Roland Dorgelès
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Roland Dorgelès
Journaliste, écrivain, membre de l'académie Goncourt, Roland Dorgelès (1885-1973) démarra sa carrière au Lapin Agile. Bien que deux fois réformé pour raison de santé, il réussit à se faire engager avec l'appui de Georges Clémenceau, son patron au journal L'Homme libre. Versé au 74e régiment d'infanterie de ligne de Rouen en août 1914, il combat en Argonne et au nord de Reims, puis passe au 39e régiment d'infanterie de ligne. Après avoir participé aux combats du Bois du Luxembourg et à la Deuxième bataille d'Ypres, il devient élève pilote, est nommé caporal et est décoré de la Croix de Guerre. Les Croix de bois, inspiré de son expérience de la guerre, obtient le Prix Femina 1919.
Source : Albin Michel
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Bibliographie (source : ac-paris.fr) :
- Dernière Relève
- Les Croix de bois (Prix Femina, 1919)
- Le Cabaret de la belle femme (1919)
- Les Veillées du Lapin agile (1920)
- Saint Magloire Le Réveil des morts
- Sur la route mandarine (1925)
- Partir (1926)
- La Caravane sans chameaux (1928)
- Le Château des brouillards (1932)
- Si c’était vrai ?
- Quand j’étais Montmartrois
- Vive la liberté ! (1937)
- Retour au front Sous le casque blanc
- Route des tropiques
- Bouquet de bohème
- Bleu Horizon (1949)
- La Drôle de Guerre (1939-1940)
- Portraits sans retouches
- Au beau temps de la butte
- Tout est à vendre
- Le Marquis de la dèche
- Retour au front (1940)
- Carte d’identité (1945)
- Vacances forcées (1945)
- À bas l’argent (1965)
- Lettre ouverte à un milliardaire (1967)
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Re: Roland Dorgelès
Les Croix de bois
Le film m'avait fait un choc. Le livre m'en a fait un aussi. Ce récit assemblé autour d'expériences vécu est très vivant et se révèle assez coloré, on découvre quelques soldats avec l'arrivée de nouveaux dans le régiment. Le narrateur se sent plus proche de certains dont Demachy, parisien d'un milieu plutôt aisé, mais la gouaille (Sulphart !) ou le solide bon sens des autres est aussi de la partie. La montée au front, les tranchées, les bombardements d'artilleries, ces "marmitages" intenses et les blessés, les morts, la boue, l'attente. C'est dur forcément, et très humain dans la balance qui en dit beaucoup sans faire fuir le lecteur, dans les attentions "normales" portée aux moments de répit, la camaraderie. Beaucoup de sentiments forts et complexes passent dans ce témoignage sans gloriole. Pas non plus de poésie de la noirceur dans les passages pourtant surnaturels mais bien réel des assauts pour ainsi dire aveugles. Même pas de rancœur qui pourrait être aussi excessive que légitime.
C'est un document assez incroyable sur cette guerre hors normes, les milliers d'obus (c'est difficile d'y trouver un sens quelconque) et de victimes, les endroits disparus, la durée, les échelles, parfois c'est quelques centaines voire dizaines de mètres...
Et puis la solitude de l'après, ça c'est dur aussi, Sulphart encore, le fort en gueule blessé qui se console au bistrot, parce que "ça" sonne très juste aussi, et tout de suite après, pendant même, la solitude de ces victimes rescapées. Leurs histoires qui n'en seront pas et leurs souffrances qui... et on sent aussi que ce livre ne cherche pas à prétendre nous faire partager ça. Non, c'est probablement cette pudeur, aussi violente soit-elle sans doute, qui fait aussi sa force. Si on ne sait pas on ne saura, on peut être content de l'être d'ailleurs, c'est certain.
Il dit sans jeter au visage, c'est direct, c'est fort et c'est émouvant. Certitude aussi la nécessité de ces ouvrages pour dire aussi la guerre (quand on s'en sert un peu facilement comme d'une figure de style ?). Et de se dire que c'est facile à lire...
En lisant la bio de l'auteur j'ai vu que le livre était pressenti pour le Goncourt 1919 qui a été attribué à À l'ombre des jeunes filles en fleurs.
Et il est né en 1885 le bonhomme et il a insisté pour y aller.
Dernière édition par animal le Sam 25 Avr - 21:05, édité 1 fois
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Armor- Messages : 4589
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topocl- Messages : 8546
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ArenSor- Messages : 3428
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topocl- Messages : 8546
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Re: Roland Dorgelès
Ce qui m'a surtout frappée, c'est la beauté de l'écriture et la volonté, au milieu de la boue et du sang, de profiter des instants, de la camaraderie.
Comme une façon de prendre son temps malgré tout, une façon de ne pas se laisser happer par l'horreur, sans la nier pour autant. Cela va sans doute avec l'absence de questionnement que tu souligne animal. N'est ce pas la seule façon de survivre que de se dire que ce n'est pas absurde, que ça existe et donc qu'il faut le vivre : autant le faire le mieux possible. Et qui explique sans doute la possibilité de cette fin un peu bisounours (et donc choquante dans ce contexte) qui sonne pas très loin de "ha, c'était le bon temps...".
En tout cas je reste impressionnée par cet auteur : je ne dis pas que je n'en lirai pas un autre un jour (en 2025 quand les médiathèques ré-ouvriront?)
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topocl- Messages : 8546
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Re: Roland Dorgelès
En de hors des Croix de bois de Dorgelès, il y a aussi L'Enfer de Barbusse, Ceux de 14
de Genevoix et aussi Chemin des Dames de Yves Gibeau, écrivain et polémiste anti militaire, auteur de Allons z'enfants, un pamphlet autobiographique.
Ces livres témoignages se complètent parfaitement.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Roland Dorgelès
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topocl- Messages : 8546
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Re: Roland Dorgelès
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Re: Roland Dorgelès
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Roland Dorgelès
Tout à fait, c'est Le Feu.topocl a écrit:Je vois que L'enfer est de 1908. C'est Le feu qui parle de la guerre, non?
bix_229- Messages : 15439
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Re: Roland Dorgelès
Très juste cette première phrase. Plus amère que douce la fin malgré tout ?topocl a écrit:N'est ce pas la seule façon de survivre que de se dire que ce n'est pas absurde, que ça existe et donc qu'il faut le vivre : autant le faire le mieux possible. Et qui explique sans doute la possibilité de cette fin un peu bisounours (et donc choquante dans ce contexte) qui sonne pas très loin de "ha, c'était le bon temps...".
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topocl- Messages : 8546
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Re: Roland Dorgelès
Oui, mais c'est différent : ce n'est pas la guerre dans les trancheées, avec la boue, le sang, les rats et toutes ces joyeusetés (autant qu'il m'en souvienne en tout cas).Quasimodo a écrit:Et il y a L'été 14, dans le cycle des Thibault, non ? Celui-ci semble moins cité parmi les romans de la première mondiale, y a-t-il une raison ?
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topocl- Messages : 8546
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Re: Roland Dorgelès
La guerre est finie. Il va falloir inventer un Monde d’Après qui donne un sens à tous ces morts au combat. Dans les Régions Dévastées, il faut d’abord reconstruire, arracher au sol les débris des batailles pour ensuite semer et récolter, déterrer les morts et leur donne une sépulture décente. Vaste chantier, qui démarre mollement mais trouve vite sa vitesse de croisière.
C’est l’occasion de ressortir toutes les vieilles jalousies, mesquineries et rancœur, et de rameuter les escrocs, malfrats et petits profiteurs.
Jacques, jeune architecte droit et idéaliste, participe au mieux à la reconstruction, Mais lui-même, qui à épousé Hélène, veuve de guerre dont il était déjà l’amant pendant la guerre alors que son « rival » mourrait au combat, s’interroge tt se tourmente : n’est-il pas aussi un vil opportuniste ?
En tout cas devant toute cette belle pagaille pas très reluisante, comme on dit : les morts s’en retourne dans leurs tombes.
Dorgelès démontre ici qu’il est aussi à l’aise dans la description d’un mode vie et d’une époque que dans les scènes plus intimes. S’il déploie une écriture aussi fine qu’élégante, il nous réserve la surprise d’un petit numéro fantastique des plus réussis.
C’est sûr, Dorgelès ne doit pas être réduit aux Croix de bois !
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topocl- Messages : 8546
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