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Héctor Abad Faciolince

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Message par topocl Lun 5 Déc - 9:41

Héctor Abad Faciolince
(Né en 1958)


Héctor Abad Faciolince 220px-16

Héctor Abad Faciolince est un écrivain, traducteur et journaliste colombien né à Medellín en 1958.

Après avoir commencé des études de médecine, de philosophie et de journalisme à Medellín, il part avant même d'être diplômé pour Turin, où il s'inscrit à l'université pour y étudier les langues et la littérature moderne. Revenu en Colombie après ses études, il est menacé et forcé à l'exil après l'assassinat de son père, un éminent professeur, grand défenseur des droits de l'Homme. Il voyage alors à travers l'Europe où il devient traducteur Espagnol-Italien.

Ce n'est qu'à son retour au pays, au début des années 90, qu'Hector Abad Faciolince devient écrivain à temps plein et collabore à de nombreuses revues littéraires. Auteur d'une dizaine de romans, son œuvre, couronnée de nombreux prix littéraires et traduite dans plusieurs langues (à l'image de son best-seller 'Angosta' qui a reçu en Chine le prix du meilleur livre en langue espagnol, en 2004), est considérée comme l'une des plus importantes de la littérature colombienne contemporaine.

Il est depuis mai 2008 membre du comité éditorial du journal El Espectador.


Publications :

· Angosta, Paris, trad. d'Anne Proenza, Éditions JC Lattes, 2010 : Page 1
· Traité culinaire à l'usage des femmes tristes [« Tratado de culinaria para mujeres tristes »],  Éditions JC Lattes, 2010,  
· L'oubli que nous serons [« El Olvido que seremos »], Éditions Gallimard, 2010 :  Page 1, 2
. La secrète [« La oculta »], Éditions Gallimard, 2016 :  Page 1
. Trahisons de la mémoire [« Traiciones de la Memoria »], Éditions Gallimard, 2016 :  Page 1, 2

Maj de la bibliographie le 07/03/2021

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Message par topocl Lun 5 Déc - 9:41

L'oubli que nous serons

Héctor Abad Faciolince Images18  Héctor Abad Faciolince L-oubl10



Mon grand-père disait parfois à mon propos : « Cet enfant, il faut l’élever à la dure. » Mais mon père répondait : « La vie est là pour ça, qui cogne durement sur tous ; pour souffrir, la vie est plus que suffisante, et je ne l’aiderai pas. »

Poignant hommage à son père, homme extra ordinaire, à travers lequel Hector Abad  nous raconte qui il est, et nous fait pénétrer dans les arcanes de l'histoire colombienne contemporaine. Hector Abad raconte avec une nostalgie joyeuse puis douloureuse les années heureuses suivies des années tragiques.

Père d’exception, aimant, offrant et soutenant sans attendre en retour, pivot d’une  vie familiale radieuse…

J'aimais mon père d'un amour que je n'ai jamais éprouvé jusqu'à la naissance de mes enfants. Quand je les ai eus, je l'ai reconnu, parce que c'est un amour égal en intensité, bien que différent, et, dans un certain sens, opposé. Je sentais qu'il ne pouvait rien m’arriver si j'étais avec mon père. Je sens qu’il ne peut rien arriver à mes enfants s’ils sont avec moi.
(…) J'aimais mon père d’un amour animal. J'aimais son odeur, et aussi le souvenir de son odeur, sur le lit, lorsqu'il partait en voyage et que je demandais aux bonnes et à ma mère de ne pas changer les draps ni la taie d’ oreiller.


…médecin généreux investi dans un travail de prévention sociale en dépit des obstacles, s’impliquant jusqu’à la mort  dans la lutte pour les droits de l’homme dans un pays où la seule puissance est celle de l’argent et du feu

Les villes et les campagnes se couvraient du sang de la pire des maladies affectant l'homme : la violence. Et comme les médecins d’autrefois, qui contractaient la peste bubonique ou le choléra, dans leur effort désespéré pour les combattre, ainsi tomba Hector Abad Gomez, victime de la pire épidémie, de la peste la plus mortelle qui puisse affecter une nation : le conflit armé entre différents groupes politiques, la délinquance tous azimuts, les explosions terroristes, les règlements de comptes entre mafieux et trafiquants de drogue.

A travers cet homme unique, Hector Abad retrouve les jours heureux de son enfance avec une douceur, une joie de vivre que les tragédies n’ont pas su entamer

La chronologie de l'enfance n'est pas faite de cette lignes mais de soubresauts. La mémoire est un miroir opaque et brisé, ou, pour mieux dire, elle est faite d'intemporels coquillages de souvenirs éparpillés sur une plage de vie. Je sais que maintes choses se sont produites pendant ces années-là, mais tenter de s'en souvenir est aussi désespérant que d'essayer de se rappeler un rêve, un rêve qui nous a laissé une impression, mais aucune image, une histoire sans histoire, vide, de celles dont il ne reste qu'un vague état d’âme. Les images sont perdues. Effacées les années, les paroles, les caresses, évanouis les jeux, et pourtant, soudain, en revoyant le passé, quelque chose s'éclaire à nouveau dans l'obscur région de l'oubli.

Il lance le défi de porter à la face du monde la mort de son père, de le sauver de l’oubli, ainsi que tous ceux qui partagèrent sa lutte et son destin


Un coup de chapeau pour ce récit pathétique sans pathos, qui nous emmène au bout du monde et  des hommes, portait magnifique d’un homme magnifique, défi à la cruauté et à l’oubli



Je compris que la seule vengeance, le seul  souvenir, et aussi la seule possibilité d'oubli et de pardon, c'était de raconter ce qui s'était passé, et rien d'autre.
(...)
J’use  de sa même arme : les mots. Pourquoi ? Pour rien ; pour ce qui est le plus simple et le plus essentiel : pour que ça se sache. Pour allonger son souvenir un peu plus avant que ne vienne l'oubli définitif.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #biographie #famille #regimeautoritaire


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Message par tom léo Lun 5 Déc - 16:05

Je profite du post de topocl pour traduire un commentaire que j'avais fait dans un forum germanophone et pour élargir éventuellement la vue sur ce livre précis:

Héctor Abad Faciolince Images18  Héctor Abad Faciolince L-oubl10

L'oubli que nous serons

Originale : El Olvido que seremos (Espagnol/Colombie, 2005)

CONTENU :
L'histoire de Hector Abad et sa famille, mais avant tout celle du père, un des médecins les plus capables de l'Amérique latine, exemplaire pour le sens deresponsabilité sociale et éthique. Il fût tué en 1987 à Médelline. Après avoir vaincu des épidémies diverses, il voulait s'attaquer à la violence. Cela lui coûta la vie.

L'histoire du père et aussi l'histoire de l' «éducation » de l'auteur dans un beau pays, mais dans l'ombre du fanatisme et de la violence. Il parle du devenir dans une réligiosité archaïque et une certaine ouverture universelle. Mais avant tout c'est un hommâge à son père.
(inspiré de chez amaz.de)

REMARQUES :
Ces souvenirs d'Abad s'étalent sur 42 chapitres en 14 parties, raconté alors de sa perspective (narrateur), et spécialement adressé à sa famille et son père en particulier. Le livre est fort, et je l'aurais presque laisser filer en le rendant à la bibliothèque.

Les souvenirs d'Abad, la description du père, sont si incroyablement positifs que parfois on pourrait souhaiter d'avoir eu un tel père, une telle famille : « Tout ce qui est à moi est à toi. » Et ici il s'agit pas juste de souvenirs d'un enfant, ayant perdu son père très tôt et ayant conservé une vue un peu rose, mais à la mort de son père, Hector Abad aura déjà 29 ans, donc bien l'âge où certaines illusions auraient pu tomber. Même si éventuellement il y a presque fusion, idéalisation ?

Après avoir raconté de son enfance aiuprès de ce père, il parle de l'engagement croissant de celui-ci
comme médecin dans l'éducation dans le secteur de la santé. Il ne voulait pas juste traiter les conséquences de manquements, mais s'attaquer aux causes de la famine, d'un mauvais traitement des eaux usées, du manque de vaccinations etc. Cela lui apporte rapidemment, et sur divers fronts, des ennemis qui préfèrent de loin garder leurs privilèges et traiter les apparences au lieu d'aller plus loin.

Une vue partiellement cléricale et même superstieuse de la réligion catholique omniprésente d'un coté, et, de l'autre, une vue plus scientifique, éclairée, tolérante sont dans une opposition constante. Pas seulement dans la societé en générale ou à l'intérieur de l'église, mais aussi dans une même famille. Abad décrit bien ces luttes absurdes, ces contradictions jusqu'aux pathologies intérieures et des caractères, tiraillés dans cette ambivalence. Dans cette analyse il est implacable et on devine son indignation. Mais quel écart – me dis-je – de découvrir derrière certaines figures étroites aussi des cotés positives.

Certaines choses sont repétées, des raccourcis auraient pu aider ici et là. La figure du père semble presque irréel dans son auréole, même si l'auteur sait que parfois ils frôlent les limites dans leurs relations. Peut-être ce ne sont pas des fautes du livre, mais éventuellement des questions qu'on se pose.

Ce qui me semble le plus lumineux c'est de souligner l'importance de l'amour et de la confiance dans l'éducation en vue d'un cheminement vers le bonheur et la liberté. Aussi la vie de couple semble avoir été, pour ce temps-là, exemplaire en amour et tendresse. Et bien sûr : quel culot de s'engager sans relâche pour une amélioration des circonstances de vie et pour la justice dans son pays. Vie familiaire et en societé sont intimement lié.

Très impressionnant !
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Message par shanidar Lun 5 Déc - 16:20

Ah je l'ai acheté récemment, donc je ne vous lis que d'un œil mais je n'oublie pas (que nous serons).
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Message par topocl Lun 5 Déc - 19:51

Ah! Tom léo, ça me fait plaisir. c'est un bouquin que j'ai adoré, et j'ai toujours eu l'impression d'avoir été la seule à le lire ( à part une mistonne ici à qui je l'ai refilé!)!

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Message par tom léo Lun 5 Déc - 20:04

topocl a écrit:Ah! Tom  léo, ça me fait plaisir. c'est un bouquin que j'ai adoré, et j'ai toujours eu l'impression d'avoir été la seule à le lire ( à part une mistonne ici à qui je l'ai refilé!)!

Quoi dire? Il y a nombre de lectures que je n'ai jamais partagé sur un certain forum parce que tout simplement je n'y arrive pas à cause de mon emploi du temps... En théorie et cela veut dire en Allemand, j'ai plus que 500 récensions faites et écrites. Je devrais les traduire - pour ce qui est accessible en français - aussi en français et pour ce Forum, si ce n'est pas fait. Mais je crainds qu'à longue terme il me manquera toujours le temps de particpiper plein canon.
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Message par églantine Lun 5 Déc - 20:22

Je l'ai rajouté dans mon carnet avec les "peut-être un jour" .
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Message par topocl Sam 27 Mai - 16:40

La Secrète

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La Secrète, c'est la maison de leur enfance, celle de leurs parents qui l'ont quittée pour étudier, celle de leurs  aïeux qui l'ont héritée de leurs parents, lesquels y avaient travaillé durement la terre. Et bien avant,  les générations précédentes l'avaient arrachée à la forêt sauvage, dans ce lieux à l'écart, qu'on aurait cru protégé par la montagne et la forêt. Seulement celles-ci n'ont aps suffi à éloigner les narco-trafiquants, les guérilleros et les paramilitaires qui ont semé les drames là où la vie aurait du être sereine. Et quand on a cru s’être débarrassé de ceux-là, les trois enfants-narrateurs , si différents les uns des autres, devenus adultes, avaient chacun leur vie, et  s'étaient éparpillés; ils n'ont pas su à leur tour la (se)  protéger du capitalisme débridé...

C'est un récit à trois voix, deux sœurs et un frère, qui a le charme des familles et des maisons qui traversent les siècles. Par contre l'histoire d'aujourd'hui, de chacun des narrateurs, un peu trop archétypaux (la sœur conservatrice, la sœur progressiste et le frère gay en retrait) est au demeurant assez banale, je me serais volontiers passé de la description de leurs fades premières expériences sexuelles et de leurs réflexions sur le sens de la vie, assez proche de propos de comptoirs.

Il n'en demeure pas moins un roman qui traverse l'histoire colombienne, effroyable tragédie, qui a broyé les individus condamnés à la terreur.



mots-clés : #famille

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Message par Bédoulène Sam 27 Mai - 22:46

merci topocl ! à te lire me semble qu'il reste tout de même assez de plaisir de lecture.

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Message par Avadoro Dim 28 Mai - 23:20

Héctor Abad Faciolince Image112

La Secrète

La Secrète est une propriété familiale au coeur des montagnes d'Antioquia : Pilar, Eva et Antonio composent une fratrie se confrontant à un avenir incertain à la mort de leur mère. Leur lien à cette ferme isolée est à la fois essentiel et destructeur, tant ce lieu est marqué par l'histoire contemporaine de la Colombie, sa violence et ses traumatismes.

Hector Abad choisit d'élaborer une narration à trois voix, et parvient à trouver une remarquable unité alors que les personnalités révèlent pourtant très vite leurs contrastes, leurs différences. Antonio est marqué par un passé et une histoire collective, Eva s'empare de l'intensité d'un présent avec sa fièvre et ses déceptions alors que Pilar incarne un recul et une forme de sérénité....leur attachement bouleversant, tumultueux à leur terre natale est cependant un mémorable fil conducteur, et les choix de vie introduisent inexorablement la sensation d'un déchirement, d'un abandon. Mais bien au-delà des regrets et d'une colère, Hector Abad esquisse un hommage poignant à un pays longtemps au bord d'un précipice, devant se réinventer et se reconstruire.

(Ancien commentaire remanié)
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Message par Marie Mer 13 Sep - 17:45

Héctor Abad Faciolince 41etwn10

L'oubli que nous serons
Trahisons de la mémoire


traduits de l'espagnol ( Colombie) par Albert Bensoussan

L'oubli que nous serons est préfacé par Mario Vargas Llosa.

Ya somos el olvido que seremos./ El polvo elemental que nos ignora/ y que fue el rojo Adán y que es ahora/ todos los hombres, y que no veremos./ Ya somos en la tumba las dos fechas/ del principio y el término. La caja,/ la obscena corrupción y la mortaja,/ los ritos de la muerte, y las endechas./ No soy el insensato que se aferra/ al mágico sonido de su nombre./ Pienso con esperanza en aquel hombre/ que no sabrá que fui sobre la tierra./ Bajo el indiferente azul del cielo,/ esta meditación es un consuelo.

« Ici et maintenant.

Nous voilà devenus l’oubli que nous serons./ La poussière élémentaire qui nous ignore,/ qui fut le rouge Adam, qui est maintenant/ tous les hommes, et que nous ne verrons.
  Nous sommes en tombe les deux dates/ du début du terme. La caisse/ l’obscène corruption et le linceul,/ triomphes de la mort et complaintes.
   Je ne suis l’insensé qui s’accroche/ au son magique de son nom./ Je pense avec espoir à cet homme
 Qui ne saura qui je fus ici-bas./ Sous le bleu indifférent du Ciel/ Cette pensée me console
." (Traduction de l’espagnol par Jean-Dominique Rey)

Je n'aurais pas voulu que la vie m'offre cette histoire. Je n'aurais pas voulu que la mort m'offre cette histoire. Mais la vie et la mort m'ont offert, non, m'ont imposé, plutôt, l'histoire d'un poème trouvé dans la poche d'un homme assassiné et je n'ai pu faire autrement que de l'accepter. Maintenant je veux la raconter. C'est une histoire réelle, mais avec tant de coïncidences qu'elle semble inventée. Si elle n'avait pas été vraie, ç'aurait pu être une fable. Même en étant la vérité, c'est aussi une fable.
Si la vie est l'original, le souvenir est une copie de l'original et son écriture une copie du souvenir...
..Moi, par exemple, je ne me rappelle plus le moment où cette histoire commence pour moi..




C'est ainsi que débute Trahisons de la mémoire. Héctor Abad ne se rappelle pas bien de ce qu'il a fait exactement à la tombée de la nuit du 25 août 1987, "souvenir confus et brouillé de cris et de larmes"devant le corps de son père abattu par des groupes paramilitaires comme tant d'autres avant lui.
Mais dans son journal de l'époque figure une note qui se termine par " J'ai cherché dans ses poches, j'ai trouvé un poème."

C'est le début de ce poème qu'Héctor Abad va utiliser pour le titre du magnifique portrait d'un père , topocl et Tom Léo en ont déjà très bien  parlé.
Ce poème avait été attribué à Borges et  publié dans une revue avec quelques autres inédits.
Mais à la sortie de L'oubli que nous serons, certains doutèrent de la véritable identité de l'auteur du poème.
Trahisons de la mémoire est en grande partie le récit de l'enquête menée par Hector Abad qui va rencontrer beaucoup de personnages susceptibles d'éclaircir ce mystère..
C'est peut être une quête qui peut sembler vaine, mais, bien sûr , tant d'émotions sont rattachées à ce texte ...

"Je veux conclure sur une réflexion: je suis oublieux, distrait, parfois indolent. Cependant, je peux dire que grâce à ma volonté de ne pas oublier cette ombre, mon père-enlevé à la vie dans la rue Argentina de Medellin- il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire: cet après midi, sa poitrine n'était protégée que d'un papier fragile, un poème, qui n'a pas empêché sa mort. Mais c'est une belle chose que quelques lettres tachées par le dernier fil de sa vie aient, sans le vouloir, sauvé pour le monde un sonnet oublié de Borges sur l'oubli."

Une fable, disait-il..
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Message par topocl Mer 13 Sep - 18:02

Tu penses qu'on peut lire Trahisons de la mémoire sans avoir lu L'oubli que nous serons?

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Message par Marie Mer 13 Sep - 19:35

Tu penses qu'on peut lire Trahisons de la mémoire sans avoir lu L'oubli que nous serons?
Oui...mais c'est quand même très complémentaire et ce serait dommage, je pense.

Voici ce qu'écrivait Philippe Lançon: "La mémoire des livres rejoint toujours celle du coeur. Hector Abad a ainsi publié Trahisons de la mémoire, un formidable appendice à son autobiographie familiale. Le résultat est un modèle ( non reproductible) d'archéologie littéraire et affective."
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Message par topocl Sam 16 Sep - 9:40

Trahisons de la mémoire

Héctor Abad Faciolince Image119

Le livre se comporte de 3 parties

-Dans Un poème dans la poche, Héctor Abad rapporte ses obsessionnelles recherches, 20 ans après, pour authentifier le poème L'oubli que nous serons, qui se trouvait dans la poche de son père assassiné,  attribué à Borges. Petite tempête dans le monde de la recherche littéraire internationale : les experts sont formels pour récuser cette paternité. Mais l'intuition émotionnelle d' Héctor Abad le pousse à  poursuivre sa recherche, à voyager à la rencontre des témoins, et finalement, ça y est, oui : le poème est de Borges. Cela peut paraître un pinaillage épouvantable, mais au moins pour l'auteur, pour la mémoire de son père, c'est quelque chose de crucial, cela a sans doute été un pas de plus dans son deuil.
Il me semble que tous les participants du fil Qui l'a écrit pourraient lire cette partie, illustrée de photos des preuves, en se délectant.

-Dans Une fausse route, il raconte sa situation quand, ayant fui la Colombie après cet assassinat, il s'est installé à Turin avec sa famille. Longue hésitation pour savoir s'il va vendre la montre de son arrière-grand-oncle : assurer la subsistance de la famille, ou conserver le lien avec les ancêtres ? Il raconte ensuite comment Amnesty International l'a aidé et soutenu, mais au prix d' une espèce de marchandage dont il  devait s'acquitter en racontant les misères et horreurs de la Colombie, chose qu'il détestait et qui l'a amené à laisser l'organisation. Il parle du besoin qu'il a eu de cacher son origine colombienne et de faire croire qu'il était espagnol, parlant un espagnol européen, pour mieux s'assimiler, et d'une femme, Lorenza, avec laquelle il a trahi son épouse le temps de quelques cours d'espagnols.

-Les ex-futurs est un très plaisant  petit essai sur les moi que nous ne sommes pas devenus, et en quoi ils nourrissent la création littéraire.

Nous, les humains, sommes insatiables : nous voulons des présences et encore des présences, nous cherchons à nous évader à notre  solitude définitive, nous ne faisons rien d'autre que de lutter pour ne pas être seul, et comme les vivants ne nous suffisent pas, alors nous vivons en commerce perpétuel avec les fantômes, avec cet enfant que nous avons été et même avec l'homme que nous ne serons plus. À cause de ce goût pour converser avec ce qui n'existe pas - ou qui existe dans une autre dimension - nous lisons des romans et pour cela nous regardons des films et des feuilletons télé.

Il s'agit donc de trois récits ou essais qui ont pour thème commun la mémoire, l'appartenance et le renoncement, dans un hommage à Borges, à la littérature, à l'oubli et la supercherie. Hector Abad insiste sur le fait que la mémoire trahit la réalité, et organise ainsi une nouvelle vérité. Ce sont ces réflexions qui constituent les plus belles parties du livre, qui, en effet, peut se lire indépendamment, mais gagne émotionnellement si l'on a lu avant l’extraordinaire L'oubli que nous serons.



Mots-clés : #creationartistique #devoirdememoire #exil


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Message par animal Sam 16 Sep - 9:48

(mémoire on n'a pas encore mais peut-être !)

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Message par topocl Sam 16 Sep - 9:51

Oui j'ai vu mais il me semble que mémoire, devoir de mémoire etc on ne peut pas y couper.

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Message par animal Sam 16 Sep - 15:29

devoir de mémoire adopté. cat

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Message par topocl Sam 16 Sep - 18:20

Very Happy

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Message par Marie Sam 16 Sep - 21:15

Quel commentaire topocl..merci!
Si quelqu'un est intéressé par L'oubli que nous serons, je l'envoie sans problème!
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Message par Bédoulène Mer 28 Aoû - 18:52

Héctor Abad Faciolince 51teze10

Angosta

C’est une ville dystopique mais d’une cruelle réalité.
Trois niveaux géographiques, trois climats, trois peuples.

Niveau sekteur C – terres chaudes - près du fleuve, un fleuve tragique y vivent les « tercerons », peuple le plus pauvre qui subi toutes les plaies sociales, pauvreté, criminalité, injustice…..

Niveau Tempéré Sekteur T, y vivent les » secondons », niveau économiquement moyen ou pauvre aussi mais d’un niveau social plus évolué

Niveau Sekteur F (comme froid) y vivent les « Dons », les riches, ceux possèdent, ceux qui imposent, il faut un laisser-passer pour accéder à ce secteur, porte d’entrée par un check-point.

Sekteur T se trouve l’Hôtel « La comédie » y vivent notamment Jacobo Lince – lequel possède une librairie « la Cale » où travaillent Quiroz et Jursich, lesquels logent également à la Comédie, le Professeur Dan, ami de Jacobo, et dans les autres étages, notamment Vanessa une prostituée, Carlota qui gère le « Poulailler ». Contrairement aux niveaux de la ville, plus on est pauvre plus on loge dans les étages élevés. Virginia jeune « terceron » invitée de Jacobo loge au Poulailler, ainsi qu’un jeune poète Andrès.
Le Poulailler étant le moins doté en pièces sanitaires, le moins lumineux.

C’est notamment par le journal d’Andrès que nous suivons certains évènements concernant les locataires de la Comédie.

A la Cale se réunissent les amoureux des mots, de la littérature. L’héritage livresque du père de Jacobo, de son oncle constituèrent les fonds de la librairie, laquelle était en fait sa maison ; chassé par ses livres Jacobo s’installa à la Comédie.

Bien que secondon Jacobo par l’héritage économique (l' argent étant l'un des critères indispensable en sekteur F) de sa mère aurait le droit d' y vivre, il n’y aspira jamais, mais avait un laisser-passer qui lui permettait ainsi de voir la fille qu’il avait eue de son mariage, et qui vivait avec sa mère et son mari.

La ville vit sous le régime de l’ « apartamiento » plus fondé sur le niveau social et économique que sur le racisme. Apartamiento renforcé d’une part par les tueries officielles , les guerilla (tel le Jamas), les narcotrafiquants, les paramilitaires. Le bras exécuteur est le plus souvent la Secur.

Tous les « disparus » sont jetés au « Saut du désespéré », lieu de suicides ; le saut se jette dans le fleuve Trouble qui emporte toute trace. Quant aux emprisonnés ils sont envoyés au Camp de Guantanamo où nul ne sait où il se trouve, sauf évidemment ceux qui le gère.

C’est donc à travers la vie quotidienne des personnages que la ville d’Angosta se révèle ou plutôt « les villes » car les habitants des différents sekteurs non pas le sentiment de vivre dans la même ville. En haut c’est le Paradis, en bas l’Enfer.  Et les "7 sages (tels les jours de la semaine) du sekteur F, le Paradis,  décident de la mort des "gêneurs".



Une écriture prégnante  par la puissance de l’ ambiance, l’humanité ou la déshumanité qui sourdent des dialogues, et l’amour et l’hommage à la littérature bien présente. (l’auteur se joue de lui dans un passage, où il critique l’auteur Faciolince) Il ne se cache pas puisque l’un des personnages se nomme Jacobo Lince.

L’auteur a certainement puisé dans son vécu pour rendre le réalisme et la dramaturgie de cette ville qui pourrait bien être située en Colombie, comme dans certain pays d’Afrique où autre lieu de notre terre.

La composition sur 3 niveaux de la ville  et également les étages de l'hôtel La Comédie qui marquent aussi le statut des logés m' ont rappelé le livre (Hôtel Savoy de J. Roth pour lequel Shanidar avait fait un rapprochement avec l’Enfer de Dante).

Sous ce régime il n'y a pour se "sauver" que la fuite, du pays ou de la vie.

C’était une excellente lecture qui me conduira vers un autre de ses livres.

(il y a aussi, comme souvent chez les auteurs latinos du sexe)


Mots-clés : #regimeautoritaire #social


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 29 Aoû - 13:36, édité 2 fois

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