Elsa Triolet
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Elsa Triolet
Elsa Triolet
1896/1970
1896/1970
Elsa Triolet, née Ella Yourevna Kagan (russe : Элла Юрьевна Каган) le 12 septembre 1896 à Moscou et morte le 16 juin 1970 à Saint-Arnoult-en-Yvelines, est une femme de lettres et résistante française d'origine russe, née de parents juifs. Première femme à obtenir le prix Goncourt, elle est également connue sous le pseudonyme de Laurent Daniel.
Elle est la sœur de Lili Brik et la compagne de Louis Aragon.En 1918, Elsa rencontre André Triolet, un officier français en poste à Moscou, quitte la Russie avec lui et l'épouse à Paris en 1919.
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De son vrai nom Ella Kagan (puis Triolet de son premier mari, nom qu'elle gardera toute sa vie), elle est fille de Elena Yourevna Berman (pianiste de grand talent, sans être musicienne professionnelle) et de l'avocat juif Youri Alexandrovitch Kagan qui s'était spécialisé dans des contrats d'artistes et d'écrivains. Elle a pour sœur aînée Lili, dont elle est très jalouse, mais qu'elle admire en même temps. Elle écrira plus tard à partir de ses souvenirs d'enfance son premier roman en russe : Fraise des bois (Ziemlienika, un surnom qu'on lui donnait quand elle était enfant, livre publié en 1926), largement empreint du sentiment d'avoir été mal-aimée par ses parents.
Lili rejoint en 1905 la Révolution russe et c'est notamment par elle qu'Elsa et Louis Aragon auront des contacts communistes en URSS, car tout naturellement durant leurs séjours en URSS, le couple Elsa-Aragon était hébergé chez Lili. Elsa est l’amie d'enfance du linguiste Roman Jakobson qui tomba amoureux d'elle. Elle apprend le français très tôt — elle commence son journal en français en 1909. En 1915, elle rencontre le poète futuriste Vladimir Maïakovski qui deviendra ensuite le compagnon de sa sœur.
Elsa se découvre une passion pour la poésie qui lui fait fréquenter assidûment les cafés le soir, après ses cours à l'école d'architecture, dans un cercle littéraire autour de la figure charismatique de Maïakovski. Elle y rencontre notamment Victor Chklovski, linguiste et écrivain qui tombe éperdument amoureux d'elle, sans réciprocité, mais avec lequel elle nourrit un échange épistolaire que Chklovski publie en 1923 sous le titre de Zoo, lettres qui ne parlent pas d'amour ou la Troisième Héloïse. Ce recueil de lettres sera lu par Maxime Gorki, le pape de la littérature révolutionnaire qui, ayant particulièrement goûté aux lettres d'Elsa demande à la voir et durant leur entrevue, Gorki encourage la jeune femme à se consacrer à l'écriture.Elle rencontre Louis Aragon en 1928 à Paris, au café La Coupole, fréquenté par beaucoup d'artistes. Il devient l'homme de sa vie, celui par qui elle peut enfin s'enraciner dans la société française. Elle devient sa muse. En 1929-1930, Elsa crée des colliers pour la haute couture pour subvenir à ses besoins et écrit des reportages pour des journaux russes ; elle traduit également des auteurs russes et français. Elle commence à écrire un premier roman en français, Bonsoir Thérèse, en 1938. Elle collabore, par de nombreux textes, au quotidien Ce soir, dirigé par Louis Aragon et Jean-Richard Bloch.
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Elle part ensuite avec lui à Tahiti pendant un an, séjour qui lui inspirera son deuxième roman en russe : À Tahiti (publié en 1925). Elle qui brûlait de quitter la Russie de la Révolution dont elle embrassait certes les idées, mais détestait les conséquences sur les conditions de vie : guerre civile, misère, famine, etc., se morfond dans l'indolence d'une île où elle cultive la nostalgie de son cher cercle littéraire de Moscou. Elle quitte son mari en 1921. C'est dans cette période qu'elle connaît un temps d'errance en allant à Londres, à Berlin, avec séjours ponctuels à Moscou, puis Paris où elle écrit son troisième roman en russe Camouflage (1928), sur la thématique de deux femmes en errance. Elsa exprime souvent dans ses romans une impression de solitude, bien qu'elle ait été très aimée et toujours très entourée. « Je vous présente donc cet […] inspecteur des ruines, comme quelqu'un qui a été un autre moi-même. Vous lirez, si vous le voulez bien, l'histoire de sa solitude. La solitude est un fléau qui ronge les hommes, un à un ».
Installée à Montparnasse en 1924, elle fréquente des écrivains surréalistes et des artistes comme Fernand Léger et Marcel Duchamp.
Plaque 5 rue Campagne-Première (14e arrondissement de Paris), où elle vit avec Louis Aragon de 1929 à 1935.
Avec Louis Aragon chez leur ami Pierre Seghers à Villeneuve-lès-Avignon en 1941.
Elle se marie avec Aragon le 28 février 1939. Elle entre avec lui dans la Résistance, dans la zone Sud (à Lyon et dans la Drôme notamment) et contribue à faire paraître et à diffuser les journaux La Drôme en armes et Les Étoiles. Elle continue à écrire : le roman Le Cheval blanc et des nouvelles publiées aux Éditions de Minuit. Réunies sous le titre Le premier accroc coûte 200 francs (phrase qui annonçait le débarquement en Provence), ces nouvelles obtiennent le prix Goncourt 1945 au titre de l'année 1944. Elsa Triolet est ainsi la première femme à obtenir ce prix littéraire. Elle assiste en 1946 au procès de Nuremberg sur lequel elle écrit un reportage dans Les Lettres françaises.Après avoir publié La Mise en mots (collection Les Sentiers de la Création, éditions Skira, 1969) et Le rossignol se tait à l'aube (1970), Elsa Triolet meurt d'un malaise cardiaque le 16 juin 1970 dans la propriété qu'elle possède avec Aragon, le Moulin de Villeneuve, à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Elle repose aux côtés d’Aragon, dans le parc de six hectares entourant ce vieux moulin. Sur leurs tombes, on peut lire cette phrase d’Elsa Triolet : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA ».
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La période de la guerre lui inspire le roman L’Inspecteur des ruines, puis la menace atomique, au temps de la guerre froide, Le Cheval roux. Appartenant au comité directeur du Comité national des écrivains (CNE), elle s’attache à promouvoir la lecture et la vente de livres dans les années cinquante et participe activement à un mouvement lancé par le Parti communiste français en 1950-52 : « Les Batailles du Livre ». Elle voyage beaucoup dans les pays socialistes avec Aragon, mais, si elle a conscience de l’antisémitisme qui atteint sa sœur et des crimes qui sont commis en Union soviétique (le compagnon de Lili Brik, le général Vitaliy Primakov, est exécuté par le régime stalinien), elle ne fait aucune déclaration publique sur ces événements[réf. nécessaire]. Elle exprime sa critique du stalinisme en 1957 dans Le Monument. Elle démissionne la même année du comité directeur du CNE, puis écrit les trois romans du cycle L’Âge de Nylon. Elle intervient activement en 1963 pour faire traduire et paraître en France le roman d’Alexandre Soljénitsyne Une journée d'Ivan Denissovitch. La façon dont la biographie de Vladimir Maïakovski était falsifiée en Union soviétique est une des raisons qui l’entraîne à écrire les romans Le Grand Jamais (1965) et Écoutez-voir (1968).
En 1965, elle préface le premier livre de Dominique Oriata Tron, Stéréophonies, publié par Pierre Seghers. En 1966, Agnès Varda réalise un court-métrage documentaire, Elsa la rose, sur son histoire d'amour avec Aragon.
source wikipedia
Oeuvres
À Tahiti (1925) en langue russe, traduit en français par Elsa Triolet en 1964.
Fraise des bois (1926) en langue russe
Camouflage (1928) en langue russe
Bonsoir Thérèse (1938)
Maïakovski (1939)
Monstre 42, Poésie 42 no 2, Seghers, 1942
Clair de lune, Poésie 42 no 4, Seghers, 1942
Mille regrets (1942)
Le Cheval blanc, Denoël, 1943
Les Amants d'Avignon. Publié sous le nom de Laurent Daniel,
qui était son pseudonyme, en clandestinité, par les Éditions de Minuit, 1943.
Qui est cet étranger qui n'est pas d'ici ? ou le mythe de la Baronne Mélanie, Éditions Seghers, 1944
Le premier accroc coûte 200 francs (1944) Prix Goncourt en 1944
Personne ne m'aime (1946)
Les Fantômes armés (1947)
L'Inspecteur des ruines (1948)
Le Cheval roux ou les Intentions humaines (1953)
L'Histoire d'Anton Tchekhov (1954)
Le Rendez-vous des étrangers (1956)
Le Monument (1957)
L'âge de nylon (1) : Roses à crédit (1959)
L'âge de nylon (2) : Luna-Park (1959)
Les Manigances (1961)
L'âge de nylon (3) : L'Âme (1962)
Le Grand Jamais (1965)
Écoutez-voir (1968)
La Mise en mots (1969)
Le Rossignol se tait à l'aube (1970)
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j'avais jamais lu un livre de cette auteure, celui-ci, déniché en emmaus m'a décidée.
Bon, c'est marrant, l'impression qui en ressort pour moi c'est le sentiment d'une mentalité d'un autre âge, une candeur étonnante. Quand je pense à ce qu'a produit la société sur la mentalité féminine, ce genre de livre me laisse un peu désemparée. Il est très "féminin" : délicat, surranné, romantique; les fantasmes que j'imagine présider à son écriture sont si évidents qu'ils me laissent coîte ou presque : une femme a déserté sa maison, le nouvel acquéreur l'a donc avec tout le mobilier, les livres, la vaisselle, le linge. Il devine cette présence féminine. Partout. Et cette présence lui plait.
Lui est cinéaste, en repli entre deux films.
Tout le stimule. De cette présence. Et un soir (ou un matin ?) il force le seul meuble clos, un secrétaire , y trouve des lettres d'amour à une femme, l'ancienne propriétaire.
Le caractère de cette héroine en creux se dessine à travers des paroles d'hommes, et puis ça se lit bien, mais c'est si candide.
Je n'imaginais pas l'écriture de cette femme ainsi. Pas dutout.
Amusant du coup, décevant, dépaysant.
ça fait pitié aussi, un peu. Elle est si active, si absolue, ils sont si amoureux, si intellos, il est si charmé, si nourri : un hymne à la femme mystérieuse, mais écrit par une femme.
Intéressant à un niveau personnel : j'ai écris pour un concours, à 20 ans, une nouvelle, sur thème imposé, et je retrouve le même écueil : j avais fais parler un narrateur masculin, qui arrivait dans l'appartement de sa chérie, il fouillait, transi de doutes, d'amour, elle était si énigmatique, etc etc
j'avais 20 ans et je ne suis pas connue. Voilà le problème. Je me revois dans ma candeur perdue.
RIP
citation copiée collée de Babelio.Il pénétrait dans la bibliothèque qui l'accueillait avec une hospitalité discrète, et il n'y rencontrait de vivant que les livres.
Dans cette bibliothèque comme ailleurs, Justin Merlin mettait les pieds dans les traces de quelqu'un qui semblait ne pas être parti, tant ses traces étaient fraîches. Lorsqu'il s'asseyait dans le fauteuil de velours rouge à haut dossier courbé suivant la ligne du dos, sa main allait elle-même aux livres les plus faciles à atteindre, à des livres lus et relus, s'ouvrant largement, comme habitués à offrir certaines pages à des yeux qui venaient y chercher dieu sait quoi. Des romans, des mémoires, des contes fantastiques... Perrault, Grimm, Hoffmann et Andersen avaient cet aspect de livres de messe appartenant à un catholique pratiquant ; il y avait des volumes comme usés par la lecture, Trilby de Georges du Maurier, par exemple, ou Les hauts de Hurle-Vent, ou Le Château des Carpathes... Le Grand Meaulnes... Jacquou le Croquant... et les livres d'Isabelle Eberhardt, cette Russe musulmane qui, à la fin du XIXe siècle, avait apparu en Algérie, y menant la vie des Arabes... Des rayons entiers étaient occupés par les encyclopédies... par des ouvrages sur l'aviation... l'astro-physique...
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Elsa Triolet
merci Nadine, je n'ai lu que le Cheval Blanc mais c'est loin !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Elsa Triolet
L'écriture du premier opus "Roses à crédit" est différente mais ce n'est pas le même genre de récit, non plus.
Et j'ai justement trouvé "L'âme", la semaine dernière : à lire ! Et tu ouvres ce fil...
Et j'ai justement trouvé "L'âme", la semaine dernière : à lire ! Et tu ouvres ce fil...
Dernière édition par kashmir le Dim 23 Juin - 16:27, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Elsa Triolet
Ah bah c'est bien, j'y reviendrai, du coup.
je vais jeter un oeil sur ce que dit le net sur la trame de Roses à credit. merci Kashmir pour le partage.
je vais jeter un oeil sur ce que dit le net sur la trame de Roses à credit. merci Kashmir pour le partage.
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Elsa Triolet
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Bédoulène- Messages : 21642
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