Mkrtitch Armen
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Mkrtitch Armen
Mkrtitch Armen
(1906 - 1972)
(1906 - 1972)
Mkrtitch Armen est né dans une grande ville d'Arménie, Gyumri, à l'époque où cette ville s'appelait Alexandropol (et pendant la période soviétique, on l'appela Léninakan). Mkrtitch Armen est né dans une famille d'artisans, durant les années 20, il travaille pour le parti communiste et créé un cercle littéraire. Rejoignant Erevan en 1925, il participe à plusieurs revues littéraires avant de commencer en 1930 des études de cinéma à l'Institut de la cinématographie de Moscou. En 1934, il rejoint l’Union des écrivains de l’URSS. En 1937, il est arrêté pour activités anti-étatiques, est envoyé dans un camp de travail dans le Nord, mais après la guerre, il est réhabilité et libéré. Mkrtitch Armen a écrit plusieurs romans, mais le plus célèbre est sans doute La Fontaine d'Héghnar, qu'il a écrit avant son arrestation et qui a été adapté au cinéma. Il meurt en 1972.
Bibliographie :
- La Fontaine d'Héghnar, roman (1935)
Dernière édition par Dreep le Jeu 12 Jan - 16:09, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: Mkrtitch Armen
La Fontaine d'Héghnar
Je ne savais à quoi m’attendre en commençant ce roman de Mkrtitch Armen, est-ce un roman d’amour, un conte pétri de superstitions ? Oui et non, disons que ce n’est pas forcément le plus important. On tourne les pages, on n’en sait guère plus : Armen n’a pas l’air de se soucier plus que cela de l’histoire du maître Mkrtitch, celui qui voulait construire quarante fontaines avant sa mort. Mais où commence l’histoire, donc ? On a l’impression d’avoir lu une bonne partie du roman, voilà le premier chapitre, on avait seulement lu le prologue. Armen prend le temps. Ou le véritable récit n’est pas celui qu’on croit : celui-ci trace son chemin à l’intérieur de la ville, nous rendant attentif aux sons, aux lumières, aux silhouettes en mouvement dans ces différents quartiers de Gümri à l’aube du vingtième siècle. Ces détails composent avec les quelques scènes du roman une histoire dans l’histoire, peut-être plus essentielle. La foule, dans La Fontaine d’Héghnar, est loin d’avoir une importance secondaire : turcs, grecs et arméniens cohabitent et se considèrent ― jusqu’à un certain point ― comme « tous frères »… C’est cette distance critique, presque moqueuse, toujours implicite qui enveloppe ce monde obsédé par les miracles, par la volonté du ciel, très utile pour déguiser les adroites combines. Celle qui arrange l’un frustre les autres, puis provoque par incident l’animosité générale. L’intrigue initiale était un prétexte, un motif pour parler d’autre chose, et les quelques soucis de cohérences n’altèrent pas sa qualité d’image. L’image d’une cité qui se transforme par démantèlements, d’époques qui se succèdent en laissant des traces, séquelles, ruines. Armen n’évoque jamais la future guerre (celle de 14…) ni les massacres qu’elle apportera dans cette contrée (il faut lire ou relire Zabel Essayan, Dans les ruines) mais je ne peux m’empêcher d’y penser. En attendant, l’auteur ne cesse de caresser du regard les lieux dont parlent son roman, épuisant son vocabulaire pour les rendre aussi nets que sur une photographie.
Je ne savais à quoi m’attendre en commençant ce roman de Mkrtitch Armen, est-ce un roman d’amour, un conte pétri de superstitions ? Oui et non, disons que ce n’est pas forcément le plus important. On tourne les pages, on n’en sait guère plus : Armen n’a pas l’air de se soucier plus que cela de l’histoire du maître Mkrtitch, celui qui voulait construire quarante fontaines avant sa mort. Mais où commence l’histoire, donc ? On a l’impression d’avoir lu une bonne partie du roman, voilà le premier chapitre, on avait seulement lu le prologue. Armen prend le temps. Ou le véritable récit n’est pas celui qu’on croit : celui-ci trace son chemin à l’intérieur de la ville, nous rendant attentif aux sons, aux lumières, aux silhouettes en mouvement dans ces différents quartiers de Gümri à l’aube du vingtième siècle. Ces détails composent avec les quelques scènes du roman une histoire dans l’histoire, peut-être plus essentielle. La foule, dans La Fontaine d’Héghnar, est loin d’avoir une importance secondaire : turcs, grecs et arméniens cohabitent et se considèrent ― jusqu’à un certain point ― comme « tous frères »… C’est cette distance critique, presque moqueuse, toujours implicite qui enveloppe ce monde obsédé par les miracles, par la volonté du ciel, très utile pour déguiser les adroites combines. Celle qui arrange l’un frustre les autres, puis provoque par incident l’animosité générale. L’intrigue initiale était un prétexte, un motif pour parler d’autre chose, et les quelques soucis de cohérences n’altèrent pas sa qualité d’image. L’image d’une cité qui se transforme par démantèlements, d’époques qui se succèdent en laissant des traces, séquelles, ruines. Armen n’évoque jamais la future guerre (celle de 14…) ni les massacres qu’elle apportera dans cette contrée (il faut lire ou relire Zabel Essayan, Dans les ruines) mais je ne peux m’empêcher d’y penser. En attendant, l’auteur ne cesse de caresser du regard les lieux dont parlent son roman, épuisant son vocabulaire pour les rendre aussi nets que sur une photographie.
Dernière édition par Dreep le Jeu 12 Jan - 16:11, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Mkrtitch Armen
Merci Dreep pour ce travail de défrichement, avec une nouvelle découverte à faire (en ce qui me concerne) ! Et j'apprécie de plus en plus les auteurs pour qui le sujet du livre n'est qu'un prétexte.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15924
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
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Re: Mkrtitch Armen
merci Dreep, je note le livre d'Essayan, bien que j'ai lu plusieurs livres sur le massacre d'Adana et d'autres, puisque c'est à plusieurs reprises que les Arméniens ont étaient agressés.
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21628
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