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Patrick Modiano

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Message par Aventin Jeu 11 Juin - 20:32

Voyage de noces

xxesiecle - Patrick Modiano - Page 2 Voyage10
Roman, 1990, 145 pages environ.

On est bien chez Modiano, la preuve: c'est écrit au "je" et le héros s'appelle Jean (je plaisante !).

Bon il y a le suicide à Milan d'une française et le personnage qui narre au "je" qui s'y trouve tout juste après en catimini, un Milan désert de quinze août, un bar d'hôtel frais comme un puits (comment dire ? on est bel et bien chez Modiano ?).

Il se trouve qu'il l'a bien connue, elle s'appelait Ingrid Teyrsen, formait un couple avec un certain Rigaud et ils accueillirent le narrateur longtemps avant, alors qu'il faisait de l'auto-stop du côté de Juan-les-Pins.  

La suite ? Le narrateur se fait passer pour mort ou, en tous cas, disparu, en restant à Paris au lieu de se rendre au Brésil, vivant caché dans des hôtels puis dans un appartement où vécurent le couple Teyrsen-Rigaud.

De fréquents retours sur le passé emmêlent les chapitres, on trouve bien sûr le téléphone, habituel objet presque fétiche chez Modiano, à une époque où l'on pouvait consulter les bottins dans les cabines téléphoniques et où la téléphonie mobile n'existait pas (j'ai versé dans un petit moment de souvenir attendrissant).

J'ai trouvé délectable la peinture de fragments de Paris et de Juan-les-Pins sous la seconde guerre mondiale, à mon humble avis une réussite.

Le paraître et la cache, les faux-fuyants, les histoires calquées ou parallèles, tout ceci est aussi usuel chez Modiano, fait partie de son charme selon ses inconditionnels lecteurs; moi, j'avoue, je ne déteste pas:

Au final j'ai plutôt bien apprécié l'ouvrage, conscient de trouver de l'intérêt dans des pages où d'autres trouvent sans doute de la vacuité (et tous les reproches ordinaires qui lui sont adressés depuis...quasi un demi-siècle).
Peut-être aussi parce que je ne lis Modiano qu'à dose homéopathique, un tous les dix ans - je ne sais si c'est clos pour dix ans à présent, enfin, nous verrons !

Les modianistes du forum, trouveront un recoupement de l'histoire de Modiano lui-même (ou plus exactement la préhistoire de l'auteur) dans le couple Ingrid-Rigaud à Paris en 1942 - du moins à ce qu'il me semble (?).

Ces mêmes modianistes noteront peut-être la quête au travers du personnage d'Ingrid Teyrsen de Dora Bruder, quête qui avait défrayé la chronique dans les années 1990 quand Modiano, allié à Serge Klarsfeld, s'était penché sur le cas de cette jeune fille fugueuse, dont les parents avaient fait paraître en 1942 une petite annonce pour la retrouver, et qui finiront ensemble dans un convoi commun destination Auschwitz.

Ce avant qu'il n'y ait brouille entre Klarsfeld et Modiano, le premier accusant le second d'avoir vampirisé son travail et sa collaboration aux seules fins d'une œuvre romanesque signée Modiano et dans laquelle Klarsfeld et son boulot gentiment mis à disposition ne sont même pas mentionnés, mais c'est une autre histoire.

(NB: tiens ça me rappelle la confession de Modiano jeune auteur cleptomane, lorsque invité avec une amie chez d'autres amis, il y dérobait des livres de collection, des objets de valeur, pour les revendre chez des brocanteurs !)

Mots-clés : #autofiction #deuxiemeguerre #lieu #xxesiecle
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Message par ArenSor Mar 15 Fév - 18:15

Les Boulevards de ceinture 1972

xxesiecle - Patrick Modiano - Page 2 Les-bo10

Il y a des éternités que je n’avais pas ouvert un livre de Modiano, au point d’avoir oublié tout le charme de cette «petite musique ».
Quatre personnes, trois hommes et une femme dans une auberge près de Fontainebleau (probablement à Barbizon), visibles sur une photographie :
« Une vieille photo, découverte par hasard au fond d’un tiroir et dont on efface la poussière doucement. »
Les acteurs s’animent, parlent. La photo s’est transformée en film. Mais soudain le narrateur est présent. S’agissait-il donc du passé, du présent ? Nous n’en savons rien. Modiano joue tout le long du récit avec cette imprécision.
Bien sûr, nous ignorons à quelle époque se situe l’action : avant-guerre, pendant, juste après ? L’auteur multiplie les indications qui ne font que dérouter le lecteur ; il nous donne des dates, sans l’année, des numéros de revue, toujours sans l’année…
« On distingue – et sans qu’il soit pour cela besoin de trop d’efforts – sur le mur derrière le bar, un éphéméride. Nettement découpé, le chiffre 14. Impossible de lire le mois ni l’année. Mais à bien observer ces trois hommes et la silhouette floue de Maud Gallas, on pensera que cette scène se déroule très loin dans le passé. »
« Le magazine, que voici, a été créé récemment puisqu’il porte le numéro 57. Le titre : « C’est la vie », éclate en caractères blancs et noirs. »
« Au mur, un calendrier des postes et la photographie du président de la République. Doumer ? Mac-Mahon ? Albert Lebrun ? La machine à écrire était d’un vieux modèle. »
En tout cas, ce sont des temps très particuliers comme le soulignent maints qualificatifs : « Par les temps qui courent », « Dans une époque comme la nôtre », « Epoque trouble », « Dans un temps aussi tragique que le nôtre », « Nous vivons des temps bien difficiles », « Le grand bouleversement des valeurs que nous vivons», etc.
Finalement, il semblerait bien que nous nous placions pendant l’Occupation. Les pseudonymes des journalistes cités sont parlants : Alin-Laubreaux pour Alain Laubreaux, Georges Lestandi pour Jean Lestandi, etc. Quant au fameux magazine « C’est la vie » que dirige Murraille, il ressemble beaucoup à « Au Pilori », torchon antisémite et pronazi, spécialisé dans les ragots et la délation.
Quant à l’action, elle est faite d’allers et retours entre la région de Fontainebleau et Paris, ce dernier lieu étant surtout celui du souvenir.
« Il suffit que je frappe du talon sur certains points sensibles de Paris pour que les souvenirs jaillissent en gerbes d’étincelles. »
L’intérêt se porte plus particulièrement sur les boulevards extérieurs (d’où le titre du roman)
« Rappelez-vous, baron, nos promenades dominicales. Du centre de Paris, un courant mystérieux nous faisait dériver jusqu’aux boulevards de ceinture. La ville y rejette ses déchets et ses alluvions. »
Mais ces souvenirs sont tout aussi flous, imprécis, noyés dans le brouillard. Modiano offre une longue liste de cafés et de boîtes de nuit de la capitale, lieux interlopes, peuplés de créatures fantomatiques, quoiqu’inquiétantes.
« Je sillonne Paris en quête d’un travail stable, d’une cause à laquelle me dévouer. Recherches vaines. Le brouillard ne se lève pas, le pavé glisse. »
Le talent de Modiano réside dans cette capacité à créer une atmosphère entre chien et loup qui concerne aussi bien les personnages, les lieux, la chronologie des faits, les évènements en eux-mêmes. Tout y est estompé, comme vu dans la brume, pareil à des photos faites au sténopé. De là probablement cette impression de manque « d’épaisseur » des personnages et de l’intrigue.  Cette caractéristique, souvent perçue comme un défaut, constitue pour moi une affirmation de style pleinement assumée. Obsédé par le souvenir, le temps disparu, il me semble que Modiano est le plus fidèle héritier de Marcel Proust.
« Je consignais, sur de petites fiches, les renseignements que j’avais glanés. Je sais bien que le curriculum vitae de ces ombres ne présente pas de grand intérêt, mais si je ne le dressais pas aujourd’hui, personne d’autre ne s’y emploierait. C’est mon devoir, à moi qui les ai connus, de les sortir – ne fût-ce qu’un instant – de la nuit. C’est mon devoir et c’est aussi, pour moi, un véritable besoin. »
« Aujourd’hui ces gens ont disparu ou bien on les a fusillés. Je suppose qu’ils n’intéressent plus personne. Est-ce ma faute si je reste prisonnier de mes souvenirs ? »
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Message par Bédoulène Mar 15 Fév - 18:20

merci Arensor, pas encore découvert

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Message par ArenSor Lun 4 Juil - 21:15

La Place de l’étoile

xxesiecle - Patrick Modiano - Page 2 La_pla10

Dans ce premier roman Patrick Modiano explore un sujet qui sera celui de son œuvre entier : la Collaboration. Il le fait de manière parodique en décrivant les aventures picaresques du juif Raphaël Schlemilovitch, antisémite, membre de la Gestapo, autoproclamé juif officiel du troisième Reich et… amant d’Eva Braun !

« Je rôdais autour de la villa Berghof quand j’ai rencontré Eva pour la première fois. Le coup de foudre réciproque. Hitler vient dans l’Obersalzberg une fois par mois.  Nous nous entendons très bien. Il accepte de bon cœur mon rôle de chevalier servant auprès d’Eva. Tout cela lui semble si futile… Le soir, il nous parle de ses projets. Nous l’écoutons, comme deux enfants. Il m’a nommé S.S. Brigadenführer à titre honorifique. Il faudra que je retrouve cette photo d’Eva Braun où elle a écrit « Für mein kleiner Jude, mein geliebter Schleminovitch – Seine Eva »

Après bien des aventures, Schlemilovitch fait un séjour dans un camp de concentration rééducation en Israël :

« Cela ne m’étonne pas, me déclara-t-il. A votre âge tout le monde est tuberculeux. Il faut absolument guérir, ou alors on crache le sang, on se traine pendant toute sa vie. Voilà ce que j’ai décidé : si vous étiez né plus tôt, je vous aurais envoyé à Auschwitz soigner votre tuberculose. Mais maintenant nous vivons dans un temps plus civilisé. Tenez, voici un billet pour Israël. Il parait que là-bas les juifs… »

Finalement, notre héros sera abattu par la Gestapo, mais se retrouvera psychanalysé par le docteur Freud !

On rit beaucoup, un rire souvent grinçant, bien sûr. Si possible, lisez les premières versions, avant que Modiano ne « lisse » son texte.
Quelques extraits :

« Après avoir été un juif collabo, façon Joanovici-Sachs, Raphaël Schlemilovitch joue la comédie du « retour à la terre » façon Barrès-Pétain. A quand l’immonde comédie du juif militariste, façon capitaine Dreyfus-Stroheim ? Celle du juif honteux façon Simone Weil-Céline ? Celle du juif distingué façon Proust-Daniel Halévy-Maurois ? Nous voudrions que Raphaël Schlemilovitch se contente d’être un juif tout court… »

« Pas un moment il ne lui vint à l’idée qu’après avoir été un juif collabo, un juif normalien, un juif aux champs, il risquait de devenir dans cette limousine aux armes de la marquise (de gueules sur champ d’azur avec fleurons rissolé d’étoiles en sautoir) un juif snob. »

« Tu restas quelque temps en Egypte. Comme tu n’avais plus un sou, tu organisas à Port-Saïd une fête foraine où tu exhibas tous tes vieux copains. A moins de vingt dinars par personne, les badauds pouvaient voir Hitler déclamant dans une cage le monologue d’« Hamlet », Goering et Rudolph Hess faire un numéro de trapèze, Himmler et ses chiens savants, le charmeur de serpents Goebbels, von Schirach l’avaleur de sabre, le juif errant Julius Streicher. Un peu plus loin, tes « Collabo’s Beauties », improvisaient une danse orientale : il y avait là Robert Brasillach, costumé en sultane, la bayadère Drieu la Rochelle, Abel Bonnard la vieille gardienne des sérails, les vizirs sanguinaires Bonny et Laffont, le missionnaire Mayol de Lupé. »
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Message par Plume Lun 4 Juil - 22:22

Cher ArenSor; chers tous;

Villa triste est le dernier Modiano qu'il me reste à lire, ainsi que Paris Tendresse de Brassai... de jolies photos...

Modiano, pour moi c'est un écrivain qui laisse la place à son lecteur... c'est finalement toi qui écris le livre... et qui fais la rencontre avec les personnages...
Et en même temps, si tu n'as pas envie, tu n'entres pas dans le livre, l'histoire n'a aucune importance. Parfait pour les nuits d'insomnie, tu parcours quelques pages, tu savoures les mots et tu referme la lumière pour enfin un bon sommeil...
Modiano c'est aussi Paris et le monde d'avant... quand je lis Modiano, j'ai des odeurs qui reviennent à la mémoire... c'est très fort...
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Message par Bédoulène Mar 5 Juil - 15:17

peut-être enfin lire l'auteur ? Arensor ton commentaire m'y incite.

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Message par Armor Dim 10 Juil - 0:49

Aren, je n'avais jamais entendu parler de ce Modiano un peu à part, ça me tente bien !
Et je note Modiano comme somnifère à tester, Plume ! xxesiecle - Patrick Modiano - Page 2 1390083676

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Message par ArenSor Lun 25 Juil - 20:43

La Ronde de nuit, 1969

xxesiecle - Patrick Modiano - Page 2 La-ron10

Le narrateur, qui répond au pseudonyme de « Princesse de Lamballe », travaille à la fois pour la Résistance et pour la Gestapo.
« Pas assez de force d’âme pour me ranger du côté des héros. Trop de nonchalance et de distraction pour faire un vrai salaud. Par contre, de la souplesse, le goût du mouvement et une évidente gentillesse. »
C’est l’occasion pour Modiano d’évoquer un milieu glauque du Paris de la seconde guerre mondiale : les petits truands, trafiquants en tous genres, personnages louches au possible qui effectuent des opérations de police au profit de l’occupant ; pillages des riches hôtels des beaux quartiers quittés précipitamment par leurs propriétaires, les poches qui débordent de gros billets, champagne et caviar à volonté, grosses bagnoles… Bref, les rois du moment.  
« Le Khédive me chargeait de fouiller les hôtels particuliers pour y saisir des objets d’art : Hôtels Second Empire, « Folies » XVIIIe, Hôtels 1900 avec verrières, simili-châteaux gothiques. Ils n’abritaient plus qu’un concierge apeuré que le propriétaire avait oublié dans sa suite. »
« Et cette humanité curieuse qui gravite autour de ce que j’appelle notre « officine » : requins d’affaires, demi-mondaines, inspecteurs de police révoqués, morphinomanes, patrons de boîtes de nuit, enfin tous ces marquis, comtes, barons et princesses qui ne sont pas dans le Gotha… »
« Les réverbères des Champs-Elysées étincellent comme autrefois. Ils n’ont pas tenu leurs promesses. Cette avenue qui semble de loin si majestueuse est l’un des endroits les plus vils de Paris, « Claridge »,, « Fouquet’s », « Hungaria », « Lido », « Embassy », « Butterfly »…  à chaque étape, je faisais de nouvelles rencontres : Costachesco, le baron de Lussatz, Odicharvi, Hayakawa, Lionel de Zieff, Pols de Helder… Rastas, avorteurs, chevaliers d’industrie, journalistes véreux, avocats et comptables marrons qui gravitaient autour du Khédive et de monsieur Philibert. A quoi venait s’ajouter un bataillon de demi-mondaines, danseuses de genre, morphinomanes… Frau Sultana, Simone Bouquereau, la baronne Lydia Stahl, Violette Morris, Magda d’Andurian… »

«Quelques pas encore. A gauche, le théâtre des Ambassadeurs. On y donne « La Ronde de nuit », une opérette bien oubliée. »
On pense aussi au film de Max Ophuls, cette farandole de tristes pantins grisés par le plaisir.
Tout le monde a conscience que la fête prendra bientôt, la Roue de la Fortune tourne…
Que restera-t-il de ces personnages ?
« Bientôt il ne restera de toute cette assemblée que de petites bulles qui éclateront à la surface d’une mare. Déjà, ils pataugent dans une boue rosâtre et le niveau monte, monte, juqu’à leurs genoux. Ils n’en ont plus pour longtemps à vivre. »
« De toute façon, je n’ai jamais su qui j’étais. Je donne à mon biographe l’autorisation de m’appeler simplement « un homme » et lui souhaite du courage. Je n’ai pas pu allonger mon pas, mon souffle et mes phrases. Il ne comprendra rien à cette histoire. Moi non plus. Nous sommes quittes. »
Modiano, à sa manière, témoigne de l’existence de ces personnages sombrés dans l’oubli.
« Il faut bien que je donne ces détails puisque tout le monde les a oubliés. »
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Message par Tristram Lun 25 Juil - 22:05

Il faut que je relise de Modiano _ peut-être celui-là ?

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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