Junichiro TANIZAKI
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Re: Junichiro TANIZAKI
Ah je suis heureuse de lire des impressions aussi positives, janis !
Malheureusement Gnocchi n'est plus là pour nous parler des subtilités du style en japonais, mais je pense qu'en effet, l'écriture doit refléter cette forme de sérénité dont tu parles.
Moi aussi, quand j'ai été totalement immergée dans un livre, j'ai du mal à trouver le suivant... Pour poursuivre avec la littérature japonaise, pourquoi ne pas envisager Kafû, avec Du côté des saules et des fleurs ou Le bambou nain ?
Malheureusement Gnocchi n'est plus là pour nous parler des subtilités du style en japonais, mais je pense qu'en effet, l'écriture doit refléter cette forme de sérénité dont tu parles.
Moi aussi, quand j'ai été totalement immergée dans un livre, j'ai du mal à trouver le suivant... Pour poursuivre avec la littérature japonaise, pourquoi ne pas envisager Kafû, avec Du côté des saules et des fleurs ou Le bambou nain ?

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Armor- Messages : 4589
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Re: Junichiro TANIZAKI
Oui, ou Kawabata ; je vais lire Tristesse et Beauté prochainement.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 14941
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Re: Junichiro TANIZAKI
C'est curieux, j'ai adoré Tristesse et beauté mais je n'en ai gardé aucun souvenir. Peut-être que ça tient à la difficulté particulière des textes de Kawabata : un charme énigmatique, caché dans les détails.
Il y a Kyôto du même Kawabata, sinon. Mon préféré.
Sinon pour "retrouver" le Japon, je te conseille chaudement Et puis de Sôseki.
Beaucoup, beaucoup plus exigeant Janis, tu as le Dit du Genji, écrit au onzième siècle.
Tanizaki traduisait le Dit du Genji en japonais moderne au même moment où il écrivait Quatre soeurs.
Il y a Kyôto du même Kawabata, sinon. Mon préféré.
Sinon pour "retrouver" le Japon, je te conseille chaudement Et puis de Sôseki.
Beaucoup, beaucoup plus exigeant Janis, tu as le Dit du Genji, écrit au onzième siècle.
Tanizaki traduisait le Dit du Genji en japonais moderne au même moment où il écrivait Quatre soeurs.
Dreep- Messages : 1456
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Re: Junichiro TANIZAKI
Très heureux de cet enthousiasme, la littérature japonaise offre tant de moments de plénitude et de pure beauté.
Avadoro- Messages : 1255
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Age : 37
Re: Junichiro TANIZAKI
J'ai (peut-être) déjà lu Tristesse et beauté, mais il ne m'en reste(rais) qu'une impression ; je (re) commence ma lecture ce soir.
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Tristram- Messages : 14941
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Re: Junichiro TANIZAKI
Merci pour tous vos conseils ! J'en espérais, je dois dire...
Je vais regarder tout cela, retrouver le Japon m'enthousiasme !

Je vais regarder tout cela, retrouver le Japon m'enthousiasme !
Invité- Invité
Re: Junichiro TANIZAKI
Le goût des orties

Le titre s’explique par le proverbe mis en exergue :
Et ce livre donne l’impression que Tanizaki musardait sans bien savoir où il voulait aller : je lui ai trouvé beaucoup de charme, peut-être à cause de cela…
Mots-clés : #relationdecouple #traditions

Le titre s’explique par le proverbe mis en exergue :
Kaname est un indécis, « faible de caractère », procrastinateur, mais de mœurs libérales, et il laisse complaisamment son épouse, Misako, vaquer à son nouvel amour en attendant le divorce : c’est « un ménage où l’amour est mort. » Kaname est un personnage hésitant qui pourrait être archétypal, entre négligence et délicatesse, type d’un égoïsme soucieux de sa tranquillité. (Et la situation triangulaire, avec Aso, l'amant de Misako, serait d'inspiration autobiographique.)« À chacun selon ses goûts,
Certains insectes aiment les orties. »
Dans le même temps, il découvre auprès de son beau-père, esthète attaché aux valeurs du passé japonais, et de sa jeune maîtresse " pygmalionisée" O-Hisa, le charme désuet du bunraku, théâtre de marionnettes traditionnel, et du shamisen (luth classique), selon les mérites comparés de Tôkyô et d’Ôsaka.« Le triste, c’est que dès le début de leur mariage, il avait perdu très vite toute attirance pour elle. Cette fraîcheur, cette jeunesse conservées aujourd’hui venaient justement de ce qu’il l’avait condamnée à mener pendant plusieurs années une existence de veuve ; à cette pensée, il éprouva un frisson de tristesse. »
« Il désirait liquider cette question avec élégance sans salir son visage de larmes et souhaitait que la séparation s’accomplisse en plein accord avec sa femme, comme si leurs sentiments à tous deux coulaient d’un même cœur. »
« Si je ne bouge plus, se disait Kaname, mon destin se réglera de lui-même. Il ne faisait aucun effort de volonté, tâchant de rester inerte, passif, pour flotter au gré du courant, jusqu’au dénouement où le mènerait le jeu des circonstances. »
Ce qui ne l’empêche pas de lire avec intérêt Les Mille et Une Nuits, version « pour les grandes personnes », traduite en anglais par Richard Barton, ni d’aller au bordel de Mrs. Brent, où il a ses habitudes avec une prostituée blanche…« Tout le monde devient comme cela en vieillissant. À propos, j’ai remarqué le sac de son dans la salle de bains. Je vois que vous vous en servez toujours.
‒ Oui. Il emploie du savon, lui, mais il me l’interdit, sous prétexte que cela gâte l’épiderme des femmes.
‒ Et la fiente de rossignol ?
‒ Bien sûr, mais je n’en suis pas plus blanche. »
Ce roman à l'humour subtil se termine abruptement, après de longs atermoiements pour informer leur fils Hiroshi et des tergiversations avec le cousin Takanatsu, sur fond d’hésitations entre cultures moderne occidentale et traditionnelle japonaise (publié en 1928).« Ce n’était qu’une prostituée, et il avait pris la ferme résolution de ne plus y retourner – mais quelle idiotie pourtant, pensait-il, de se sentir lié par de pareils serments… Il décidait donc toujours de se parjurer. »
Et ce livre donne l’impression que Tanizaki musardait sans bien savoir où il voulait aller : je lui ai trouvé beaucoup de charme, peut-être à cause de cela…
Mots-clés : #relationdecouple #traditions
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Tristram- Messages : 14941
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Re: Junichiro TANIZAKI
merci Tristram ! le titre me plait et ton ressenti !
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Bédoulène- Messages : 20016
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Re: Junichiro TANIZAKI
C'est aussi ce qui m'avait plu, je crois, ce récit au fil de la plume. Et je m'étais amusée des différences culturelles et des dialogues.
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Armor- Messages : 4589
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Re: Junichiro TANIZAKI
Le coupeur de roseaux

Tout l'intérêt de cette nouvelle se trouve dans un effet de basculement, entre un Japon contemporain et le Japon ancien. Le coupeur de roseaux ressemble à un conte lunaire et doit évoquer en particulier celui de la Princesse Kaguya. L'intrigue, si elle prend une bonne moitié du récit, est noyée dans une brume faite d'impressions fugitives sur deux temps qui se superposent : un temps ancien qui découle des nombreuses références dans le texte, et un autre temps malgré tout ancré dans le présent, au moins dans les premières pages de la nouvelle. Cette intrigue un peu compliquée est racontée par le fils de celui que se partage deux sœurs vraiment très proches l'une de l'autre. La perversité, chez Tanizaki, plus fascinante que lucidement analysée, fait ici l'objet d'un moulage : elle fait corps pour s'embellir avec cette dimension irréelle, hors du temps. Mais l'idée ― passéiste, un rien réactionnaire ― n'est peut-être pas tout à fait à la hauteur de son art. Tout est dit dans Éloge de l'ombre.

Tout l'intérêt de cette nouvelle se trouve dans un effet de basculement, entre un Japon contemporain et le Japon ancien. Le coupeur de roseaux ressemble à un conte lunaire et doit évoquer en particulier celui de la Princesse Kaguya. L'intrigue, si elle prend une bonne moitié du récit, est noyée dans une brume faite d'impressions fugitives sur deux temps qui se superposent : un temps ancien qui découle des nombreuses références dans le texte, et un autre temps malgré tout ancré dans le présent, au moins dans les premières pages de la nouvelle. Cette intrigue un peu compliquée est racontée par le fils de celui que se partage deux sœurs vraiment très proches l'une de l'autre. La perversité, chez Tanizaki, plus fascinante que lucidement analysée, fait ici l'objet d'un moulage : elle fait corps pour s'embellir avec cette dimension irréelle, hors du temps. Mais l'idée ― passéiste, un rien réactionnaire ― n'est peut-être pas tout à fait à la hauteur de son art. Tout est dit dans Éloge de l'ombre.
Dernière édition par Dreep le Lun 7 Déc - 23:03, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Junichiro TANIZAKI
Vu comme ça, c'est tentant ; j'ai Éloge de l'ombre (un essai, je crois ?) dans ma PAL, et je le remonte au sommet.
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Tristram- Messages : 14941
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
Re: Junichiro TANIZAKI
Éloge de l'ombre est un essai, oui, mais je le vois plus comme un poème.
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Junichiro TANIZAKI
J'avais apprécié et appris beaucoup su un certain Japon. J'admets que c'est inactuel et Arianne aurait pu le confirmer.Tristram a écrit:Vu comme ça, c'est tentant ; j'ai Éloge de l'ombre (un essai, je crois ?) dans ma PAL, et je le remonte au sommet.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Junichiro TANIZAKI
Oui, tout à fait. Et on y est d'autant plus sensible qu'on aime l'ombre et la pénombreDreep a écrit:Éloge de l'ombre est un essai, oui, mais je le vois plus comme un poème.
Avez-vous jamais,vous qui me lisez, vu "la couleur des ténèbres à la lueur d'une flamme"? Elles sont faites d'une autre matière que celles des ténèbres de la nuit sur une route, et si je puis risquer une comparaison, elles paraissent faites de corpuscules comme d'une cendre ténue, dont chaque parcelle resplendirait de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre.
Babélio
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Junichiro TANIZAKI
La formulation me fait penser un peu à Bachelard, lui aussi poète autant que philosophe.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Junichiro TANIZAKI
Dreep a écrit:Le coupeur de roseaux
Tout l'intérêt de cette nouvelle se trouve dans un effet de basculement, entre un Japon contemporain et le Japon ancien.
Dit ainsi, je suis tentée à cause du sujet et du plaisir à retrouver l'écriture mais le côté "perversité" m'emballe moins.

Invité- Invité
Re: Junichiro TANIZAKI
C'est pas dans ce livre que ce côté-là de Tanizaki est le plus prononcé. C'est presque anecdotique mais on ne peut pas en faire l'impasse non plus. Dans Svastika, c'est plus fort, c'en est presque sordide. Dans Quatre sœurs, ça n'existe pas.
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Junichiro TANIZAKI
Éloge de l'ombre

Ce que Tanizaki déplore dans l’apport occidental au Japon (essai paru en 1933), c’est finalement la modernité, avec son hygiène sans nuance (il débute par un curieux éloge des toilettes au fond du jardin), son éclairage sans pénombre ou obscurité préservées : le goût de la patine se retrouve aussi chez nous, mais c’est peut-être marque de la nostalgie d’une époque révolue plus que d’une culture géographiquement cadrée (et je pense que c’est beaucoup plus encore). La méconnaissance de l’Occident par Tanizaki nous renvoie devant le miroir, et questionne notre perception du Japon (qui paraît bien stéréotypé dans ce bref livre) ; est significative l’anecdote d’Einstein s’étonnant du manque d'économie devant une ampoule allumée en plein jour, qu’expliquerait sa radinerie de juif (par ailleurs, pour Tanizaki le racisme en Occident appartient au passé)…
Toujours est-il que la chandelle ou la lampe à huile, « "la couleur des ténèbres à la lueur d'une flamme" », peuvent semblablement charmer Bachelard et Sôseki (maître auquel Tanizaki fait référence).
Tanizaki donne les exemples de ce qui est spécifiquement japonais, ou typiquement extrême-oriental, y compris dans les mets (bouillon, sushi, yôkan ‒ une confiserie gélatineuse) et leur apparence : l’attrait pour le nébuleux, l’imprécis, l’indécis, les « stratifications d'ombre » et les « couleurs atténuées » :
Moins engageante est la situation traditionnelle des femmes, réduites à une semi-vie de spectres.
\Mots-clés : #essai

Ce que Tanizaki déplore dans l’apport occidental au Japon (essai paru en 1933), c’est finalement la modernité, avec son hygiène sans nuance (il débute par un curieux éloge des toilettes au fond du jardin), son éclairage sans pénombre ou obscurité préservées : le goût de la patine se retrouve aussi chez nous, mais c’est peut-être marque de la nostalgie d’une époque révolue plus que d’une culture géographiquement cadrée (et je pense que c’est beaucoup plus encore). La méconnaissance de l’Occident par Tanizaki nous renvoie devant le miroir, et questionne notre perception du Japon (qui paraît bien stéréotypé dans ce bref livre) ; est significative l’anecdote d’Einstein s’étonnant du manque d'économie devant une ampoule allumée en plein jour, qu’expliquerait sa radinerie de juif (par ailleurs, pour Tanizaki le racisme en Occident appartient au passé)…
Toujours est-il que la chandelle ou la lampe à huile, « "la couleur des ténèbres à la lueur d'une flamme" », peuvent semblablement charmer Bachelard et Sôseki (maître auquel Tanizaki fait référence).
Tanizaki donne les exemples de ce qui est spécifiquement japonais, ou typiquement extrême-oriental, y compris dans les mets (bouillon, sushi, yôkan ‒ une confiserie gélatineuse) et leur apparence : l’attrait pour le nébuleux, l’imprécis, l’indécis, les « stratifications d'ombre » et les « couleurs atténuées » :
Tanizaki explique le penchant japonais pour la pénombre par la sombreur habituelle des maisons, due à l’auvent, à la translucidité incomplète des shôji (cloisons mobiles).« Ce sont les Chinois encore qui apprécient cette pierre que l'on nomme le jade : ne fallait-il pas, en effet, être des Extrême-Orientaux comme nous-mêmes pour trouver un attrait à ces blocs de pierre, étrangement troubles, qui emprisonnent dans les tréfonds de leur masse des lueurs fuyantes et paresseuses, comme si en eux s'était coagulé un air plusieurs fois centenaire ? Qu'est-ce donc qui peut bien nous attirer dans une pierre telle que celle-là, qui n'a ni les couleurs du rubis ou de l'émeraude, ni l'éclat du diamant ? Je l'ignore, mais à la vue de la surface brouillée, je sens bien que cette pierre est spécifiquement chinoise, comme si son épaisseur bourbeuse était faite des alluvions lentement déposées du passé lointain de la civilisation chinoise, et je dois reconnaître que je ne m'étonne point de la dilection des Chinois pour de pareilles couleurs et substances. »
« Car un laque décoré à la poudre d'or n'est pas fait pour être embrassé d'un seul coup d'œil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l'un ou l'autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l'ombre, il suscite des résonances inexprimables. […]
Ainsi que de minces filets d'eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l'un ici, l'autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d'or. »
Emblématique est le cas du toko no ma, ce renfoncement ombreux où est exposé selon la saison une peinture, un bronze ou une céramique, un arrangement floral.« Mais ce que l'on appelle le beau n'est d'ordinaire qu'une sublimation des réalités de la vie, et c'est ainsi que nos ancêtres, contraints à demeurer bon gré mal gré dans des chambres obscures, découvrirent un jour le beau au sein de l'ombre, et bientôt ils en vinrent à se servir de l'ombre en vue d'obtenir des effets esthétiques. […]
Or, c'est précisément cette lumière indirecte et diffuse qui est le facteur essentiel de la beauté de nos demeures. Et pour que cette lumière épuisée, atténuée, précaire, imprègne à fond les murs de la pièce, ces murs sablés, nous les peignons de couleurs neutres, à dessein. »
« …] je crois que le beau n'est pas une substance en soi, mais rien qu'un dessin d'ombres, qu'un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. »
Moins engageante est la situation traditionnelle des femmes, réduites à une semi-vie de spectres.
Devrait intéresser… tous ceux qui s’intéressent à la culture japonaise.« Bref, nos ancêtres tenaient la femme, à l'instar des objets de laque à la poudre d'or ou de nacre, pour un être inséparable de l'obscurité, et autant que faire se pouvait, ils s'efforçaient de la plonger tout entière dans l'ombre [… »
\Mots-clés : #essai
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Tristram- Messages : 14941
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Re: Junichiro TANIZAKI
Voilà Tristram, je partage ton opinion. Tanizaki n'était pas toujours judicieux dans cet essai... comme si le passé pouvait être un parti pris en soi (certes, ça peut, mais quelle ornière...)
C'est un beau texte, tout de même ?
C'est un beau texte, tout de même ?
Dreep- Messages : 1456
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Age : 30
Re: Junichiro TANIZAKI
Oui, de beaux morceaux, auxquels j'ai été sensible ; de même, nous serions certainement plusieurs ici à partager ses dilections.
Je ne reproche rien à l'auteur, qui parle d'une époque différente, et surtout ne semblait pas beaucoup connaître l'Occident (qui ne se résume pas aux cathédrales gothiques : il y a aussi les églises romanes, qui lui auraient sans doute fort plu).
L'anecdote concernant Einstein montre bien comme un préjugé qui circule est adopté sans malignité.
Je ne reproche rien à l'auteur, qui parle d'une époque différente, et surtout ne semblait pas beaucoup connaître l'Occident (qui ne se résume pas aux cathédrales gothiques : il y a aussi les églises romanes, qui lui auraient sans doute fort plu).
L'anecdote concernant Einstein montre bien comme un préjugé qui circule est adopté sans malignité.
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