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Le Québec

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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 26 Jan - 8:15

Je prendrai le temps de revenir sur certaines régions du Québec. Je n'ai pas tant voyagé au Québec, mais je connais certains bouts et le Québec se découvre à partir de la lorgnette de plusieurs villes, petites comme grandes. Pendant longtemps, Montréal a été mon sujet de prédilection. J'ai également parlé des Îles-de-la-Madeleine... Bref, ma conscience est avant tout insulaire et elle a quitté une île pour une autre île. J'habite désormais à Laval depuis un peu plus d'un an.

Puisqu'il faut parler des Îles-de-la-Madeleine et de la Gaspésie, je mettrai l'attention sur les Croquis laurentiens rédigés par le Frère Marie-Victorin. Il a parlé des Îles-de-la-Madeleine. J'y reconnais des traits :

L’Île du Havre-au-Ber — que les Anglais persistent à appeler Amherst — est le centre administratif des Îles de la Madeleine. Le long croissant de la dune y dessine le plus magnifique et le plus sûr havre de pêche. On y trouve d’ailleurs tout ce qui fait la gloire des pays civilisés, depuis les négociants, la banque et les médecins, jusqu’à une prison et un geôlier. Disons tout de suite cependant, pour ne pas avoir à y revenir, que le pays étant exempt d’avocats ne compte pas de criminels, que les princes de la chicane — comme les bancs de harengs — n’y font que passer durant la saison d’été, et que le paternel greffier, suivant une ancienne tradition, a bien soin d’accorder les parties en difficulté avant cette invasion périodique. Il en résulte que, s’il y a prison, il n’y a pas de prisonniers, ce qui permet au geôlier de se consacrer au service des autels — service auxiliaire s’entend — de chanter au lutrin, de faire sonner l’enclume et de pêcher comme tout le monde.

[...]

Laissant derrière soi ces choses nouvelles que l’on se propose de revenir considérer en détail, l’on grimpe tout de suite le coteau où se disséminent les maisons des notables et les bureaux administratifs. Plus loin, la blancheur de l’église se détache sur les formes mamillaires de la Grande Demoiselle. Les Demoiselles sont deux collines hémisphériques arrondies comme au compas, couvertes d’une herbe rase comme velours, et terminées à pic sur le bord de la mer qui les ronge. Cette particularité des Îles de la Madeleine a son explication dans la structure géologique de l’archipel, reste insignifiant d’une terre disparue, qui unissait Terre-Neuve, la Gaspésie, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, terre de grès rouges ou gris, parsemée de masses de gypse blanc comme neige, et dont l’affaissement a formé le Golfe Saint-Laurent. Ces remarquables profils mamillaires, que l’on rencontre sur presque toutes les Îles et auxquels les géologues étendent le nom des Demoiselles du Havre-au-Ber, sont dus au soulèvement volcanique des grès superficiels. La dent de la mer, jamais en repos, gruge les rochers, entame les demoiselles, dont certaines, au bord des eaux, semblent tranchées d’un coup, par la hache d’un titan.

[...]

L’Île du Havre-au-Ber est étranglée par le milieu, et les deux lobes qui en résultent forment deux paroisses distinctes : le Havre et le Bassin. Bien qu’éloignés de trois à quatre milles du port, les Bassiniers sont plus nombreux que les gens du Havre. La promenade en voiture à travers l’Île ne manque pas de charme, à cause surtout de l’irrégularité des côtes et de la division des terres. Inconnue ici, la monotone succession des clôtures de perches, courant parallèlement vers un horizon rectiligne ! Les premiers Acadiens qui, fuyant le fair play britannique, débarquèrent sur les rivages des Îles, s’y taillèrent des domaines limités seulement par leur fantaisie et la nature du terrain. Les divisions successives, en morcelant la terre à l’infini, accentuèrent cette irrégularité si bien, qu’aujourd’hui, les petites maisons blanches sont éparpillées sans ordre apparent comme une volée de goélands au repos sur une plage.

Ai-je dit que, au cours du temps, et pour les besoins du chauffage et de la pêche, les Îles ont été quasi complètement déboisées et que, faute de bois, les Madelinots brûlent tous le charbon de Pictou ? À l’est du Bassin cependant, il y a la Montagne, une très modeste montagne encore couverte d’une très modeste forêt. Au-delà, passé l’ancienne dune fixée par les épinettes et les lauriers, se déploie le Havre-aux-Basques, formé par l’île du Havre-au-Ber, l’Île de l’Étang-du-Nord et deux longues dunes — un grand havre aujourd’hui presque entièrement ensablé, où s’attachent des souvenirs qui sont quasi de la préhistoire. Québec n’était pas encore que déjà de hardis corsaires de Saint-Malo et des Basques de Saint-Jean-de-Luz y faisaient de fabuleuses chasses de morses et de phoques. Nous savons aussi que dès avant 1600, les aventuriers anglais Drake, Leigh et Wyet étaient chassés à coups de canon par deux cents français et sauvages campés au Havre-aux-Basques.

Je ne crois pas qu’il me soit possible d’oublier jamais le spectacle qui frappa mes yeux lorsque, vers six heures du soir, notre jeune conducteur, ayant stimulé sa bête pour lui faire franchir un bourrelet de sable mou, nous arrêta sur la plage presque sans limites du Havre-aux-Basques. Le jour avait été superbe, lumineux et sans brume, et le soleil descendait lentement derrière l’Étang-du-Nord. La marée était basse. Devant nous l’immense plaine de sable humide, ridée par les courants de la mer en retraite, présentait aux fulgurations de la lumière mourante une alternance infinie d’étroits lisérés de sable d’or et d’argent liquide. Loin, très loin, minuscules dans l’étendue, se silhouettaient, immobiles, les petites charrettes des pêcheurs de coques. Le mirage doublait, haussait ces profils dispersés jusqu’à en faire, dans le grand calme vespéral, des méhara agenouillés pour laisser les chameliers arabes tourner leurs yeux priants vers une Mecque invisible. Si vaste était le tableau, si impressionnant le silence, que nous demeurions là, sans rien dire, subissant avec délices cet enivrant travail de conception par quoi la nature engendre en nous l’émotion esthétique.

Source : https://fr.wikisource.org/wiki/Croquis_laurentiens/25

Je vous laisse sur cette image d'Havre-aux-Basques :

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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 26 Jan - 8:47

Et comme vous savez, j'apprécie beaucoup le patrimoine québécois. J'ai connu la chance de visiter une ville du nom de Louiseville alors que je faisais un voyage entre Montréal et Québec à bicyclette en faisant des escales. J'ai été fortement marqué par l'esprit de cette ville qui contient plusieurs vestiges historiques et qui existe à un niveau villageois et où les rues peu nombreuses recréent l'esprit d'une communauté. L'écrivain québécois Jacques Ferron y a grandi :

https://www.ledevoir.com/societe/528847/la-maison-natale-de-jacques-ferron-en-vente
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Message par Bédoulène Mer 26 Jan - 9:18

merci Jack, j'apprécie l'extrait que tu as posé. Description qui porte ambiance.

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