belvédère d’Escher, qui paraissent praticables sur le dessin mais que l’on ne pourrait pas construire parce qu’elles ne sont qu’une illusion de perspective. »
Étant agréablement sensible aux références aux concepts scientifiques dans les romans, je fus gâté : ça me fait rêver en me donnant une excuse pour ne pas saisir grand’chose. Quand c’est si brillant, crédule assumé je suis ébloui, et ne pas saisir tout me dérange peu.« Voici venu le moment de réaliser un autre déplacement de niveau, une nouvelle "traduction". »
Peut-être mon César Aira préféré !« Il y a toujours quelque chose de réel dans ce qui se produit, c’est inévitable. »
« La génétique est la genèse de la diversité. Mais s’il n’existe personne sur qui la diversité puisse se déplier, celle-ci revient sur elle-même, elle s’enroule sur sa particularité générale et c’est ainsi que naît l’imagination. »
« Il n’y a qu’avec le minimalisme que l’on peut obtenir l’asymétrie qui à mes yeux est la fleur de l’art ; en compliquant, il est inévitable que se mettent en place des symétries lourdes, vulgaires et tape-à-l’œil. »
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Re: César Aira
J'ai bien envie de découvrir cet auteur.

Tatie- Messages : 278
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Re: César Aira
Le congrès de littérature pourrait constituer une bonne porte d'entrée, de plus c'est une novella qui dépasse de peu les cent pages.
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Re: César Aira
merci Tristram ! ce serait aussi pour moi une découverte (mais ma liste est longue...)
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