Citation du jour

«Une méditation en temps de guerre»

D'une seule pulsation des artères,
Tandis que j'étais assis sur cette vieille pierre grise
Sous le vieil arbre brisé par le vent,
Je sus que l'Unique est animé
Et l'Humanité un fantasme inanimé.

Dans ces endroits, quand le bourane se met à souffler à la mode du pays, c’est pas seulement qu’ils ne vous envoient pas au travail : ils ont même peur de vous sortir de la baraque. Parce que de la baraque au réfectoire, si on ne tend pas une corde, vous ne retrouverez pas le chemin. Le détenu qui tombe gelé dans la neige, faut plus compter le revoir vivant. Et puis, des fois qu’un bonhomme s’évaderait? Parce qu’il y a eu des cas. La neige de bourane, c’est fin comme poussière, mais ça donne des congères qu’on croirait tassées à la presse, et, à cause de ces congères qui enterrent complètement les barbelés, des types sont partis. Pas loin, bien sûr.

« Récemment, la société française a offert une illustration exemplaire du mécanisme de compensation et de faux-fuyant qui lie ensemble, sans l’avouer, protection et exploitation [de la nature]. Au mois d’août 2020, afin de préserver la production française de betteraves à sucre de l’attaque du puceron vert, le gouvernement lève pour cette filière l’interdiction des néonicotinoïdes. Ces insecticides neurotoxiques sont connus pour leurs effets délétères non seulement sur les abeilles mais aussi sur les oiseaux : identifiés comme l’un des responsables de la chute de 75 % des effectifs des oiseaux des campagnes en Amérique du Nord ces dernières décennies, ils sont sans doute la cause à travers le monde de la mort de plusieurs milliards d’oiseaux, sans parler d’innombrables invertébrés. La levée de l’interdiction de ces substances a été contrebalancée peu de jours après par l’annonce de l’interdiction de la chasse des grives et des merles à la glu, présentée par le gouvernement comme une "bonne nouvelle pour la biodiversité". L’ixeutique, capture d’oiseaux à la glu apparue sans doute durant la Préhistoire, est encore pratiquée chez quelques groupes humains à Hawaii, dans le bassin du Congo et dans certaines communautés méditerranéennes. En France, elle était jusque-là tolérée dans cinq départements provençaux pour la consommation personnelle. Ces pratiques anciennes transmises dans de petites communautés locales ne sont bien sûr pas à l’origine du récent déclin des oiseaux aux États-Unis ni de la crise planétaire du vivant engagée ces dernières décennies. Il est clair qu’interdire la chasse des passereaux aux gluaux en Provence ne pourra pas les sauver dans un monde où leur nourriture est devenue toxique et où ils n’ont plus d’habitat où construire leurs nids. »
Charles Stépanoff, L'animal et la mort – Chasses, modernité et crise du sauvage, Introduction