Daniil Harms
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Daniil Harms
source : Editions MesuresDaniil Youvatchov choisit très tôt le pseudonyme de Harms (qui tient à la fois du Charme — carmen — et du harm britannique). Il commence son activité littéraire au sein des derniers groupes d’avant-garde encore autorisés par le nouveau régime soviétique et fonde avec ses amis comme les poètes Alexandre Vvédenski ou Nikolaï Zabolotski, l’Obériou (Union de l »art réel) qui revendique un art libre et le droit d’écrire en dehors de la doctrine du pouvoir. Très vite, pourtant, toutes leurs activités sont interdites et Harms ne publiera dans sa vie que deux ou trois poèmes. Arrêté une première fois en 1931, il revient à Léningrad mais ne peut plus vivre que d’expédients. Il poursuit une œuvre dont il sait qu’elle ne peut être que clandestine, et qu’elle peut donc être libre de toute auto-censure.
Ses textes, par leur absurdité même, sont devenus l’expression la plus fidèle, et la plus terrifiante, sans doute, de son temps — celle d’un monde d’une violence absolue, où la vie ne tient que de l’anecdote, et l’anecdote même devient métaphysique.
Arrêté une nouvelle fois en août 1941, il meurt de faim, pendant le Blocus de Léningrad, dans la section psychiatrique de la prison dans laquelle il est détenu. Ses textes, sauvés les par son épouse, Marina Malitch et son ami Lev Drouskine dans un immeuble détruit par les bombardements, seront diffusés peu à peu, et toujours sous le manteau, au cours des années 60 et 70 en même temps que des dizaines d’apocryphes. Les premières éditions scientifiques de son œuvre, qui comprend des traités philosophiques, des nouvelles, des proses courtes et des écrits en vers, sans compter ses journaux intimes, n’ont pu voir le jour qu’à la fin du XXe siècle.
Bibliographie :
Sonner et voler (poèmes), Gallimard, 1976
Écrits, Christian Bourgois, 1993
Anthologie de textes de l’OBÉRIOU [avec I. Bakhterev, I. Drouskine, L. Lipavski, N. Oleinikov, K. Vaguinov, A. Vvédenski, N. Zabolotski], Christian Bourgois, 1997.
La vieille, suivi de "Autobiographie", Saint Mont, 2001.
À titre posthume, récits choisis, Liberté, no 269 (septembre 2005), p. 111-130
Le tombement, L'Engouletemps, 2005.
Œuvres en prose et en vers, Verdier, 2005
Incidents et autres proses, Circé, 2006 et 2019; traduction qui a remporté une mention spéciale au Prix Russophonie 2007
Toujours à titre posthum, récits choisis, Liberté, no 272 (mai 2006), p. 57-67
Premièrement, deuxièmement, ill. de Marc Rosenthal, l'École des loisirs, 1996
Un tigre dans la rue, textes extraits de l'œuvre de Daniil Harms, ill. par Stéphanie Dallé-Asté, éditions Points de suspension, 1997
Cahier bleu, gravures en relief, livre d'estampes, 6 exemplaires, sur papier Himalaya, 33x45cm, 2010
Dreep- Messages : 1539
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Re: Daniil Harms
Poèmes et proses
Harms a écrit des centaines de textes courts "pour le tiroir" (ils n'ont été publiés qu'une vingtaine d'années après sa mort), poèmes, proses, mini-pièces de théâtres ou micronouvelles. Des "anecdotes" d'un quotidien de l'absurde où sans prévenir ni expliquer, la confusion s'installe, la violence éclate. Ce qui déclenche vite une sorte de pesanteur, c'est cette constante désintégration de l'individu ― le corps aussi bien que l'esprit : combien de jambes, de nez ou de têtes perdues... Typiquement, si la situation présentée a d'abord l'air assez banale, on constate successivement que quelque chose "ne va pas" une parole ou un acte sans cause, qui prélude de manière assez burlesque à l'anéantissement ou à l'altération des rapports humains. Si les mots "soviétique" ou même "dictature" ne figurent jamais dans cette œuvre semble-t-il (elle était jugée dangereuse et contre-révolutionnaire même sans cela, de toute façon) on ne peut la dissocier du monde que Daniil Harms a représenter, fait dégénérer par dérapages porteurs de sens. Il y a un côté absorbant dans ce comique joint à une noirceur très réelle, et l'on pousse un soupir en refermant le livre, car même si dans la forme ça n'a absolument rien à voir on l'impression de sortir de La Fin de l'Homme rouge.
Harms a écrit des centaines de textes courts "pour le tiroir" (ils n'ont été publiés qu'une vingtaine d'années après sa mort), poèmes, proses, mini-pièces de théâtres ou micronouvelles. Des "anecdotes" d'un quotidien de l'absurde où sans prévenir ni expliquer, la confusion s'installe, la violence éclate. Ce qui déclenche vite une sorte de pesanteur, c'est cette constante désintégration de l'individu ― le corps aussi bien que l'esprit : combien de jambes, de nez ou de têtes perdues... Typiquement, si la situation présentée a d'abord l'air assez banale, on constate successivement que quelque chose "ne va pas" une parole ou un acte sans cause, qui prélude de manière assez burlesque à l'anéantissement ou à l'altération des rapports humains. Si les mots "soviétique" ou même "dictature" ne figurent jamais dans cette œuvre semble-t-il (elle était jugée dangereuse et contre-révolutionnaire même sans cela, de toute façon) on ne peut la dissocier du monde que Daniil Harms a représenter, fait dégénérer par dérapages porteurs de sens. Il y a un côté absorbant dans ce comique joint à une noirceur très réelle, et l'on pousse un soupir en refermant le livre, car même si dans la forme ça n'a absolument rien à voir on l'impression de sortir de La Fin de l'Homme rouge.
Dreep- Messages : 1539
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Re: Daniil Harms
Malheureusement pas lu La Fin de l'homme rouge de Svetlana Aleksievitch, ni Daniil Harms d'ailleurs...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Daniil Harms
Je note, si je rencontre sa route, mais pour un moment où j'en aurai le courage. (Je n'ai lu que certains des témoignages de La fin de l'homme rouge, c'était passionnant mais éprouvant.)
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Armor- Messages : 4589
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