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Silvio d'Arzo

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Message par bix_229 Mer 14 Déc - 17:30

Silvio d'Arzo (1920-1952)

psychologique - Silvio d'Arzo  D_arzo10

La vie de Silvio d'Arzo est courte et vite dite.
Silvio d'Arzo, pseudonyme d'Ezio Comparoni, est né en 192O à Reggio nell Emilia et il y est mort en 1952. Né de père inconnu, il vécut avec sa mère dans sa ville natale qu'il ne quittera pratiquement pas. Il déserta de l'armée en 1943 parce qu'il n'aimait pas le fascisme. Et c'était un grand admirateur de Henry James, de Conrad et de Stevenson. On le comprend !  psychologique - Silvio d'Arzo  56221

Silvio d' Arzo est un météore dans la littérature italienne. Il a pourtant été connu et reconnu par ses pairs. Et il a suscité beaucoup de commentaires.

Son éditeur Verdier nous en apprend un peu plus :

De son vrai nom Ezio Comparoni, Silvio D’Arzo est sans conteste un des auteurs italiens les plus mystérieux de ce siècle. Fils unique et illégitime d’une cartomancienne de Reggio Emilia, il est né dans cette ville en 1920 et y est mort d’une leucémie en 1952 en laissant de nombreux inédits, dont Maison des autres (Casa d’altri), son chef-d’œuvre et, de l’avis de critiques aussi divers que Montale, Bassani ou Attilio Bertolucci, un des récits les plus parfaits de toute la littérature italienne.

Après des études de lettres à Bologne, Silvio D’Arzo est nommé professeur puis mobilisé dans une des divisions italiennes destinées au front grec. L’armistice séparé du 8 septembre 1943 le pousse à déserter et à regagner Reggio Emilia après deux mois de clandestinité.
De son vivant ne paraîtront guère que le juvénile roman À l’enseigne du Bon Coursier (All’insegna del Buon Corsiero), vraisemblablement écrit à l’âge de 18 ans, et que l’éditeur florentin Vallecchi publiera en 1942, et, dans des revues, de très courts récits ou textes critiques.

Lecteur passionné des auteurs classiques ou contemporains anglo-saxons et américains, critique aigu et non conformiste des œuvres de Stevenson, James ou Conrad, il a publié de nombreux articles sur cette littérature dont la traduction apparaissait alors à de nombreux auteurs italiens, tels Vittorini et Pavese, comme un moyen de déjouer la censure fasciste. Les textes de D’Arzo sur la littérature de langue anglaise paraîtront tardivement, à Palerme, sous le titre Contea inglese (Comté d’Angleterre).
Ses autres récits, comme Penny Wirton et sa mère (Penny Wirton e sua madre), ou encore Le Pingouin sans frac (Il pinguino senza frac), un texte pour enfants, témoignent de l’importance que la littérature anglaise du XVIIIe siècle a pu avoir pour cet auteur solitaire mais passionnément attaché au moment particulier que traversait alors l’Italie des lettres en se libérant de ses rêveries « arcadiennes ».

La mort le surprendra alors qu’il entamait la rédaction de Notre lundi, d’un inconnu du XXe siècle (Nostro lunedì, di Ignoto del XX secolo), texte composite fidèle à divers procédés narratifs entrecroisés, dont il ne reste que des ébauches et de courts récits qu’on peut lire aujourd’hui de manière indépendante : D’Arzo considérait ce projet comme celui d’une véritable Énéïde de notre temps.

Il faut souligner la grande originalité formelle de l’ensemble de son œuvre : elle dérive de la prosa d’arte (la prose d’art), infléchie dans un sens fantastique parfois proche du réalisme magique, mais ne renie pas l’influence du théâtre de Goldoni, et se leste d’une densité métaphysique stupéfiante compte tenu de l’âge de l’auteur.

Bibliographie en français :

Maison des autres, 1998
À l'enseigne du Bon Coursier, 1998
Le camp des castors, 1985


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Message par bix_229 Mer 14 Déc - 17:43

psychologique - Silvio d'Arzo  41ls6510

Silvio d'Arzo - Maison des autres. - Verdier. - 1992. - Rivages 1997

Ce roman est bref : moins de 80 pages. Un court roman, une longue nouvelle, mais c'est un joyau.

Le décor ? Un village de montagne en Emilie, un village quelconque oublié de tous... Un prêtre y vit et il essaie de donner du sens à ce qui n'en a guère : aux mystères, aux peurs, à la vie, à la mort. Mais la seule fois où une vieille femme finit par lui poser une question essentielle et torturante, il ne lui répond pas. Par impuissance autant que par honneteté. Peut-être sait-il depuis longtemps que les vraies questions ont rarement des réponses. Mais lui, le médiateur spirituel, qui est censé savoir et rassurer sait désormais que son role est terminé. Qu'il ne sert plus à rien, qu'il est inutile.

Et le livre est terminé.

C'est un livre sur lequel pèsent la solitude, le silence et la mélancolie. Dans ce village, rien ne se passe sinon l'écoulement du temps, mais Silvio d'Arzo a compris, comme James ou Conrad qu'il admire, que les
moments essentiels sont ceux où rien ne se passe. Ce livre n'est pas ennuyeux. Par contre, il est fort parce qu'il excelle dans la suggestion, le non-dit ou l'indicible, qui renvoient le lecteur à ses propres interrogations intimes.

A la grisaille du paysage, à la monotonie de la vie, à l'étouffement du silence, Silvio d'Arzo sait comme peu, mettre en valeur quelques couleurs -le violet des ravines, l'argent de la lune- quelques bruits -l'aboiement d'un chien, le tintement des clarines.

Donner du rythme au récit, une tension poétique qu'on trouve rarement ailleurs à ce degré. Sinon justement dans Au coeur des ténèbres de Conrad ou Le tour d'écrou de James. Ce livre est court je le répète. On peut avoir la tentation de le relire pour essayer de comprendre la beauté et le mystère de l'écriture...

Citations :

«Ce fut un soir. A la fin d'octobre. Je revenais des tourbières d'en haut. Ni content ni triste, comme ça. Sans même une pensée en tête. Il était tard, il faisait froid, j'étais encore sur la route : je devais redescendre chez moi, voilà tout. La nuit n'était pas encore tout à fait tombée : on entendait par instants les clarines des moutons et des chèvres ça et là un peu avant les paturages. Juste l'heure, vous comprenez, où la tristesse de vivre semble grandir en meme temps que le soir et vous ne savez à qui en attribuer la faute : mauvaise heure. Un écureuil traversa la route en courant, glissant presque entre mes pieds.»

«Ici, en haut, il y a une certaine heure. le ravin et les bois, les sentiers et les paturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au dessus des marches... Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les notres.»

«Et maintenant, c'était fini. Quelque chose était arrivé, une fois, une seule, et maintenant tout était fini. Pourtant, je n'éprouvais meme pas de douleur, ni de remords, de mélancolie ou quoi que ce soit de ce genre. Je sentais seulement en moi un grand vide comme si désormais plus rien n'avait pu m'arriver. Rien jusqu'à la fin des siècles.»


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mots-clés : #psychologique #religion
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Message par Bédoulène Mar 5 Sep - 20:46

je viens de le terminer mais ne saurait dire mieux que Bix !

Un beau personnage que ce curé qui dit lui-même ressembler physiquement à Falstaff mais il ne manque pas non plus d'humour dans ses pensées. La réponse qu'il fait au jeune prêtre du village voisin exprime à elle seule ce qu'est la vie dans ce village, cette région.

que font les habitants du village ? Ils vivent
et ils meurent
Il ne se passe rien !

La courte nouvelle qui suit est aussi révélatrice de l'atmosphère du village et de la cruauté qui y règne.

c' était une très bonne rencontre avec cet auteur, je le lirai encore !

merci à Bix et à églantine (cf le jeu de texte à découvrir)

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Message par bix_229 Mar 5 Sep - 20:50

Alors, convaincus ? Wink
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Message par Bédoulène Jeu 7 Sep - 7:46

ben oui Bix !

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Message par Invité Ven 27 Nov - 21:19

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Que dire après le très beau commentaire de bix?

Montelice, un village aux sept maisons, niché dans la montagne. Non pas niché mais accroché, perdu, oublié dans la montagne parce que "niché" évoque trop de douceur pour la vie qui s'y écoule. Et là encore "écoule", non pas vraiment parce que tout y est âpre, et donc la vie y est plutôt subie.

Peu d'habitants, plutôt une présence animale avec les chiens, les chèvres : d'ailleurs, ce sont eux que l'on entend dans ce récit, que ce soit les aboiements ou les clarines.
Et les hommes ? Ils traversent les saisons et parlent peu. Une impression que c'est toujours l'hiver qui règne, la palette de couleurs qui surgit à la lecture est froide, pauvre : du bleu pâle, du violet , du gris et si par bonheur, on évoque le soleil, il est terne, jamais d'un jaune lumineux qui éclairerait.

Au milieu de ce village, le prêtre qui enterre, qui attend, qui regarde. Qui dira au prêtre du village voisin nouvellement arrivé "il ne se passe rien." Un prêtre âgé, observé de ses ouailles, scruté, qui pose un regard d'humanité sur une femme très pauvre, qui travaille tout le jour et ne quitte jamais sa chèvre.
Et c'est autour de cette femme, autour de ces mots échangés entre eux, d'abord tus, puis avoués que se construit le récit : la question qu'elle brûle de poser au prêtre suscitera un tel embarras chez celui-ci qu'il ne saura être ni la présence, ni accorder la réponse qu'elle aurait souhaitée.



Un étrange récit très court, paradoxal parce que malgré le peu de scènes du récit, on referme le livre comme habité de la présence des ces hommes, femmes, enfants et animaux, de ce coin perdu et oublié. Et que la question , on se la pose aussi...quelle sera notre réponse ?
Et c'est bien là, le miracle de cette lecture, d'avoir été bouleversé à ce point.

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Message par bix_229 Ven 27 Nov - 22:20

Merci pour ton commentaire, Janis !
Content que tu sois entrée dans cette atmosphère si particulière et si émouvante.
La sobriété parfois, l'économie de mots et d'images sont en parfaite adéquation avec le propos de
l'auteur.
Je regrette qu'il soit mort si jeune et, à titre personnel, qu'il n'ait pas écrit d'autres récits de la
meme veine.
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Message par Quasimodo Ven 27 Nov - 22:40

Quel beau commentaire !
Je l'ajoute à ma liste bounce
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Message par Tristram Ven 27 Nov - 22:51

Idem et itou.

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Message par Tristram Ven 4 Déc - 12:40

Maison des autres

psychologique - Silvio d'Arzo  41ls6510

Remarquable novella qui évoque beaucoup de choses en fort peu de mots, l’attente dépourvue d’objet, la vie âpre dans les montagnes vides, la vaine existence sans ou loin de chez-soi, et bien sûr la mort (enterrements, pensées de suicide, sans oublier l’ombre portée de la guerre). Il y a aussi de l’étrange, avec ces curés falstaffiens, dont le narrateur qui apprend à jouer la comédie aux enfants, et cette déréliction loin d’un énigmatique foyer familial.
L’ambiance de cette histoire, les dialogues, le monologue intérieur du narrateur où se mêlent amertume et ironie, m’ont ramentu certains auteurs de Provence, des Préalpes, Giono tout particulièrement.

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Message par Bédoulène Ven 4 Déc - 13:07

merci Tristram, ça ne pouvait que te plaire !

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Message par Invité Ven 4 Déc - 13:51

Tristram a écrit:Maison des autres
Remarquable novella qui évoque beaucoup de choses en fort peu de mots,

Oui et les mots vont et viennent dans la tête bien longtemps après la fin de la lecture !
Contente que tu aies aimé. Wink

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