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Message par Aventin Sam 9 Sep - 13:56

Histoire de t'encourager Arturo, voici le mien, à peine débarbouillé d'un message du 9 juillet 2014 sur Parfum:



Henri Bosco - Page 3 51f86g10

Malicroix


1948, 430 pages environ, huit parties inégales en taille (plutôt que chapitres), intitulées à cinq reprises d'un nom propre:
Mégremut, 40 pages environ, Dromiols 90 pages environ, La Redousse 50 pages environ, Un Sortilège 40 pages environ, Balandran 45 pages environ, Un nom de cette terre 100 pages environ, Halte 45 pages environ, Malicroix 20 pages environ.


Henri Bosco - Page 3 Bois-m10
Bois mort tombé des rives du Rhône dans le fleuve – île de Saxy en Camargue.

Un avertissement de l'auteur nous permet de situer, plutôt vaguement, ce récit (Bosco tient à cette appellation) dans les trois premières décennies du XIXème siècle, ce que quelques menus détails corroborent.
Mais en fait, il dégage une grande intemporalité.
Il s'agit d'un huis-clos.

Un homme jeune (25 ans) arrive pour succéder à son grand'oncle jamais connu dans une île du delta du Rhône, en Camargue. Comme Constantin de L'âne Culotte, il n'a pas été élevé par ses parents, mais par ses grands parents (voir la vie de Bosco...).
Ce n'est pas un hasard s'il arrive à la mauvaise saison naissante. Il est amené sur l'île, puis veillé et servi par un berger taciturne et efficace (Balandran), qui servait auparavant son grand'oncle Malicroix, et Balandran et Martial sont les deux seuls personnages du début de l'histoire.

Entrent ensuite, quelques temps plus tard, le notaire (Dormiols), flanqué d'un curieux personnage, émanant la fausseté et l'ambigüité, un certain Oncle Rat.
Dormiols se positionne assez nettement comme un anti-Malicroix, avec quelque appétit sur les terres, l'île, le troupeau. Il a barre, tant verbale que démonstrative, sur Martial.  
Mais il lui raconte par pans entiers ce qu'il lui manquait pour la compréhension de l'histoire (frisant la légende) des Malicroix des générations juste précédentes.
Dormiols fait irruption comme s'il occupait déjà les lieux, avec son lit et tout son nécessaire à dormir, grotesque sans doute, bien que le ridicule ne soit pas traduit par l'ambiance qui règne. Il révèle la teneur du testament, Martial doit ne pas quitter l'île de trois mois pour que la succession lui revienne. Martial rassure le notaire (va habilement dans son sens) en laissant entendre que dans quinze jours il sera reparti...

Là commencent de fortes pages, où les éléments naturels (pluie, vent, fleuve, arbres, faune sauvage...) sont décrits non pas lyriquement, mais leur intériorité, je dirais comportementale quitte à vous faire sourire, du moins en ce qui concerne le vent, la pluie, le fleuve...

Et un moment abasourdissant, la neige sur l'île, et le coup de folie de Martial, qui s'avère fondateur d'une relation renouvelée avec Balandran (c'est encore plus inouï, plus fort que la tempête comme passage).

On pourrait croire, au début, que l'île est un bateau posé sur le fleuve (hostile, animal, terrifiant, bien sûr très vivant, le fleuve, dans l'esprit de Martial).
Et donc qu'il s'embarque pour trois mois de croisière immobile, un rien sans doute ennuyeuse, embedded - c'est le prix à payer pour le testament...
Ou encore que cette épreuve est une claustration volontaire, un sale temps de peine à écouler...

Mais pas du tout. Tout faux. D'ailleurs Martial dément Marguerite Yourcenar dans sa célèbre affirmation: "On ne peut attendre d'un prisonnier qu'il ne fasse pas le tour de sa geôle". Martial ne se rue pas à la découverte de l'île, qui conserve, jusqu'au bout du dernier chapitre, du moins peut-on le croire, des parties inconnues pour Martial, qu'il n'a pas explorées. C'est donc bien qu'il n'est pas venu vivre une claustration de l'ordre de peine privative de liberté...

Cette solitude n'est pas non plus érémitique, puisque l'ermite va au désert, ou en forêt, en montagne, dans des contrées en tous cas peu finies, si ce n'est par les propres "limes", les confins que l'ermite s'impose plus ou moins.
Elle serait davantage monastique, avec une Règle, liée à une mystique, et un rituel des lieux ordonnancés, par la force de l'habitude, par Balandran, qui serait non pas le prieur, mais le frère convers subalterne, seul survivant-dépositaire qui connaisse la liturgie des heures...
Sauf que cette (piètre) comparaison s'arrête là, restitue certes l'ambiance mystico-tellurique, mais pas du tout le paganisme splendide qui affleure à pleines pages (très antiques sans doute les références, à quelles sources Bosco est-il aller puiser ?).

Entre Martial et le berger mutique, qui ne parle que pour la nécessité et jamais pour l'échange, Martial et les lieux, le chien, le feu, le lit, la table (le décor est nu à La Redousse - murs chaulés, du plus simple appareil, un âtre, une table, pas un livre...), on assiste à une nouvelle naissance.
Le Mégremut devient-il Malicroix, tout en restant Martial, et comment ?
La suite de son séjour est toute intériorité, et je dois dire que l'écriture de Bosco est de première force dans l'exploration intérieure.
Des petits riens des propos du héros (c'est écrit au "je" narratif, celui de Martial) qui véhiculent la traduction de la déprise du langage qui était le sien et l'adaptation à celui de Balandran, probablement celui de feu Malicroix. Un tour de maître de Bosco.

Et puis, il y a ces sept huttes, qui constituent avec la demeure de La Redousse et un modeste appontement le seul bâti de l'île.
Sept huttes disséminées, comme une constellation astrologique. L'accord des différents états par lesquels passe Martial - ses langueurs comme ses joies - tout est tempéré, lissé par le rapport au lieu, prégnant, le fait d'en apprivoiser les codes, d'en apprendre le s'y comporter, le savoir-être (un Malicroix ?).  

On découvre le clan des éleveurs taurins (les Rambard) et l'opposition vis-à-vis des éleveurs ovins, nobles de surcroît (les Malicroix). Apparaît le personnage du passeur-aveugle, ainsi qu'une jeune fille (qui se fait dénommer Anne-Madeleine...si, comme moi, vous sortez de la lecture de L'âne-culotte...) qui veille sur Martial malade et très faible, et qui veille aussi sur l'île, et sur Balandran, encore plus malade et absent de l'île. Oncle Rat se dévoile. Martial, sur les indications de Balandran, trouve le codicille et s'embarque pour une nouvelle épreuve.

A l'occasion d'un séjour printanier, il revoit sa famille, et déjà sa nouvelle vie est inscrite en lui, là encore j'ai admiré l'habileté de Bosco, pour nous avoir fait éprouver ce très intime glissement progressif vers un Martial autre, comme si nous connaissions le Martial "Mégremut" et que nous puissions jauger... Quel art faut-il, pour le faire sonner comme une évidence, en peu de mots...  

Mais ne dérapons pas; déjà trop dit sur l'histoire elle-même - laissons la fin intacte - on ressent des accents baroques à ce final, confidence (mais ne le répétez pas): victime de quelque hallucination auditive sans doute, j'ai cru entendre jouer Purcell en tournant les pages !
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Message par Tristram Sam 9 Sep - 15:05

Aventin, ton commentaire approfondi me conforte dans mon intention de lire Malicroix

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Message par Aventin Sam 9 Sep - 20:53

Bonne idée Tristram, je ne sais plus où j'ai lu que c'était le préféré de Bosco, parmi tout ce qu'il a pu publier.

Sinon, bien entendu d'accord avec Arturo:
Arturo a écrit: Bosco est définitivement à déterrer. drunken
Et bien sûr d'accord avec ArenSor, j'ajoute comme Francis Jammes et quelques autres, on ne comprend vraiment pas pourquoi les honneurs de La Pléiade lui sont refusés  confused .

J'ai la conviction que Bosco laisse une œuvre littéraire à modus operandi (ainsi, plutôt en lire plusieurs sur une période de temps resserrée, à cause des multiples renvois, échos et correspondances de livre à livre, qui ne sont en aucune manière des redites ni des personnages dont Bosco ne parvient pas à se débarrasser) ainsi que des portes d'entrées, mieux vaut entrer par Le Sanglier, Le Mas Théotime, voire à la limite L'Âne-Culotte que d'aller se lancer directement dans Un rameau de la nuit ou dans Hyacinthe...

Curieusement le Bosco que j'ai le plus relu, sans parvenir d'ailleurs à en sortir le moindre commentaire sur le forum, c'est Antonin.


Dernière édition par Aventin le Sam 9 Sep - 21:01, édité 1 fois
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Message par églantine Sam 9 Sep - 21:00

Aventin a écrit:

le Bosco que j'ai le plus relu,  c'est Antonin.
Alors je vais l'ajouter derechef à ma PAL.
Et oui : lisez BOSCO . C'est un auteur important .Pour moi un vrai grand classique.
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Message par Tristram Sam 7 Oct - 21:14

L’enfant et la rivière

Henri Bosco - Page 3 L_enfa10

Le jeune Pascalet vit avec sa famille à la campagne. Le fascine la rivière interdite, où pêche le braconnier Bargabot, et un jour, n’y résistant plus, il s’y aventure. Échoué sur une île, Pascalet sauve Gatzo, petit prisonnier des Bohémiens, et tous deux vivent en amitié dans les paradisiaques eaux dormantes d’un bras mort. Jusqu’à faire la rencontre d’Hyacinthe, et de son âne Culotte, puis…

Cette claire lecture a fait remonter en moi des souvenirs, d’enfance, et surtout de nature… Elle m’a aussi ramentu La Boîte à pêche de Genevoix, et bien sûr Les aventures de Tom Sawyer, de Mark Twain.

« Les éclairs s’ouvraient et se fermaient comme des ciseaux de feu. »

« Dès lors nous menâmes une vie passionnante. Nous avions dans nos mains la nourriture ! Quelle nourriture ! Car ce n’était pas là un aliment banal, acheté, préparé, offert par d’autres mains, mais notre nourriture à nous, celle que nous avions pêchée nous-mêmes, et qu’il fallait nettoyer, assaisonner, cuire nous-mêmes.
Or, les pouvoirs secrets de cette nourriture donnent à celui qui la mange de miraculeuses facultés. Car elle unit sa vie à la nature. C’est pourquoi entre nous et les éléments naturels un merveilleux contact s’établit aussitôt. L’eau, la terre, le feu et l’eau nous furent révélés. »

« J’éprouvais alors une feinte terreur. Elle m’était bien agréable. Car lorsqu’on se fait peur, en créant un danger invraisemblable, on sait évidemment que l’on ne risque rien, mais on a tout de même peur. Et c’est un plaisir des plus merveilleux. »

« Quand on a une arme, on s’en sert, fatalement. On tire pour tirer. Par malheur on n’aime pas tirer sur rien. On cherche vite un but. Je n’en sais pas de plus tentant qu’un bel oiseau. »

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Message par Nadine Lun 15 Oct - 15:54

Henri Bosco - Page 3 Index13

Le Mas Théotime

J'ai enfin relu Le Mas Théotime. Je l'avais reçu avec fulgurance au point de ne me souvenir de rien, 10 ans après. J'ai aussi relu tout ce fil, attentivement. Toutes et tous vous rendez hommage formidablement à la richesse qui s'y trouve. Je ne vais donc ajouter que quelques points.
Shanidar. Shanidar parle d'un roman "ourobouros". Elle fait écho , ainsi, à ce que je méditais de formuler, sur le plan du style, du genre, du contenu ou disons de la chair des mots : oui il ya une espèce de volute cerclé hyper dense qui est produit par le style de Bosco, toute l'histoire qu'il raconte s'appuie tantôt sur un rebord, tantôt sur une ravine, tantôt sur l'estrade d'un pic, et toujours revient au noyau, au mas, puis s'en défait un peu , sans en lâcher toute sa surface. c'est une écriture possédée par la propriété terrienne.  c'est la fureur et la passion terrienne, mais de la terre que l'on possède.

Humble, nourri, soumis ou maître d'oeuvre mais possédant. A travers une lignée.A travers "le sang".

cette passion d'être possédant est magnifiquement démontrée, en quoi elle amène et dirige tout faisceau d'action, d'âme. Il ya certes les métayers, la famille Alibert, qui possède la juste posture face au corps de la nature et de ses fruits, donnés ou gagnés, mais le narrateur imprime nettement cette force. Et j'en ai été jalouse. Totalement. Oui , je sais la jalousie semble toujours être un bubon, elle a pourtant sa vertu , juste là où jaillit le regret de ne pouvoir comme Pascal porter un regard si légitimement assis sur son environnement. Depuis que je vis en zones rurales, j'apprends à reconnaitre les caractères qui font écho à cette place sur terre, si particulière. Dans ma vie , j'ai pu voir des possédants de biens immobiliers, mais de biens agraires, ça a été tardif. Et j'y reconnais cette force, passion, violence, parfois, ou tendresse. cette relecture m'a beaucoup nourrie à ce niveau, Bosco sait dire et le formuler dans sa  subtilité d'une manière impressionnante . Il transmet le génie qui réside à savoir lire un lieu. Aussi.

L'autre point qui m'a sidérée et qui m'a impressionnée est la peinture de caractère du héros. Pascal est lâche, il le vit ainsi, il est violent, souvent, jaloux (justement, tiens), assez égocentrique pour être trop immergé dans ses émotions et n'être que le dernier à comprendre un certain nombre de noeuds.
Les Alibert savent mais se taisent : lui, c'est le maitre.
Ils attendent et veillent. Lui il observe son âme, et veille à la relier , dés une carence en elle éclose, à la force et logique du lieu. De l'art de faire allégeance au Don qui lui a été fait.
Un sentiment perturbant : Pascal , jusqu'au bout, n'aura aucunement l'initiative d'offrir à Geneviève le fameux drap brodé d'un sacré coeur, symbole de "réparation". Qu'elle râte sa vie ? : il l'aime, ça lui suffit, et il reste sagement au seuil du mystère de ses réticences. Elle est marquée, depuis toujours. comme il l'est aussi, par son âcreté ambivalente de coeur, que son rôle de proprietaire de Théotime sauve. Il y a un fatalisme et une forme annoblie des limites à l'altruisme qui m'ont un peu marquée. On n'en a jamais parlé sur ce fil, et c'est peut-être toute une cosmogonie pourtant.
Et toute cette âme, Bosco la détaille, nous invite à en recevoir l'introspection insensée d'honnêteté et jamais, ja-mais, n'en déduit qu'il en soit un anti-héros pour autant. Non. Sa lutte émotionnelle existe, mais non pour devenir meilleur (il ne se ferait devenir jamais quelque chose, il s'offre à être palpé par les forces de la nature, il cherche juste à se réallonger dans le lit de l' Existence et à ses lois dures et justes ). Bosco crée donc un personnage vraiment très singulier. c'est un des attraits fondamentaux à mon avis. Il semble construire une conscience d'élite dédouannée de toute culpabilité. c'est tres intéressant, d'autant que le fond catholique est présent dans la trame narrative , et s'y articule en partie. J'ai même le sentiment qu'y sous-tend une thèse quasi mystique . Qui aurait à voir avec la légitimité ou la notion de bouc-émissaire.

cette relecture m'a donc encore une fois beaucoup happée, mais m'a donné à voir des forces discursives plus complexes, qui me donnent particulierement envie de connaitre l'auteur. Je vais à l'avenir essayer de lire sur lui, il a une manière très personnelle de creer un corpus de sens total.
Juste pour finir, souligner tout comme vous l'avez déjà fait la force très marquée de sa poétique. On pourrait aisément en faire un film, les images sont fabuleusement fortes.



Dernière édition par Nadine le Lun 15 Oct - 19:35, édité 2 fois
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Message par Tristram Lun 15 Oct - 16:14

C'est déjà un téléfilm, que je n'ai pas vu. Ton commentaire est éblouissant, Nadine, il suscite toute la profondeur de Bosco !

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Message par Nadine Lun 15 Oct - 16:45

c'est qu' en fait je suis Bosco, j'avoue. (ah ah jocolor )
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Message par Tristram Lun 15 Oct - 17:27

Dès que je trouve l'exemplaire du Mas Théotime que je cherche depuis fatigué, tu me le dédicaces ?

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Message par Nadine Lun 15 Oct - 17:38

Henri Bosco - Page 3 1798711736 hu hu
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Message par ArenSor Lun 15 Oct - 19:17

Très beau commentaire effectivement nadine cheers Je n'avais pas perçu Le Mas Théotime sous cet angle ou de manière confuse car comme beaucoup d'entre nous, j'ai des ancêtres "paysans". De Bosco, j'ai tendance à m'attacher au style que je trouve envoûtant plutôt qu'à l'histoire. Tu me donnes envie de relire ce roman, c'est le privilège des grandes oeuvres Very Happy
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Message par Nadine Lun 15 Oct - 19:32

Relis, relis ! Vous me flattez mais si ça émule, tout comme les contributions précédentes m'ont redonnée envie d'y aller voir, alors tout est bien .
D'autant que , remarquable mis à part, l'oeuvre dans son fond m'a bousculée. c'est aussi le roman de l'acrimonie, qui dépeint puissamment l'énergie étrange d'altruisme limité, circonspect, mais pourtant menant à l'adoubement, je ne sais pas si vous me suivrez là-dessus. L'énergie qui meut Pascal est très complexe, il est peu aimable , presque veule parfois, en conscience, or, tout le monde l'aime. Peut-être parce qu'il ne doute jamais de l'assise profonde qui le constitue.

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Message par Nadine Lun 15 Oct - 19:47

Bix donne peut-être écho à ma sensation, lorsque pour Hyacinthe il évoque le rôle de l'amnésie des protagonistes et sa teneur symbolique. Justement à cause de ce point de commentaire, ce sera peut-être le prochain que je lirai. (Mais relire "lenfant et la riviere me tente aussi beaucoup : imaginez : 33 ans après. Tentant.)
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Message par églantine Lun 15 Oct - 19:51

Nadine a écrit:Henri Bosco - Page 3 Index13

J'ai même le sentiment qu'y sous-tend une thèse quasi mystique . Qui aurait à voir avec la légitimité ou la notion de bouc-émissaire.
Il faudrait que je relise Le mas pour pouvoir en discuter mais certes une dimension mystique se dégage de l'ensemble de son oeuvre !
Oui oui immense auteur , merci Nadine ! Henri Bosco - Page 3 1304972969
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Message par Nadine Lun 15 Oct - 20:00

Vous m'avez tous donné envie de le relire, et je vais découvrir, aussi.
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Message par Bédoulène Mar 16 Oct - 7:56

merci Nadine pour ce commentaire fouillé !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par bix_229 Sam 23 Fév - 15:05

Malicroix

Henri Bosco - Page 3 51f86g10

Martial Negremut, le narrateur de cette histoire vit dans un pays aimable et ensoleillé, fleuri et arboré, cultivé amoureusement par sa famille. Orphelin, il a été recueilli et élevé dans l'affection la plus attentive et chaleureuse. Oncles, cousins, ils sont tous unis, doux , patients, liés par les mêmes intérêts et leurs actes bien réglés et sociables. Martial est botaniste et c'est là qu'il exerce ses activités qui le passionnent. Lui aussi ressemble à sa famille, mais il a dans le sang quelques gouttes de sauvagerie. C'est pour cela sans doute q'il est attiré par un grand oncle, farouche et solitaire qui vit sur une île du Rhône en Camargue. Malicroix ; c'est là qu'il vit seul et il ne rend visite à personne.

L'aïeul meurt et, à la surprise générale, il choisit Martial comme héritier. Sous réserve de certaines clauses. Malgré la désolation familiale, il accepte et rejoint la demeure des Malicroix. La demeure est isolée, ancienne, mais très propre. Un vieil homme taciturne entretient le feu, nettoie  et prépare les repas.

C'est l'automne. Le vent et la pluie balaient la maison et les environs. Martial se sent seul et il déteste le fleuve qu'il craint. Il envisage déjà de repartir. Mais quelque chose le retient et la présence du défunt Malicroix plane sur la demeure et imprègne l'âme de Martial. Là dessus arrive le notaire, un ogre gigantesque, maléfique et pervers, escorté d'un gnome à ses ordres. Une guerre d'abord larvée mais rapidement violente et meurtrière, va les opposer. Et l'esprit de résistance et de révolte s'éveille en Martial. Il s'est rendu compte en effet que le notaire n'a qu'un but, s'emparer du domaine en évinçant Martial par tous les moyens.


C'est une histoire très singulière qui s'amorce et se déroule sous les yeux du lecteur. Ni un roman proprement dit, ni une confession. Une aventure entre rêve et réalité. A la limite du délire souvent. Certains y verront un itinéraire mystique, c'est en tout cas une quête spirituelle qui imprègne et mobilise totalement.

De Bosco, c'est probablement le livre le plus riche, où l'on retrouve toute la symbolique de l'auteur. Une oeuvre tellement dense qu'en retirer une seule ligne pourrait détricoter l'ensemble. Et, contrairement à ce qu'on pourrait craindre, le livre se lit facilement. Et jamais l'intérêt ne faiblit, entretenu par un esprit d'aventure digne d'un Stevenson ou de Conrad. Les personnages sont tous hors norme. Dans le bien comme dans le mal ou dans l'ambivalence, comme Martial, dont le caractère rêveur est d'une grande douceur naturelle mais avec des pulsions sauvages  irréductibles.



Un livre tout désigné pour les amoureux de Bosco, une plateforme d'envol pour Eglantine !
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Message par Nadine Sam 2 Mar - 19:07

Ah Bix c est frappant d'y retrouver des problematiques similaires à Mas Théotime, moi qui étais très intriguée je tâcherai de lire celui là ensuite.
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Message par Tristram Sam 27 Avr - 0:57

Le mas Théotime

Henri Bosco - Page 3 Le_mas10

Pascal, le narrateur, est un solitaire (sauvage, voire violent), attaché à la terre, chez qui « deux sangs ennemis » se combattent, les Dérivat et les Métidieu, dont Geneviève l’aérienne, son amie-ennemie d’enfance. Et les ombres de ces sangs demeurent paisibles dans le mas.
« L’air n’est pas mon élément, mais la terre ; et j’aime les plantes parce qu’elles vivent et meurent là où elles sont nées. »
Il y a dans ce livre toute l’âpreté paysanne, sa conformation à l’effort, sa rouerie aussi, encore la sensibilité à son monde, où tout semble perpétuellement épié.
Les personnages sont campés avec bonheur ; les braves Alibert comme le terrible Clodius, ou encore le policier Rambout (il y a aussi un côté polar dans ce bouquin : on s’y demande qui est l’assassin…)
Précises descriptions (notamment des silences !)
Beaucoup de mystère ; quelques signes (ainsi l’intrus est confiné dans le « cœur de la maison », ce grenier d’herboriste où Geneviève n’a pas eu le droit de pénétrer).
« La terre, libre du joug agricole, est rarement d’une compagnie rassurante. Il faut, pour soutenir un long tête-à-tête avec elle, une âme singulièrement robuste. Car, à la moindre défaillance, elle nous secourt aussitôt de ses forces, et nous en sommes peu à peu pénétrés jusqu’à n’obéir plus à nos volontés intérieures, mais aux puissances de la Nature. »

« Nous commençâmes, de bonne heure, par le carreau d’engrains qui est au sud de L’Aliberte. C’est un blé très rustique ; et je l’aime bien. Plus un blé est vêtu, rude, coloré, plus il me semble un vrai blé de la terre. Pure question de sentiment, sans doute. »

« Je suis extrêmement sensible aux vertus de l’été ; et, quoique je sois né sous un signe orageux de l’automne, je vis surtout au moment des grandes chaleurs. Alors la terre me transmet plus facilement son ardeur ; et je communique avec elle, dans la veille et dans le sommeil, avec une puissance accordée au rayonnement de la matière. Quelquefois je tombe, accablé par cet afflux de flammes ; et je subis d’un coup la fatigue terrible d’un ciel sec et blanc de lumière. Les nuits même, noires, touffues, surchargées d’astres, m’écartent souvent du sommeil et me donnent le désir de la fraîcheur. Pourtant c’est là que je me plais ; là que je prends mes joies réelles ; et je tends, chaque année, vers les hauts de l’été, par un mouvement naturel du sang. »

« D’abord, apparemment, je n’en parus pas très touché ; mais aussitôt, avec une clairvoyance bizarre, je compris que j’allais tout de même souffrir.
La souffrance se fit un peu attendre ; mais elle vint. Elle vint d’en bas, du fond. Ce fut cette masse de chair, de sang, de vie, tout humide encore, et qui fume habituellement au-dessous de mon âme, qui monta. Dès qu’elle m’atteignit, un choc sourd ébranla mon cœur encore calme et une petite amertume s’infiltra dans mes veines, puis s’étendit. De mon corps, saisi peu à peu par ce poison actif, le mal s’éleva jusqu’aux parties obscures de mon âme, et tout l’édifice fut ébranlé. D’un point noir situé en moi, qui se mit à vibrer, de grandes ondes se formèrent avec une rapidité croissante ; et, au bout d’un moment, leur intensité devint telle que, sous ces vibrations, ma lucidité vacilla et je fus aveuglé par les vapeurs d’une ivresse sombre, cruelle, chaude. Je souffrais bien. Plus j’allais, plus ma souffrance se rapprochait de moi. Bientôt elle m’enveloppa de la tête aux pieds ; et je sentis qu’elle me touchait, me palpait, pénétrait, imprégnait, occupait les lieux vides de mon être, jusqu’à chasser irrésistiblement de ma conscience épouvantée tout ce qui n’était pas elle. Cette douleur, ce n’était plus la douleur de Pascal, c’était Pascal. Pascal souffrait. En deçà, en delà de lui il ne restait plus rien. Mais là où brûlait sa douleur Pascal vivait. Aucun lien ne m’attachait plus à ma personne ; car je n’avais plus de personne. J’habitais un délire, une onde, qui me faisait tourner rapidement, et, du cœur de ce tourbillon, l’acuité d’une pointe de feu me transperçait. »
J’ai retrouvé dans ce roman le fantastique ma non troppo de Bosco : énigmatique maladie de langueur qui décime les deux familles alliées en déchéance, rêve du lac qui visite ses membres « tous à la fois, pendant la même nuit », Geneviève et la harde des sangliers.
Se lit avec grand plaisir : les phrases coulent avec aisance, un certain suspense maintient alerte. Un vrai beau roman, qui ne peut se réduire à un commentaire.

L’ermas dont parle Bosco vient du latin eremus emprunté au grec eremos, "friche, désert" ; ici, en occitan, c’est une terre négligée, abandonnée, plus qu’inculte. Les terres novales, ce sont celles qui ont été récemment défrichées.
Pendant qu’on y est, le pesquié est une pièce d’eau, un réservoir ou un vivier.
(Sous réserve de correctif des gens du cru...)

(Pour revenir au commentaire de Nadine, je vois en effet une dimension mystique dans ce livre, mais quelque chose de confus, un peu syncrétique, incluant un tellurisme païen ‒ le sanglier par exemple ‒ et les religions chrétiennes ‒ catholique, réformée.)

Mots-clés : #psychologique #lieu

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Message par Bédoulène Sam 27 Avr - 8:00

merci Tristram, tu fais remonter les souvenirs !

le pesquié est un bassin, voir celui de Cucuron !

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