Jérémias Gotthelf
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Jérémias Gotthelf
Jeremias Gotthelf est le pseudonyme (tiré de son premier roman Le Miroir du paysan ou la vie de Jérémias Gotthelf) de l'écrivain bernois Albert Bitzius (né à Morat le 4 octobre 1797 et décédé le 22 octobre 1854 à Lützelflüh).
Fils du pasteur Sigismond Bitzius, il passa son enfance à Utzenstorf (Berne) avant de rentrer à l'académie de Berne en 1814 pour suivre des études de théologie.
Il commence à publier ses livres en 1837 et ne cessera d'écrire jusqu'à sa mort. Il laisse treize romans et soixante-dix récits. Les plus connus sont Heurs et malheurs d'un maître d'école (Leiden und Freuden eines Schulmeisters), Barthy le vannier (Barthli der Korber), Elsi, l'étrange servante (Elsi, die seltsame Magd), L'Araignée noire (Die schwarze Spinne), Argent et Esprit (Geld und Geist).
Gotthelf s'attache dans ses œuvres à décrire l'impact de la modernisation (démocratisation, capitalisme) sur la société paysanne. Pour rendre l'authenticité de ce monde rural, il n'hésite pas à mêler sa prose de dialecte bernois ; une démarche qui n'est pas sans préfigurer celle d'un Ramuz. Contrairement à Gottfried Keller, Gotthelf est un conservateur, qui observe d'un œil méfiant la Suisse se transformer. La critique allemande voit en lui un auteur significatif de l'époque Biedermeier. Thomas Mann trouvait même à la simplicité rustique de ses personnages quelque chose d'homérique.
Œuvres disponibles en français :
L'argent et l'esprit, ou la réconciliation, Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Au cœur du monde », 2000, 370 p.
Le Miroir des paysans, Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Au cœur du monde », 2002, 372 p.
Bréviaire de sagesse, Monaco-Paris, Le Rocher, coll. « Anatolia », 2002, 111 p.
Uli le fermier, Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Au cœur du monde », 2003, 407 p.
Anne-Bäbi Jowäger. Ses expériences de ménagère et de guérisseuse, Lausanne, Suisse, L'Âge d'homme, coll. « Au cœur du monde », 2004, 847 p.
Joggeli à la recherche d'une femme et autres nouvelles, Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Poche Suisse », 2006, 247 p.
Heurs et malheurs d'un maître d'école : roman (trad. de l'allemand), Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, 2009, 566 p.
L'Araignée noire, suivi de Le déluge en Emmental (trad. de l'allemand), Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Poche Suisse », 2010, 217 p.
La Mariette aux fraises, suivi de Elsi l'étrange servante et Hans Berner et ses fils (trad. de l'allemand), Lausanne, Suisse, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Poche Suisse », 2010, 135 p.
Benz, Genève, Suisse, Éditions Zoé, coll. « Mini-Zoé 83 », 2011, 64 p.
(Wikipédia)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16023
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Re: Jérémias Gotthelf
L'Araignée noire
Lors d’une fête de baptême dans l’Emmenthal, le grand-père raconte l’histoire de la vieille poutre insérée dans sa maison neuve :
Christine est une paysanne qui fait un pacte avec un « chasseur vert » ‒ le diable ‒ afin qu’il les décharge de la corvée infaisable que leur tyrannique seigneur, le sire de Stoffeln, des chevaliers teutoniques, leur a imposée : elle escompte ne pas tenir sa part du marché, qui est de lui livrer un bébé non-baptisé. Un prêtre assiste dorénavant aux accouchements, et baptise l’enfant immédiatement après sa naissance. Le diable lui a embrassé la joue pour signer leur pacte, et ce baiser se transforme en une sorte de tumeur brûlante qui devient une araignée mettant au monde une couvée infernale d’innombrables araignées noires qui empoisonnent le bétail, y compris celui du seigneur.
La prospérité revient pour deux siècles, et avec elle l’oubli de Dieu. La maison appartient dorénavant à deux femmes, la mère du jeune Christian et sa femme.
Conte pieux qui rend compte d’un mélange de foi chrétienne et de superstition, témoigne de l’exagération des civilités dans la population, mais aussi dénonce les moyens par lesquels le mal peut s’installer.
Lors d’une fête de baptême dans l’Emmenthal, le grand-père raconte l’histoire de la vieille poutre insérée dans sa maison neuve :
Christine est une paysanne qui fait un pacte avec un « chasseur vert » ‒ le diable ‒ afin qu’il les décharge de la corvée infaisable que leur tyrannique seigneur, le sire de Stoffeln, des chevaliers teutoniques, leur a imposée : elle escompte ne pas tenir sa part du marché, qui est de lui livrer un bébé non-baptisé. Un prêtre assiste dorénavant aux accouchements, et baptise l’enfant immédiatement après sa naissance. Le diable lui a embrassé la joue pour signer leur pacte, et ce baiser se transforme en une sorte de tumeur brûlante qui devient une araignée mettant au monde une couvée infernale d’innombrables araignées noires qui empoisonnent le bétail, y compris celui du seigneur.
Les paysans décident de livrer le prochain nouveau-né au diable, circonvenant son futur père.« C’est ainsi qu’il leur parla, sans se rendre compte de tout ce qu’il réclamait d’eux et n’ayant pas même l’idée que son ordre insensé les avait seul poussés à tout ce mal. »
Le prêtre sauve l’âme du troisième enfant, mais tous deux y laissent la vie.« Cet homme pensait donc que, de quelque manière que la chose tournât, il n’aurait rien à se reprocher puisqu’il ne comptait pas agir directement dans l’affaire. »
L’araignée (qui est Christine) fauche paysans et chevaliers ; la dernière accouchée l’enferme dans le trou d’une poutre.« Ils se lamentaient donc tous ensemble, craignant de se retrouver dans leurs demeures, mais la discorde régnait parmi eux ; l’un rejetait la faute sur l’autre et personne ne voulait en assumer la responsabilité. Ils étaient d’accord sur ce point que le châtiment devait atteindre ceux qui avaient péché, mais chacun individuellement ne voulait rien avoir à se reprocher. Et si dans leurs dissentiments quelqu’un avait pu leur indiquer une nouvelle victime à sacrifier, aucun d’eux ne l’aurait épargnée, dans l’espoir de parvenir à se sauver lui-même. »
La prospérité revient pour deux siècles, et avec elle l’oubli de Dieu. La maison appartient dorénavant à deux femmes, la mère du jeune Christian et sa femme.
Elles font construire une nouvelle bâtisse, laissant à eux-mêmes les domestiques dans l’ancienne, leur insolence égalant peu à peu la vanité de leurs maîtresses. Un valet particulièrement blasphémateur libère l’araignée qui reprend ses ravages, jusqu’à ce que Christian se sacrifie pour l’enfermer de nouveau dans la poutre, qui sera dès lors intercalée dans chaque reconstruction de la maison.« Une femme courageuse et rusée était la maîtresse du logis ; elle ne venait pas de Lindau, mais avait cependant de grandes ressemblances avec Christine. Elle était aussi d’origine étrangère et n’avait pas moins d’orgueil et de vanité que ses voisines. »
Conte pieux qui rend compte d’un mélange de foi chrétienne et de superstition, témoigne de l’exagération des civilités dans la population, mais aussi dénonce les moyens par lesquels le mal peut s’installer.
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Tristram- Messages : 16023
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Re: Jérémias Gotthelf
ça m'intrigue !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21904
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Re: Jérémias Gotthelf
Tu sais ce qu'il te reste à faire (ce n'est pas long) !
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Tristram- Messages : 16023
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