Peter Handke
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Peter Handke
(site des éditions Gallimard)Né en Carinthie (Autriche) en 1942, Peter Handke est un écrivain prolifique de langue allemande, qui a publié plus de quatre-vingts titres, dont une quarantaine a paru aux éditions Gallimard. Son œuvre immense et protéiforme est l’expression d’un artiste accompli, à la fois romancier, essayiste, dramaturge, poète, scénariste et réalisateur. Dès ses débuts dans les années soixante, Peter Handke est associé à l’avant-garde littéraire. Embrassant tous les genres, ses écrits questionnent le langage et interrogent le réel.
Peter Handke a vécu en Autriche et en Allemagne avant de s’installer en France. Il est également traducteur d’auteurs français, mais aussi slovènes, anglais, ou encore de grands textes grecs classiques.
En 2019, cinquante ans après son entrée au catalogue des éditions Gallimard, il reçoit le Prix Nobel de littérature.
Bibliographie :
- Spoiler:
- Romans, nouvelles et récits :
Les Frelons, 1966.
Bienvenue au conseil d'administration, 1967.
Le Colporteur, 1967.
L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, 1970.
La Courte Lettre pour un long adieu, 1972.
J'habite une tour d'ivoire, 1972.
Le Malheur indifférent, 1972.
L'Heure de la sensation vraie, 1975.
Faux Mouvements, 1975.
La Femme gauchère, 1976.
Lent Retour, 1979.
Histoire d'enfant, 1981.
Le Chinois de la douleur, 1983.
Le Recommencement, 1986.
L'Absence, 1987.
L'Après-midi d'un écrivain, 1987.
Mon année dans la baie de Personne, 1994.
Un voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina, 1996.
Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille, 1997.
La Perte de l'image ou par la Sierra de Gredos, 2002.
Don Juan, 2004.
Kali, 2006.
La Nuit morave, 2008.
Les Coucous de Velika Hoča, 2011.
La Grande Chute, 2011.
Une année dite au sortir de la nuit, 2012.
La Voleuse de fruits ou aller simple à l'intérieur du pays, 2017.
Théâtre
Outrage au public, 1966.
Introspection, 1966.
Prédiction, 1966.
Appel au secours, 1967.
Gaspard, 1967.
Le pupille veut être tuteur, 1969.
Quodlibet (1970)
Le Vent et la Mer, 1970.
La Chevauchée sur le lac de Constance, 1971.
Les Gens déraisonnables sont en voie de disparition, 1974.
Par les villages, 1981.
Voyage au pays sonore ou l'Art de la question, 1989.
L'Heure où nous ne savions rien l'un de l'autre, 1992.
Préparatifs d'immortalité, 1997.
Souterrain-Blues, 2002.
Toujours la tempête, 2010.
Les Beaux Jours d’Aranjuez : un dialogue d'été, 2012.
Les Innocents, moi et l'inconnue au bord de la route départementale, 2015.
Essais, journaux
Espaces intermédiaires : Entretiens, 1969.
La Leçon de la Sainte-Victoire, 1980.
Le Poids du monde (journal, novembre 1975-mars 1977), 1980.
L'Histoire du crayon, 1982.
Essai sur la fatigue, 1989.
Encore une fois pour Thucydide, 1990.
Essai sur le juke-box, 1990.
Essai sur la journée réussie, 1991.
Quelques notes sur le travail de Jan Voss, 1995.
Milos Sobaïc (avec Dimitri Analis), 2002.
Autour du grand tribunal, 2003.
À ma fenêtre le matin (carnets 1982-1987), 2006.
Hier en chemin (carnets 1987-1990), 2012.
Essai sur le Lieu Tranquille, 2012.
Essai sur le fou de champignons, 2013.
Conférence du Nobel, 2020.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Peter Handke
Récupéré du fil One-shot :
Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille
J'ai lu ce livre sans en connaître ni le titre ni l'auteur. Je ne les découvrirai qu'après avoir écrit et posté ce commentaire.
Le narrateur décrit un village autrichien appelé Taxham, à la frontière allemande. Un village récent, sans histoire, sans visiteurs, presque sans habitants, un désert morne. Dans ce village, il y a un pharmacien. C'est le personnage principal et le deuxième narrateur de ce récit. On n'apprend pas grand-chose de ce pharmacien : c'est un exilé, il aime les champignons et les épopées médiévales, ses proches se sont détournés de lui. C'est un fantôme dans un village fantôme. Un jour, à la suite d'un accident incompréhensible, il devient muet et prend la route. À la suite d'une longue errance à travers les villes et la steppe, il retourne à Taxham, où il raconte son histoire au premier narrateur. Parmi ses recommandations, celle-ci est particulièrement signifiante :
De fait, je n'ai jamais rien lu de tel. Comme je l'ai déjà écrit quelque part, il me semble miraculeux qu'un éditeur ait accepté ce texte, puis qu'un traducteur ait jugé bon de le traduire en français, et pour finir qu'un éditeur français accepte de publier cette traduction. J'irais même plus loin : il est miraculeux qu'un écrivain ait porté un tel texte jusqu'à son terme. Il faut pour cela une confiance inébranlable en son entreprise. On ne saurait dire s'il écrit bien ou mal, on serait tenté de croire qu'il n'y accorde pas la moindre importance. Personnellement, j'ai trouvé un plaisir certain dans cette écriture flottante, désincarnée, toute en contrastes.
Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille
J'ai lu ce livre sans en connaître ni le titre ni l'auteur. Je ne les découvrirai qu'après avoir écrit et posté ce commentaire.
Le narrateur décrit un village autrichien appelé Taxham, à la frontière allemande. Un village récent, sans histoire, sans visiteurs, presque sans habitants, un désert morne. Dans ce village, il y a un pharmacien. C'est le personnage principal et le deuxième narrateur de ce récit. On n'apprend pas grand-chose de ce pharmacien : c'est un exilé, il aime les champignons et les épopées médiévales, ses proches se sont détournés de lui. C'est un fantôme dans un village fantôme. Un jour, à la suite d'un accident incompréhensible, il devient muet et prend la route. À la suite d'une longue errance à travers les villes et la steppe, il retourne à Taxham, où il raconte son histoire au premier narrateur. Parmi ses recommandations, celle-ci est particulièrement signifiante :
C'est là un trait d'humour, car il ne s'y trouve rien du roman populaire traditionnel. Dans le récit du pharmacien, les repères géographiques et temporels n'ont plus la moindre espèce de validité. Les seules chose qui semblent guider son devenir (sa quête), ce sont des objets et des êtres précaires, des paysages accidentés, des influences vagues. Tout comme il est difficile de se repérer dans ce monde impalpable, il est vain d'essayer de comprendre les intentions du romancier. Le temps de la lecture, il n'est pas d'autre ressource que de s'abandonner aux sensations infimes qu'il met au jour. La fin nous offre des miettes de pistes : l'épopée que lit le pharmacien est Yvain ou le Chevalier au lion. On peut alors être tenté d'établir quelques parallèles, en particulier entre la folie d'Yvain et l'errance mutique du pharmacien. Au-delà du clin d'œil, il est possible d'y voir l'esquisse d'un art poétique :« N'écrivez que des histoires d'amour et d'aventures, rien d'autre ! »
On y devine des velléités de renouveler l'art du récit par des moyens et des motifs analogues à ceux du roman médiéval, mais transposés dans un autre ordre (d'implicite, de sensibilité, d'extrême attention). Le récit du pharmacien n'est pas destiné à un autre public que lui-même, c'est un récit à valeur autoréflexive d'autant plus étrange qu'il ne se soucie pas d'un quelconque lectorat.« C'est cela, bien. Le principal est que vous écriviez l'essentiel de ce que je vous ai raconté. Sinon ç'aurait été des propos en l'air. Mais moi je le veux noir sur blanc. Je veux avoir mon histoire par écrit. En parlant, oralement, rien ne fait retour vers moi. Par écrit, ce serait une autre chose. Et, en fin de compte, je veux moi aussi un peu de mon histoire. Vivre la différence entre discours et écriture. C'est la moitié de la vie. Je veux voir mon histoire écrite. Je la vois écrite. Et l'histoire elle-même le veut ainsi.
— Mais qui d'autre encore doit lire cette histoire ? demandai-je. C'est quoi, aujourd'hui, raconter quand ce n'est pas au marché ni à la cour du roi, ni pour une bourgeoisie — quand ce n'est pas même adressé à un seul mais à celui-là seul à qui l'histoire est arrivée, à lui-même ?
Il répondit : « Peut-être est-ce la manière dont on racontait à l'origine. C'est peut-être même comme cela qu'on a commencé ? »
De fait, je n'ai jamais rien lu de tel. Comme je l'ai déjà écrit quelque part, il me semble miraculeux qu'un éditeur ait accepté ce texte, puis qu'un traducteur ait jugé bon de le traduire en français, et pour finir qu'un éditeur français accepte de publier cette traduction. J'irais même plus loin : il est miraculeux qu'un écrivain ait porté un tel texte jusqu'à son terme. Il faut pour cela une confiance inébranlable en son entreprise. On ne saurait dire s'il écrit bien ou mal, on serait tenté de croire qu'il n'y accorde pas la moindre importance. Personnellement, j'ai trouvé un plaisir certain dans cette écriture flottante, désincarnée, toute en contrastes.
Dernière édition par Quasimodo le Jeu 8 Avr 2021 - 8:51, édité 1 fois
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Peter Handke
Tu parles de Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille, n'est-ce-pas ?
De Handke j'ai particulièrement apprécié l'Après-midi d'un écrivain et L'Absence ; il m'en reste beaucoup à lire.
De Handke j'ai particulièrement apprécié l'Après-midi d'un écrivain et L'Absence ; il m'en reste beaucoup à lire.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16019
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Localisation : Guyane
Re: Peter Handke
Tiens oui, j'ai oublié de mettre le titre
(C'est ajouté !)
(C'est ajouté !)
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Peter Handke
La voleuse de fruits (ou Aller simple à l'intérieur du pays)
Bon bon bon, le lire c'est une chose en parler ça va en être une autre.
La narration qui s'impose en premier ? courts paragraphes d'une écriture "poétique", une impression de fragmentaires autour de petits rien qui doivent s'inscrire dans un grand tout un peu éthéré.
Les "petits riens", deuxième évidence, le narrateur qui va raconter l'histoire de cette voleuse de fruits prend son temps et ses petits riens tout comme ceux des personnages à venir ont une allure de kaléidoscope, de pot pourri de petits riens "d'aujourd'hui" : voiture, train, objets, lieux, ... pensées "induites" ?
Sur cette base là, la sauce prend ou pas... pour moi pas trop mais chacun son truc.
D'une part cette forme d'écriture pour un lecteur comme moi c'est casse gueule et les "items" du texte, les petits riens ou lieux communs, un peu pourquoi pas mais trop ça m'a mis mal à l'aise. "le bruit de la voiture t'agresse et l'herbe sous les pieds c'est joli ?" pourquoi pas mais de là a en faire une manchette prix Nobel 2019...
Et puis ce personnage de jeune femme, énigmatique, rebelle, intelligente, sensible, forte, belle qui a beaucoup de problèmes autres que sa quête dans le presque Nord* de la France (appart à Paris, tour du monde, ...)... c'est la seule possibilité de personnification féminine ?
Des poncifs parfois incongrus, quelques belles images, une fin planante et too much qui fait bien sentir la part d'onirisme de ce panorama du temps moderne et l'inquiétude pour l'individu en construction, comme qui dirait au tournant de l'âge adulte et assailli d'images et de contraires.
Oui, mais. Mais moi je me suis demandé pourquoi il me racontait ce fouillis assez convenu de "choses qu'on sait déjà" quelque part. Un contrat avec l'éditeur ? Les années qui me séparent de l'auteur ? Le taux d'usure du moment ?
Bref, pas très emballé alors que j'aurais pu avoir un a priori positif (à part le titre déjà mal barré quand on y pense).
L'impression aussi d'une littérature pour elle-même ou un terrain conquis. Que reste-t-il à dire alors, à partager ?
(Cette petite histoire ne vaut peut-être pas une bonne histoire... )
* : pensée pour le Aren !
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Re: Peter Handke
Merci animal, je prends note. Le seul roman de Handke que j'ai lu a du moins le mérite de ne ressembler à rien de ce que j'avais pu lire avant. Je suis curieux de pousser la découverte un peu plus loin.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Peter Handke
J'avais lu L'angoisse du gardien de but au moment du penalty qui m'avait dépaysé mais était peut-être mieux passé. Du moins dans mon souvenir.
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