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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Constantin Cavafy

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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 16:03

Constantin Cavafy
(1863-1933)

Constantin Cavafy Cavafy10

Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes, est un poète grec né à Alexandrie en Égypte le 29 avril 1863 et mort dans la même ville le 29 avril 1933. Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature grecque du XXe siècle. Et comme Marguerite Yourcenar note dans la préface de sa traduction des poèmes de Cavafy, « c'est aussi l'un des plus grands, le plus subtil en tout cas, le plus neuf peut-être, le plus nourri pourtant de l'inépuisable substance du passé. »

Fils d'un négociant en import-export de textiles et coton et d'une fille de diamantaire, Cavafy est le dernier d'une fratrie de 9 enfants. Son père décède en 1870. Sa famille quitte alors Alexandrie et s'installe à Liverpool. Ces années passées en Grande-Bretagne marquent profondément Cavafy, et ses écrits dénotent une grande familiarité avec la tradition poétique anglaise. À la suite de spéculations hasardeuses, la famille se retrouve ruinée et retourne vers 1879 à Alexandrie, puis s'installe à Constantinople en 1882. Constantin Cavafy y vit trois ans dans une certaine précarité ; c'est durant cette période qu'il connaît vraisemblablement ses premières relations homosexuelles et rédige ses premiers vers en anglais, en français et en grec. Il envisage un temps d'embrasser une carrière politique puis, de retour à Alexandrie en 1885, travaille pour le journal Telegraphos et comme assistant d'un de ses frères à la Bourse d'Alexandrie.
En 1892, il entre au Service de l'Irrigation du ministère des Travaux publics, où il accomplira toute sa carrière, finissant directeur-adjoint. Également courtier à la Bourse d'Alexandrie à partir de 1894, il mène par la suite une existence confortable en compagnie de sa mère jusqu'au décès de celle-ci en 1899. Il se retire en 1922 et passe le reste de sa vie à Alexandrie, se consacrant exclusivement à son œuvre et se rendant régulièrement en Grèce ; vers 1930, déjà célèbre mais malade, il habite un médiocre hôtel d'Athènes, place Omónia, où il reçoit de jeunes admirateurs ; c'est à Alexandrie qu'il meurt d'un cancer du larynx en 1933, le jour même de son 70e anniversaire.

Cavafy a beaucoup voyagé en Angleterre, en France (où il a résidé) et en Grèce. S'il eut une petite notoriété au sein de la communauté grecque d'Alexandrie et quelques amitiés dans les cercles littéraires (il fut en relation pendant plus de vingt ans avec Edward Morgan Forster), pendant longtemps son œuvre resta inconnue du grand public. Quoiqu'il ait rencontré de nombreux hommes de lettres grecs, il n'eut pas de réelle reconnaissance de ses pairs, probablement à cause d'un abord déroutant de sa poésie pour l'époque. Ce n'est qu'au au lendemain de la défaite grecque à l'issue de la guerre gréco-turque qu'une nouvelle génération de poètes grecs de tendance nihiliste, tels Kóstas Karyotákis, puisent leur inspiration dans son œuvre.
Il n'a publié aucun recueil de son vivant, donnant des poèmes à des revues littéraires ou les faisant circuler auprès de quelques amis sous forme de feuillets et de brochures auto-édités. En outre il remaniait sans cesse ses textes, et en détruisait beaucoup, en particulier ses œuvres de jeunesse. Ainsi, l'essentiel de son œuvre a été composé après son quarantième anniversaire. Cavafy a publié 154 poèmes, auxquels on peut en ajouter 75 restés inédits jusqu’en 1968, et 27 autres qu’il avait publiés entre 1886 et 1898 mais reniés par la suite.

Parutions en français :


- Poèmes, Abbaye du Livre, 1947
- Poèmes, Les Belles Lettres, 1958
- M. Yourcenar, Présentation critique de Constantin Cavafy suivie d’une traduction des Poèmes par M. Yourcenar et Constantin Dimaras, Gallimard, 1958
- Poèmes anciens ou retrouvés, Seghers, 1978
- Jours anciens, Fata Morgana, 1978
- À la lumière du jour, Fata Morgana, 1989
- L'art ne ment-il pas toujours ?, Fata Mogana, 1991
- Œuvres poétiques, Imprimerie nationale, 1992
- Poèmes, Fourbis, 1995
- Poèmes, Gallimard, 1999
- En attendant les barbares et autres poèmes, Gallimard, 2003
- Poèmes, Éditions Héros-Limite, 2010
- Eros, Thanatos, Hypnos - Poèmes érotiques, Riveneuve, 2011
- Choix de poèmes, Aiora Press, 2015
- Notes de poétique et de morale, (edition bilingue), Aiora Press, 2016
- C. Cavàfis, Tous les poèmes, éditions le Miel des anges, 2017

source : Wikipédia
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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 16:08

Constantin Cavafy ou Cavafis est né en 1863 à Alexandrie où il mourra en 1933. Sa vie, sa destinée même font penser à celle de Pessoa. Il mena une vie d'employé, voyagea, et resta en relation avec Edward Morgan Forster pendant vingt ans.
Il fut très peu connu de son époque. Aucun recueil de ses poèmes ne fut publié de son vivant. La plupart de ses poèmes parurent en revue.
Comme Pessoa, on le reconnut après sa mort, et on le considéra comme un des grands poètes de l'époque -le début du XXe siècle.
Malheureusement pour lui, la comparaison s'arrête là, Cavafy, n' ayant pas laissé de malle pleine de trésors poétiques cachés.

Pour Marguerite Yourcenar, qui le traduisit contribua à le faire connaître en France, "c'est, écrit-elle,  l'un des plus grands poètes et des plus subtils, nourri de l'inépuisable substance du passé."
Longtemps, il tut son homosexualité, mais dans  les dernières années de sa vie, elle fut le thème à peu près constant de sa poésie.

édition conseillée :
- Constantin Cavafis : En attendant les barbares et autres poèmes. - Poésie/Gallimard


MAISON  AVEC  JARDIN


J'aimerais avoir une maison à la campagne

avec un très grand jardin - non pas tant

pour les fleurs, pour les arbres, et pour la verdure

(on les y trouverait, bien sûr, rien n'est plus beau)

mais pour avoir des bêtes. C' est mon rêve d' avoir des bêtes !

Au moins sept chats - deux tout à fait noirs,

et deux blancs comme la neige, pour le contraste.

Un grave perroquet, que j' écouterais

dire des choses avec emphase et conviction.

Pour les chiens, je pense que trois me suffiraient.
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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 16:10

CHOSES  TUES



  

Qu'on ne cherche pas à découvrir qui je fus

en alléguant ce que j'ai pu faire ou dire.

Un obstacle était là qui transformait

mes actes et ma façon de vivre.

Un obstacle était là qui me retenait

souvent lorsque j'allais parler.

Ce sont mes actes les plus imperceptibles,

ce sont mes écrits les plus voilés -

et eux seuls qui permettront de me deviner.

Mais sans doute ne vaut-il pas la peine

de dépenser tant d'efforts pour me comprendre.

Un jour - dans une société meilleure -

un autre, fait tout comme moi,

apparaîtra, c' est sûr, et agira librement.



(avril 1908)
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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 16:12

L' IMPOSSIBLE


Il existe une joie, mais elle est bénie,
une consolation jusque dans le malheur.
C'est que la fin nous délivre de tout ce fatras
de journées insipides et triviales.

Un poète a dit : "La musique la plus douce
est celle qu'on ne peut pas entendre.
Et moi, je crois que la vie la meilleure
est celle qu'on ne peut pas vivre.

février 1897
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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 16:15


VOIX


Voix sublimes et bien-aimées
de ceux qui sont morts, ou de ceux
qui sont perdus pour nous comme s' ils étaient morts.


Parfois, elles nous parlent en rêve ;
parfois dans la pensée, le cerveau les entend.


Et avec elles résonnent, pour un instant,
les accents de la première poésie de notre vie -
comme une musique qui s' éteint, au loin, dans la nuit.

1904
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Message par Tristram Mar 14 Mai - 19:42

Cavafy a écrit:Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.
"Corps, souviens-toi... Ce goût de la vie possédé sous les espèces de la mémoire répond chez Cavafy à une mystique à demi exprimée. Et, sans doute, le problème du souvenir fut pour ainsi dire « dans l'air » pendant le premier quart du XXe siècle ; les meilleurs esprits, aux quatre coins de l'Europe, s'évertuèrent à en multiplier les équations. Proust, et Pirandello, et Rilke (celui des Élégies de Duino, et plus encore celui de Malte Laurids Brigge : « Pour écrire de bons poèmes, il faut avoir des souvenirs... Et il faut les oublier... Et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent »), et Gide lui-même, qui adopte dans L'Immoraliste la solution extrême de l'instant et de l'oubli. A ces mémoires subconscientes ou quintessenciées, voulues ou involontaires, ce Grec en oppose une autre, issue, semble-t-il, des mythologies de son pays, une Mémoire-Image, une Mémoire-Idée quasi parménidienne, centre incorruptible de son univers de chair."
Marguerite Yourcenar, Sous bénéfice d’inventaire


Dernière édition par Tristram le Mar 14 Mai - 19:45, édité 1 fois

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Mar 14 Mai - 19:59

Je connais mal l'oeuvre de Cavafy ; c'est surtout pour moi une évocation récurrente dans Le Quatuor d'Alexandrie, de Durrell, et un fantôme introuvable dans cette ville qui a peu conservé de son passé cosmopolite...

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Message par bix_229 Mar 14 Mai - 21:11

Tout était pret pour son apparition ici.
Il y a d'autres poètes grecs connus : George Seferis, Yannis Ritsos, Odysseus
Elitis...
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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 27 Juin - 9:28

Tout d'abord, merci Bix, d'avoir eu le courage d'ouvrir son fil. Constantin Cavafy fait partie de mes lectures marquantes même si mes souvenirs ne sont pas si matériels... il a une façon de dire les choses.

Je vous partagerai la lecture d'un poème pour faire suite à l'ouverture du fil, même si c'est plus tard... Smile

«Jours de 1909, '10, et '11»

C'était le fils d'un misérable marin
(d'une île de la mer Égée) victime de la malchance.
Il travaillait chez un ferrailleur. Portait de vieilles hardes.
Ses chaussures d'atelier trouées et lamentables.
Ses mains étaient tachées de rouille et de graisse.

Le soir, à la fermeture de la boutique,
s'il y avait une chose qu'il désirait particulièrement,
une cravate un peu chère,
une cravate pour le dimanche,
ou si dans une vitrine il avait vu quelque belle chemise
bleu pervenche qui lui faisait très envie,
il vendait son corps pour un thaler ou deux.

Je me demande s'il y eut jamais dans les temps antiques
de la glorieuse Alexandrie un jeune homme aussi splendide,
un garçon d'une telle perfection - et cela en pure perte :
on n'a, bien entendu, gardé de lui ni statue ni portrait;
échoué, dans cette triste boutique de ferrailleur,
le travail épuisant et l'éreintante
débauche publique eurent tôt fait de causer sa ruine.

Dans En attendant les barbares et autres poèmes

Je vous dis ça un peu au hasard d'une lecture. C'est quand même ça Cavafy.
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Message par Bédoulène Jeu 27 Juin - 11:17

et "ça" me plait ! merci Jack !

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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 7 Mai - 10:21

Puisqu'on parle de Covid de ces jours... j'essaierai une variante :

«La maladie de Clitos»

Clitos, un attachant
garçon d'environ vingt-trois ans -
d'une excellente éducation, connaissant le grec comme personne -
est gravement malade. Il a contracté la fièvre
qui a fait tant de ravages cette année à Alexandrie.

Quand il a contracté la fièvre, son moral était déjà
très atteint, parce que le jeune acteur qu'il avait pour ami
avait cessé de l'aimer et ne voulait plus de lui.

Le chagrin l'a anéanti, et ses parents tremblent pour lui.

Et une vieille servante qui l'a élevé
craint aussi pour la vie de Clitos.
Dans l'angoisse qui la tourmente,
il lui vient à l'esprit une idole
qu'elle adorait étant petite, avant d'entrer ici au service
de Chrétiens déclarés et de se convertir elle-même. Sans le dire
à personne, elle prend quelques galettes, un peu de vin, du miel.
Elle les porte devant l'idole. Psalmodie ce qu'elle se rappelle
des passages de la prière; les balbutie. La pauvre sotte
ne se rend pas compte qu'il importe peu au noir démon
qu'un Chrétien guérisse ou ne guérisse pas.

En attendant les barbares et autres poèmes

On parle ici d'une oeuvre assez érotique. Nous pouvons percevoir les allusions homosexuelles. Tout comme pour Garcia Lorca, Cavafy sait exprimer l'abîme de l'amour condamné. Je ne saurais le dire, mais on peut se demander si c'était bien reçu à l'époque dans un langage codé. On peut se demander s'il y avait une forme de représailles quand les poètes exprimaient l'amour interdit. Je sais que je m'exprime gauchement avec des expressions quelconques, mais si nous pouvons parler de la condition homosexuelle comme relevant de l'amour interdit, il me semble qu'il y a quelque chose qui coule de source... Garcia Lorca et Cavafy expriment beaucoup de vécu à travers tout ça...
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Message par Bédoulène Jeu 7 Mai - 10:51

je ne sais mais il est possible que des poètes ou écrivains des temps jadis et lointains écrivaient sur l'homosexualité ; c'est ce que je pense puisque cette sexualité existe aussi depuis le fond des temps........................

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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 7 Mai - 10:54

Mais à ce qu'il me semble, l'homosexualité était réprimée jusqu'à un temps tout récent et elle continue à être réprimée... Il n'y avait pas un risque pour ces poètes de s'exprimer en leur temps et de le faire dans les sociétés dans lesquelles ils vivaient...?
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Message par Bédoulène Jeu 7 Mai - 11:04

j'ai compris ton interrogation Jack mais je ne sais y répondre ; sinon, hélas oui encore réprimée (dans certains pays) et aussi en France (mais heureusement pas par les lois) des agressions ont lieu

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Message par Jack-Hubert Bukowski Sam 9 Mai - 10:00

Je reviens encore une fois à Cavafy. Il m'apparaît important de jeter un éclairage sur son oeuvre. Il semblerait qu'on parle d'une oeuvre de maturité tardive.

En entretenant ce questionnement à propos de l'homosexualité des poètes Cavafy et Garcia Lorca, j'aimerais attirer votre attention sur un autre poème qui semble exprimer l'interdit :

«Dans les escaliers»

Tandis que je descendais l'escalier mal famé,
tu franchissais le seuil, et un bref instant
j'ai aperçu ton visage inconnu et toi, tu m'as vu.
Puis je me suis caché pour échapper à ton regard, et toi,
tu es passé rapidement en dissimulant ton visage,
pour t'engouffrer à l'intérieur de la maison mal famée
où pas plus que moi, tu ne trouverais le plaisir.

Pourtant l'amour que tu voulais, j'aurais pu te l'offrir;
l'amour que je voulais - ton regard las et tourmenté
me le disait assez - tu aurais pu me le donner.
Nos corps le savaient et se cherchaient;
notre sang, notre peau l'avaient compris.

Mais nous nous sommes cachés, malgré notre trouble commun.

(février 1904)

En attendant les barbares, 2003, édition NRF Poésie, p. 256

Je suis sensible à cette dimension de l'amour interdit dans la mesure où j'affronte moi-même l'interdit - et ce qui est perçu interdit - à travers l'existence et les yeux d'une personne sourde et de son entourage. Nous avons confronté historiquement l'interdiction des langues signées et de notre condition. Continuellement, nous sommes défiés par rapport à ce qui peut être permis ou non, venant du comportement d'une personne sourde face à la perception d'une majorité non-sourde...
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Message par Tristram Sam 9 Mai - 14:09

Avec mon soutien, JHB, à l'occasion de ton 2000e message !

_________________
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Message par Avadoro Sam 9 Mai - 23:13

Merci pour ces éclairages !
Le parcours de vie et l'écriture de Cavafy m'intéressent beaucoup, notamment dans sa relation à l'histoire et aux mythes.
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Message par Invité Dim 25 Oct - 11:42

Avadoro a écrit:Merci pour ces éclairages !
Le parcours de vie et l'écriture de Cavafy m'intéressent beaucoup, notamment dans sa relation à l'histoire et aux mythes.

Je te conseille le numéro de la revue Europe, qui lui est consacré, je ne suis jamais déçu par la qualité de cette revue. Tu connais Bix ?
Constantin Cavafy 97823510

J'en commence tout juste la lecture ...

L'instrumentalisation de son poème « En attendant les barbares » et les innombrables réécritures auxquelles il donne lieu pour des causes diverses ne réduisent pourtant pas la portée de cette allégorie, dont la forme dialoguée tient peut-être de l'antistrophe antique. Le monde postcolonial en quête d'une identité, l'Europe tourmentée par les conflits idéologiques, Wall Street assaillie par la menace terroriste, s'interrogent toujours : viendront-ils ou seraient-ils déjà partis en laissant la peur gouverner à leur place... ? Ces barbares ressemblent, en fin de compte, à notre propre reflet dans le miroir, dont on préfère souvent faire abstraction.
par Maria Tsoutsoura

Le poème en question :
-Τι περιμένουμε στην αγορά συναθροισμένοι;
-Ensemble, qu’attendons-nous sur l’agora ?
Είναι οι βάρβαροι να φθάσουν σήμερα.
Aujourd’hui, il paraît qu’une bande de barbares bientôt déferlera.

*

-Γιατί μέσα στην Σύγκλητο μιά τέτοια απραξία;
-Pourquoi rien ne vient du Sénat ?
Τι κάθοντ’ οι Συγκλητικοί και δεν νομοθετούνε;
Pourquoi nos sénateurs ne légifèrent donc pas ?

*

-Γιατί οι βάρβαροι θα φθάσουν σήμερα.
– Car les barbares aujourd’hui arriveront.
Τι νόμους πια θα κάμουν οι Συγκλητικοί;
Quelles lois peut-on faire maintenant ?
Οι βάρβαροι σαν έλθουν θα νομοθετήσουν.
Les barbares à leur tour légiféreront.

*

-Γιατί ο αυτοκράτωρ μας τόσο πρωί σηκώθη,
-Pourquoi notre empereur s’est-il ce matin levé,
και κάθεται στης πόλεως την πιο μεγάλη πύλη
et est parti à la plus grande porte et s’est assis tout devant,
 στον θρόνο επάνω, επίσημος, φορώντας την κορώνα;
sur le trône,  avec sa tête couronnée ?

*

-Γιατί οι βάρβαροι θα φθάσουν σήμερα.
– Car les barbares arriveront aujourd’hui.
Κι ο αυτοκράτωρ περιμένει να δεχθεί
Et l’empereur attend de recevoir ici
τον αρχηγό τους. Μάλιστα ετοίμασε
avec les honneurs leur chef. Il a rédigé pour l’occasion
για να τον δώσει μια περγαμηνή. Εκεί
un parchemin à lui remettre. Là s’y trouvent les fonctions
τον έγραψε τίτλους πολλούς κι ονόματα.
et les titres des dignitaires.

*

-Γιατί οι δυό μας ύπατοι κ’ οι πραίτορες εβγήκαν
-Nos deux consuls et nos préteurs se sont présentés
σήμερα με τες κόκκινες, τες κεντημένες τόγες·
aujourd’hui accoutrés de leurs toges rouges brodées ;
γιατί βραχιόλια φόρεσαν με τόσους αμεθύστους,
les bracelets avec grande ostentation étaient par eux portés ,
και δαχτυλίδια με λαμπρά γυαλιστερά σμαράγδια·
et des anneaux avec des émeraudes brillantes par eux affichés ;
γιατί να πιάσουν σήμερα πολύτιμα μπαστούνια
des bâtons de valeur aujourd’hui sont présentés
μ’ ασήμια και μαλάματα έκτακτα σκαλισμένα;
d’argent et d’or extraordinairement sculptés ?

*

Γιατί οι βάρβαροι θα φθάσουν σήμερα·
Car ils arriveront aujourd’hui les barbares
και τέτοια πράγματα θαμπόνουν τους βαρβάρους.
et de telles choses impressionneront nos barbares.

*

-Γιατί κ’ οι άξιοι ρήτορες δεν έρχονται σαν πάντα
-Pourquoi ne viennent-ils pas comme toujours, nos orateurs de renom
να βγάλουνε τους λόγους τους, να πούνε τα δικά τους;
faire leurs propres sermons ?

*

Γιατί οι βάρβαροι θα φθάσουν σήμερα·
Car les barbares arriveront aujourd’hui
κι αυτοί βαριούντ’ ευφράδειες και δημηγορίες.
et  leur éloquence et de leur sermon les ennuient.

*

-Γιατί ν’ αρχίσει μονομιάς αυτή η ανησυχία
-Pourquoi cette inquiétude d’emblée
κ’ η σύγχυσις. (Τα πρόσωπα τι σοβαρά που έγιναν).
et cette confusion. Que de personnes tracassées !
Γιατί αδειάζουν γρήγορα οι δρόμοι κ’ οι πλατέες,
Pourquoi les rues et les places se vident-elles si précipitamment,
κι όλοι γυρνούν στα σπίτια τους πολύ συλλογισμένοι;
et pourquoi tous rentrent-ils dans leurs maisons comme absents ?

*

Γιατί ενύχτωσε κ’ οι βάρβαροι δεν ήλθαν.
Cette nuit, en fait, les barbares ne sont pas venus.
Και μερικοί έφθασαν απ’ τα σύνορα,
Et certains, qui venaient de la frontière,
και είπανε πως βάρβαροι πια δεν υπάρχουν.
ont dit que les barbares n’existaient plus.

*

Και τώρα τι θα γένουμε χωρίς βαρβάρους.
Et maintenant, qu’arrivera-t-il sans les barbares ?
Οι άνθρωποι αυτοί ήσαν μιά κάποια λύσις.
Eux qui étaient une solution !

**********************
Traduction Jacky Lavauzelle

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Constantin Cavafy Empty Re: Constantin Cavafy

Message par Tristram Dim 25 Oct - 12:03

Merci pour ce poème, qui donne beaucoup à penser.
La notion de "barbare" est très emblématique pour les (anciens) Grecs : l'Autre, le pas civilisé, celui qui ne parle pas la langue, etc.
Ça rejoint également le thème de l'attente (Le désert des Tartares, etc.)
A propos, En attendant les barbares est aussi le titre d'un (excellent) roman de Coetzee.
Il me revient encore en mémoire que Lawrence Durrell évoque souvent Cavafy dans Le Quatuor d'Alexandrie (ainsi que la ville évidemment).

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Constantin Cavafy Empty Re: Constantin Cavafy

Message par Invité Jeu 29 Oct - 19:14

J'ai presque fini le recueil de ses poésies, et Bix tu as mentionné deux de mes préférés avec : Choses tues, et Voix. cheers

A noter que l'illustration de la revue Europe est de David Hockney.

Une belle découverte pour moi, que ce Cavafy ! Et en effet, ça donne envie de se replonger dans le Quatuor d'Alexandrie, ou chez Cossery !

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