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Joseph Conrad

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Message par Bédoulène Lun 26 Avr - 20:05

merci Bix ! je reviendrai à l'auteur

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Message par Hanta Sam 26 Juin - 19:32

Au coeur des ténèbres

regimeautoritaire - Joseph Conrad  - Page 5 Images11


Sentiment très contrasté à la suite de cette lecture. J'ai d'ailleurs suivi un rythme inhabituel et irrégulier pour lire cet ouvrage. Comme l'impression d'avoir rencontré un chef d'oeuvre au moment où j'avais besoin d'un blockbuster et de ne pas être à la hauteur de cette rencontre.
C'est un ouvrage de paradoxe selon moi. Un roman d'aventures mais qui demeure finalement très contemplatif, une contemplation presque onirique de l'environnement des protagonistes mais aussi rès philosophique et existentialiste où ce sont les tréfoinds des âmes quio sont observés. Ressenti très personnel j'y ai vu un lien avec Frankenstein de Mary Shelley sur ce point où l'observation de la nature et des hommes permet d'interroger notre condition humaine propre et interroger cette notion de nature humaine.

C'est superbement écrit, et l'esthétique de l'écriture n'empêche pas une immersion émotionelle. Le beau n'est pas là pour faire beau, ou juste pour être là, il sert le questionnement et il sert le fil directeur de l'ouvrage.

Une grande expérience de lecteur assurément.


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Message par Bédoulène Dim 27 Juin - 7:28

merci Hanta, ton commentaire est incitatif !

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Message par Tatie Dim 27 Juin - 18:39

J'ai lu Victoire, il y a un mois.
La densité des personnages, notamment du héros, une sorte de paria, et l'originalité de la situation m'ont tenue en haleine.
Beaucoup de recul par rapport au genre humain.
Une étonnante tragédie, servie par une écriture admirable.
J'ai beaucoup aimé.
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Message par bix_229 Dim 27 Juin - 19:33

Une réflexion de Kessel sur Conrad et qui me semble pertinente :


"Conrad était amoureux d'ordre et de discipline morale. Mais il ne parvint pas à y plier ses personnages. Ils ont tous quelque chose de trouble, d'inachevé. Dans leur tourment s'agitent des forces obscures et que l'on devine parfois monstrueuses. Refoulées au fond des âmes elles se montrent cependant victorieuses de l'auteur qui, malgré lui peut-être, les a enfouies comme une lourde et inévitable semence." Joseph Kessel."


Je préfère que Conrad ne soit pas poarvenu à dominer ces "forces obscures" !
C'est vrai pour Dostoievski, Carson McCullers, Tanizaki, Melville... et bien d'autres.
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Message par Tatie Dim 27 Juin - 21:22

C'est sonder le coeur humain dans ses replis les plus secrets.

De Conrad, je n'ai pas lu grand chose.

Lord Jim, Nostromo, Typhon et Narcisse.

Mais il y a de l'envergure et une rare intensité humaine.
Des héros inoubliables.

Pour moi, de la race des grands seigneurs, cet homme-là !
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Message par Laurentides Ven 1 Sep - 13:47

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Quelques mots après la lecture de Au cœur des ténèbres, qui résonne encore et encore...
Un récit dense qui creuse l'opacité généralisée et traîtresse du monde et des êtres.
Dans une langue si étrangement belle que je suis allé au texte en anglais, pour voir. Quelle musique !
Je poursuis mon voyage de lecture, le cœur battant...
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Message par Bédoulène Ven 1 Sep - 17:02

merci Laurentides ! bonne continuation

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Message par Avadoro Ven 1 Sep - 23:26

Merci Laurentides pour l'actualisation du fil.
L'écriture de Conrad apporte tellement pour appréhender la complexité du monde et de la nature humaine.
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Message par Tristram Ven 1 Mar - 11:18

Histoires inquiètes

regimeautoritaire - Joseph Conrad  - Page 5 Inquiz10

Premier recueil de nouvelles de Joseph Conrad, aussi connu sous le titre d’Inquiétude.
Karain : un souvenir : le narrateur et deux autres marins trafiquent des armes avec un puissant rajah malais ; celui-ci s’avère être poursuivi par le fantôme de son ami, qu’il tua pour sauver sa sœur enfuie avec un Hollandais. Déjà le souffle d’Au cœur des ténèbres.

Les Idiots : ce sont les quatre enfants d’un fermier breton, et cette « malédiction » provoquera un drame.

Un avant-poste du progrès : deux nouveaux colons français ont la charge d’un petit comptoir d’Afrique, mais sont incapables d’agir étant livrés à eux-mêmes pour six mois.

Le Retour : Alvan Hervey est un fat très convenable parmi d’autres à Londres :
« Après leur mariage, ils s’employèrent, avec un succès marqué, à agrandir le cercle de leurs relations. Trente personnes les connurent de vue ; vingt autres tolérèrent avec des sourires leur présence de temps à autre à leur foyer hospitalier ; cinquante autres personnes au moins apprirent leur existence. Ils vécurent dans ce cercle accru, parmi des hommes et des femmes tout à fait charmants qui redoutaient l’émotion, l’enthousiasme ou l’insuccès plus que le feu, la guerre ou les maladies mortelles ; qui ne toléraient que les formules les plus habituelles des idées les plus courantes, et n’admettaient que les faits avantageux. C’était une sphère parfaitement charmante, le lieu de toutes les vertus, où l’on n’accomplit rien et où l’on ramène soigneusement les joies et les chagrins au niveau des plaisirs et des ennuis. Dans cette région sereine où l’on cultive les nobles sentiments en profusion suffisante pour dissimuler l’impitoyable matérialisme des pensées et des aspirations, Alvan Hervey et sa femme avaient passé cinq ans d’une prudente félicité que n’était venu obscurcir aucun doute sur la bienséance morale de leur existence. »
Son épouse est partie avec un autre, lui laissant un mot :
« Et il se mit à penser à sa femme sous tous les aspects possibles, excepté l’essentiel. Il pensa à elle comme à une jeune fille bien élevée, à une personne cultivée, à une maîtresse de maison, à une dame ; mais, pas un moment, il ne pensa à elle simplement comme à une femme. »

« Si encore elle était morte ! Il en vint à envier une aussi respectable perte, si dénuée de toute maladresse que son meilleur ami même ou son pire ennemi ne pourrait en éprouver la moindre satisfaction. Personne ne s’en fût soucié. Il chercha un réconfort dans la contemplation du seul fait de la vie que les efforts résolus des hommes n’ont jamais manqué de couvrir de la sonorité et de l’éclat des phrases. Rien ne se prête mieux aux mensonges que la mort. Si encore elle était morte ! Il aurait entendu prononcer certaines paroles d’un ton attristé, et, avec un courage convenable, il aurait fait des réponses appropriées. Il y avait des précédents à une telle situation. Personne ne s’en fût soucié. Si encore elle était morte ! »
Mais elle revient sans avoir passé le pas ; pour lui, la question est surtout que l’affaire reste secrète. Cette novella se joue en long huis clos, notamment dans un cabinet de toilette démultiplié par des miroirs. Texte assez inattendu chez Conrad, mais qui m’a paru bien mené.
« Tout son aspect trahissait un complet abandon, un mépris de toute tenue, cette laideur de la vérité que seul un souci constant des apparences peut tenir éloignée de la vie quotidienne. »

« Elle se mit à haleter soudain : "J’ai un droit, j’ai un droit sur… sur… moi-même…" »
La Lagune (ou Le lagon) : vue de la rivière, la forêt n’est que ténèbres.
D’une seule phrase, un vol d’oiseaux évoqués sans les nommer :
« Un nuage rose et floconneux glissait haut dans le ciel, et promenait la délicate couleur de son image sous les feuilles flottantes et les fleurs argentées du lotus. »
Un « blanc » fait halte avec son sampan chez un ami, Arsat, un Malais, qui vit seul avec Diamelen au bord d’une étendue d’eau (qui n’est semble-t-il ni une lagune, ni un lagon) ; Diamelen est à la mort.
« Le blanc sortit de la cabane au moment où l’énorme embrasement du soleil reculait devant les ombres rapides et furtives qui, s’élevant comme un voile noir et impalpable au-dessus du faîte des arbres, s’étendaient sur le ciel, masquant le reflet écarlate des nuages flottants et l’éclat rouge du jour qui s’éteignait. En un moment, toutes les étoiles jaillirent au-dessus des ténèbres épaisses de la terre et le grand lagon, soudain tout étincelant de reflets, eut l’air d’un morceau de ciel tombé dans la nuit sans espoir ou rémission de cette solitude sauvage. »

« Le blanc, les yeux grands ouverts, regardait fixement dans l’obscurité. La crainte et l’attirance, la solennité et l’étonnement de la mort, de la mort toute proche, inévitable et furtive, apaisaient l’inquiétude de sa race et éveillaient ses pensées les plus confuses, les plus profondes. »

« Un murmure plaintif s’éleva dans la nuit ; un murmure désolant et prolongé, comme si la vaste solitude des forêts environnantes tentait de murmurer à son oreille la sagesse de son immense et orgueilleuse indifférence. »
Arsat ravit Diamelen avec son frère, qui mourut lors du rapt.

\Mots-clés : #nouvelle

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Message par Bédoulène Ven 1 Mar - 11:49

merci Tristram !

trop peu lu Conrad, donc y revenir

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Message par Tristram Ven 22 Mar - 11:45

Jeunesse, Cœur des ténèbres, Au bout du rouleau

regimeautoritaire - Joseph Conrad  - Page 5 Quarto10

Jeunesse
Marlow (dont c’est la première apparition dans l’œuvre de Conrad) raconte à ses compagnons marins (dont le narrateur) son premier voyage de lieutenant de la marine marchande, à bord de la « “Judée, Londres, Marche ou meurs.” », « vieille baille » sur laquelle il embarqua avec l’enthousiasme de ses vingt ans à destination de Bangkok. Le rafiot, qu’il chérit, est en si mauvais état qu’il doit revenir trois fois en Angleterre, changeant autant de fois d’équipage. Après avoir failli couler tant il faisait eau, c’est la combustion de sa cargaison de charbon qui l’enverra par le fond. Récit épique et aussi plein d’humour, avec de frappantes descriptions qui en font un chef-d’œuvre des aventures maritimes.

Cœur des ténèbres
C’est encore Charlie Marlow (et l’auteur) qui parle(nt), sensiblement dans les mêmes conditions que le texte précédent – en fait un monologue, d’abord méditatif sur les ténèbres et la lumière sur la Tamise au cours du temps, puis la narration de son expérience de marin d’eau douce sur un autre fleuve, cette fois au cœur du continent africain. L’idée lui en est venue de sa fascination pour les blancs des cartes de géographie ; Conrad a rapporté dans Du goût des voyages ce même enthousiasme cartographique à l’origine de ses voyages.
Marlow décrit son embauche par « la Compagnie » à Paris, « la ville sépulcrale », dans une atmosphère de malaise assez sinistre et inquiétante (des secrétaires-Parques tricotent une « laine noire », mise en abyme de ce récit sur le destin).
L’absurde et l’irréalité s’additionnent à la situation pratique tandis qu’il se rapproche de son commandement, un vapeur coulé qu’il remet en état près d’un comptoir d’ivoire. Cette histoire est le lieu de considérations sur la colonisation et le progrès civilisateur (depuis la conquête de l’Angleterre par les Romains ; dans le prolongement d’Un avant-poste du progrès), qui sont pour le moins remis en question (versus la « nature sauvage »).
Marlow entend beaucoup parler de Mr. Kurtz, le chef de la station de l’intérieur, le meilleur agent de la Société, et pour le rencontrer remonte le fleuve (façon L’odyssée de l’African Queen de Cecil Scott Forester) avec un équipage de coupeurs de bois pour la chaudière (noirs) et les « pèlerins » (blancs) avec à leur tête le directeur, homme ambitieux, mesquin et désagréable. Marlow rencontre un jeune Russe, en admiration devant Kurtz comme la tribu qui les assaille d’abord. Apparaît aussi la « femme barbare et magnifique », la « Promise » de Kurtz. Celui-ci est malade, mais son éloquence convainc toujours.
« Quelle voix ! Quelle voix ! Elle conserva sa profonde sonorité jusqu’à la fin. Elle survivait à sa force pour continuer de dissimuler sous les draperies magnifiques de l’éloquence les arides ténèbres de son cœur. »
Angoissé par « l’horreur », l’homme a encore de vastes projets, il fascine toujours, avec une puissance obscure, avide et parfois violente, explorant la contrée, accumulant l’ivoire ; sa tête a le teint de ce dernier (cf. Marlon Brando dans Apocalypse Now, film de Coppola tiré de cette novella). Il a toujours de l’ascendant, même devenu une « ombre ».
« Il était d’une noirceur impénétrable. »
Et cette cargaison est emportée par le vapeur lors d’un retour au cours duquel Kurtz meurt. Marlow, « fiévreux », demeure fidèle à la mémoire de « l’homme remarquable » qu’il a si peu connu, et devient le dépositaire de ses papiers personnels (mais apparemment pas de ceux qui traitent de ses découvertes).
Une fois encore je suis incapable de définir la nature exacte du personnage, et du cauchemar ; il me semble maintenant que cette ambiguïté fut peut-être plus sciemment voulue par Conrad que je ne le pensais jusqu’alors. Ce qui ne fait qu’ajouter à la profondeur de ce questionnement métaphysique, existentiel.

Au bout du rouleau
Le capitaine Whalley, soixante-sept ans, ne court plus l’aventure, mais cabote en Extrême-Orient. Ruiné, il n’a plus de bateau, mais a mis l’argent qu’il lui restait dans le Sofala, vieux vapeur du chef mécanicien-armateur Massy dont il devint ainsi le capitaine. Massy déborde de ressentiment, le second, Sterne, de malveillance au service de son ambition. Un petit Malais, le serang (pilote), semble inséparable du capitaine.
Mr. Van Wyk, un Hollandais qui vit retiré dans sa plantation sur une île, a sympathisé avec Whalley, qui lui apporte son courrier tous les mois. Ce dernier lui avoue qu’il devient aveugle, et qu’il en est réduit à cacher sa cécité grandissante pour préserver ce qui lui restera d’argent au terme d’un contrat de trois ans, au profit de sa fille dans le besoin. Massy a compris la situation, mais Van Wyk le circonvient ; Massy naufrage le navire.
L’intérêt de cette novella (où les évènements sont parfois à la limite de la plausibilité) réside essentiellement dans la psychologie des personnages (elle aussi assez tortue), et surtout l’imposante figure qu’est cet intègre et pathétique capitaine Whalley.
« Il n’avait plus rien à lui ; même son propre passé d’honneur, de vérité, de juste fierté, avait disparu. Toute son existence sans tache s’était effondrée dans l’abîme ; il lui avait dit son dernier adieu. Mais ce qui appartenait à sa fille, cela il voulait le sauver. Rien qu’un peu d’argent. Il le lui porterait lui-même, ce dernier don d’un homme qui avait trop duré. Et une immense et farouche impulsion, la passion même de la paternité, déchaîna dans toute la vigueur inextinguible de sa misérable vie, le désir de voir son visage. »
Trois délectables relectures, telles que rassemblées par l’auteur et publiées dans le Quarto Gallimard.

\Mots-clés : #aventure #colonisation #culpabilité #merlacriviere #portrait #psychologique #voyage

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Message par Bédoulène Ven 22 Mar - 17:24

merci Tristram ! je n'ose dire que je note (à force suis-je crédible ?)

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