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Recettes culinaires et littéraires

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Message par Tristram Dim 30 Avr - 22:40

On trouve des recettes épatantes dans les romans, et pas que dans Rabelais, Alexandre Dumas père ou Zola. Un petit florilège pour le plaisir gustatif ?
Pour commencer, celle-ci, fraîchement découverte dans l'inépuisable Oblat, de Huysmans :
« – Des graisserons ?
– Des rillettes d'oie, si vous aimez mieux ; attention maintenant, car je vais vous révéler les diverses manières de les accommoder.
La plus rustique façon consiste à les étaler avec du beurre, sur du pain de maïs préalablement rôti. […]
– Vous apprêtez des tartines de l'épaisseur d'un doigt, vous les rôtissez sans les noircir et les arrosez modérément de vieux vin rouge et de quelques cuillerées de consommé ; puis vous enduisez d'une couche de graisserons ces tartines, vous les recouvrez avec un mélange très léger de moutarde et de beurre ; vous y ajoutez du poivre et de la muscade, selon votre goût et vous replacez ces tartines sur le gril, le temps de les réchauffer en dessous seulement. Vous les servez enfin sur une assiette chaude, après les avoir baignées d'un généreux cognac que vous allumez ; vos tartines flambent, telles qu'un pouding ou qu'une omelette soufflée, et c'est divin, conclut Mlle De Garambois, qui se renversa dans le fauteuil, les yeux au ciel.
– Est-ce dieu possible ! Soupira Mme Bavoil, en joignant les mains.
– Qu'est-ce qui est possible ? Demanda, en riant, Mlle De Garambois.
– Qu'une personne pieuse soit ainsi tentée par le démon de la gourmandise, et puisse inventer des choses pareilles !
– Mais je n'invente rien ; je me borne à propager, Madame Bavoil. […]
– Enfin, reprit-elle, vous avez bien saisi les nuances de ma recette ; je la résume ; griller les tartines, les mouiller de bouillon et de vin, les enduire de beurre et de moutarde, les remettre sur le gril, les tremper d'eau-de-vie et les allumer ainsi qu'un punch ; c'est compris ? »

Pour celles et ceux qui ont encore faim, quand Carlo Emilio Gadda se laisse aller dans La connaissance de la douleur :
« Quant à sa hure et à son naturel porcin, la fable alléguait du même ton, en additif à ce qui précède, comment tout un interminable été il n’avait consommé que langoustes en sauce tartare, merlans au court-bouillon pris dans des flots de mayonnaise, et, deux ou trois fois, du peje-rey ; et des pigeons rôtis à la casserole, en compagnie d’aromates et pommes de terre nouvelles, douces ma non troppo et rondelettes, déjà un peu défaites, et fichées dans la sauce issue de ces mêmes pigeons : eux, à leur tour, farcis, suivant une recette andalouse, avec de l’origan, du basilic, du thym, de la sauge, du romarin, du menthraste et du pimiento, des corinthe, du lard de truie, des cervelles de poulet, du gingembre, du poivre rouge, des clous de girofle, outre d’autres pommes de terre, à l’intérieur, comme si ne suffisaient point celles mises là en garniture, c'est-à-dire hors le postère des pigeons ; lesquelles étaient maintenant devenues chair seconde, elles aussi, tant elles s’étaient incorporées audit séant : comme si l’oiseau, une fois rôti, se fût doté d’entrailles plus conformes à son nouvel état, de poulet à la casserole, mais moins gros et plus gras, puisqu’il était pigeon.
Et ces pommes de terre du dedans étaient, non moins d’ailleurs que celles du dehors, extrêmement farineuses au contact premier de la langue, sur laquelle cependant, dès qu’il fourrait la cuiller, car cuiller devait y pourvoir, le goulâtre, elles se déliquescençaient aussitôt en une seule et même pâte conjointement à leur enveloppe charnue, savoir l’animal évacué puis refarci, avec saveur générale de romarin ou, à s’y attarder, de basilic, prompt à céder le pas, puis bientôt laisser le champ libre, au feu maudit du poivre de Cayenne. Car il mastiquait tout en bloc, patates, pigeonneaux, porc, cervelles et lardons, poivre et clous (de girofle), les imbibant après coup, qui n’avaient pas encore atteint le fond, avec des crus choisis des pentes préandines : pour les poissons en revanche, et la langouste, cap de diou ! des petits blancs extra-secs, surlimpides, entre vingt-trois et vingt-huit centavos, du Nevado ou du Cerro Pequeño.
Et il exigeait, entre ses lèvres, la lèvre fine, meulée, d’un froid bohème, une vitrosité dessaisie d’épaisseur, une chasteté frigide, incorporelle : vierge cristal. En ces moments de dégoût, il abhorrait avec fureur les verres épais dessus la nappe verte, courtauds et de guingois, comme ceux du Torre Manoel, biseautés à la diable jusqu’à mi-hauteur, peccants de bulles d’air et de fêlures. Faute de mieux, pourtant, il ne serait pas allé jusqu’à les repousser : même ceux-là. Le transeat a me !, ce n’était pas son genre, à ce que disait la rumeur. »

Plus léger, mais quand même roboratif, Boulettes à la viande, de Jim Harrison, in Aventures d’un gourmand vagabond (pour accompagner des spaghettis) :
La Sauce
Versez une généreuse quantité d’huile d’olive supérieure dans le fond d’une casserole. Coupez en deux une douzaine de tomates et placez-les dans la casserole. Ajoutez à volonté de l’ail haché, du basilic frais et du thym. Faites cuire pendant environ une heure à cent cinquante degrés. Hachez grossièrement le résultat. Votre sauce est prête.

Les Boulettes
1 livre de paleron ou de veau haché
2 œufs battus
5 gousses d’ail
¼ de tasse de persil haché
3 ou 4 filets d’anchois, salés de préférence
Beaucoup d’huile d’olive extra vierge
Du sel et du poivre
½ tasse ou une tasse de miettes de pain frais

Faites sauter l’ail finement haché dans l’huile d’olive jusqu’à ce qu’il devienne translucide. Ajoutez les anchois et laissez fondre le tout, puis ajoutez le persil et faites réduire ; laissez refroidir. Mélangez la viande aux œufs. Ajoutez le mélange refroidi d’ail, d’anchois, de persil, de sel, de poivre et de miettes de pain. Façonnez vos boulettes de viande, mais pas trop grosses pour qu’elles n’éclatent pas. Faites brunir dans l’huile d’olive, puis cuisez-les lentement. Mélangez enfin à votre sauce tomate.

Petit en-cas pour cette nuit :
« Bonnes gens, ah qu’elle est belle l’estouffade qui mijote dans la grande marmite ! Des filets [de baiacu, poisson-globe ou coffre ou poison, tétraodon (tufu)] fumants blancs comme des angéliques, déjà presque à point, au délicieux fumet et garnis de gombos à la pointe cassée choisis avec grand soin, longs de plus d’un empan, bavant à souhait et donnant au plat toute sa saveur ; des tas de cornichons, quelques aubergines, des bananes plantains, deux ou trois patates douces, plusieurs tranches de courge, des tomates : des mûres et des plus ou moins mûres, des pommes de terre blanches, du manioc doux, une rondelle d’igname, du chou pommé, du chou frisé et un fruit de l’arbre à pain. Bref, rien que du nanan, les meilleurs ingrédients d’une grande estouffade, assaisonnée d’un jus de citron, de piment, d’une dent d’ail, de sel, d’oignon rouge et de coriandre comme si c’était de l’herbe, le tout pilé ensemble dans un mortier. »
João Ubaldo Ribeiro, « Vive le peuple brésilien », XVIII

Je vous passe la brouchtoucaille queneaullière, déjà proposée par Bix, et le chameau farci de T.C. Boyle (voir sur les fils correspondants) : il faut que je retrouve une jolie recette de Jorge Amado, mais où ai-je pu la mettre ?

En attendant, à vos fourneaux !

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Message par animal Dim 30 Avr - 22:53

(m'a l'air propice à l'imagination cet en-cas).

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Message par Tristram Dim 30 Avr - 22:58

Et (je te le retire de la bouche) à la sieste !!!

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Message par Bédoulène Lun 1 Mai - 7:53

bonne idée ce fil Tristram !

je n'ai plus le livre mais dans celui de Labat "Voyage aux Iles de l'Amérique " il y avait aussi recettes

(Chamaco pourra peut-être alimenter ce fil, il a aussi lu ce livre)

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Message par animal Lun 1 Mai - 8:30

Je vous reprends un petit dej du London Orbital de Iain Sinclair :

Notre petit déjeuner, dans le royaume très Mad Max de ces seigneurs de la guerre des déchets, est un plaisir. Une caravane, un auvent, des tables en plastique blanc. Les néons des stroboscopes. Une grosse dame avec des anneaux en or énormes aux oreilles. et un visage aussi peu singulier qu'une antenne parabolique. Des œufs par douzaine, prêts à être cassés au-dessus de la poêle. Sur les tableaux roses et jaunes, les spécialités de la maison sont écrites à la main : SANDWICH TOASTE, PLUSIEURS GARNITURES A PARTIR DE 1,50 £. En France, un véhicule pareil serait apparu dans une dizaine de films. En Californie, sa réplique aurait sa propre série TV avec rires enregistrés.
Nous buvons jusqu'à la dernière goutte de ce qui ressemble à du café, léchons nos assiettes et nous félicitons d'être dans un endroit que nous ne réussirons jamais à retrouver; une épiphanie matinale au milieu des containers empilés et des hangars fabuleux. Le meilleur de l'Angleterre : à proximité d'un chemin de halage, de lotissements, d'un stade de foot, la tête plongée dans un "copieux petit déjeuner" (à 2,50 £), dans une culture qui ne connaît que le petit déjeuner. Sur un circuit où, bien trop souvent, les pubs équipés de micro-ondes ne vous servent plus après 14 heures et ne vous offrent rien de plus appétissant que des pelures de patates baignant dans des additifs qui anesthésient le goût.
Des gouttes de pluie crépitent sur l'auvent en plastique. Nous sommes dedans et dehors en même temps. En ville et cachés au loin. Le coulis de tomates en boîte macule de sang la bouche de Renchi, lequel exprime tout haut l'angoisse que nous partageons : à savoir que nous nous écartons trop de l'autoroute. Comme la Colne, nous devons repartir à l'ouest.
Après Batchworth, la Colne reste à l'écart du Grand Union Canal, elle vagabonde au sud à travers des zones industrielles et des fermes irriguées par les eaux usées, vers un essaim de petits lacs. Grâce à la Colne, nous rétablissons le contact avec la route. Mais il ne se passe rien par là, c'est une portion molle où la circulation ralentit et gronde avant le chaos, plus loin, de la M40, de la M41 et d'Heathrow. Les chauffeurs solitaires se recroquevillent sur eux-mêmes, en descente d'adrénaline. Ils trépignent comme des fondus de vitesse. Attendant l'horreur.

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Message par Tristram Lun 1 Mai - 10:45

Bien vu, Animal : ce n'est pas toujours appétissant...

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Message par Quasimodo Lun 1 Mai - 11:57

Le midi qui suit le petit dej d'Animal, pour une journée de cauchemar ?

Revenu sur ses pas, Wallas avise, de l'autre côté de la rue Janeck, un restaurant automatique de dimensions modestes mais équipé des appareils les plus récents. Contre les murs s'alignent les distributeurs nickelés; au fond, la caisse où les consommateurs se munissent de jetons spéciaux. La salle, tout en longueur, est occupée par deux rangées de petites tables rondes, en matière plastique, fixées au sol. Debout devant ces tables, une quinzaine de personnes - continuellement renouvelées - mangent avec des gestes rapides et précis. Des jeunes filles en blouses blanches de laborantines desservent et essuient, au fur et à mesure, les tables abandonnées. Sur les murs laqués de blanc, une pancarte maintes fois reproduite :
"Dépêchez-vous. Merci."
Wallas fait le tour des appareils. Chacun d'eux renferme - placées sur une série de plateaux de verre, équidistants et superposés - une série d'assiettes en faïence où se reproduit exactement, à une feuille de salade près, la même préparation culinaire. Quand une colonne se dégarnit, des mains sans visages complètent les vides, par derrière.
Arrivé devant le dernier distributeur, Wallas ne s'est pas encore décidé. Son choix est d'ailleurs de faible importance, car les divers mets proposés ne diffèrent que par l'arrangement des articles sur l'assiette; l'élément de base est le hareng mariné.
Dans la vitre de celui-ci Wallas aperçoit, l'un au-dessus de l'autre, six exemplaires de la composition suivante : sur un lit de pain de mie, beurré de margarine, s'étale un large filet de hareng à la peau bleu argenté; à droite cinq quartiers de tomate, à gauche trois rondelles d'œuf dur; posées par dessus, en des points calculés, trois olives noires. Chaque plateau supporte en outre une fourchette et un couteau. Les disques de pain sont certainement fabriqués sur mesure.
Wallas introduit son jeton dans la fente et appuie sur un bouton. Avec un ronronnement agréable de moteur électrique, toute la colonne d'assiettes se met à descendre; dans la case vide située à la partie inférieure apparaît, puis s'immobilise, celle dont il s'est rendu acquéreur. Il la saisit, ainsi que le couvert qui l'accompagne, et pose le tout sur une table libre. Après avoir opéré de la même façon pour une tranche du même pain, garni cette fois de fromage, et enfin pour un verre de bière, il commence à couper son repas en petits cubes.
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Message par animal Lun 1 Mai - 12:45

Et je vous réchauffe la pause Rambo de David Morrell :

Enfin, il descendit dans le fossé, s'installa sur l'herbe poussiéreuse et ouvrit son sac en papier.
Saloperie de hamburger. Il avait demandé beaucoup d'oignons et il se retrouvait avec une seule rondelle tout écrasée. La tranche de tomate était jaune et très fine, le petit pain huileux, la viande imbibée de gras de porc. Mâchant avec dégoût la première bouchée, il ôta le couvercle de son gobelet de plastique et pris une gorgée de Coca, se rinça la bouche et avala. Le tout une espèce de boulette doucereuse et vaguement écœurante, descendit d'un coup. Ce qu'il fallait faire c'était économiser le Coca de façon qu'il y en ait assez pour avaler les deux hamburgers sans en sentir le goût.

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Message par shanidar Lun 1 Mai - 13:03

(elle est de qui ta citation moderniste et effrayante, Quasimodo ?)
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Message par églantine Lun 1 Mai - 13:18

J'avais écouté une émission l'automne dernier sur La Comtesse de Ségur .
Une intervenante était venue présenter son livre au sein duquel elle a regroupé toutes les recettes issues de la littérature de Ladite Comtesse :
Recettes culinaires et littéraires  Les_pe10
Les Petites Recettes modèles : Inspirées des romans de la Comtesse de Ségur - Prix Antonin Carême 2007 :
Les Petites Filles modèles, Les Vacances, Mémoires d'un âne... Qui n'a pas vibré ou tremblé au rythme des bêtises de Sophie, des malheurs de Cadichon, et des infâmes punitions que la mère MacMiche inflige à Charles, ce " bon petit diable " ? Grand-mère gâteau, la Comtesse de Ségur, qui dédia chacun de ses romans à ses petits-enfants, parsème ses œuvres de goûters, de banquets, de fruits dérobés et... d'indigestions méritées ! Si Camille, Madeleine, Sophie, Marguerite, Jacques, Léon et Jean se contentent le plus souvent de bêtises anodines, la gourmandise n'est pas leur moindre défaut... De Paris et ses fêtes impériales à Smolensk, où le général Dourakine fait revivre pour nous la véritable cuisine russe, jusqu'aux Nouettes, en Normandie, où les spécialités d'antan rivalisent avec les goûters champêtres, les soixante recettes des Petites Recettes modèles nous replongent dans le monde plein de fantaisie de celle qui fit les délices de générations d'enfants... et les meilleurs souvenirs de leurs aînés !
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Message par Quasimodo Lun 1 Mai - 14:47

Ca, c'est l'horreur animal ! (Rambo ??) Il va falloir trouver un souper qui tienne la comparaison ...

shanidar a écrit:(elle est de qui ta citation moderniste et effrayante, Quasimodo ?)

C'est dans Les gommes !!
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Message par Tristram Lun 1 Mai - 14:57

La Comtesse de Ségur, ça a l'air plus engageant que la malbouffe US...
Pour rester dans la littérature, il y a aussi le roman-cuisine, Editions 1973, mais je ne sais pas si le succès est au rendez-vous ?

Je vous épargne (momentanément) Le Cru et le Cuit, co-écrit par Claude Lévi-Strauss et Jim Harrison, mais voici tout de même un peu d’ethnologie :  culinaire :
« D’un état originel d’insipidité, représenté par les Shirishanas, goût animal lié aux ressources de la nature, dont les aliments sont dénués de saveurs tranchées, on passe à un goût intermédiaire dont on peut saisir les premières manifesta-tions chez les plus évolués d’entre les Marikitares. Ces derniers en effet, à l’instar des populations indigènes moins pri-mitives, relèvent leur nourriture, identique à celle des Shirishanas, avec des piments, ou, à l’occasion, avec du sel. L’apogée de la civilisation gustative est représentée par notre monde occidental et se révèle, en dernière analyse, comme l’amorce d’un déclin. Alors que certains peuples, tels que le français ou l’italien, demeurent attachés à leur savoureuse cuisine traditionnelle, à base de sauces élaborées et de savantes macérations, d’autres peuples, mieux au fait de ce que l’on tient pour les tendances modernes, tels que les Américains et les Anglais, pratiquent en revanche une cuisine résolument invertébrée, bannissant les sucs et les ferments au profit d’aliments standardisés, en conserve ou semi-conserve. Aux saveurs et formes originelles s’est peu à peu substitué un type d’aliment neutre, idéal, sans caractère particulier ; mélange de doux, d’amer et de salé qui tend, en dernière instance, à la perfection des saveurs : un néant parfaitement équilibré. Dans le domaine des boissons, le phénomène est analogue : la consommation des vins a tendance à se réduire et la préférence va aux vins à bouquet mixte, indéfinissable, de couleur métissée, rosée plutôt que rouge. Sous l’aiguillon du progrès et de ses nécessités hygiéniques et commerciales, les goûts évoluent vers un nouvel état d’insipidité, à la fois scientifique, désolant et vitaminé. »
Alfonso Vinci, « Visages secrets de l’Amazonie »


Si on reste dans la street-food, je vais chercher des aperçus asiatiques (je ne suis pas encore remis du hamburger de l'animal, avec son nécessaire accessoire médicamenteux en phase liquide).

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Message par Tristram Mer 10 Mai - 22:06

« Mais les brioches à la soupe apparurent, toujours aussi fraîches, toutes chaudes dans les paniers de bambou, riches des saveurs combinées de la terre et de l’eau, avec l’ovale rouge du crabe tellement appétissant sous la lumière de l’après-midi. La délicieuse soupe contenue à l’intérieur de la brioche jaillit au contact de ses lèvres, avec un goût exquis et familier.
D’après un livre de gourmet, la soupe dans la brioche consiste en gelée de peau de porc mélangée à la farce. Chauffée à la vapeur, la gelée devient liquide. Il faut mordre avec précaution, sinon la soupe se répand et vous brûle la langue. »
Qiu Xiaolong, « De soie et de sang », 12

N'est-ce point exotique à souhait et délicieux en diable ?

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Message par animal Dim 21 Mai - 21:40

Je vous emmène chez Béatrix Beck avec Stella Corfou :

Pour se faire pardonner, Stella invita Hyacinthe à dîner avec les voisins dont elle avait décidé de faire des amis.
L'ex-Gilberte Sanpart prépara une daube comme le lui avait appris sa mère. Antoine s'étonnait toujours qu'elle pût faire une cuisine bourgeoise. Il l'imaginait rôtissant un hérisson dans la glaise, mitonnant un écureuil avec des pignons, écumant un bouillon de corbeau, emplissant le légumier familial à oreilles et couvercle surmonté dun bulbe bleu, d'oseille sauvage, d'orties, de bistorte. Sa gitane, sa divine sorcière.
Joyeux gueuleton, oh oui, où l'hôtesse essaya de forcer ses invités à manger et boire presque jusqu'à la nausée et l'ivresse.
- Tu veux que je me fasse tuer sur la route ? demanda Hyacinthe.
- Oui. Non ma crotte, bien sûr que non.
Pour faire passer le gâteau au chocolat, à la crème fouettée et aux marrons entiers, ce qu'elle avait trouvé de plus cher au Petit Saint Léger, Stella proposa une promenade au clair de lune. On se tient par le bras et on prend toute la largeur de la route. Allez, on chante. La Salsa du démon. Plus fort. J'ai brûlé mes oreilles je t'appelle Macao elle a les yeux revolvers.

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Message par églantine Dim 21 Mai - 21:46

drunken
Il faut que je reprenne avec Béatrix !
Merci !
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Message par animal Lun 22 Mai - 22:38

On passe à la collation nocturne façon Sam Spade dans le Faucon maltais de Dashiell Hammett, s'en suit la dégustation, recette de tombeur ?
Elle se mordit l'intérieur de la lèvre et fit lentement demi-tour. Spade la suivit, posa son manteau et chapeau sur un fauteuil, dit : "Comme ça on va avoir le temps de parler", et entra dans la cuisine.
Il avait posé la cafetière sur le feu et coupait une tranche de pain français quand elle vint se camper sur le seuil. Elle resta là à l'observer d'un air soucieux. Les doigts de sa main gauche parcouraient négligemment le corps et le canon du pistolet qu'elle tenait toujours dans sa main droite.
"La nappe est là-dedans", dit-il en pointant le couteau à pain vers un placard qui constituait une des cloisons du coin petit déjeuner.
Elle mit la table pendant qu'il étalait du pâté de foie sur les petites tranches de pain ovales, ou qu'il en prenait deux pour y insérer du corned-beef froid. Il versa ensuite le café, attrapa une bouteille ventrue pour ajouter du cognac et ils s'assirent côte à côte sur l'un des bancs. Elle posa le pistolet près d'elle, à l'extrémité du siège.

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Message par Tristram Mer 24 Mai - 21:49

« …] : corail des langoustes bouillies vivantes, cires et ivoires des chauds-froids1 de veau, acier des bars noyés dans des sauces épaisses, or des dindons rôtis au four, rose pâle des médaillons de foie gras sous leur cuirasse de gelée, ambre des bécasses désossées couchées sur des tumulus de pain grillé et décorées de leurs entrailles triturées ; rose aurore des galantines ; et mille autres délices colorées et cruelles. Aux deux extrémités de la table, deux monumentales soupières d'argent contenaient un limpide consommé, topaze brûlé. Les maîtres queux, dans les vastes cuisines, avaient dû suer sang et eau depuis la veille au soir pour préparer le souper.
"Sapristi ! que de choses... Donna Marguerite sait vivre. Mais il faudrait pour tout cela d'autres estomacs que le mien."
Il dédaigna les boissons qui se trouvaient à droite, sur une table luisante de cristaux et d'argent, et se dirigea vers la table aux pâtisseries. Là, s'offraient d'immenses babas alezans comme des robes de cheval, de neigeux monts-blancs de crème, des beignets Dauphin que les amandes diapraient de blanc et les pistaches de vert, des collines de profiteroles au chocolat, brunes et grasses comme l'humus de la plaine catanaise dont elles provenaient, d'ailleurs, après mille métamorphoses, des parfaits roses, des parfaits beiges, des parfaits champagne, qui s'effritaient en craquant lorsque la cuillère les entamait, les arpèges en majeur des griottes confites, les timbres acidulés des jaunes ananas, et enfin, "triomphe de la gourmandise", d'impudiques gâteaux des Vierges, avec le vert opaque de leurs pistaches écrasées. Ce fut eux que choisit don Fabrice. Tandis qu'il les emportait sur une soucoupe, il avait l'air d'une caricature profane de sainte Agathe, exhibant ses seins coupés.
"Comment diable le Saint-Office, alors qu’il le pouvait, ne pensa-t-il pas à interdire ces gâteaux ? les "triomphes de la gourmandise" (la gourmandise, péché mortel !), les mamelles de sainte Agathe, vendues par les couvents, dévorées par les fêtards ! bah !"
1. Ces mots, et tous ceux que nous avons placés ici en italique, sont en français dans le texte. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « Le Guépard », chapitre cinquième

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Nadine Mer 24 Mai - 22:15

J'ai faim.
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Message par ArenSor Dim 28 Mai - 19:18

Le décor est planté Very Happy :
La Curée : Emile Zola a écrit:Forcément, les yeux revenaient à la table, s’emplissaient de cet éblouissement. Un admirable surtout d’argent mat, dont les ciselures luisaient, en occupait le centre ; c’était une bande de faunes enlevant des nymphes ; et au-dessus du groupe, sortant d’un large cornet, un énorme bouquet de fleurs naturelles retombait en grappes. Aux deux bouts, des vases contenaient également des gerbes de fleurs ; deux candélabres, appareillés au groupe du milieu, faits chacun d’un satyre courant, emportant sur l’un de ses bras une femme pâmée, et tenant de l’autre une torchère à dix branches, ajoutaient l’éclat de leurs bougies au rayonnement du lustre central. Entre ces pièces principales, les réchauds, grands et petits, s’alignaient symétriquement, chargés du premier service, flanqués par des coquilles contenant des hors-d’œuvre, séparés par des corbeilles de porcelaine, des vases de cristal, des assiettes plates, des compotiers montés, contenant la partie du dessert qui était déjà sur la table. Le long du cordon des assiettes, l’armée des verres, les carafes d’eau et de vin, les petites salières, tout le cristal du service était mince et léger comme de la mousseline, sans une ciselure, et si transparent qu’il ne jetait aucune ombre. Et le surtout, les grandes pièces semblaient des fontaines de feu ; des éclairs couraient dans le flanc dépoli des réchauds ; les fourchettes, les cuillers, les couteaux à manche de nacre faisaient des barres de flammes ; des arcs-en-ciel allumaient les verres ; et, au milieu de cette pluie d’étincelles, dans cette masse incandescente, les carafes de vin tachaient de rouge la nappe chauffée à blanc.
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Message par ArenSor Lun 5 Juin - 18:18

Mets choisi :

Le bisque basque d'écrevisse des crevasses

Raymond Queneau : Sally plus intime
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