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Message par ArenSor Jeu 8 Déc - 13:40

Vergílio António Ferreira (1916-1996)

Vergilio Ferreira Ferrei10

Vergílio António Ferreira, né le 28 janvier 1916 à Melo, et mort le 1er mars 1996 à Lisbonne, est un écrivain portugais.
Bien qu'ayant été professeur (ses romans Matin perdu et Apparition y font référence), c'est comme écrivain qu'il s'est distingué : son nom reste d'ailleurs associé à un prix littéraire décerné chaque année par l'université d'Évora pour distinguer l'œuvre d'un écrivain lusophone. Lui-même a obtenu le prestigieux prix Camões en 1992.
Son œuvre importante, qui comporte des romans, des contes, des essais et des journaux, peut être divisée en deux parties : une période néo-réaliste et une période existentialiste. On considère que le roman Mudança marque la transition entre ces deux moments.
(source : wikipédia)

Oeuvres traduites en français :

1954 : Matin perdu : Page 1
1959 : Apparition
1965 : Alegria breve
1974 : Rêve d'ombre
1983 : Pour toujours
1987 : Jusqu'à la fin : Page 1
1990 : Au nom de la terre
1993 : Ton visage : Page 1
1996 : Lettres à Sandra : Page 1

màj le 16/04/2018
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Message par ArenSor Jeu 8 Déc - 13:43

Ton visage

Vergilio Ferreira Ton_vi10

Nous connaissons tous de belles rencontres : un livre acheté plus ou moins par hasard et dont la lecture vous marque profondément. C’est le cas pour moi avec « Ton visage » de Vergilio Ferrera, écrivain portugais né en 1916 et mort en 1996. Wikipédia m’apprend que cet auteur a connu une belle célébrité de son vivant – en est-il toujours de même ? En tout cas, il semble relativement peu connu en France. J’y apprends également que son œuvre très importante – romans, essais, journaux- se divise en une première partie néo-réaliste et une seconde « existentialiste».
« Ton visage » appartient sans conteste à ce dernier courant, si tant est qu’on puisse définir ce qui se cache sous ce terme d’existentialisme. C’est un livre qui entrecroise de nombreux thèmes et qu’il est assez difficile de résumer. Le narrateur, médecin, mais surtout caricaturiste, a entrepris un tableau sur lequel il n’arrive pas à travailler. Il est hanté par Barbara, amour sublimé, rencontre de jeunesse ou phantasme, qui l’accompagne à différents moments de sa vie.

« Elle vient du fond des ères, épurée jusqu’à l’essence de sa perfection qui n’a pas été prévue par Dieu. C’est une perfection instantanée fragile, je ne peux la toucher. Elle est née de l’ardeur lente et violente des hommes depuis la nuit des temps, du crime excessif, de la mort, et maintenant elle est là et seul moi je la connais et les autres l’ont perdue à jamais. Je dois la regarder sans peser, à distance anxieuse de ma respiration, je dois la regarder dans les airs. Je dois l’emprisonner dans mon angoisse, dans ma main, inscrire sa présence dans mes os, à l’endroit caché de mon humilité. Un jour on me demandera, un jour la foule immense des gens et des dieux, toute l’exigence des hommes, des sages, des puissants, toutes les races, tous les saints et tous les criminels jusqu’à la fin des siècles, un jour ils me demanderont, comment as-tu osé contempler sa face ? comment as-tu osé poser ton regard sur elle ? elle est l’essence de l’impossible, je ne peux la perdre. Des milliards et des milliards d’efforts pour l’obtenir, c’est moi l’élu, je ne peux. Il y a en elle l’infini de la beauté et de la mort, qui est le plus grand impossible. De l’imaginaire du jour et de la nuit. Du trouble de l’énigme. Du désespoir tendre. Nous marchons en silence, c’est un après-midi de printemps. Respirons la lumière, c’est une lumière nouvelle et terrible. Très vite je regarde Barbara saisi de terreur, elle sourit, un oiseau oblique est passé. ».

Puis il tombe amoureux d’Angela, au départ parce qu’elle est amie de Barbara et garde comme un parfum de cette dernière. Les deux personnages se superposent comme deux calques, prennent plus ou moins d’importance par rapport l’un à l’autre puis finissent pas se distinguer. Je ne vous en dirai pas plus sur « l’histoire » mais j’insisterai sur différents thèmes que l’auteur aborde et la manière dont il le fait.
Il est question de l’être proprement dit et de son apparence :

« Regarder les radiographies et essayer de les distinguer de toutes les autres, qu’il fut impossible de confondre cette image comme il était impossible de confondre celle de l’Angela visible. Qu’elle fût différente à la fois du dehors et du dedans. La regarder identifiable comme sur une photographie, trouver là sa réalité comme personne et l’aimer comme on aimait son âme. Qu’elle reste consubstantielle dans une totalité indifférenciable, que ses yeux soient aussi ses orbites, et son buste délicat l’armature des lattes qui le fait tenir. Voir un de ses tibias et y reconnaître la douceur de sa jambe sous ma caresse. Et sa hanche à partir de son bassin. Et son crâne, son visage. Il y avait un énorme gaspillage de ce que j’aimais et je pensais tu ne dois pas gaspiller la partie gaspillée. Qu’aime-t-on chez une femme ? Pourquoi n’aime-t-on que sa peau, et quelque part un peu plus loin que sa peau ? Le reste qui est ce qu’on aime le plus finalement, n’existe pas. »

Apparence : entre beauté laideur :

« La beauté est une idée de la femme pour faire bander les hommes. Comme l’ondulation des hanches. Ou le parfum qui est une forme sublimée de la masturbation. »

Cette question nous vaut des passages magnifiques, baroques à souhait, que n’auraient pas reniés Breughel, Goya ou mon cher Ensor : visions de squelettes déambulant dans les rues, de mendiants hideux, métamorphose d’hommes en monstres dotés de goitres comme les pélicans… L’écriture balance alors entre horreur et grotesque.

Il est question également du sens de la vie, du suicide, du temps qui passe etc…

« Et un moment nous sommes restés à écouter la mer. Rauque, furieuse. Nous l’entendions frapper les rochers, là-bas au loin. Obstinée dans la stupide raison de sa non-raison. Et nous sommes restés comme ça un bout de temps jusqu’à ce que ce qui avait été dit et pas dit dans ce qui avait été dit s’évanouît dans l’écume laiteuse imaginée par la mer. »

« C’est quand Ulysse voulait revenir à Ithaque et que Calypso a eu ce sourire – et Angela disait le premier sourire de l’Occident qui soit parvenu jusqu’à nous. »

« Les jeunes ne s’assoient pas comme ça pour regarder la mer. Ils l’ont en eux, les vieux ne l’ont plus alors ils la regardent. »

« Ils riaient. Ils avaient la vie dans leurs poches et leur rire venait avec quand ils tiraient leur paquet de cigarettes. »

En conclusion : un « roman » curieusement construit, en forme d’abyme, d’emboîtements et de labyrinthes, des thèmes obsessionnels qui reviennent sans cesse – le personnage de Barbara omniprésent m’a fait penser à « L’Année dernière à Marienbad » de Resnais, une écriture poétique. Bref, j’ai ADORE.
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Message par ArenSor Jeu 8 Déc - 13:45

Lettres à Sandra

Vergilio Ferreira Sandra10

Il s'agit d'un recueil de dix lettres - la dernière étant restée inachevée - adressée par l'auteur à sa femme, Sandra, décédée. Le livre est précédé d'un préface de la fille de Ferreira, indiquant que son père est décédé en écrivant la dernière. La préface est datée du 15 décembre 2015, alors que Wikipédia nous apprend que Ferreira est mort en janvier 1996 !
On retrouve les obsessions de l'auteur mais dans un style beaucoup plus retenu que dans "Ton visage", moins baroque, mais certainement avec encore plus de violence et de passion. Comme dans le volume précédent, l'homme est un rêveur qui cherche à saisir l'essence de l'être au delà de la matérialité, alors que la femme refuse ce rôle de "femme idéale" et affirme au contraire toute sa matérialité.

"Regarder un genêt, une maison perdue dans la montagne, un chien, une fleur. Et dans les moments de miracle, ma chérie, laisse-moi expliquer. Dans les moments de miracle de je ne sais quelle révélation, il y a ce qui devient visible de tout l'invisible des choses. La face cachée de leur réalité. Une évidence qui se découvre à nous dans une sorte de malaise, la respiration suspendue, rencontre avec l'incroyable qui nous attendait - ne dis rien. Ne dis pas que tout cela est une mystification sans aucun sens".

Les différentes lettres montrent les fractures, les non-dit, les quiproquo, les blessures involontaires. Toutes ces choses qui laissent des traces dans une vie de couple. L'auteur, visité régulièrement par l'absente dont la présence s'impose, parfois hésite :

"Pour toujours, il y a en moi une lutte entre le désir de t'oublier et celui de devenir fou près de toi".

Mais le souvenir de Sandra est le plus fort :
"Et cependant, rends-toi compte, je suis sur le point de construire dans mon néant de tout une rédemption de ce néant qui est le mien avec le souvenir que j'ai de toi".

Finalement :
"L'amour est si monotone, ma chérie. Parce qu'il est la cime sensible d'une montagne de choses oubliées. Comment parler de ce minimum qui est l'aplomb de tout un monde qui le soutient ? parler de rien, qui est tout ? Sandra. Je pourrais dire ton nom à l'infini dans la multiplicité qu'il fait résonner en moi. Et c'est justement ce dont j'ai le plus envie, le dire, ô le dire. Et écouter en lui ce merveilleux qui ébranle tout mon être. Je pourrais écrire ton nom tout au long de ce que j'écris et j'aurais peut-être tout dit. Mais je veux dire aussi de ce tout aussi qui s'y cache. Dire mon extase et la raison pour laquelle j'existe en lui. Tes mains dans les miennes. Le miracle incroyable de dire ton visage. La brûlure de mon doigt sur ta peau. Sur la bouche. L'épouvante de mes doigts dans tes cheveux. Le plaisir horrible jusqu'à la mort de ma pénétration dans ton corps".

Les "Lettres à Sandra" sont un magnifique poème d'amour, intense et désespéré.
"Mais comme tu sais il y a quelqu'un d'autre en nous qui choisit ce qui doit être, même contre ce que nous pensons vouloir".
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Message par Bédoulène Ven 9 Déc - 16:57

c'est bien tentant, j'avais déjà noté mais pas en médiathèque (mais je n'oublie pas)

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Message par shanidar Mer 11 Jan - 13:27

Ton visage

Vergilio Ferreira Ton_vi10

En un mot : merci à ArenSor d'avoir parlé de cet auteur et de m'avoir mis entre les mains ce roman étonnant : Ton visage.

Dans son commentaire, ArenSor dit quelques mots de l'écriture de Ferreira, d'une sorte de style baroque, somptueux et en même temps folâtre, dur dans l'ironie et déjanté dans les images. Baroque est le mot qui convient tout autant que celui de romantisme, si on entend ce dernier sous le signe d'un souffle totalement échevelé, plein d'incartades, de boutades et de rodomontades, d'un romantisme acerbe, parfois violent, plantant sa plume dans le cœur encore chaud de sa victime, laquelle ne peut être qu'une femme, pute ou épouse, aimée ou respectée, idéalisée ou sacralisée mais cadavre qu'on ouvre et qu'on observe sur la table d'autopsie.

Car le narrateur, médecin-caricaturiste et peintre, est de ceux que la laideur (et la sienne en premier) fascine, énerve et innerve. L'écriture jaillit autant dans ce livre du sentiment amoureux (ou son immense silence) que de la confrontation, éruptive, entre le Beau et son contraire. Choisissant, sans aucun avertissement, de faire glisser la plupart de ses situations vers des paroxysmes grotesques hallucinés, Ferreira incarne sous nos yeux, le démiurge qui peut tout et ose tout.

Si j'ai lu récemment dans Le Principe de Jérôme Ferrari qu'il est totalement illusoire de rechercher le fond des choses, car les choses n'ont pas de fond ; nous découvrons ici que 'rien n'a de sens', qu'il est totalement inutile de chercher à comprendre les raisons de l'existence humaine, matérielle, spirituelle et que nous ne sommes que des hasards.

"- Mais surtout, si nous voulons être en parfait accord avec la vie, nous devons savoir que rien dans la nature n'est juste ou injuste. Que rien n'a de sens. (…) L'homme de demain sera un homme naturel, dégagé de toutes les illusions et tranquille."

On retrouvera alors en une boucle sans fin, le thème du laid comme celui du handicap physique, qui vient comme un pendule dérégler l'inexplicable et dézinguer l'essence de la vie ; mais on lira avec une pointe de respect et même peut-être d'envie que c'est sans doute au-delà du malheur, dans l'acceptation ultime de sa condition que l'homme peut atteindre une forme de bonheur.

Ton Visage est un livre foisonnant, irrésistible, provocateur ; charriant des thématiques fortes et denses (le couple, la famille, le bonheur, la laideur, l'horreur, l'animalité, le difforme…), il raconte l'histoire de chien d'un homme qui semble avoir renoncé à lui-même avant même d'avoir commencé à être.


Etrange roman, écrit dans une langue très puissante, envoûtante, parfois irrespirable et en même temps visionnaire, voire philosophique, Ton Visage se reflète dans le miroir noir des désespérés et des assoiffés magnifiques, des foutus d'avance et des idolâtres, des éternels amoureux d'une illusion fugace, peut-être même inventée qui a pour nom Femme mais dont la représentation est celle d'une statue frigide et intouchable...
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Message par topocl Sam 14 Jan - 15:08

Matin perdu

Vergilio Ferreira Bm_94010

Récit autobiographique de Verfgilio Ferreira, ce livre raconte comment il en a réchappé.
Non pas tant réchappé de la misère, comme on le lui a imposé à l'aube de l'adolescence en l'envoyant au séminaire : choix alimentaire de lapart de sa mère, pour lui épargner la faim, mais aussi à sa famille une fois qu'il aurait acquis l'envieux statut de prêtre, choix pieux et paternaliste pour Madame Estefania, la bourgeoise bigote qui assure son salut en l'adoptant et finançant sa formation. Il y croit , au début le petit Vergilio, que la religion n’est qu'une série de dogme qui le protègent de l'impureté , de la liberté, du libre arbitre. Comme il se convainc que ses peurs sont fondées et ses péchés innommables. Mais peu à peu, au fil des épreuves qui l'enferrent dans sa solitude, il va remettre en cause et prendre ses distances, affronter les dogmes , "décevoir" les espoirs mis en lui et s'offrir le droit de décider par lui-même.

Description sans aucun misérabilisme d'un adolescence qui aspire à la liberté et à la beauté, qui se refuse d'y renoncer, le récit suit pas à pas les questionnement, les remises en questions, les gouffres d'angoisse qui mènent peu à peu Vergilio à la reprise en main de son destin. C'est sobre, touchant, assez prenant.

Bix, ça pourrait te plaire?

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Message par shanidar Sam 14 Jan - 17:42

Ah tu as donc commencé, topocl, par le Ferreira 'néo-réaliste' !

J'ajoute mon commentaire :

Matin perdu


Impressionnant de lire ce texte 'première génération' de Ferreira. L'écriture est d'un classicisme absolu avec ce que cela inclut de belles phrases, de belles comparaisons, de chronologies, de 'néo-réalisme'.

Ferreira raconte la vie d'un très jeune garçon qui entre au séminaire contre son gré, sans vocation, parce qu'il est pauvre, d'une pauvreté de paysan, orphelin de père et l'aîné d'une famille nombreuse. Pris en charge par la bigote du village, il est envoyé parmi 200 autres élèves dans cette prison qu'est le séminaire. L'enfant y est seul, d'une solitude qui le précipite vers la tristesse, le désir sauvage de quitter l'habit noir de corbeau, les amitiés impossibles car immédiatement brisées par le Règlement et le lourd, l'effrayant, le lent éveil du corps.

En 200 pages, Ferreira explore les tourments de ce tout jeune homme, son désir d'émancipation, ses craintes, les chaînes de la pauvreté le ramenant sans cesse à sa condition de futur prêtre. Et quand les tourments de la chair l'empoigne c'est aux longues nuits blanches du dortoir que le garçon s'arrime.

Il est assez extraordinaire de lire ce livre après Ton Visage, étonnant de voir l'évolution du style, l'empoignade des mots, le classicisme quasi scolaire de Matin perdu contre la sécheresse alambiquée de Ton Visage. Impressionnant de lire cette évolution. Et je dois dire que je préfère largement la seconde génération car même si Matin Perdu ne se lit pas sous la torture du joug religieux, ce roman d'apprentissage reste par sa facture assez simple et dans ses tourments assez prévisible. Il apporte sans doute un éclairage unique sur l'enfance-adolescence de l'auteur (dont on croit deviner la vie) mais on est loin de la maîtrise future.


(Encore merci ArenSor de m'avoir fait parvenir ce roman, qui m'a permis de goûter à un autre Ferreira.)
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Message par topocl Sam 14 Jan - 17:58

Donc, il faut s'attendre à toute autre chose...

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Message par shanidar Sam 14 Jan - 18:11

topocl a écrit:Donc, il faut s'attendre à toute autre chose...

Ah mais complètement, même. Cela n'a plus rien de radicalement linéaire, l'écriture est 'déchirée' exactement comme Ferreira devait l'être après cette enfance très particulière ; sa violence (si on peut parler de violence) baroque a quelque chose à la fois de clinique et de viscérale, d'extrêmement vive, écartelée et triste et belle.
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Message par topocl Sam 14 Jan - 18:25

Tu en parles bien.

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Message par Avadoro Lun 16 Avr - 23:08

Vergilio Ferreira Vergil10

Jusqu'à la fin

Un homme veille le corps de son fils mort dans des circonstances dramatiques, à l'intérieur d'une chapelle proche de la mer. Un dialogue tente de s'installer, au-delà des silences, de la séparation, de l'abrupte frontière de la vie. Mais une incompréhension qui s'enracine dans le passé semble figer définitivement une rupture, une colère, un vide.

L'écriture de Vergilio Ferreira est particulièrement intense, d'une grande force évocatrice, à la fois poétique et brutale, limpide et tranchante. Un périple intime se heurte à une absence, à un aveuglement tant le lien familial dans son essence devient le reflet tourmenté d'une distance, d'un détachement. Jusqu'à la fin laisse alors résonner une forme d'impuissance des mots tout en distillant fébrile, qui enrichit une réflexion incessante, construite autour de questions qui ne peuvent trouver de réponses.


mots-clés : #mort #relationenfantparent #intimiste
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Message par Bédoulène Lun 16 Avr - 23:33

merci Avadoro, pas encore lu cet écrivain, mais un de ces jours

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