Vikram CHANDRA
Page 1 sur 1 • Partagez
Vikram CHANDRA
Vikram Chandra, né le 23 juillet 1961 à New Delhi, en Inde, est un écrivain et scénariste indien, également professeur d'écriture créative à l'université de Californie à Berkeley, aux États-Unis.
Il est à distinguer d'un autre Vikram Chandra, journaliste et auteur de The Srinagar Conspiracy (Les Tigres d'Allah).
Vikram Chandra est le fil d'un fonctionnaire et d'une écrivaine de scénarios pour films et pièces de théâtre hindi. Étudiant du Mayo College à Ajmer, au Rajasthan, et du St. Xavier’s College à Bombay (Mumbai), il poursuit ses études en Californie, où il obtient une licence en anglais avec une spécialisation en écriture de création. Il suit ensuite des cours à la faculté de cinéma de l'université Columbia, à New York, qu'il quitte pour écrire son premier roman. En 1987, il passe son agrégation pour The Writing Seminars à l'université Johns-Hopkins.
Vikram Chandra est marié à Melanie Abrams, également écrivain et professeur d'écriture créative à Berkeley. Il partage son temps entre Bombay (Mumbai) Inde, et Oakland, en Californie.
Ouvrages traduits en français :
- Le seigneur de Bombay (Sacred Games, 2006), roman
- Geek sublime. Une vision esthétique, littéraire, mathématique (et pleine d'autodérision) du codage (Geek Sublime: Writing Fiction, Coding Software, 2013), essai.
Vikram Chandra est également co-scénariste du film Mission Kashmir, sorti en 2000.
source : Wikipédia
Dernière édition par Armor le Dim 19 Avr - 21:50, édité 1 fois
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Vikram CHANDRA
Ce livre est à l’image de Bombay, à l’image de son sujet : un monstre. Plus de 1000 pages, 1,2 kg sur la balance, écrit pas bien gros. Une aberration d’édition. Ce livre, je le regarde en chien de faïence depuis des années. Très tentée de le lire, incapable d’en arriver à la seule solution envisageable pour en venir à bout, à savoir le tronçonner. Et abîmer un livre, ça, je déteste. Mais je me suis dit que cette période si particulière était l’occasion de vaincre mes réticences. Et donc, j’ai tronçonné gaiement.
Le Seigneur de Bombay est un livre monstre sur un homme monstrueux vivant dans une ville monstre. Nous voilà bien partis. Comme il va de soi dans une ville monstre, à Bombay, la corruption est partout. Même la police est concernée, très concernée même. Il y a ceux qui usent de la corruption « raisonnablement », et ceux qui mangent à tout les rateliers, y compris celui de la pègre, dans une relation amis-ennemis dont l’ambiguïté est savamment entretenue. A ce petit jeu-là certains sont rois, mais Sartaj Singh n’en est pas. Il n’est qu’un policier de quartier qui penche du côté plutôt honnête de la force. Le voilà donc bien étonné lorsqu’un appel anonyme lui livre Ganesh Gaitonde, l’un des plus gros parrains de Bombay. Mais Gaitonde se suicide avant son arrestation, entraînant avec lui dans la mort une femme inconnue. C'est une grosse affaire, même les services secrets s'en mêlent. Sartaj est chargé d'enquêter. On ne lui dit qu’une chose : la sécurité de la nation est en jeu, pas moins.
Donc, Sartaj enquête tout en menant sa vie de flic de quartier, ses affaires routinières, ses visites à sa mère, et ses éventuelles amours. Sartaj est un type plutôt bien, fatigué de la vie mais pas encore tout à fait désabusé. La flamme ne demande, peut-être, qu’à être réanimée. Le récit alterne entre le quotidien de Sartaj et le récit d’outre-tombe de Gaitonde. Car même mort, le parrain tient à sa légende. Alors, quand Sartaj se repose, il se raconte, dans une logorhhée méticuleuse qui ne nous épargne rien de ses faits d’arme ; son premier crime, sa première trahison, puis la gloire, l’or et les femmes, les boys fidèles à la vie à la mort, et la lutte acharnée contre son concurrent, Suleman Isa. Le tout matiné d’un chouilla de patriotisme hindou, puisqu’il y avait une place à prendre de ce côté là…
Ganesh use des hommes comme on écosse des petits pois. A chaque cosse ouverte, ce sont 4 ou 5 grains bien ronds et charnus que l’on s’attend à voir rouler dans l’assiette. Mais il arrive qu’il y en ait d’autres, des grains menus et mal fichus qui se cachaient dans les coins. On les accepte quand même dans la pitance, on n’est pas chien. Ganesh Gaitonde les accepte aussi. Sauf que lui n’a que faire des petits pois, ce sont les têtes qu’il fait rouler. S’il y en a plus que prévu, eh bien c’est qu’il devait y avoir des dommages collatéraux. Et bas.
Cela dit, Ganesh a aussi des états d’âme. C’est un homme qui réfléchit, qui a une vision, une pensée, une spiritualité. Il voit loin, il n’est pas fait du même bois que le commun des mortels, et il met tout en oeuvre pour nous en persuader dans ces pages où il expose en détail ses succès et aussi, parfois, quelques faiblesses moins avouables… Fascinante plongée dans la psychée d’un parrain...
Bien qu’essentiellement centré sur Gaitonde et Sartaj, le récit ne néglige pas pour autant les autres protagonistes. Vikram Chandra se délecte à nous raconter par me menu la vie de chacun des personnages rencontrés : policiers, femmes au foyer ou femmes d’affaire, politiciens, délinquants, et même Miss Monde… Un luxe de détails qui pourrait être fastidieux et se révèle au contraire fascinant. Au travers des multiples aspects de ces vies minuscules imbriquées, c’est le portrait de Bombay, l’énigmatique ville monstre, qui se dessine en creux. Avec ses contradictions, ses rêves enfouis, ses amours ravis ou déçus, ses meurtres et sa crasse.
Les nombreux termes hindi, gujarati, marathi, bengali, etc. qui parsèment le récit, et que le formidable travail de traduction nous rend instinctivement compréhensibles, participent de la sensation d'immersion. (Le recours au (très bon) glossaire s'avère évidemment utile, par exemple pour établir la subtile distinction entre maderchood et bhenchood, dont Gaitonde et ses sbires ponctuent la moindre hrase...)
J’y étais, à Bombay, aux côté de Ganesh Gaitonde et de ses boys, de Sartaj et de son adjoint, et même de Miss monde. Un regard, un éclat de rire, et puis une tête qui roule…
1000 pages. Il y a forcément des longueurs, dans un tel pavé, me direz-vous. Je n’en ai pas vu une seule. Ces 1000 pages ont passé comme un éclair. Même tronçonné et désormais moche comme tout, ce livre, je l’aime. J'ai pour lui les yeux de Chimène. Trois jours que je l'ai terminé, et il me manque. Tout me paraît fade, en comparaison. Il fera date, c'est certain.
Vous aurez compris, je crois, que je le recommande vivement, ce Seigneur de Bombay, si vous êtes prêts à découvrir les entrailles de la ville monstre, ses recoins obscurs et ses magouilles, son charme inexplicable et son bouillonnement. Un roman fascinant, palpitant. Même si au final, de ce tourbillon de vies humaines, ne reste que la vacuité et l’impermanence. Un petit tour sur terre, et bas.
Mots-clés : #famille #urbanité #violence
Le Seigneur de Bombay est un livre monstre sur un homme monstrueux vivant dans une ville monstre. Nous voilà bien partis. Comme il va de soi dans une ville monstre, à Bombay, la corruption est partout. Même la police est concernée, très concernée même. Il y a ceux qui usent de la corruption « raisonnablement », et ceux qui mangent à tout les rateliers, y compris celui de la pègre, dans une relation amis-ennemis dont l’ambiguïté est savamment entretenue. A ce petit jeu-là certains sont rois, mais Sartaj Singh n’en est pas. Il n’est qu’un policier de quartier qui penche du côté plutôt honnête de la force. Le voilà donc bien étonné lorsqu’un appel anonyme lui livre Ganesh Gaitonde, l’un des plus gros parrains de Bombay. Mais Gaitonde se suicide avant son arrestation, entraînant avec lui dans la mort une femme inconnue. C'est une grosse affaire, même les services secrets s'en mêlent. Sartaj est chargé d'enquêter. On ne lui dit qu’une chose : la sécurité de la nation est en jeu, pas moins.
Donc, Sartaj enquête tout en menant sa vie de flic de quartier, ses affaires routinières, ses visites à sa mère, et ses éventuelles amours. Sartaj est un type plutôt bien, fatigué de la vie mais pas encore tout à fait désabusé. La flamme ne demande, peut-être, qu’à être réanimée. Le récit alterne entre le quotidien de Sartaj et le récit d’outre-tombe de Gaitonde. Car même mort, le parrain tient à sa légende. Alors, quand Sartaj se repose, il se raconte, dans une logorhhée méticuleuse qui ne nous épargne rien de ses faits d’arme ; son premier crime, sa première trahison, puis la gloire, l’or et les femmes, les boys fidèles à la vie à la mort, et la lutte acharnée contre son concurrent, Suleman Isa. Le tout matiné d’un chouilla de patriotisme hindou, puisqu’il y avait une place à prendre de ce côté là…
Ganesh use des hommes comme on écosse des petits pois. A chaque cosse ouverte, ce sont 4 ou 5 grains bien ronds et charnus que l’on s’attend à voir rouler dans l’assiette. Mais il arrive qu’il y en ait d’autres, des grains menus et mal fichus qui se cachaient dans les coins. On les accepte quand même dans la pitance, on n’est pas chien. Ganesh Gaitonde les accepte aussi. Sauf que lui n’a que faire des petits pois, ce sont les têtes qu’il fait rouler. S’il y en a plus que prévu, eh bien c’est qu’il devait y avoir des dommages collatéraux. Et bas.
Cela dit, Ganesh a aussi des états d’âme. C’est un homme qui réfléchit, qui a une vision, une pensée, une spiritualité. Il voit loin, il n’est pas fait du même bois que le commun des mortels, et il met tout en oeuvre pour nous en persuader dans ces pages où il expose en détail ses succès et aussi, parfois, quelques faiblesses moins avouables… Fascinante plongée dans la psychée d’un parrain...
Bien qu’essentiellement centré sur Gaitonde et Sartaj, le récit ne néglige pas pour autant les autres protagonistes. Vikram Chandra se délecte à nous raconter par me menu la vie de chacun des personnages rencontrés : policiers, femmes au foyer ou femmes d’affaire, politiciens, délinquants, et même Miss Monde… Un luxe de détails qui pourrait être fastidieux et se révèle au contraire fascinant. Au travers des multiples aspects de ces vies minuscules imbriquées, c’est le portrait de Bombay, l’énigmatique ville monstre, qui se dessine en creux. Avec ses contradictions, ses rêves enfouis, ses amours ravis ou déçus, ses meurtres et sa crasse.
Les nombreux termes hindi, gujarati, marathi, bengali, etc. qui parsèment le récit, et que le formidable travail de traduction nous rend instinctivement compréhensibles, participent de la sensation d'immersion. (Le recours au (très bon) glossaire s'avère évidemment utile, par exemple pour établir la subtile distinction entre maderchood et bhenchood, dont Gaitonde et ses sbires ponctuent la moindre hrase...)
J’y étais, à Bombay, aux côté de Ganesh Gaitonde et de ses boys, de Sartaj et de son adjoint, et même de Miss monde. Un regard, un éclat de rire, et puis une tête qui roule…
1000 pages. Il y a forcément des longueurs, dans un tel pavé, me direz-vous. Je n’en ai pas vu une seule. Ces 1000 pages ont passé comme un éclair. Même tronçonné et désormais moche comme tout, ce livre, je l’aime. J'ai pour lui les yeux de Chimène. Trois jours que je l'ai terminé, et il me manque. Tout me paraît fade, en comparaison. Il fera date, c'est certain.
Vous aurez compris, je crois, que je le recommande vivement, ce Seigneur de Bombay, si vous êtes prêts à découvrir les entrailles de la ville monstre, ses recoins obscurs et ses magouilles, son charme inexplicable et son bouillonnement. Un roman fascinant, palpitant. Même si au final, de ce tourbillon de vies humaines, ne reste que la vacuité et l’impermanence. Un petit tour sur terre, et bas.
Mots-clés : #famille #urbanité #violence
Dernière édition par Armor le Dim 12 Avr - 19:44, édité 4 fois
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Vikram CHANDRA
c'est un polar Armor ? mais pas que si j'ai compris !
je te lirai mieux plus tard, si je le lis je préfère ne pas en savoir trop.
tu as décousu pour faire le tronçonnage ?
je te lirai mieux plus tard, si je le lis je préfère ne pas en savoir trop.
tu as décousu pour faire le tronçonnage ?
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Vikram CHANDRA
Ca n'est pas vraiment un polar. Je pense que celui qui voudrait le lire comme tel serait déçu. L'enquête est très lente, même si elle existe. Elle n'est au fond qu'un prétexte.
C'est un livre encollé, donc pas de couture. Difficile de séparer tout ça sans se retrouver avec des pages volantes et un massacre. Vive le scalpel...
PS : Je déteste moi-même qu'on me dévoile le contenu d'un livre, donc j'essaie de ne rien dire des évènements clés dans mes commentaires.
C'est un livre encollé, donc pas de couture. Difficile de séparer tout ça sans se retrouver avec des pages volantes et un massacre. Vive le scalpel...
PS : Je déteste moi-même qu'on me dévoile le contenu d'un livre, donc j'essaie de ne rien dire des évènements clés dans mes commentaires.
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Vikram CHANDRA
Merci Armor ! ça peut aider à se décider, de savoir que tu as aimé, quand on est au bord de se lancer dans un tel océan !
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15070
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
Re: Vikram CHANDRA

Le seigneur de Bombay
Armor ayant fait un commentaire assez complet sur ce livre, je ne vais dire que mon ressenti.
Plongée sans masque dans la ville de Bombay, odeurs, bruits ; perdue dans la foule de millions de personnages aux milles visages, cultures, religions, ethnies.
Omniprésence de cette ville tentaculaire à la fois voyante et secrète où le pauvre comme le riche, le policier comme le truand s'accordent à dire qu'ils ne pourraient vivre ailleurs.
Tous les personnages sont bien croqués, leur vie quotidienne, leur parcours sont autant de digressions nécessaires à la compréhension des faits.
La géopolitique que j'ai découvert à travers les propos des personnages, d'évènements relatés ajoutent à la diversité, à la contradiction de cette ville et je le suppose du pays.
L'ascension de ce petit truand devenu l'un des "Bhai" (genre le Parrain) de la ville est intérêssante car parmi les "boys" de cette "compagnie" se côtoient indous et musulmans malgré leur antinomie.
La corruption, la trahison règnent dans la ville, même (et surtout) parmi la police, sont méritants ceux qui restent honnêtes.
La culture n'est pas oublié car le cinéma est bien présent également, devenir actrice c'est le rêve de toutes les jeunes filles, mais pas souvent réalisé.
C'est une excellente lecture et l'écriture de l'auteur est agréable, sans heurt malgré les sujets abordés.
Je vais cheminer quelque temps je pense aux côtés de ces personnages, Sartaj le policier comme Ganesh le "seigneur de Bombay".
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Vikram CHANDRA
Eh bien, tu l'as terminé plus rapidement qu'escompté ! Contente de lire que cette lecture t'a plu.
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Vikram CHANDRA
oui mais je comprends qu'il faut beaucoup de lectures sur l'Inde pour en saisir l'âme !
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Vikram CHANDRA
Bédoulène a écrit:oui mais je comprends qu'il faut beaucoup de lectures sur l'Inde pour en saisir l'âme !
C'est aussi cette complexité que je trouve fascinante !
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains d'Asie
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|