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Jean Dutourd

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viequotidienne - Jean Dutourd Empty Jean Dutourd

Message par ArenSor Jeu 3 Sep - 19:39

Jean Dutourd
(1920 – 2011)

viequotidienne - Jean Dutourd Dutour10

Écrivain français. Né à Paris en 1920, Jean Dutourd est mobilisé en 1940, et fait prisonnier. Il s'évade, et entre par la suite dans la Résistance. Il sera administrateur adjoint du quotidien Libération entre 1944 et 1947, puis attaché aux services français de la B.B.C. de 1947 à 1950. Son premier ouvrage, Le Complexe de César, paraît en 1946. Mais le livre qui le fait connaître du grand public est Au bon beurre (1952, prix Interallié), suite de scènes de la vie des Français sous l'Occupation, qui dresse un tableau à la fois grotesque et des plus noirs de cette période. L'écrivain va poursuivre dans cette veine, faite de drôlerie et de cruauté, avec Doucin (1955), Les Taxis de la Marne (1956), L'Âme sensible (1959), Les Horreurs de l'amour (1963). Parallèlement, il travaille dans la presse, à France-Soir, où il est critique dramatique puis chroniqueur, notamment des émissions télévisées, ce qui donnera Cinq Ans chez les sauvages (1977). Il est élu à l'Académie française en novembre 1978. Ses talents de moraliste, son art de fustiger les mœurs du temps le conduisent à publier, parallèlement à ses romans, des essais proches du pamphlet où il s'en prend avec ironie aux travers de la société : le conformisme, la vanité, les dogmatismes qu'on fait passer pour la vérité (Les Dupes, 1959 ; Le Fond et la forme, 1965 ; L'École des jocrisses, 1970). Au fond, Jean Dutourd ne cesse de dénoncer les jeux de l'illusion qui sont au cœur de la société, et les instruments qui sont les siens : l'ivresse des mots, la fausse monnaie des pensées stéréotypées. Défiance qui l'amène à assumer des positions nettement conservatrices (Le Socialisme à tête de linotte, 1983 ; La Gauche la plus bête du monde, 1985). Il le fait avec un style certain, et une science de la langue dont il s'attachera à préserver les pouvoirs et les richesses (À la recherche du français perdu, 1999). Il a également traduit Hemingway (Le Vieil Homme et la mer), Capote (Les Muses parlent) et Chesterton (L'Œil d'Apollon).
(source : Encyclopedia Universalis)

Œuvre

• 1946 : Le Complexe de César, essai (Gallimard)
• 1947 : Le Déjeuner du lundi, roman (Robert Laffont)
• 1947 : Galère, poèmes (Éditions des Granges-Vieilles, Jean Gouttebaron)
• 1948 : L'Arbre, théâtre (Gallimard)
• 1950 : Le Petit Don Juan, traité de la séduction (Robert Laffont)
• 1950 : Une tête de chien, roman (Gallimard)
• 1952 : Au bon beurre, scènes de la vie sous l'Occupation, roman (Gallimard)
• 1955 : Doucin, roman (Gallimard)
• 1956 : Les Taxis de la Marne, essai (Gallimard)
• 1958 : Le Fond et la Forme, essai alphabétique sur la morale et sur le style, tome I (Gallimard)
• 1959 : Les Dupes, contes (Gallimard)
• 1959 : L'Âme sensible, essai (Gallimard)
• 1960 : Le Fond et la Forme, tome II (Gallimard)
• 1963 : Rivarol, essai et choix de textes (Mercure de France)
• 1963 : Les Horreurs de l'amour, roman (Gallimard)
• 1964 : La Fin des Peaux-Rouges, moralités (Gallimard)
• 1965 : Le Fond et la Forme, tome III (Gallimard)
• 1965 : Le Demi-Solde (Gallimard)
• 1967 : Pluche ou l'Amour de l'art, roman (Flammarion)
• 1969 : Petit Journal, 1965-1966 (Julliard)
• 1970 : L'École des jocrisses, essai (Flammarion)
• 1971 : Le Crépuscule des loups, moralités (Flammarion)
• 1971 : Le Paradoxe du critique, essai (Flammarion)
• 1971 : Le Paradoxe du critique, suivi de Sept Saisons, critique dramatique (Flammarion)
• 1972 : Le Printemps de la vie, roman (Flammarion)
• 1973 : Carnet d'un émigré (Flammarion)
• 1975 : 2024, roman (Gallimard)
• 1977 : Mascareigne, roman (Julliard)
• 1977 : Cinq ans chez les sauvages, essai (Flammarion)
• 1978 : Les Matinées de Chaillot, essai (S.P.L.)
• 1978 : Les Choses comme elles sont, entretiens (Stock)
• 1979 : Œuvres complètes, tome I (Flammarion)
• 1980 : Le Bonheur et autres idées, essai (Flammarion)
• 1980 : Discours de réception à l'Académie française (Flammarion)
• 1980 : Mémoires de Mary Watson, roman (Flammarion)
• 1981 : Un ami qui vous veut du bien (Petit manuel à l'usage des auteurs de lettres anonymes) (Flammarion)
• 1982 : De la France considérée comme une maladie (Flammarion)
• 1983 : Henri ou l'Éducation nationale, roman (Flammarion)
• 1983 : Le Socialisme à tête de linotte (Flammarion)
• 1984 : Œuvres complètes, tome II (Flammarion)
• 1984 : Le Septennat des vaches maigres (Flammarion)
• 1985 : Le Mauvais Esprit, entretiens avec J.-E. Hallier (Orban)
• 1985 : La Gauche la plus bête du monde (Flammarion)
• 1986 : Contre les dégoûts de la vie (Flammarion)
• 1986 : Le Spectre de la rose (Flammarion)
• 1987 : Le Séminaire de Bordeaux, roman (Flammarion)
• 1989 : Ça bouge dans le prêt-à-porter (Flammarion)
• 1990 : Conversation avec le Général (Flammarion)
• 1990 : Les Pensées (Éditions du Cherche-Midi)
• 1990 : Loin d'Édimbourg (Éditions de Fallois)
• 1991 : Portraits de femmes, roman (Flammarion)
• 1992 : Vers de circonstance (Éditions du Cherche-Midi)
• 1993 : L'Assassin, roman (Flammarion)
• 1994 : Domaine public (Flammarion)
• 1994 : Le Vieil Homme et la France (Flammarion)
• 1995 : Le Septième Jour, récits des temps bibliques (Flammarion)
• 1996 : Le Feld-Maréchal von Bonaparte, uchronie (Flammarion)
• 1996 : Scènes de genre et tableaux d'époque (Guy Trédaniel)
• 1997 : Trilogie française (Le Séminaire de Bordeaux, Portraits de femmes, L'Assassin) (Flammarion)
• 1997 : Scandale de la vertu (Éditions de Fallois)
• 1997 : Journal des années de peste, 1986-1991 (Plon)
• 1998 : Grand chelem à cœur (Éditions du Rocher)
• 1999 : À la recherche du français perdu (Plon)
• 2000 : Jeannot : mémoires d'un enfant, souvenirs (Plon)
• 2001 : Le Siècle des lumières éteintes (Plon)
• 2003 : Les voyageurs du Tupolev (Plon)
• 2003 : Les cinq à sept de Fernand Doucin (Plon)
• 2004 : Journal intime d'un mort (Plon)
• 2006 : Les perles et les cochons (Plon)
• 2007 : Leporello (Plon)
• 2008 : La grenade et le suppositoire (Plon)
• 2009 : La chose écrite (Flammarion)
• Œuvres complètes, tome III (Flammarion)
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Message par ArenSor Jeu 3 Sep - 19:46

Au Bon Beurre

viequotidienne - Jean Dutourd Au-bon10

C’est l’histoire d’un couple de crémiers, les Poissonard, et de leurs deux enfants, qui possèdent l’épicerie « Au Bon beurre », quartier des Ternes à Paris. Parallèlement, on suit les aventures de Léon, issu du même quartier, évadé de guerre, puis résistant, idéaliste et naïf.
L’Occupation est bien sûr un âge d’or pour les épiciers et Jacques-Hubert Poissonard ainsi que son épouse savent en profiter, accumulant dès les premiers temps des monceaux de fromages, jambons et nourriture variée qu’ils vont écouler à prix d’or :

«  Des boîtes de jambon Olida, grosses comme des foies de bœufs, servaient de support au lit conjugal ; des sacs de riz et de lentilles tapissaient les murs. Les sardines avaient pris possession de la « bibliothèque ». Aux plafonds pendaient des saucissons serrés comme des stalactites et des dizaines de jambes de porc fumées qu’un naïf aurait pris pour des lustres dans leurs housses. Banania, sur des étagères, alignait des régiments de Sénégalais hilares qui reluquaient cinq mille hollandaises de la maison Van Houten. Les petites morveuses du chocolat Menier montraient leurs innombrables gambettes à des multitudes de clowns Elesca. Routes les rivières du monde semblaient avoir déversé là leurs saumons au naturel. Le thon a l’huile frétillait. Il y avait cinq cents fois plus d’éléphants sur les paquets de thé que dans l’armée d’Hannibal. Des roues de Gruyère, des tomes de Savoie, des fourmes du Cantal, les unes sur les autres, figuraient les puissantes colonnes de ce temple de la Prévoyance. »

« Sous l’action du temps, les saucissons se pétrifiaient, les jambons vieillissants acquéraient un parfum quintessencié, qui transperçait l’étamine protectrice et troublait autant que l’odeur d’une femme désirée respirée à travers la chemise. Le gruyère et le cantal prospéraient sous leur carapace comme des tortues paresseuses dans une grotte. Les légumes secs, sourdement travaillés par la vie, émettaient un murmure incessant : le riz répondait aux lentilles, qui dialoguaient avec les pois cassés et les fèves, un chant imperceptible, une symphonie chuchotée qui accompagnait l’évolution ralentie de ce monde immobile. »

L’année suivante, nos deux zigotos passent à une activité plus rationnelle et quasi industrielle :

« L’homme nouveau, que les événements accouchaient, n’allait pas tarder à apparaître. De 1925 à 1940, le commerce avait obéi à un certain nombre de lois psychologiques qu’il s’était assimilées, telles que : « Le client a toujours raison, Servir avec le sourire, etc ». En 1941, ces lois étaient caduques. Le client avait maintenant besoin du commerçant pour vivre. La loi de l’offre et de la demande, qui était la charpente, la maîtresse poutre de la pensée de Charles-Hubert, lui inspira un raisonnement que le lecteur jugera simpliste, mais qui lui paraissait, à lui, une merveille de complication. Cette analyse hardie, ce plan d’attaque infaillible, se résume de la sorte : la demande est supérieure à l’offre ; par conséquent, le commerçant est dans une position favorable. Il doit en profiter. Que fait le client ? Petit a : il propose des sommes de plus en plus considérables ; petit b : il courtise le commerçant. Conclusion : pas besoin de se gêner. »

« C’est ce jour là, sans même qu’il s’en aperçut, il passa de l’état de crémier à celui de spéculateur. Cet empirique devint un théoricien. Le palier décisif entre la médiocrité et l’opulence était franchie. »

« Malhonnête, jadis, un commerçant faisait faillite ; honnête, aujourd’hui, il se ruinait. »

Laudateurs de l’ordre allemand, les Poisonard passeront peu à peu et sans aucun scrupule à la « Résistance » sachant trouver les appuis bien placés. Riches à millions, ayant investi judicieusement, quand il le fallait, dans l’immobilier, les Poissonard marient leur fille à un noble, député à la Libération et précédemment secrétaire de Laval.
« Au Bon Beurre » est une satire féroce, souvent très drôle, mais aussi grinçante de la vie quotidienne sous l’occupation. Dutourd y révèle sa nature de moraliste, dans la lignée des Saint-Simon, La Rochefoucauld ou Chamfort. Il sait vous camper un personnage en quelques phrases :

« - Répression des fraudes, dit le petit homme en touchant son chapeau.
- Tiens, réplique Charles-Hubert, faraud, je ne vous ai jamais vu, vous ?
- Voilà ma carte, dit le petit homme d’une voix sans timbre, la voix même avec laquelle Robespierre proclamait la Terreur à l’ordre du jour. »

Portrait sarcastique d’un peuple qui est passé sans vergogne d’une adulation au Maréchal à celle pour de Gaulle, collaborateurs puis résistants.
Certains passages sont excellents. Je retiens notamment l’accueil des délégations venues offrir à Pétain qui une canne sculptée,  qui un poste à galène ou encore des œufs. Le portrait du chef scout, le général  Giraudet-Lempérière, vaut le détour :

« L’autre groupe, plus pittoresque, se compose d’une douzaine de boy-scouts, âgés de douze à quinze ans, accompagnés d’un treizième, d’une génération sensiblement antérieure. Ce treizième boy-scout, si l’on en croit l’apparence, est né vers 1880. Il a un visage énergique et borné, que traverse une paire de moustaches blanches à la gauloise. Sous le chapeau à larges bords, il évoque quelque shérif arverne, contemporain, à la fois, de Dumnorix et de Jesse James. Son équipement rustique, son couteau suisse, sont quart de fer-blanc et son alpenstock, accentuent le caractère de cette figure surprenante, mi-antique mi-moderne. »

L’auteur donne rarement une opinion personnelle, mais quand il le fait, elle fait mouche :

« Pour en revenir aux vélotaxis, ceux-ci soulevèrent pendant quelque temps une polémique. Certains journaux les décrétèrent immoraux. Il était contraire à la dignité de la personne humaine, disait-on, que des hommes pédalants traînassent leurs semblables assis. Cet appel à la dignité de la personne humaine à une époque où les Juifs étaient tenus de porter sur le sein une étoile jaune large comme un crachat autrichien, a quelque chose d’assez piquant. »

Mots-clés : #deuxiemeguerre #viequotidienne
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Message par Bédoulène Jeu 3 Sep - 20:29

merci Arensor, pas lu mais connait par la série TV

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Message par Armor Jeu 3 Sep - 21:51

Ah tiens, je note ! Ca a l'air de valoir le coup d'oeil.

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