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Flannery O'Connor

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Message par Bédoulène Lun 24 Mai - 14:26

Je comprends tout à fait le commentaire de Tristram sur le livre "Mon mal vient de plus loin".

Une lecture qui m'a rendue et laissée  un "mal être", aucun des personnages ne trouve grâce, aucune rédemption possible ? la face noire des gens, qu'ils soient croyants ou incroyants, gentils ou méchants.

Le côté "ombre" de Dieu ? à travers ceux qu'il a créés ?

je suis dubitative quant à ce que veut délivrer l'auteure ....ou pas !

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Message par bix_229 Lun 24 Mai - 15:10

Bédoulène a écrit:Je comprends tout à fait le commentaire de Tristram sur le livre "Mon mal vient de plus loin".

Une lecture qui m'a rendue et laissée  un "mal être", aucun des personnages ne trouve grâce, aucune rédemption possible ? la face noire des gens, qu'ils soient croyants ou incroyants, gentils ou méchants.

Le côté "ombre" de Dieu ? à travers ceux qu'il a créés ?

je suis dubitative quant à ce que veut délivrer l'auteure ....ou pas !
Ce qui est encore plus génant c'est le propos religieux envahissant. Trop.
L'édification morale quand elle se situe au niveau du preche est de trop et nuit à a liberté du lecteur.
La conviction religieuse de Carson était moins appuyée dans Les Braves gens ne courrent pas les rues.
D'autant plus regrettable que le style est toujours aussi fort et l'homogénéité aussi cohérente.
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Message par Tristram Lun 24 Mai - 15:38

Personnellement, j'ai trouvé ce livre assez critique envers la religion (celle-ci moins présente que dans les autres livres lus), d'une sorte de rage noire et à la limite de la révolte envers Dieu.

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Message par bix_229 Lun 24 Mai - 16:30

Autre ompinion d'un lecteur.

. .."Toutefois, mon plaisir de lecture y a été beaucoup, beaucoup, beaucoup moins fort, et ce pour une raison essentielle : le propos religieux y est beaucoup, beaucoup plus présent et, en ce qui me concerne, cela me fatigue ou m'agace voire les deux à la fois.
Dans Les braves Gens ne courent pas les rues, bien sûr, certaines nouvelles pouvaient s'y interpréter avec une lecture " religieuse " mais, et c'était là tout leur intérêt d'après moi, cette lecture n'était pas obligatoire et semblait laissée à la juste appréciation du lecteur. Ici, point de tout ça : vous n'échapperez pas à la phase interprétative, manière de prêche ou de sermon au service d'une pensée qui ne me semble pas aller si loin que cela."

Cette question d'appréciation faite, j'ai toujours une immense admiration pour Flannery.
Y compris pour sa correspondance que je lis.
Où elle ne craint d'ailleurs pas d'exposer son opinion religieuse et meme d'en discuter avec une
amie de longue date et non croyante.
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Message par Tristram Lun 24 Mai - 18:55

Si ce lecteur n'est pas toi, merci Bix de citer tes sources.
Sinon, je prétends encore que la religion est moins présente dans ce recueil posthume, moins aussi que dans La Sagesse dans le sang, que ton lecteur ne semble pas avoir lu ; en fait, Flannery O'Connor prêche beaucoup moins qu'elle ne conspue les sectes, et dans ce dernier recueil elle semble surtout en rebellion envers quelque divinité que ce soit.
Maintenant je peux me tromper, il faudrait relire ces livres, et/ou faire appel à d'autres lecteurs (Bédoulène ?)

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Message par bix_229 Lun 24 Mai - 19:04

Pourquoi inventer des citations ? En tout cas pas mon genre.
Et puis, je trouve que l'analyse est plutot bonne et nuancée, meme si personnelle.
Bon, ça me permet de la citer en entier.

tolstoievski   10 juillet 2020
J'avais été très positivement impressionné par le recueil de nouvelles Les braves Gens de courent pas les rues et c'est avec une certaine ferveur que je me suis engagé dans la découverte de celui-ci.
À beaucoup d'égards, la technique, la vigueur et le rythme de la narration en sont à peu près les mêmes, et peut-être même plus aboutis encore que dans le recueil précédent. Toutefois, mon plaisir de lecture y a été beaucoup, beaucoup, beaucoup moins fort, et ce pour une raison essentielle : le propos religieux y est beaucoup, beaucoup plus présent et, en ce qui me concerne, cela me fatigue ou m'agace voire les deux à la fois.
Dans Les braves Gens ne courent pas les rues, bien sûr, certaines nouvelles pouvaient s'y interpréter avec une lecture " religieuse " mais, et c'était là tout leur intérêt d'après moi, cette lecture n'était pas obligatoire et semblait laissée à la juste appréciation du lecteur. Ici, point de tout ça : vous n'échapperez pas à la phase interprétative, manière de prêche ou de sermon au service d'une pensée qui ne me semble pas aller si loin que cela.
A priori, c'est très dommage car ça m'a presque à chaque fois gâché le plaisir qu'avait suscité le début des nouvelles. Elle est toujours aussi forte Flannery O'Connor pour dépeindre des personnages, les faire vivre et vibrer sous nos yeux en quelques phrases, leur donner tout le pesant, toute l'épaisseur d'une vie en quelques paragraphes. Mais finalement pour quoi ? Pour nous assommer d'un sermon à la fin, ou d'une parabole, ce qui est tout comme. Et là ma liberté de lecteur s'insurge : j'aime à rester libre de mes interprétations ; j'aime quand un auteur ne me contraint pas, ouvre ou du moins laisse libre accès à plusieurs portes de sortie.
Voilà pourquoi j'aime moins ce recueil : religion, religion, religion et encore de la religion, alors qu'elle avait su amener bien d'autres thématiques, les relations inter-ethniques dans les états du sud des États-Unis, les relations de subordination familiale, la maladie, la charité, etc.
Il est à noter toutefois que le recueil est d'une remarquable homogénéité (ce qui n'était pas le cas des braves Gens ne courent pas les rues), les nouvelles sont toutes d'une tenue, d'une qualité, d'une intensité comparables, recelant une charge similaire de sujets abordés.
Le dénominateur commun à tout cela est le mal, d'abord, et surtout le mal tapi dans le bien apparent. Presque toujours il y est question de personnages qui veulent se donner bonne conscience (la mère dans Tout ce qui monte, la propriétaire dans Greenleaf, le grand-père dans Vue sur les bois, la mère encore dans Mon mal vient du plus loin et dans le Confort du foyer, le père dans Les Boiteux entreront les premiers, la brave pécore dans Révélation, Parker dans le Dos de Parker et enfin tant le père que la fille dans le Jour du jugement).
Invariablement, le message de Flannery O'Connor est que tout le mal que vous vous donnerez pour faire le " bien " ou l'apparemment bien ne fera que se retourner contre vous, que vous ne ferez que vous ridiculiser et qu'exprimer, dans le fond, votre incroyable vanité à prétendre faire le bien autour de vous. Il y aura bien entendu votre lot de condescendance ordinaire vis-à-vis de la (ou des) personne(s) aidée(e). Bref, tous vos efforts ne vous conduiront, selon l'auteure, qu'à faire de vous une personne puante d'un point de vue authentiquement moral.
Bon, personnellement, je lui laisse cette interprétation et n'en pense rien de particulier. Toutes les questions relatives à la foi, au bien et au mal en général me laissent totalement indifférent. Ce que j'aime en littérature, c'est de voir évoluer des personnages, c'est qu'au travers d'eux un(e) auteur(e) me révèle l'expérience de la vie qu'il a lui-même accumulé dans son regard. Or, ici, j'ai peine à croire que Flannery O'Connor puisse n'avoir qu'une vision si univoque, finalement, si étriquée, elle qui a pourtant des qualités d'observation exceptionnelles.
Voilà, le problème est là, selon moi, dès lors qu'un auteur se met en peine de vouloir m'édifier, d'une part cela ne m'édifie pas du tout et d'autre part, cela appauvrit, cela me gâche le plaisir que j'aurais eu à découvrir son oeuvre. Ce fut déjà le cas, par exemple, d'un Samuel Richardson dans Clarissa. Une base, un matériau, une maîtrise stylistique et littéraire sensationnels mais une impression finale sabotée par cette sale manie de vouloir m'obliger à en penser ce que lui veut que j'en pense alors que j'aurais été si heureux de pouvoir effectuer mes propres choix dans l'interprétation.
Pour conclure, ici, selon moi, des qualités d'écriture suffisamment rares pour être signalées, mais ce quelque chose de déplaisant, de fondamentalement religieux et collant comme un truc malodorant sous une chaussure, qui vous agace et vous met mal à l'aise. Toutefois, le dernier mot, souvenez-vous qu'il vous appartient toujours, car le mieux, c'est encore, je crois, de vous en faire votre propre opinion par vous-même si le coeur vous en dit.

Babélio

J'ajoute que Flannery n'est pas tendre avec l'Eglise, cf, la citation que j'ai faite sur la page d'avant. B
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Message par Aventin Lun 24 Mai - 20:42

Il me semble que vous mélangez un peu, à mon très humble avis; Flannery O'Connor écrit dans et sur le Bible belt, comme on disait à son époque et encore un peu toujours aujourd'hui. Elle est catholique sur un territoire où ceux-ci sont très largement minoritaires, tenus à distance et moqués, démolis avec constance et régularité par les autres confessions - ou se prétendant telles.

En d'autres termes:
Distinguez-vous avec netteté, chez Flannery O'Connor, ce qui est de l'ordre de l'interrogation, voire de la riposte envers les pires tares d'entre ce que nombre de ces Églises (ou se voulant telles), autocéphales, autoproclamées (etc.) ont pu produire, (mettons que ce soit à leur insu) comme illuminés, grotesques prêcheurs de toute sorte, velléitaires aliénés, manipulateurs, faussaires, délinquants et même, pour les pires caractères d'entre ceux qu'elle dépeint -et il y en a des gratinés- criminels, etc. ?
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Message par Tristram Lun 24 Mai - 21:08

Précision utile, Aventin, n'empêche que dans ce dernier recueil elle semble ne plus croire à la rédemption.

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Message par bix_229 Lun 24 Mai - 22:26

Sur l'église catholique et les écrivains :

« Quand il ferme les yeux pour s’efforcer de voir par ceux de son Eglise, le romancier catholique n’aboutit qu’à grossir le nombre de pieuses niaiseries qui, depuis si longtemps, ont établi notre réputation »
(Flannery O’Connor, Les romanciers catholiques et leurs lecteurs)
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Message par Aventin Lun 24 Mai - 23:30

bix_229 a écrit: Sur l'église catholique et les écrivains :

« Quand il ferme les yeux pour s’efforcer de voir par ceux de son Eglise, le romancier catholique n’aboutit qu’à grossir le nombre de pieuses niaiseries qui, depuis si longtemps, ont établi notre réputation »
(Flannery O’Connor, Les romanciers catholiques et leurs lecteurs)
Rien de neuf sous le soleil:
Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy, Georges Bernanos et une bonne palanquée d'autres étaient déjà parvenus à cette conclusion et en avaient tiré toutes les conséquences.
D'où peut-être la force singulière qui habite leurs écrits, tout comme ceux de Flannery O'Connor ? Je ne sais !

Après, selon le vieil adage l'habit ne fait pas le moine, il ne suffit pas de se dire romancier catholique, et encore moins d'être à la fois catholique et romancier...(suivez mon regard....vous y êtes ?)

Dans l'autre sens, et histoire de donner un peu de fil à retordre à l'opinion proférée par Flannery O'Connor, il y a une autre catégorie, mais l'a-t'elle connue ce n'est pas si sûr, celle des Francis Jammes et des François Cassingena-Trévedy...
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Message par Aventin Lun 24 Mai - 23:39

Tristram a écrit:Précision utile, Aventin, n'empêche que dans ce dernier recueil elle semble ne plus croire à la rédemption.
Mwé, mon bon Tristram, ça c'est toi qui le dit, moi je n'étais pas à son chevet en 1964 pour savoir dans quel état d'esprit elle a rendu son dernier soupir, je note que c'est sans doute pour cela qu'
elle collectionnait des livres de théologie catholique et donnait des conférences sur la foi et la littérature, parfois loin de chez elle malgré sa santé fragile.


Je me suis volontairement empêché de participer à vos élucubrations sur le fil Tolstoï, je crains qu'il ne faille que je le fasse sur ce fil-là aussi, quel que soit le niveau d'agression et d'énormités proférées, et de finalités sous-jacentes...
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Message par bix_229 Mar 25 Mai - 0:08

@Aventin
Je me suis volontairement empêché de participer à vos élucubrations sur le fil Tolstoï, je crains qu'il ne faille que je le fasse sur ce fil-là aussi, quel que soit le niveau d'agression et d'énormités proférées, et de finalités sous-jacentes...

Chacun preche pour sa paroisse. Surtout quand on en a une, meme si elle ne repose que sur des
croyances et la peur de la mort. affraid
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Message par Tristram Mar 25 Mai - 0:16

Je rappelle juste qu'il s'agit de ressenti à la lecture du recueil Mon mal vient de plus loin (qui n'a pas été publié par Flannery O'Connor), pas de généralités, de paroisse ou de l'agonie de qui que ce soit. C'est pour ça que j'aimerais avoir l'avis de Bédoulène, pour qui cette lecture est encore fraîche.

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Message par Bédoulène Mar 25 Mai - 13:56

mais j'ai donné mon ressenti Tristram, juste au-dessus.

sinon par rapport à l'ajout de Bix (avis d'un lecteur) je suis assez d'accord avec :

"Invariablement, le message de Flannery O'Connor est que tout le mal que vous vous donnerez pour faire le " bien " ou l'apparemment bien ne fera que se retourner contre vous, que vous ne ferez que vous ridiculiser et qu'exprimer, dans le fond, votre incroyable vanité à prétendre faire le bien autour de vous. Il y aura bien entendu votre lot de condescendance ordinaire vis-à-vis de la (ou des) personne(s) aidée(e). Bref, tous vos efforts ne vous conduiront, selon l'auteure, qu'à faire de vous une personne puante d'un point de vue authentiquement moral."

et oui mon ressenti a été "pas de rédemption".

Je ne trouve pas qu'il y ait plus d' emprise religieuse, par rapport à ma précédente lecture.

L'auteure veut peut-être dire à certains : "ne vous prenez pas pour Dieu" ?


@ Aventin : c'est dommage que nous ne puissions partager nos ressentis, aussi différents soient-ils ? quitte à dire des choses que tu penses fausses ?

sans que tu ne te sentes blessé ?

"Que la Paix soit avec vous" Vassili Grossman"







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Message par Invité Mar 25 Mai - 14:38

Je serais intéressé de te lire Aventin, sur le fil Tolstoï. Pour ma part, j'ai essayé d'être fidèle à la pensée de l'auteur russe dans mes commentaires, sans mauvaise intention. Quant à Flannery O'Connor, je ne suis pas suffisamment connaisseur pour intervenir dans vos échanges.

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Message par Aventin Sam 29 Mai - 7:06

La sagesse dans le sang
satirique - Flannery O'Connor - Page 3 16081010
Photographie tirée du film éponyme de John Huston


Titre original: Wise blood, 1949 pour l'écriture, 1952 pour la parution, 160 pages environ.

Il s'agit de la première nouvelle (tendant sur le format court roman) publiée par Flannery O'Connor.
D'abord, ces avertissements préliminaires, trouvés dans la préface (signée Roger Grenier):

Alors qu'elle [Flannery O'Connor] soit être interviewée à la télévision par un certain Harvey Breit, à New-York, elle ironise: "Tous ceux qui ont lu La Sagesse dans le sang me prennent pour une sorte de nihiliste des montagnes, alors que je voudrais profiter de la télévision pour donner l'impression que je suis une thomiste des broussailles, mais sans doute ne parviendrai-je à dire à Mr Harvey Breit que "hein ?" et "J'sais pas". Et à mon retour, je crains de devoir passer trois mois, jours et nuits, dans le poulailler pour me purifier de toutes les mauvaises influences".  


"La signification de la nouvelle devrait s'imposer peu à peu au lecteur, au fur et à mesure qu'il y réfléchit; inutile d'espérer la saisir à la faveur d'une interprétation. Si les professeurs ont aujourd'hui pour principe d'attaquer une oeuvre comme s'il s'agissait d'un problème de recherche pour lequel toute réponse fait l'affaire, à condition de n'être pas évidente, j'ai peur que les étudiants ne découvrent jamais le plaisir de lire un roman. Trop d'interprétations me semblent pire que trop peu; lorsque le le sentiment est absent aucune théorie ne le remplacera."

Tout commence dans un train. Probablement au lendemain de la seconde guerre mondiale, le héros Hazel Motes, d'emblée antipathique au possible, sort de quatre ans d'armée qui lui ont fait parcourir "la moitié du monde". Déjà l'atmosphère du texte est d'une grande moiteur, irrespirable, étouffante. On sait qu'il va à Taulkinham, Tennesse, sans qu'il en soit originaire. Plus tard nous découvrirons le lieu dont il est originaire (un trou nommé Eastrod, près de Mesly).

La sagesse dans le sang est en quelque sorte le journal des derniers mois de la brève existence d'Hazel Motes, seul au monde, plus de famille, pas d'ami ni de petite amie, démobilisé de l'armée. D'entrée Hazel Motes communique une sorte d'anti-religiosité agressive, à la moindre occasion, quitte à la créer lui-même. On découvre peu à peu que pourtant, paradoxe: il forme le projet de devenir prédicateur.
Arrivé à Taulkinham, Motes fait une double rencontre, celle d'une prostituée, Leora Watts, grâce à une adresse trouvée en graffiti sur un mur de toilettes publiques, et qui va le déniaiser, avant de s'en prendre, par lassitude et amusement, à son chapeau une autre fois, ce qui termine leurs relations.  
Dans le même temps, auprès d'un attroupement de badauds venus entendre un bonimenteur vanter une machine à éplucher les pommes de terres, un adolescent (18 ans ??) Enoch Emery, un peu "Lou Ravi", très paumé, gardien de zoo de profession, lâché dans cette ville-là par abandon paternel, fait irruption, presque effraction, dans les caractères de ce texte.
Chapitre XI a écrit:
Quand il avait quatre ans, son père lui avait apporté du pénitencier une boîte en fer-blanc. Elle était orange, et fermée d'un couvercle orné d'un dessin: du nougat aux noisettes avec des lettres vertes qui disaient: "une surprise à la noix". Quand Enoch avait ouvert la boîte, un ressort d'acier s'était détendu et, lui sautant au nez, lui avait brisé deux dents. Il avait eu tellement d'aventures de ce genre, au cours de sa vie, qu'on aurait pu penser qu'il serait devenu plus sensible à l'imminence d'un danger.
Chapitre XII a écrit:
C'était la vertu d'Espérance, qui, dans le cas d'Enoch, se composait de deux tiers de soupçon et d'un tiers de concupiscence.
Au cours de la même soirée, près du même bonimenteur, Motes fait la rencontre de deux autres d'entre les caractères principaux de cette histoire, un prévaricateur aveugle, Hawks, escorté de sa jeune fille, Sabbath Lily.

Il finit par se loger chez la même tenancière de meublés que les Hawks, poursuivant ceux-ci, et, entretemps, il s'achète une auto (l'"objet" important de l'histoire, le seul au reste qu'on retient, avec les chapeaux et le complet bleu de Motes), une vieille Essex:
satirique - Flannery O'Connor - Page 3 2009-310


Comme abreuvés un écœurant alcool frelaté qui s'écoule lentement dans le corps, avec son cortège de brûlures, hauts-le-cœur, moiteurs, petits rires nerveux et de dérision, sueurs plus ou moins fraîches, nous, lecteurs, passons au fil de ces pages, embarqués dans cette humanité tout à fait digne de la Nef des fous de Jérôme Bosch, même notre rire -car l'ensemble est non dénué d'un certain humour- n'y est pas franc. Il faut lire avec son sang, exigez-vous du lecteur, chère Flannery O'Connor, sang qui figure au titre, provenant d'une phrase-leitmotiv d'Enoch.

Mais l'ivresse est là, au bout.
La sensation d'avoir affaire à un auteur original, de poids, un univers à part.

Avec ces prévaricateurs faussaires, ces gens de peu, ces intercesseurs apocalyptiques que semblent être les mécaniciens, vendeurs de voitures et gérants de stations-service, cette misère qui est plus de l'ordre intellectuel que de celui de la pauvreté économique (on est, pourtant, immergés dans la populace populeuse, si vous m'autorisez cette maladresse, mais leur vraie misère n'est pas là). Obscène par ambiance, et ça c'est brillant, sans que ce soit par images-chocs, ni suggestions à gros sabots. Et la destinée de chacun, ne s'apparente-elle pas au sort ?

Promis, je ne transgresse pas, je respecte et ne révèle pas plus, comme dit au début en citation:
"La signification de la nouvelle devrait s'imposer peu à peu au lecteur, au fur et à mesure qu'il y réfléchit; inutile d'espérer la saisir à la faveur d'une interprétation".


Ravaudé d'un message sur Parfum du 2 août 2014
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