Sur-évalués ; Sous-évalués

J'ouvre ce fil pour dire, en toute subjectivité, qui sont les écrivains sur- ou sous-. Nous rejoindrons-nous ?

Je commence :

Mes sur-évalués : Michel Houellebecq, Philip Roth, Paul Auster, Jean-Marie Le Clézio, Patrick Modiano, Jean Echenoz, Sorj Chalandon

Mes sous-évalués : Christoph Hein, Michel del Castillo, Jean-Luc Seigle, Hélène Gestern

Et vous ?

ha, oui ! Hélène Gestern ! je suis d'accord!
je vais y réfléchir...
Sur évalué, c'est difficile à dire, je trouve. Mais sous évalué, je dois trouver...

Intéressant sujet ! Peu de noms me viennent tout de suite en tête, mais j'en ai quand même quelques uns.

Sur : Proust, Céline, Shakespeare (je pense qu'on a déclenché des guerres pour moins que ça ) (et j'aurais rajouté Clarice Lispector si j'avais lu plus que 4 pages)

Sous : Albert Cossery, Louis Guilloux, Charlotte Delbo, Bruno Schulz, Mohammed Dib

Secrètement a écrit:Sur : Proust, Céline, Shakespeare (je pense qu'on a déclenché des guerres pour moins que ça )

Certainement

La frontière entre "surévalué" et "mal compris" me paraît un peu incertaine. D'autre part, il m'est difficile de dire que tel auteur est ou non surévalué, car j'ai rarement exploré l'œuvre d'un auteur qui m'ait déplu à la première lecture. Il ne suffit peut-être pas d'avoir lu Paris est une fête et Gatsby le magnifique pour pouvoir affirmer qu'Hemingway et Fitzgerald usurpent leur réputation. Je parlerais donc d'auteurs célèbres qui m'ont déçu jusqu'à présent.

Comme je l'ai dit, Hemingway, méchant, mesquin, décharné.
Fitzgerald, délavé, insipide ?
Gide, pour la Symphonie pastorale et pour Le Roi Candaule (mais j'aime son journal).
Montherlant, pour La Reine morte.
Chamfort, parfois obscur, parfois frivole, un style trop peu percutant ?
Unamuno, trop malin, astucieux, cérébral.
Cercas, astucieux lui aussi, non moins sentencieux, sans avoir les mêmes moyens intellectuels que Unamuno (ce qui rend ce dernier plus coupable à mes yeux !)
Lydie Salvayre, pour Pas pleurer : un beau sujet, une autrice qui m'est sympathique… mais quand ça ne prend pas…
Alessandro Baricco : Même si Soie possède un certain charme troublant, j'ai du mal à concevoir qu'il puisse s'agir d'un livre culte. Sa dernière pièce, Smith et Wesson, m'a paru carrément bête.
Tom Robbins, mais est-il si coté ? Cette variété de fantaisie pleine de bonnes intentions, qu'il partage curieusement avec Unamuno et Baricco (dans sa dernière pièce), me semble vaine et paradoxalement éloignée de toute poésie.

Sous coté :

Fernanda Botelho (Si Fellini était une romancière portugaise)
Jakob Wassermann (qui a ce don rare d'être à la fois dense et gracieux)
Alessandro Manzoni (qui pourrait très bien avoir la notoriété des grands romanciers russes et anglais de son époque)
Juan Ramón Jiménez (qui me rappelle Alphonse Daudet, et le vaut largement)
Mikhail Lermontov (Un héros de notre temps est l'un de mes plus beaux souvenirs de lecture, extrêmement ample et nourrissant malgré sa brièveté. Quel dommage qu'il soit si difficile de se le procurer.)

Ben oui, c’est le but de ce fil, d'être subjectif .

Quasimodo a écrit: Hemingway, méchant, mesquin, décharné.
.

Tu as lu L'adieu aux armes?

je supprime mon message précédent ayant mal lu le premier message de Schlem !

topocl a écrit:Tu as lu L'adieu aux armes?

Non, c'est pour ça que j'ai précisé que ce n'était pas un avis définitif. En réalité, ces auteurs, je les connais à peine…
Par contre, je l'ai dans ma bibliothèque ! Et j'ai la ferme intention d'y revenir, peut-être avec celui-ci, si ça te semble une bonne idée ?

Tom Robbins trop desservi par le format américain obligatoire ? Je m'y suis parfois ennuyé, parfois amusé, parfois instruit. J'avais beaucoup apprécié Villa Incognito pas forcément plus condensé mais qui semblait plus naturel ? Le type me reste sympathique.

Je rejoins les réserves liminaires de Quasimodo.
De plus, surévalué c'est par rapport à quoi ? Si on compare aux efforts marketing, pratiquement tous les best-sellers sont surestimés (Coelho, Musso, etc.). Je me pose aussi des questions sur Auster, et Murakami. Et bien sûr il y a les auteurs qui ne sont tout simplement pas votre tasse de thé (Modiano, Baricco, Le Clézio, Unamuno, etc.). Quant aux mésestimés (Giono, etc.), je sponsoriserai de nouveau, et gracieusement, Chamoiseau.
Par ailleurs, la création de ce fil est judicieuse, Schlem, parce qu'il regroupe des auteurs méconnus, qui méritent pourtant d'être lus. Avec tous ces nouveaux volumes (del Castillo, etc.), il ne reste plus qu'à espérer que le confinement perdure.

Et je n’aime pas la subjectivité.

C'est ce que tu penses objectivement ?

Oui mais sans doute ici la subjectivité est-elle éclairée, tolérée ou que sais-je.
Je m’efforce à la neutralité dans tout mes jugements.....déformation....la subjectivité est si facile.
Allez, à la revoyure, ailleurs.

Cliniou a écrit:Et je n’aime pas la subjectivité.

+1 (quoique, non en fait pas du tout , parlez-moi de vous s'il vous plaît... ?) ceci toutefois: il faudrait interroger les mânes de Darwin, mais évaluer, pratique de boutiquier, n'est-ce pas sous-évoluer ?

Secrètement a écrit:
Sur : Proust, Céline, Shakespeare (je pense qu'on a déclenché des guerres pour moins que ça )

Ouch.
Je vais derechef me confiner si d'emblée on postillonne sur Proust et Shakespeare, ça présente un risque objectif face auquel je ne vois que ça comme geste-barrière, étant donné qu'enfiler le haubert et caracoler sur le destrier blanc en criant Sus ! Montjoye Saint-Denis ! n'a pas de case prévue sur l'attestation dérogatoire de déplacement   .  

Schlem a écrit:J'ouvre ce fil pour dire, en toute subjectivité, qui sont les écrivains sur- ou sous-. Nous rejoindrons-nous ?

Je commence :

Mes sur-évalués : Michel Houellebecq, Philip Roth, Paul Auster, Jean-Marie Le Clézio, Patrick Modiano, Jean Echenoz, Sorj Chalandon

Mes sous-évalués : Christoph Hein, Michel del Castillo, Jean-Luc Seigle, Hélène Gestern

Et vous ?

 Ce name-dropping (comme on devrait ne pas dire) présente plusieurs risques énormes, consistant à jeter en pâture forumistique telle ou telle tête d'auteur, voir s'il lui sera tressé des lauriers ou si l'on y fera tomber le couperet de la guillotine.
Ne faudrait-il pas mieux prendre quatre ou cinq lignes par nom jeté là, afin d'expliquer (je ne dis pas justifier) son ressenti ?

D'ailleurs, dans ma probable prochaine ouverture de fil un de ces jours, je vais tenter de proposer un cas d'espèce, ou un cas paradoxal. 

Spoiler:

Car enfin, si j'en reste à la définition wikipedia / Joseph Epstein du name-dropping, le danger de fil malsain est patent, j'dis ça, j'dis rien:

« Le [lâcher de noms] consiste à se servir de la magie qui émane du nom de célébrités pour asseoir sa propre supériorité tout en amenant son voisin à prendre conscience de la terne existence qu'il mène. Le name dropping est une composante du snobisme et l'une des missions du snob est d'encourager chez autrui un sentiment, même vague, d'inutilité. »

Enfin, pour une modeste contribution à ce fil et ça risque, en l'état, d'être ma seule, je suis espanté parfois, pas vous ?

Par exemple il ne laisse point de m'étonner que Dragon ball super tome10 touche un tel avide lectorat, obtienne en quelques jours, si se n'est quelques heures, un succès de librairie cent mille fois et beaucoup plus supérieur à celui de Gaspard de la nuit, d'Aloysius Bertrand, en nettement plus qu'un siècle et demi (souffrez que cela me surlecutasse, tout en assurant Akira Toriyama de mon plus profond respect, mais , quôa ! ) ?

Le lecteur avide et repus est un lecteur heureux.... le pied de pouvoir ingurgiter des montagnes de lecture plaisante et dépaysante

Je ne dois m'en prendre qu'à moi sur le choix de mes lectures (même si parfois j'y suis incitée par une (un Chosien)

J'aurais dû ne pas coupler "sous-évalués" et "sur-évalués". Ne garder que les premiers. Pour que chacun puisse partager les noms d'écrivains qu'il faudrait redécouvrir selon lui.

Petite précision quand même : Pour les "sur-évalués", c'est davantage une dénonciation d'une starisation/mise en avant permanente de certains écrivains, qui pour moi ne correspond pas à leur qualité littéraire. Mais ça se discute, évidemment.

Quasimodo a écrit:

topocl a écrit:Tu as lu L'adieu aux armes?

Non, c'est pour ça que j'ai précisé que ce n'était pas un avis définitif. En réalité, ces auteurs, je les connais à peine…
Par contre, je l'ai dans ma bibliothèque ! Et j'ai la ferme intention d'y revenir, peut-être avec celui-ci, si ça te semble une bonne idée ?

Oui, j'avais bien compris ce que tu disais, et mon message était pour te dire, que pour moi, ce Hemingway-là (en particulier), avec tous ses défauts, mérite le détour.

On pourrait dire que pour certains Hemingway est un auteur sous-évalué ?

pour nous calmer nous mettre à l'abri des
épidémies de médecins drogué dur et des raz-
de-marée nous allons dehors nous réchauffer aux
portes des tavernes incendiées nous racontons
des légendes au bord du feu nous parlons du futur
avec une voix rassurante un chandail de laine sur
les épaules et une Kalachnikov flambant neuve
dans le sang

François Guerrette, Pleurer ne sauvera pas les étoiles, extrait, p. 58.

Sous-évalué, sur-évalué...

caïds du cosmos

à françois guerrette
qui ne sait pas
parler des étoiles

aux constellations
qui brisent les électros
par exprès

et à celle
qui s'aligne par hasard
au passage des astéroïdes

Emmanuel Deraps, Failure, p. 87.