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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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John Edgar Wideman

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Message par Bédoulène Ven 9 Déc - 17:32

John Edgar Wideman
Né en 1941

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John Edgar Wideman, né le 14 juin 1941 à Washington, DC, est un écrivain américain.

Africain-Américain, il passe son enfance à Homewood, un des ghettos noirs de Pittsburgh en Pennsylvanie. En 1959, il obtient le Benjamin Franklin Scholarship et intègre l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Il y devient "senior Captain" de l'équipe de Basket-ball. En 1963, il est le deuxième Africain-Américain à obtenir la prestigieuse bourse Rhodes pour l'Université d'Oxford en Angleterre. En 1966, il est admis à participer au prestigieux Iowa Writers’ Workshop et termine son premier roman. John Edgar Wideman est l'auteur de 13 romans, 6 recueils de nouvelles et de 3 essais autobiographiques. Aujourd'hui, John Edgar Wideman est considéré comme un des plus grands écrivains américains contemporains. Son œuvre littéraire a été récompensée par de nombreuses distinctions parmi lesquelles : l'American Book Award, le James Fenimore Cooper Prize for Best Historical Fiction, le MacArthur Fellowship, le O'Henry Prize, le Rea Award. En outre, il est le premier écrivain à avoir reçu deux fois le PEN/Faulkner Award for fiction et fut également finaliste du National Book Award.

John Edgar Wideman enseigne au département des "africana studies" à l'Université Brown, Providence, Rhode Island, une des huit universités de la Ivy League. En 2011, l'écrivain a reçu le Anisfield-Wolf Book Awards, pour l'ensemble de son travail et son importante contribution à la compréhension du racisme et à l'appréciation de la diversité.
Source : Wikipédia


Oeuvres traduites en français :

Reuben
L'Incendie de de Philadelphie
Le Massacre du bétail
Suis-je le gardien de mon frère ?
Deux villes
Damballah
Où se cacher
Le rocking-chair qui bat la mesure
Le projet Fanon





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la trilogie ! succinctement

Les mots sont chantés, dansés, c'est envoûtant. L'auteur est très lucide mais quel amour, pour ces gens qui peuplent Homewood ; les vivants et les morts !

Dans Damballah, les lettres nous permettent de faire connaissance avec l'ensemble de la famille à travers le temps, des décennies.

Où se cacher ? s'attache plus particulièrement à 3 personnages à une époque récente, quand ce quartier est en déliquescence.

Le rocking-chair qui bat la mesure : l'auteur là aussi s'attache principalement au destin de 3 personnages.

La misère, l'alcool, parfois la drogue, n'altèrent pas l'amour et l'amitié.

Extraits

"Le passage s'emplit de crépuscule. Et il y a sont reflet, si elle regarde la vitre d'une certaine façon, qui à son tour la regarde. Elle se demande si la petite s'est jamais vue en suspens dans les airs au-dessus des pavés. Et soudain John French, dans l'encadrement de la fenêtre, qui va mourir. Le poing de Freeda s'enfonce dans le carreau pour le protéger, lui, et protéger la petite de la gueule noire du revolver."

"Voir Lizabeth grandir chez eux à Cassina lui permet de regarder discrètement ce à quoi a du ressembler Freeda. La gaucherie anguleuse. L'ombre d'une fillette que les années ont habillée en femme. Il voit où va le corps de l'une, d'où vient le corps de l'autre. Quand il touche l'une, il touche les deux.
Il voudrait dire à ma grand-mère tout le bonheur qu'il éprouve. Quelque chose qui lui changera sa journée. Des mots qui les ramèneront tous les deux au matin à l'heure où il s'est réveillé à côté d'elle : venue se serrer contre son flanc, elle l'a réchauffé quelques instants, avant qu'il s'écarte doucement et, les jambes ankilosées, se redresse au bord du lit. Mais que peut-il lui dire de cette longue jounée passée loin d'elle ? Elle a eu besoin de lui et il n'était pas là. Que peut-il lui raconter qui rachète ces heures inquiètes, cette lassitude ?"

"Tu aurais dû voir le ciel ce soir."
"c'était tellement joli j'en ai eu les jetons"
"le genre de ciel qui te pousse à réfléchir. J'ai levé levé les yeux puis je l'ai vu tout zébré alors j'ai repensé à ce matin, au ciel qui est toujours là-jaut à vaquer à ses occupations, comme nous en bas aux nôtres. Ouais ça m'a fait réfléchir à tout ça. Que toute chose a son rythme de vie mais qu'en dehors du sien on s'en rend pas vraiment compte. Chacun est trop pris par ses trucs. Et puis un jour on lève les yeux on voit le ciel et impossible de se rappeler pourquoi on est si occupé à faire ce qui nous occupe"

"Les couleurs du ciel sont comme des bouts de musique. Il se rappelle les oranges les rouges les mauves. Elles lui reviennent par éclairs, il les voit, mais il ne sait pas les réunir comme Albert assemble les accords des phrases, les bribes en une chanson complète. Il se rappelle la beauté du spectacle, qui l'a avalé empli presque suffoqué mais il n'arrive pas à le visualiser dans toute son étendue, de la terre aux étoiles et d'un bout à l'autre de l'horizon."

"Il veut lui répondre quelques chose, mais la cuillère est trop près de sa bouche et sa main tremble, il se contente donc de se pencher et avale. Tout se retrouve dans le goût de cette soupe. La lumière déclinante qui s'attarde au bas de la fenêtre à l'arrière et qui suinte sous la porte désaxée, les contours mauves des collines à l'horizon, l'odeur de la fumée dans la cabane, le sifflement du bois dans le ventre du fourneau, la voix de la vieille qui parle aux légumes qu'elle a épluchés coupés plongés dans le clapotis d'un bouillon bien relevé.
Tout est dans la première gorgée de soupe et il a envie de le lui dire mais sait pas comment, sait pas coment lui parler de tout ça, de la façon dont les choses tout simplement se recomposent, à moins de lui raconter comment elles se décomposent, mais cette décomposition c'est l'histoire de ses problèmes et elle a pas envie d'en entendre parler, de ses problèmes, alors il savoure le goût et tout ce qu'il contient quelques instants encore avant de dire :
ça c'est de la soupe, et puis : Merci, Maman Bess."

"message rapatrié"

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par topocl Jeu 8 Juin - 13:18

Damballah

 John Edgar Wideman A1510

Une lecture qui m'a longtemps laissée (agréablement) décontenancée et qui a fini par m'emporter dans l'émotion des derniers chapitres.

Tout d'abord, Wideman met les choses en place. Il dédie ce livre à son frère Robby, à qui il explique que « Les histoires sont des lettres », « Si seulement elles pouvaient démolir des murs. T’arracher d’où tu es. » On comprendra mieux à la fin.
Puis il explique qui est Damballah…« père immémorial et vénérable », esprit vaudou de la connaissance explique plus pragmatiquement Wikipédia.
Enfin il nous offre un arbre généalogique sur sept générations de cette famille noire de la fin de l'esclavage à la fin de la ségrégation, afin de nous faire comprendre qu'il y aura des personnages multiples, parlant d'un siècle d'histoire, et qu'on sera sans doute par moment un peu perdus. Libre à nous de nous référer à cet arbre au fil de la lecture pour clarifier et vérifier, ou de nous laisser porter par la lecture, négligeant les filiations précises, se laissant emporter par ces nouvelles juxtaposées dans leur naturelle complexité.

Une dizaine de nouvelles donc proposant chacune une facette de cette famille, un personnage, une de ces histoires qui finissent par devenir mythiques dans une famille, se transmettant de génération en génération, peu à peu peaufinées et embellies. Des éclats de récit dont l'ensemble dessine une trame, une continuité, une transmission dans un style parfois d'une densité obscure à la limite de la confusion, parfois d’une fluidité limpide. Toujours très présents quelques thèmes qui sont autant de repères : le Dieu tout puissant et aimé qui a remplacé (ou complété ?) Damballah, le sens de la famille (les mères aimantes et courageuses, les hommes qui cherchent ailleurs un destin meilleur), le chant (le blues, le gospel), et toujours, malgré la liberté acquise, l'arrogance insupportable de l'homme blanc.

Tout converge vers le chapitre final qui révèle enfin l'origine fondatrice de cette famille, et ce choix de l'auteur, de nous donner à voir les choses en quelque sorte « à l'envers », n’est malheureusement pas respecté par le 4e de couverture, une fois de plus à éviter. Et la révélation même de cette source identifie la fatalité de ce peuple écartelé, dans une apothéose émotionnelle.

Avec ce que cela comporte de noirceur et de joies, de foi et de superstition, de force et de renoncements, Wideman nous offre dans une prose qui n'appartient qu'à lui, de petits contes modernes qui constituent la trame de l’histoire de la condition noire au XXe siècle.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #famille #nouvelle #traditions

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