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Virginie Despentes

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Message par topocl Sam 17 Déc - 10:05

Virginie Despentes
Née en  1969


Virginie Despentes 220px-18

Virginie Despentes, née le 13 juin 1969 à Nancy1, est une écrivaine et réalisatrice française, à l'occasion traductrice et parolière.

Son œuvre, inventaire de la marginalisation de la jeunesse, participe étroitement à la libération des mœurs vécue par la génération X et l'acclimatation de la pornographie à l'espace public induite par les nouvelles techniques de communication. Par l'exploration transgressive des limites de l'obscénité, la romancière comme la cinéaste propose une critique sociale et un antidote au nouvel ordre moral. Plus encore, ses personnages interrogent sur un mode identificatoire le dérangement du sujet qui conduit de la misère et l'injustice à la violence contre soi-même, telle que la toxicomanie, ou contre autrui, comme le viol ou même le terrorisme, violences dont elle a eu elle-même à souffrir. Elle est membre de l'académie Goncourt depuis le 5 janvier 2016.

Œuvre littéraire

Romans
1993 : Baise-moi, Florent Massot. Page 2
1996 : Les Chiennes savantes, Florent Massot. : Page 1
1998 : Les Jolies Choses, Grasset.
2002 : Teen Spirit, Grasset.
2002 : Trois étoiles, avec Nora Hamdi, roman graphique,
2004 : Bye Bye Blondie, Grasset.
2010 : Apocalypse bébé, Grasset. : Page 1
2015 : Vernon Subutex, 1, Grasset. : Page 1, 2
2015 : Vernon Subutex, 2, Grasset.  : Page 1

Nouvelles
1997 : « C'est dehors, c'est la nuit », recueil collectif Dix, Grasset / Les Inrockuptibles.
1999 : Mordre au travers, recueil de nouvelles, Librio. : Page 1
2004 : une nouvelle dans le recueil Des nouvelles du Prix de Flore, Flammarion.
2007 : Barcelone, Scali, Paris
2013 : une nouvelle dans le recueil La Malle, Gallimard.

Essais
2006 : King Kong Théorie, essai autobiographique, Grasset : Page 1
2015 : avec Beatriz Preciado, French lover, essais de sociologie, Au Diable Vauvert

màj le 17/07/2018

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Message par topocl Sam 17 Déc - 10:07

Vernon Subutex

Virginie Despentes 97822415

Mes dernières lectures ont une fâcheuse tendance à me montrer notre société qui s'étiole, se grippe, se retrouve dans l'impasse.

Pour ce faire Virginie Despentes a choisi la forme du roman feuilleton, c'est assez frustrant, cet opus est le premier de trois, l'un qui va sortir en mars, l'autre encore en cours d’écriture, et …. j’aurais bien aimé pouvoir enchaîner.

Le personnage central, Vernon Subutex, est un ex-disquaire, quasi quinquagénaire, un type des plus attachants, qui se retrouve au chômage (disquaire, ça n’est plus un métier), puis au RSA, puis dans la rue. Au début, il s'en sort pas mal, il a toute une bande d'anciens potes-anciens clients, des gens divers et variés dont le rock a été la passion commune, et dont les vies ont pris plein de directions, qui, contents ou contraints, l'hébergent deux-trois jours.

Virginie Despentes est très forte à dresser le portrait de personnages pour qui la  frénésie est un moyen de ne pas se noyer : argent, sexe, drogue, alcool, violence…, des gens de tous les jours pourtant, mais comment supporter, autrement ? Elle y mêle audacieusement humour, un cynisme non dépourvu de finesse, et tendresse, on  se dit souvent : ah, ça, je devrais le noter!. Il y a chez eux une excitation farouche destinée à ne pas voir l'horizon qui se bouche, à avancer quand même, quel que soit le milieu social, le niveau de vie, les aspirations personnelles. Cette galerie assez éblouissante de personnages s'expose dans une jolie  farandole de chapitres, de portraits, kaléidoscope de notre société agonisante. Il y a là un petit côté Lelouch sous acide qui est des plus séduisant.

En toile de fond, Virginie Despentes tricote son intrigue. Un rockeur dépressif et adulé, que tous ont plus ou moins connu de près ou de loin,  vient de mourir, après avoir laissé trois cassettes enregistrées à Vernon, qui intéressent tout le monde pour des raisons variées, et dont on se doute qu'elles contiennent quelque chose de sulfureux. Ca, on sent bien que cela va amener des complications, mais on n'aura le droit de le savoir que dans le prochain tome…

A la fin du livre, Vernon est à la rue, il s'épuise, là, il n'en peut plus, c'est déchirant à lire, c'est très beau. Et... Mince il va falloir attendre pour savoir la suite...

Il y a sûrement un plaisir surajouté à ce livre pour les parisiens, à déambuler dans la ville avec Vernon. Et aussi pour ceux qui aiment et connaissent la musique, Vernon n’est pas disquaire pour rien. Je pensais aussi que les connaisseurs  de Vian auraient droit à un petit plus, mais , non Virginie Despentes dit que c'est un peu le hasard .

Fermez les yeux à la couverture, ouvrez le livre, et lancez-vous !

(commentaire rapatrié)


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Message par topocl Sam 17 Déc - 10:08

Vernon Subutex 2

Virginie Despentes Vernon10

Vernon Subutex se retrouve SDF et de vagues remords, une franche sympathie ou un intérêt carnassier font qu'on va retrouver rôder autour de lui tous les personnages de la première partie. La dérive hippie-copain de tout ce petit  underground parisien dans la pseudo-secte poético-musico-cool de Vernon est un petit coin d'utopie naïve voire niaiseuse qui m'a plus fait penser à Michel Fugain qu'à Zola.

Et malheureusement le lâcher prise semble toucher jusqu'à l'auteur, qui se laisse vivre face à ses personnages. Certes elle garde de façon sporadique un bel art du portrait, des raccourcis bluffants, des formules percutantes, mais aussi une certaine tendance aux généralisations réductrices. Elle a plutôt tendance à remplacer la qualité par la quantité, elle ne creuse pas, se reposant sur les acquis du premier tome, sans non plus faire l'effort de nous redonner les petits éléments qu'on est en droit d'avoir oubliés et qui nous rafraîchiraient la mémoire.

Guère d'intrigue non plus, à vrai dire.

Quant au style, c'est une oralité branchée, souvent bien vue mais un peu bourrative. Ah certes, on n’est pas dans le classique, le lustré ! Je sais bien que la littérature doit vivre avec son temps, mais j'ai du mal à en apprécier la créativité au vu du nombre de « putain » « bordel » « kiffer » (et j'en passe beaucoup) rencontrés au fil du texte. Et quand V Despentes abandonne ce type de langage, sa phrase tombe vite dans la banalité.

Au total , j'ai été bien déçue, le poudre aux yeux prend le pas sur la vision aigue d 'une société. V Despentes y voit peut-être de l'humour, mais j'ai été un peu gênée de cette histoire où les SDF sont bien heureux, les fascistes pas si dangereux que ça. Et je me suis souvent ennuyée.

(commentaire rapatrié)


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Message par Nadine Sam 17 Déc - 10:40

Bah moi aussi Topocl. je me suis un peu ennuyée.
Pourtant j'ai beaucoup apprécié cette auteure à l'occasion.

J'ai lu ces deux premiers tomes,  ce qui m'a le plus déçue c'est que je ne trouve aucune véritable arête où accrocher ma projection : j'y crois pas à ses bienheureuses alliances dans les buttes Chaumont.

  L'extrême médiatisation de leur sortie en librairie porte sans nul doute préjudice à tout ça, Despentes a écrit une belle fantaisie sur la décadence des codes, et il est indéniable qu'elle fait entrer en scène tout un champ rare en littérature.


Le lire comme on lirait un roman de gare, triple oui, c'est sympa comme tout. Mais hisser son contenu si haut ? : j'ai de la peine pour Virginie Despentes, ce doit être terrible de continuer une suite, que n'a t elle refusé toute médiatisation et condensé son projet en un seul gros pavé. 



Dans mon entourage beaucoup ont adoré , je les ai lus tous deux à la suite, peut-être que cela a joué quant à ma lassitude.
Oui elle décrit bien la fin d'une génération singulière.
Mais bon ce n'est pas non plus l'objet omniprésent de son écriture, et ça flotte trop à mon goût.
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Message par Nadine Sam 17 Déc - 10:48

Je relis avec attention tes deux commentaires Topocl , et je les trouve rejoindre assez parfaitement mes impressions. le tome 1 est plus tenu, le second, pfffFugain ? oui voilà. 
Elle s'est bien faite avoir Despentes, à se lancer dans la sur-mediatisation avant écriture. 
Je me demande comment elle s'en tire en ce moment.
Cela me rappelle cette histoire de Doggy bag , de Philippe Djian, auteur que j'aime bien, mais qui dans cette série a surtout récolté , à mon avis, les suffrages d'une minorité extatique de se voir mettre en abyme narcissique.
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Message par topocl Sam 17 Déc - 10:53

En fait le premier m'avait plu. Avec une petite réticence pour le côté clinquant, parisien, rythme infernal qui ne s'arrête jamais… Mais j'avais trouvé quand même plus de finesse que de caricatures et c'était dans l'ensemble bien troussé. Et puis, ces gens-là existent, même si je ne les connais pas…
La seconde partie est plus "dans l'air du temps » avec plus de facilité racolleuse, un relâchement scénaristique, une errance qui m'a semblé plus de l'ordre du manque de maîtrise que du lâcher prise.
Je ne pense pas lire le 3e.

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Message par Hanta Dim 25 Déc - 21:56

Les chiennes savantes


Virginie Despentes 51rp0n10


C'est une histoire de crasse, de bas fonds où pue le sexe et suinte la violence. Un récit qui est une extrapolation fictive d'un vécu bien réel de Virginie Despentes.
L'héroïne est streap teaseuse, un boulot qu'elle n'aime pas particulièrement bien que cela ne la révulse pas non plus. Et c'est bien cela le souci du lecteur : elle se fiche de tout.
Despentes arrive petit à petit à rendre toute l'obscenité des situations ordinaires et nos codes moraux désuets, nos barrières d'indignation s'effondrent petit à petit pour laisser place à une jubilation et un intérêt pour des choses et des actes que nous rejetterions en bloc par peur et par principes si ces situations nous arrivaient.

Le décor est fièrement planté et revendiqué : guerre de maquerelles, viols, vols, meurtres, tout est présent dans les méandres d'une société parallèle dont nous nions quotidiennement toute existence par confort.
L'écriture est saccadée, le style torturé, on sent Despentes abimée descendre petit à petit la pente avec nous pour nous jeter dans le précipice de la fange des péripéties de l'héroïne.
Pas de beaux sentiments, ils sont obsolètes, pas de morale, celle-ci est trop abstraite. Avec Despentes, seule l'ironie du sort semble délicieuse.
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Message par Hanta Dim 25 Déc - 22:00

Vernon Subutex

Virginie Despentes 97822415

Sentiment très partagé... J'aime toujours le style, très particulier en France on a plus l'habitude de le voir s'exprimer dans la littérature américaine.
Un langage courant, corrosif, provocant, direct, avec une belle dynamique. du Despentes, je ne suis pas déçu de ce côté-là elle écrit toujours aussi bien, et c'est déjà beaucoup pour un livre désormais.
Roman chorale comme d'habitude, avec des personnages hauts en couleur mais il y a déjà un bémol selon moi : ils sont stéréotypés, ce qui n'était ni le cas dans les jolies choses, ni dans les chiennes savantes ni dans baise moi.
Dans ces trois récits, les personnages étaient bourrés de contradictions, de surprises, de paradoxes. Présentement, ils sont prévisibles, le riche plein aux as empli de préjugés sur la pauvreté et plein d'arrogance, l'ex star du porno qui aimerait qu'on regarde son cerveau, la bourgeoise seule totalement psychorigide, le rockeur suicidé torturé. Bref des caricatures qui nous apprennent finalement peu de choses.
Ensuite sur le ton de Despentes, on la connaissait nihiliste, rejetant la morale voulant la réalité brute, elle me semble désormais cynique, critiquant avec résignation. Il y a une sorte d'amertume davantage qu'une colère batailleuse, cela m'a déçu. Je n'ai pas retrouvé la verve qui faisait le charme de son histoire habituellement.
On sent une sorte d'assagissement, de rationalisation de la réalité une sorte de "c'est moche, c'est ainsi". Avant y avait du beau dans le sale, de l'espoir dans le caniveau et une poésie dans l'insulte et il fallait batailler pour continuer à y assister. Je ne l'ai pas retrouvé. Il n'y a plus cette sorte de littérature militante, plutôt une photographie tristoune accompagné de regrets. C'est beau aussi mais cela ne colle pas avec le style ni avec ce qu'on connait de l'auteure il me semble.
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Message par Hanta Dim 25 Déc - 22:01

Vernon Subutex 2

Virginie Despentes Vernon10

Ayant été déçu par le premier tome, car possédant à l'origine un profond respect pour l'oeuvre de Virginie Despentes, je commençai cette lecture avec appréhension.
Si je m'évertuai à lire cette suite c'était justement car je voyai le premier tome comme un accident, une simple erreur de parcours, ainsi je retrouverai la force de cette romancière dès la suite débutée.
Et je suis soulagé que ce soit le cas.
On retrouve la colère tranquille de l'auteure qui prend d'ailleurs de la hauteur sur pas mal de sujets sociaux et non plus politiques. C'est bien quand elle traite de la société d'un point de vue social et sociétal justement et non d'un point de vue politique, c'est bien plus percutant.
On retrouvé le style incisif ainsi qu'esthétique avec ce savant mélange d'argot, de familier qui s'oppose à des phrases plus subtiles plus ampoulées dans le bon sens du terme. Un roman chorale avec des styles pluriels voila ce à quoi nous avait habitués Despentes et qu'on, retrouve ici.
Les personnages sont bien plus subtiles, bien plus vulnérables aussi, ils sont diaboliquement complexes et on ne peut ni les détester vraiment ni les aimer sans retenue. Les clichés et poncifs ont disparu laissant place à de la nuance, de la nuance indignée mais équilibrée.
Je retiens entre autre ce passage où le père d'Aïcha, Sélim réfléchit sur l'évolution de sa fille, sur le rapport à la culture française et sur sa place de père. Quelle force dans le propos ! Et quel talent de la part de Despentes d'arriver à s'approprier les problématiques paternelles pour les décrire avec tant d'acuité. Un grand moment de littérature.
Vraiment un livre intéressant. le seul bémol est qu'il ne m'a pas ému, je l'ai lu comme un entomologiste lirait le compte rendu d'une étude sur une colonie d'insectes. Avec un grand intérêt culturel, mais sans émotion particulière si ce n'est par fulgurances éparses. Mais c'est quand même un ouvrage d'une grande importance littéraire, je ne risque pas de bouder le plaisir que j'ai eu.
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Message par Ouliposuccion Lun 13 Fév - 17:28

King Kong Théorie

Virginie Despentes Tylyc131

J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés.
Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.

En racontant pour la première fois comment elle est devenue Virginie Despentes, l’auteur de Baise-moi conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie. Manifeste pour un nouveau féminisme.


Chapitre1 : Bad Lieutenantes

Un essai sur quoi , pour qui ?
Pour les femmes , les hommes , et si jamais à la simple lecture de la quatrième de couverture , quelqu'un , quelqu'une ne se sent pas concerné , et bien il/elle se trompe.
L'idéal nous le recherchons tous , mais qui peut prétendre à la lecture de cette liste décrite dans ce prologue «  Bad lieutenantes » ne pas s'y reconnaître sur quelques points , ne pas y avoir reconnu un complexe..
Oui bien sur qu'on peut vivre avec , et heureux qui plus est, pourtant n'est il pas temps d'ouvrir les yeux et d'analyser cette société qui par de vils procédés exclue une bonne majorité « pas assez ceci ou trop cela » au regard d'un modèle qui n'existe pas et que beaucoup trop s 'exercent à être, cernés par l'idée d'un hypothétique « devoir ».
Le devoir d'être.
Et si nous commencions par nous sentir ?

« Bien sûr que je n'écrirais pas ce que j'écris si j'étais belle, belle à changer l'attitude de tous les hommes que je croise. C'est en tant que prolotte de la féminité que je parle, que j'ai parlé hier et que je recommence aujourd'hui. Quand j'étais au RMI, je ne ressentais aucune honte d'être une exclue, juste de la colère. C'est la même en tant que femme : je ne ressens pas la moindre honte de ne pas être une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de rage qu'en tant que fille qui intéresse peu les hommes, on cherche sans cesse à me faire savoir que je ne devrais même pas être là. On a toujours existé. Même s'il n'était pas question de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours existé, on n'a jamais parlé(...)  Je suis plutôt King Kong que Kate Moss, comme fille. Je suis ce genre de femme qu'on n'épouse pas, avec qui on ne fait pas d'enfant, je parle de ma place de femme toujours trop tout ce qu'elle est, trop agressive, trop bruyante, trop grosse, trop brutale, trop hirsute, toujours trop virile, me dit-on. Ce sont pourtant mes qualités viriles qui font de moi autre chose qu'un cas social parmi les autres. Tout ce que j'aime de ma vie, tout ce qui m'a sauvée, je le dois à ma virilité

Chapitre 2 : je t'encule ou tu m'encules ?

Soit la révolution sexuelle des années 70.
Vit-on la dérive des hommes face à des femmes plus libres et plus viriles , ou simplement la mise en évidence que seules les idées machistes sont malmenées depuis la libération de celles ci  ? Pourtant encore à ce jour , le féminisme est encore perçu comme une lutte secondaire quand les inégalités homme/femme ne régressent pas. Malgré cette mise en avant féminine , il en reste que face à l'homme , une femme jouera des atouts qu'elle tente de dissimuler dans la lutte afin d'être traitée d'égal à égal , démontrant la faiblesse décriée de peur d'être trop intelligente et punie d'une telle offense par la gente masculine qui ne fantasme que sur ce qui lui paraît inférieur.
Parce que , être un homme c'est quoi dans l'opinion collective ?

« Car la virilité traditionnelle est une entreprise aussi mutilatrice que l’assignement à la féminité. Qu’est-ce que ça exige, au juste, être un homme, un vrai ? Répression des émotions. Taire sa sensibilité. Avoir honte de sa délicatesse, de sa vulnérabilité. Quitter l’enfance brutalement, et définitivement : les hommes-enfants n’ont pas bonne presse. Etre angoissé par la taille de sa bite. Savoir faire jouir les femmes sans qu’elles sachent ou veuillent indiquer la marche à suivre. Ne pas montrer sa faiblesse. Museler sa sensualité. S’habiller dans des couleurs ternes, porter toujours les mêmes chaussures pataudes, ne pas jouer avec ses cheveux, ne pas porter trop de bijoux, ni aucun maquillage. Devoir faire le premier pas, toujours. N’avoir aucune culture sexuelle pour améliorer son orgasme. Ne pas savoir demander d’aide. Devoir d’être courageux, même si on n’en a aucune envie. Valoriser la force quel que soit son caractère. Faire preuve d’agressivité. Avoir un accès restreint à la paternité. Réussir socialement, pour se payer les meilleures femmes. Craindre son homosexualité car un homme, un vrai, ne doit pas être pénétré. Ne pas jouer à la poupée quand on est petit, se contenter de petites voitures et d’armes en plastique supermoches. Ne pas prendre soin de son corps. Etre soumis à la brutalité des autres hommes, sans se plaindre. Savoir se défendre, même si on est doux. Etre coupé de sa féminité, symétriquement aux femmes qui renoncent à leur virilité, non pas en fonction des besoins d’une situation ou d’un caractère, mais en fonction de ce que le corps collectif exige. »

C'est maintenant que l'on pourrait parler de la théorie des genres , évolution ou régression ?

Chapitre 3 :Impossible de violer cette femme pleine de vice

Soit le viol.
La balade de l'improbable , l'agression non évoquée , tant chez une femme que chez un homme , pas pour les mêmes raisons. Pourquoi un viol n'est il pas nommé ?
Parce qu'un homme ne viole pas , il minimise un acte somme toute pas plus important qu'un dérapage.
Mais une femme ?
Peur du jugement ? Fermer les yeux pour mieux oublier ?
Pourquoi une femme est encore capable de dire « la violence n'est pas la solution » quand on lui parle de mettre en charpie la bite de son agresseur ?
La réponse est-elle qu'on a jamais appris à une femme à se défendre...
ou encore la peur du jugement qui réduit au silence.

Post-viol, la seule attitude tolérée consiste à retourner la violence contre soi. Prendre vingt kilos, par exemple. Sortir du marché sexuel puisqu'on a été abîmée, se soustraire de soi-même au désir. En France, on ne tue pas les femmes à qui s'est arrivé, mais on attend d'elles qu'elles aient la décence de se signaler en tant que marchandise endommagée, polluée.


Chapitre 4 : Coucher avec l'ennemi Chapitre5 Porno Sorcières


Soit la prostitution et la pornographie
Et si nous parlions de solitude , de la pute ou du client , lequel en est le plus empli.
Et si les prostituées et les hardeuses étaient les anges- gardien d'une violence non déclarée parce que maîtrisée, si leur rôle allait au delà d'une sexualité dite dépravée. Si l'on arrêtait définitivement l'hypocrisie en avouant que « oui » la prostitution et le hard sont des métiers pas plus dépravants que la bourgeoise engraissée qui se fait entretenir moyennant la gâterie du samedi soir.
Et si l'ennemi principal était en grande majorité féminine?

Entre la féminité telle que vendue dans les magazines et celle de la pute, la nuance m'échappe toujours. Et, bien qu'elles ne donnent pas clairement leurs tarifs, j'ai l'impression d'avoir connu beaucoup de putes, depuis.
Beaucoup de femmes que le sexe n'intéresse pas mais qui savent en tirer profit.
Qui couchent avec des hommes vieux, laids, chiants, déprimants de connerie, mais puissants socialement. Qui les épousent et se battent pour avoir le maximum au moment du divorce.
Qui trouvent normal d'être entretenues, emmenées en voyage, gâtées. Qui voient même ça comme une réussite.
C'est triste d'entendre des femmes parler d'amour comme d'un contrat économique implicite.

Il me semblait primordial pour cette fiche que la parole reste majoritairement à Virginie Despentes, un essai se découpe , on s' y identifie ou pas , on a des accords et des désaccords , mais la priorité reste la pensée de son auteur. Se dire en accord ou pas n'apporte pas grand chose du fait que certaines idées peuvent se rejoindre comme être totalement opposées , l'idée d'une réflexion sur une réflexion n'est pas plus judicieuse du fait qu'il y a déjà suffisamment matière à réfléchir.C'est la raison pour laquelle j'ai apposé des questionnements à chaque chapitre , ceux qui je pense sont les principaux à méditer.
Je rajoute qu'à mon sens , il est très intéressant de lire King Kong Théorie avant ses romans , pour ceux qui n'ont pas encore fait connaissance avec l'auteur , ou de le lire tout simplement afin de mieux appréhender ses œuvres de fiction pour les autres.
C'est pour ma part dans cet exercice que je préfère Despentes , que son intelligence et son combat prennent le plus d'ampleur sans être ternis par cette aigreur qui se profile systématiquement comme s'il fallait caricaturer quand il s'agit de romancer ou se raconter des histoires.
Bonne lecture et bonne méditation !



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Message par Nadine Lun 13 Fév - 19:02

C'est ce livre de Despentes que j'ai préféré, je ne peux pas en parler, j'ai trop oublié, mais à relire les extraits, je comprends bien que j'ai oublié parce que j'ai assimilé, et non oublié par désintérêt.
A offrir à toutes les jeunes filles.
(ah non je voulais dire à toutes les vieilles filles : ça m'a beaucoup réconfortée de la lire.)
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Message par Armor Lun 13 Fév - 20:49

Nadine a écrit:
(ah non je voulais dire à toutes les vieilles filles : ça m'a beaucoup réconfortée de la lire.)

Virginie Despentes 1390083676

A lire les extraits, ça me tenterait bien plus que ses romans, qui, à vrai dire, ne me tentent pas du tout. Là, il y a des choses qui interpellent, forcément.
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Message par Nadine Mar 14 Fév - 7:42

ça m'a fais le même effet, Armor. Je me suis dis avec celui-là "ah oui quand même c'est vrai qu'elle a quelque chose", son discursif est puissant point sot, j'avais lu Byebye Blondie un peu avant, bon c'était bien, mais pas tellement d'enthousiasme, que ce petit essai assène quelques traits qui nous rappellent au vécu, direct. Les extraits d'Oulipo sont caractéristiques à cet égard. rien que ces deux idées avancées font du bien .
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Message par Ouliposuccion Mar 14 Fév - 17:37

Apocalypse Bébé

Virginie Despentes Tylych10

Valentine Galtan, adolescente énigmatique et difficile, a disparu. La narratrice, Lucie, anti-héroïne trentenaire, détective privée sans conviction ni talent, engagée par la grand-mère de Valentine pour surveiller ses faits et gestes, l'a perdue sur un quai de métro parisien. Comment la retrouver ? Que faire des édifiantes photos de Valentine qui la montrent si expérimentée avec les garçons ? Aurait-elle rejoint à Barcelone cette mère qu'elle n'a jamais connue ? Lemieux pour Lucie serait de faire équipe avec la Hyène, une 'privée 'aux méthodes radicales, une femme puissante, au corps souple plein d'une violence qui s'exprime par saccades : moyennant finances et aussi par amusement, La Hyène accepte le marché. Voici les collègues mal appariées, l'une lesbienne volcanique, l'autre hétéro à basse fréquence qui traversent la France et l'Espagne jusqu'à Barcelone à la recherche de la petite fugueuse.

Si son essai King Kong Théorie avait retenu toute mon attention de par un raisonnement somme toute assez réaliste d’une société  mal en point, sur la dénonciation des mondes souterrains comme la prostitution et  l’industrie du sexe, le tout sous un regard qui m’a paru justifié, Apocalypse bébé me parait bien moins pertinent, voire même accablant
Virginie despentes fait l’apologie des lesbiennes, assassine à coup de verve l’hétérosexualité, les femmes  qui veulent être mères uniquement pour combler ce qu’elle ne trouvent pas chez les hommes, les boudins  qui pensent être plus  belles sous le joug de la cosmétique et j’en passe.
Pour autant, le monde qu’elle décrit autour de son personnage principal « la hyène » lesbienne et masculine par excellence est au summum du pathétisme. On se retrouve propulsé au milieu d’une partouze made in porno et le visage de la glauque attitude se profile.
Pourquoi donc s’obstiner à plaidoyer pour une cause semblable… pourquoi un tel façonnage de catégories sexuelles dans lesquelles nous sommes tous pointés du doigt…J’avoue ne pas avoir trouvé  d’explication ni même à hisser ce texte à un niveau d’entendement acceptable.
Finalement tout ça nous fait une belle jambe, on commence par légèrement  s’ennuyer  à lire Despentes si désabusée, à tourner les pages qui se définissent en un mot, l’aigreur.
C’est à se demander si elle ne crache pas sur tout ce qu’elle n’a jamais réussi à construire.
Si le problème majeur n’est pas justement une profonde désaffection de soi au point de dénoncer une société qui en fait une victime aux airs de cabot blessante et vulgaire.
On pourrait penser à cette lecture à certains acolytes provocateurs tels Beigbeder et Houellebecq mais en toute objectivité, c’est raté... la consistance de la trame est bien trop fébrile  et ne répond finalement à aucune attente contrairement aux auteurs cités.
Quant à l'histoire en elle-même..un support pour déverser des clichés . Aucun intérêt.  
Le prix Renaudot...je ne comprends pas,  à moins qu’à cette période la bonne parole était celle donnée aux « remarquables »  chiennes de garde faisant l’apologie de la haine, armées de leur fiel démontrant leur incapacité au bonheur et à l’ouverture d’esprit.
Si Despentes est loin d’être inintelligente , ce n’est malheureusement pas ce livre qui sera son allié.
En espérant une erreur de parcours.
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Message par Ouliposuccion Ven 17 Fév - 20:25

Mordre au travers

Virginie Despentes Tylych12

Nue devant la glace elle regardait ce gros corps, cette montagne de graisse. Il ne ressemblait à rien. Même pas une femme, rien qu'un gros sac. A mi-voix elle se répétait : "Sale grosse truie, putain de sale grosse truie, grosse vache. Les yeux pleins de larmes parce qu'il s'agissait bien d'elle "... Évocations tranchantes d'un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants... Ces nouvelles disent violemment la Femme dans son désir ou son refus du désir, dans ses colères, ses hontes inavouées, ses excès d'amour ou sa folie meurtrière... La Femme blessée, humiliée ou bien vengeresse et autodestructrice. La Femme humaine... Trop humaine

       
Despentes nous fait toujours basculer dans un univers très discutable aussi la question que je me pose est celle-ci :
Doit-on forcément  sombrer dans l’excès pour exposer les profondeurs lacérées et les âmes égarées ?  
A la lecture de ses nouvelles j’ai pensé à Robert Alexis , adepte justement de l’extrême mais pour autant gardant une rhétorique des plus exemplaires tout  en faisant renaître d’un fantasme inavouable  l’humain que nous sommes.
Virginie despentes , elle , à l’opposé  de cette grande figure de la philosophie ,  se noie encore une fois  dans le creux de la vague qui se voudrait tranchante et  investigatrice  mais n’entretient encore une fois qu’un malaise malsain en nous proposant ses nouvelles  toutes aussi  trashs que macabres.
On réussit tout de même  à lire ce livre en fixant le titre de la prochaine nouvelle, cherchant peut-être une issue de secours, l’espoir que la suivante sera meilleure , que l’amant ou la maîtresse pourrait  ressembler  à Mr , Mme tout le monde , avec une certaine folie , un brin de blessures , d’humiliation subie ,d’autodestruction… mais non , Despentes en fait des tartines, bien trop ,  et il s’avère que je suis fatiguée et dégoûtée de tant de verve agressive , vulgaire et  bien trop grasse.
Heureusement , j'ai lu depuis les deux premiers volumes de Vernon Subutex qui me réconcilient avec la dame , mais j'en parlerai une fois que le troisième tome sera sorti !
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Message par shanidar Ven 17 Fév - 21:29

Mais va-t-il sortir un jour ce troisième volume ??

En tout cas, je te lis, Oulipo avec tes amours, tes désamours et tes ennuis profonds et au-delà de toute estimation de 'buzz journalistique' il me semble que Despentes est 'nécessaire' ; c'est sans doute très réducteur (et peu flatteur) de le dire ainsi mais au moins Despentes existe avec son regard de zoneuse, ses amours transitoires, ses positions peu orthodoxes (oh oh oh), cette manière unique de parler des femmes, de la femme, de moi, de toi, de nous... Comme un pied de nez au consensuel (non ce n'est pas vulgaire) et de nous obliger à regarder, en biais, ce qu'est la femme, le zonard, le bourgeois, le quettard, le looser, le gentil diable !
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Message par Ouliposuccion Ven 17 Fév - 22:44

Tu as complètement raison , Shanidar.
Je peux tout aussi bien trouver Virginie Despentes brillante dans ses analyses comme tout son contraire...Elle fait partie des auteurs qui me dérangent parfois , me font hurler.Je pousse des coups de gueule , suis parfois virulente mais le fait est que je retourne toujours vers elle parce que justement elle me pousse dans mes retranchements !
Mais ne sommes nous pas au fond intransigeants avec les personnes que nous estimons ? Smile
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Message par Hanta Ven 17 Fév - 22:52

Je te rejoins oulipo je vais parfois trouver cette auteure pleine de hauteur (hu hu) ou la trouver très bas de plafond...
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Message par colimasson Mer 6 Déc - 15:57

Virginie Despentes 97822415

Un petit mot sur le tome 1 de Vernon Subutex :

Trois ans bientôt que le premier volume de Vernon Subutex a été publié. Virginie Despentes réapparaissait dans les médias et tout le monde parlait d'elle en termes élogieux. Méfiance, me disais-je, gargarisée au fil de mes déceptions téléramesques.

Trois ans plus tard, ou presque, je me décide enfin à lire le bouquin. Euphorie. Imaginez le plaisir de lire un grand roman classique qui ne daterait pas cette fois du siècle dernier, qui ne parlerait pas de la vie de nos darons voire plus loin encore mais qui parlerait de nous, de notre génération, de notre époque, des conséquences de notre dépolitisation, de l'hégémonie du Capital, des modifications des relations humaines imposées par les nouveaux modes de communication, de la drogue, de l'amour, de la famille ou de ce qu'il en reste, de la facilité avec laquelle on peut devenir clochard du jour au lendemain, juste parce qu'on n'a pas compris que les règles du jeu avaient changé. Houellebecq avait déjà fait ça, oui, mais Despentes c'est un peu différent. On sent bien la même fatigue, le même dégoût causés par la perte des repères imposées par une société qui évolue plus vite que les générations, des millions de gens moyens laissés sur le tapis et qui se détruisent pour essayer de comprendre et de s'adapter au monde dans lequel ils vivent, mais là où Houellebecq s'enfermait souvent avec un personnage évoluant en milieu clos ou restreint, Despentes construit une saga de personnages interconnectés, se reliant les uns aux autres par le bouche à oreille réel ou virtuel.

Vernon Subutex est un cinquantenaire qui a laissé peu à peu sa vie se désagréger. Il y a eu un peu de succès tant qu'il tenait sa boutique de disques, pas besoin de trop se casser le cul pour gagner sa vie et faire bonne impression, et puis les nouvelles technologies ont supplanté ses marchandises et il a dû fermer la boutique. Il s'est enfermé chez lui, a profité un peu, a perdu contact avec le reste du monde et puis un jour c'est banqueroute, RMIste longue durée, plus de revenus, plus d'amis proches, pas de famille, expulsion du logement. Vernon ment, fait croire à un passage provisoire à Paris après un long voyage au Canada, reprend contact avec ses anciens amis pour loger quelques nuits chez untel ou unetelle. Un panorama de personnages se dessine devant nous. Des vieux, des jeunes, des célibataires, des mariés, des trans, des lesbiennes, ceux qui réussissent, ceux qui ont tout perdu, ceux qui sont heureux, ceux qui voudraient en finir, ceux qui s'en foutent, ceux qui se shootent. Pas besoin de faire d'efforts pour se souvenir de cette galerie impressionnante de personnages. Ils sont tous plus marquants les uns que les autres. Leurs histoires entrent en résonnance avec ce que chacun d'entre nous peut vivre aujourd'hui. Virginie Despentes arrive à se mettre dans la peau de chacun d'entre eux, aussi différents soient-ils, racontant leurs histoires avec une intelligence émotionnelle toute en nuances. Pas un mot plus haut qu'un autre, pas de théories sur la Lune, on ne tortille pas du cul pour appeler un chat un chat. C'est bien simple : d'habitude, je referme un roman et je n'y pense plus trop. Impossible pour ce Vernon : les personnages continuent à me faire gamberger alors que j'ai refermé ce livre depuis deux jours et je continue encore à découvrir de nouveaux liens entre eux et à comprendre de nouvelles facettes de leur histoire. Passionnant.

Quelques extraits :

« Sa bulle est confortable. Il y survit en apnée. Il réduit chaque action à son minimum. Il mange moins. Il a commencé par alléger le dîner. Une soupe aux nouilles chinoises, déshydratée. Il n'achète plus de viande, les protéines c'est pour les sportifs. Il mange essentiellement du riz. Il en fait provision par sacs de cinq kilos, chez Tang Frères. Il diminue les cigarettes - il repousse la première, il attend pour la deuxième, il se demande après le café du matin s'il a vraiment envie de la troisième. Il met ses mégots de côté, que rien ne se perde. Il connaît, autour de chez lui, les entrées de bureaux, là, où les gens sortent en griller une dans la journée et il lui arrive de passer et de ralentir, il ramasse les mégots les plus lons. Il se sent comme un vieux feu, dont les braises se réveilleraient parfois sous un coup de vent, mais jamais suffisamment pour embraser le petit bois. Un foyer agonisant. »

« Une fois franchi le cap, rien de bruyant, tout se déroule en douceur et avec une rapidité troublante :il est passé de l’autre côté. Le monde des actifs lui paraît déjà loin. Ils sont pressés d’aller quelque part et honteux de leur propre trouille de finir à sa place, s’ils ne cravachent pas assez dur. Laurent a raison, ils ont de vies de merde. Il leur arrive de grogner en le dépassant. Vernon ne les calcule pas. Il est sonné. Il commence même à concevoir une étrange satisfaction à être tombé aussi bas. Il sent d’instinct, qu’il doit se méfier de ce penchant. Cette délectation de sa propre fin. En attendant, le froid est ce qui le préoccupe le plus, et il n’est pas mécontent de ne pouvoir se concentrer sur le flot de ses pensées. »

« Les pauvres, elles épousent à vingt ans un crétin qui parait correct et deux lardons plus tard elles voient bien qu'elles font la boniche pour un moins que rien. Ce n'est pas des hommes qu'elles ont épousés, c'est des torchons pleins de merde. C'est du Canada Dry de mec, comme dans les pubs quand ils étaient petits, ça gueule comme un homme ça pue comme un homme mais ça ne sait qu'obéir et encaisser les ordres. Elles sont furieuses. C'est comme ça qu'elles font des petits fachos comme ceux qui étaient là tout à l'heure. C'est tous des sans papa, ça. Ils ont grandi en voyant leurs mères mal baisées se plaindre toute la journée, ça leur a brisé le cœur. Normal. Alors ils essaient d'imaginer à quoi ça ressemble, un homme qui ferait bien jouir sa femme. Mais ils ont beau chercher, la recette ne se trouve pas sur Internet. C'est dans les gênes, ça [...] Tous des sans papa, les petits cons, nés d'une chatte mal fourrée par une bite molle qui pue la pisse. Ça se fabrique des pères d'adoption, en veux-tu en voilà, ça ne peut pas voir une barbe sans se mettre à chialer papa, ça se fait adopter par des losers... les pauvres, ils ne savent pas ce que c'est, la virilité. Ils reproduisent la même merde - Ils engrossent des meufs pathétiques qu'ils laissent insatisfaites et qui à leur tour pondent des cons qui ne savent pas comment on se tient debout. Bitte molle dans chatte moisie, marque mes mots : voilà le problème, aujourd'hui... une nation de larbins frustrés... »
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Message par Invité Mer 6 Déc - 16:06

Intéressant, il faudra que j'essaie alors.
J'avais lu il y a un moment de ça Les chiennes savantes, ou Baise-moi, je ne sais même plus. J'avais trouvé que c'était vraiment surfait, du sous-sous-Houellebecq.

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