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Vassili Axionov

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Message par Bédoulène Dim 15 Mar - 18:39

Vassili Axionov
1932/2009

Vassili Axionov Axiono10

Vassili Pavlovitch Axionov (en russe : Василий Павлович Аксёнов) est un médecin, écrivain et scénariste russe né le 20 août 1932 à Kazan (Union soviétique) et mort le 6 juillet 2009 à Moscou (Russie)

Vassili Axionov est né de Pavel Axionov et d'Evguénia Guinzbourg. Sa mère, Evguénia Guinzbourg, était une journaliste et éducatrice connue et son père, Pavel Axionov, avait une haute position dans l'administration de Kazan. Tous les deux « étaient des communistes de premier plan ». En 1937, ils sont, toutefois, arrêtés et jugés pour leurs liens supposés aux trotskystes. Ils sont envoyés au Goulag, puis en exil, où « chacun a servi 18 ans, mais a, de façon remarquable, survécu. » Plus tard, Evguénia se fait connaître comme l'auteur de livres célèbres, Le Vertige et Le Ciel de la Kolyma, documentant la brutalité de la répression stalinienne.
Axionov reste à Kazan avec sa nounou et sa grand-mère jusqu'à ce que le NKVD l'arrête comme un fils d'« ennemis du peuple », et l’envoie dans un orphelinat sans fournir à sa famille aucune information sur son sort. Axionov y reste avant d'être secouru en 1938 par son oncle. A 16 ans , Vassili rejoint sa mère reléguée à Magadan, où il obtient son diplôme d'études secondaires. Le demi-frère de Vassili, Alexis (du premier mariage de Guinzbourg avec Dmitriy Fedorov) est mort de faim dans Leningrad assiégée en 1941.
Ses parents, voyant que les médecins ont le plus de chance de survivre dans les camps, ont décidé qu'Axionov ferait des études de médecine.
Il étudie d'abord la médecine, puis se consacre à l'écriture de romans. Il y dépeint une jeunesse russe recherchant la liberté du corps et de l'esprit, c'est-à-dire sous des dehors contraires à l'imagerie officielle soviétique. Ses premiers récits (Confrères, 1960, Billet pour les étoiles, 1961, Les Oranges du Maroc, 1963) paraissent dans le journal Iounost. Ses premiers romans, Une brûlure (1975) et L'Île de Crimée (1979), sont interdits par la censure. Avec Grigori Pojenian et Ovidi Gortchakov (ru), il écrit en 1972 sous le pseudonyme collectif de Grivadi Gorpozhaks une parodie du roman policier John Green, l'intouchable.
En 1980, il est déchu de la citoyenneté soviétique et expulsé. Il arrive à Washington, où il enseigne la littérature sans se présenter comme dissident. En 1989, il revient en Russie pour une visite, puis publie Une saga moscovite, où il décrit la vie tragique et parfois burlesque d'une famille de médecins sous Staline. Il a aussi publié Le Doux Style nouveau, À la Voltaire, qui reçoit le prix Booker russe en 2004, Lumineuse césarienne, etc.
Après la dislocation de l'URSS, les autorités russes lui rendent sa nationalité et l'écrivain partage son temps entre les États-Unis et la Russie. Il se rend également souvent à Biarritz, sur la côte basque.
Vassili Axionov est enterré au cimetière Vagankovo à Moscou.

Œuvres

Confrères, Les Éditeurs français réunis, 1963
Les Oranges du Maroc, Les Éditeurs français réunis, 1966
Surplus en stock-futaille, Les Éditeurs français réunis, 1969
L'Amour de l'électricité, Les Éditeurs français réunis, 1975
Recherche d'un genre, Gallimard, 1979
Notre ferraille en or, Stock, 1978
Une brûlure, Gallimard, 1983
L'Oiseau d'acier, Gallimard, 1980
L'Île de Crimée, Gallimard, 1982
Paysage de papiers, Gallimard, 1985
Un petit sourire, s'il vous plaît, Gallimard, 1986
Le Jaune de l'œuf, Denoël, 1992
Une saga moscovite : La Génération de l'hiver ; Guerre et Prison ; Prison et Paix, Gallimard, 1995
Le Doux Style nouveau, Gallimard, 1999
Lumineuse Césarienne, Actes Sud, 2003
À la Voltaire roman à l'ancienne, Actes Sud, 2005
Réédition : Actes Sud, coll. « Babel » no 831, 2007
Les Hauts de Moscou, Actes Sud, 2007
La traduction par Lily Denis du roman Les Hauts de Moscou remporte une Mention spéciale au Prix Russophonie 2008
Terres rares, Actes Sud, 2008

Recueils de nouvelles

Billet pour les étoiles, Julliard, 1963
Physicolyrica, Gallimard, 1997

Théâtre

Le Héron, Actes Sud, 1984 ((ru) Цапля, 1980)
Antoine Vitez met en scène Le Héron dans une production présentée au Théâtre de Chaillot de Paris en 1984

Autre publication

À la recherche de «Melancholy Baby». Sur l'Amérique, Gallimard, 1990

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Message par Bédoulène Dim 15 Mar - 19:01

Vassili Axionov Papier10



Paysages de papier

1973 à Moscou sous la présidence de Brejnev. Un jeune ingénieur Igor Vélocipèdov , nom ayant  200 ans d’existence donc bien avant l’invention du vélocipède, se plait-il à rappeler, travaille consciencieusement et efficacement au Secteur des Pistons du Laboratoire des Moteurs n° 14 du Ministère de l’Industrie Automobile de la RSFSR,  est contrarié du fait qu’il n’a reçu que des refus à ces demandes pour l’obtention :

- Un lotissement horticopotager
- Son voyage prévu dans la République de Bulgarie (invité par un collègue) est jugé inopportun, donc pas de passeport
- L’inspection autoroutière d’Etat de l’URSS l’informe qu’il n’y avait pas de possibilité de l’inclure sur la liste d’attente des postulants à l’achat d’une voiture de tourisme

Serait-il si insignifiant alors que d’autres se félicitent de leurs acquis ?
S’en étant ouvert à son amie Fenka, celle-ci lui suggère d’écrire une lettre fondamentale, mais à qui ?

- Le Parti est le maître  ( Le Parti est une main aux millions de doigts serrés en un poing martelant)

La première lettre l’ayant conduit devant Féliaïev (directeur de la division idéologique du comité de Frounzé, l’ inconscient Igor signe sur sa demande une lettre ouverte de critiques contre Soljénitsyne et Sakharov, ladite lettre paraissant à la revue « Parole d’honneur » vaudra à sa parution les foudres de Fenka et de ses amis (les violon jazzy)POUR le "renouveau démocratique de la Russie" ainsi que les reproches de Spartakus qui travaille avec lui.

— Curieux manque de discernement ! Que je tourne pute, il avale tout ce qu’on lui sert ! Ne pas savoir reconnaître ces crapules, ces authentiques bons à rien soviétiques ! Strange, very étrange…
- C’est donc que je suis bouché, c’est donc que je suis un petit-bourgeois, voilà pourquoi ma nana m’a chassé, je ne suis rien d’autre qu’une victime des usurpateurs de papiers, une fourmi dénuée de raison.


Igor est débordé par les convocations, Féliaïev lui demande de refaire ses demandes etc…  Instruit par les lectures que lui a prêtées sa voisine Agrippine, Igor écrit une seconde lettre au « Très honnoré Brejnev ». Dans laquelle il critique la détente internationale, la colonisation, l’hégémonie de Mao, la non restitution de leur île au Tatars de Crimée, réclame la liberté pour plusieurs prisonniers, de laisser la liberté de création à Sakharov et Soljénitsyne, le retrait de l’armée en Tchécoslovaquie, la presse, la psychiatrie forcée, élections truquées au Soviet Suprême d’URSS etc………………. Bref tout pour déplaire au Parti, au représentant du Peuple.

De plus, Igor demande à Brejnev de considérer sa précédente lettre  comme nulle et non avenue et il ajoute :

Je retire ma signature sous la couverte de La Parole d’Honneur, car dans certains de la capitale continue à circuler le que je me suis vendu et aurais contribué à persécuter les plus brillants des Droits de l’Homme.

Evidemment Igor est licencié, son camarade Spartakus aussi, les deux se retrouvent à travailler « au noir » Igor se découvre après que sa lettre ait été publiée dans des journaux occidentaux, un "héros", de nombreux amis.

Mais on ne se sort pas facilement de « la main aux millions de doigts », à la suite d’un détournement de fait Igor et Spartkus sont arrêtés et malgré les nombreuses interventions en leur faveur seront envoyés dans les camps. Igor y passera 10 ans. A sa sortie il parviendra à gagner les USA pays où se sont exilés tous ses amis.

Là-bas aussi la paperasse confirme les actes, il faut conserver les "papiers".

— La bureaucratie russe, mon cher Vélocipèdov, est vieille, lourde, torturée par un complexe de culpabilité caché. Sous son aspect soviétique, elle est quasi parvenue à l’agonie. La bureaucratie américaine est jeune, équipée d’ordinateurs et produit ses montagnes de papier en débordant d’autosatisfaction. Par chance, pour l’instant (je le souligne : pour l’instant), elle n’encourage pas la délation idéologique ; cependant, la délation russo-soviétique ne se fait pas à la machine, mais à la main, elle conserve un lien, aussi hideux soit-il, avec la personne humaine. Imaginez un délateur électronique, mon cher Vélocipèdov. Si jamais le socialisme remporte la victoire ici, pour nous tous, pour tout ce qui se nourrit de sentiments humanitaires, ce sera la merdouille.

autres extraits

"Du gâteau montent de langoureuses senteurs de printemps et d’alpages, car on le confectionne avec ce même exceptionnel beurre de l’Altaï. Tout alangui par cette douceur, Vélocipèdov franchit le seuil de son appartement sans se douter qu’il a fait, pour ainsi dire, un pas en direction de sa vie nouvelle.
  Or, c’est précisément des natures comme la sienne, avec son système végétatif instable, sa mémoire génétique et sa peau sèche, que visent, pour une large part, les œuvres de ce qu’on appelle le Samizdat, ce qui les différencie des œuvres de Gosizdat qui, pour une large part, compte sur des natures au système végétatif stable, à la peau moyennement humide, et dénuées de mémoire génétique."

"j’obtiens une carte de crédit Visa. Le voilà, le symbole de la confiance : une petite plaque en matière plastique pas plus grande qu’une boîte d’allumettes, épaisse comme la moitié d’une boîte d’allumettes, je suis aux anges ! C’est comme si les chimères de ma jeunesse se réalisaient, celles d’un monde où le papier aurait fait son temps.
  Hélas, Stuart, mon patron, ne tarde pas à m’instruire : chaque fois que tu payes avec ta carte, tu dois conserver l’un des trois exemplaires de la facture, dûment tamponnée. Dans le monde américain, tu n’es encore qu’un bleu, tu ne sais pas encore ce qui sera hors taxe ou avec taxe. Ramasse tous tes papiers, que je tourne pute, range-les dans une boîte à part, tu les trieras plus tard."

"Dans mon innocence, je ne comprends pas tout de suite à quel point la fortune de Valioucha est fabuleuse. Ils m’ont ramené de l’aéroport dans une assez vieille voiture aux sièges usés, mais je découvre que c’est une Silver Shadow, modèle 193651, comme peu de sénateurs pourraient s’en offrir, seulement ceux qui ont épousé une star ou qui possèdent des biens personnels, de l’« argent ancien » comme on dit ici ? "  


 
J’ai beaucoup apprécié, l’écriture, le ton de la critique, l’ironie, l’humour.
L’auteur démontre ce qu’un simple « papier » est et évolue, se multiplie dans l’autocratie du pays ; la fin jette un regard amusé mais non inconscient sur les USA.


Mots-clés : #regimeautoritaire #satirique

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Message par animal Dim 15 Mar - 19:30

Merci pour les extraits. cat

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Message par Tristram Dim 15 Mar - 20:49

Oui, titillant, cette histoire de paperasserie !

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Message par Bédoulène Dim 15 Mar - 21:18

bien plus que je n'ai dit Tristram !

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Message par tom léo Lun 16 Mar - 18:31

J'ai lu il y a une éternité "Une saga moscovite" qui était considéré un moment donné comme le plus grand oeuvre d'Axionov. Une saga familiale du milieu des années 20 jusqu'au milieu des années 50. Forts références à Tolstoï et "Guerre et paix" qu'il cite.

Mais c'est trop loin pour me rappeler plus...
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Message par Bédoulène Lun 16 Mar - 23:48

je compte lire la trilogie : Varsovie - Moscou - St-Pétersbourg Tom Léo

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