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Bernard Malamud

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antisémitisme - Bernard Malamud Empty Bernard Malamud

Message par bix_229 Mer 14 Déc - 21:34

Bernard Malamud (1914 – 1986)

antisémitisme - Bernard Malamud Malamu10

Bernard Malamud (1914 – 1986) est renommé pour ses nouvelles, notamment celles de The Magic Barrel (1958), chroniquant sous une forme proche de la parabole la vie des immigrés et descendants d'immigrés juifs d'Europe de l'Est aux États-Unis, dans les quartiers pauvres de Manhattan et Brooklyn. Paru en 1969, Pictures of Fidelman est une collection de nouvelles satiriques dans lesquelles le personnage récurrent, le peintre Fidelman, incarne la relation ambivalente de Malamud à la figure de l'artiste. Avec Saul Bellow, Malamud est considéré comme l'un des deux maîtres du roman juif-américain, qui ont considérablement influencé les écrivains de la génération suivante tels que Cynthia Ozick et surtout Philip Roth, qui lui consacre un émouvant portrait dans Parlons Travail.
Parmi les romans de Malamud, il faut retenir le premier, The Natural (1952), fable parodique sur le baseball imprégnée par la mythologie du Graal, qui a été adaptée au cinéma dans Le Meilleur avec Robert Redford, Les Locataires (The Tenants, 1971), qui aborde les tensions entre la communauté noire et la communauté juive en Amérique, et surtout Le Commis (The Assistant, 1957), fable crépusculaire dans laquelle Malamud développe une éthique de la résignation qui lui est caractéristique.
En 1966, son roman L'Homme de Kiev (The Fixer), inspiré de l'affaire Beilis, est récompensé par le National Book Award et le Prix Pulitzer de fiction. Il est adapté deux ans plus tard au cinéma sous le même titre.

source : fr.wikipedia.org

Bibliographie en français :

Romans
Le Meilleur 1952
Le Commis 1957 : Page 1, 3
Une nouvelle vie 1961
L'Homme de Kiev 1966 : Pages 1, 2
Les Locataires 1971
La Vie multiple de William D. 1979 : Page 1
La Grâce de Dieu 1982

Recueils de nouvelles
Le Tonneau magique 1958 : Page 3
Les Idiots d'abord 1963
Portraits de Fidelman 1969
L'Homme dans le tiroir 1973 : Page 3
The Stories of Bernard Malamud 1983
Le Peuple élu et Pluie de printemps 1989
The Complete Stories 1997

màj le 04/05/2022
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Message par bix_229 Mer 14 Déc - 21:38

antisémitisme - Bernard Malamud Malamu10

LA  VIE  MULTIPLE  DE  WILLIAM D.

A 56 ans, William D. se sent à l'étroit dans sa vie. Il criaint de vieillir sans avoir  assouvi ses désirs, ses fantasmes romaneques et érotiques. Ni achevé en beauté sa vie de biographe.
Écrivain et spécialiste du genre, il a déjà publié la biographie de Thoreau et, il envisage d'écrire celle de David Herbert Lawrence.

Mais la profession de biographe est un métier à risque. Quand on consacre sa vie à raconter celle des autres, on risque de sacrifier la sienne et celle de ceux qui vous entourent. Sans parler des frustrations produites par l'excès de travail et de concentration.
William D. aime sa femme, mais en vingt cinq ans de vie commune, les sentiments ont changé de nature. Ses enfants sont adultes et ils sont loin.
Leur histoire a été un peu compliquée. Un peu plus que la nôtre - qui sait ? -  Mais ce sont des personnages romanesques et Malamud n'a pas l'intention de les laisser en paix. A commencer par William D., qui se juge trop jeune pour donner dans la continence et la chasteté !
Et donc, il rencontre Fanny qui a 23 ans. Mais comme tout un chacun, l'éloignement attise ses désirs et William pense à elle tout l'hiver. Et chaud comme un lapin, il profite du printemps et de l'absence de Ruth, son épouse, pour inviter Fanny à vivre un séjour à Venise avec lui.
Un séjour à moitié raté, parce que Fanny jette sa gourme ailleurs.

Va-t-il devenir plus raisonnable, plus responsable ? Que nenni ! William retrouve Fanny à New York  et ils vivent une relation passionnée et sensuelle.
En courant toujours plus de risques. Il joue avec le feu et fatalement, il se brûle. Bien entendu sa femme finit par tout savoir. Mais William ne veut renoncer à rien. Même si les rapports conjugaux deviennent  la sources de disputes violentes et continuelles.

Ainsi va la vie de William D.

Mais sa vie elle même change et le change. Il connaît les premières atteintes de la vieillesse. Il frôle le désespoir, se sent grotesque. Quand sa femme prend un amant et que sa fille bien aimée est lâchée par son propre amant, un prof d'espagnol de la Fac, la boucle est bouclée.
La vie n'est vraiment pas sérieuse, même si elle peut etre dramatique.

William D. se répète souvent à lui-même que toute personne a plusieurs vies, même si elle ne fait que les inventer. Et William fait visiblement partie de ceux qui imaginent sans cesse. Et ce n'est pas pour rien qu'il est devenu biographe.

Voilà un livre inoubliable parce que Malamud a l'art suprême de sonder les faiblesses et les contradictions de ses  personnages. Leurs faiblesses, leurs compromissions et leur égoïsme. Mais il ne les juge pas.
Il traite de l'incertitude de tout un chacun, la crainte de rater sa vie. Leurs interrogations sur la souffrance, la solitude, leur appétit de vivre et l'obsession de la mort.
Il laisse ses personnages errer vers une forme ultime d'évolution, d'acceptation. La vie à deux finit souvent dans la solitude et la solitude est davantage un pis aller qu'un choix.
Malamud a des dons de conteur extraordinaire dans une tradition juive qu'il a connue et vécue. Ses dialogues sont d'une grande justesse. Et le style superbe, celui d'un des grands romanciers de sa génération.
Quant au livre lui-même, c'est l'un des meilleurs que j'ai jamais lus.


mots-clés : #psychologique
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Message par bix_229 Mer 14 Déc - 21:43

J' apprends avec beaucoup de plaisir que les éditions Rivages poursuivent la publication des oeuvres
de Malamud.
Grand écrivain, mais encore trop méconnu.



- Le Commis (The Assistant). Trad. de l' anglais (américain) par Robert Vidal.
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Message par topocl Jeu 15 Déc - 11:38

L'homme de Kiev

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Comme on dit au cinéma aujourd'hui, ce livre est tiré de faits réels. En 1923, après la découverte du cadavre d'un jeune garçon chrétien de 12 ans, un pauvre juif est accusé  de meurtre rituel. C'est le parfait bouc émissaire, et malgré l'absence de  preuves, il est incarcéré, dans des conditions de plus en plus dramatiques, coupé du monde, traité avec une arrogance et une cruauté infamantes... Il reste cependant droit jusqu'au bout, frisant la folie mais clamant son innocence jusqu'au bout, en refusant d'accuser la communauté juive comme on le lui propose contre une remise de peine. Affaibli, avili, il n'en continue pas moins à chercher son propre chemin. Terrible sujet que cet enfermement kafkaïen dans les geôles atrocement antisémites de Nicolas II. Bernard Malamud mêle désespoir face à l'inhumaine humanité et espoir en l'homme, même écrasé par l'adversité, seul contre tous. Il mène un récit prenant, d'une tension croissante, que j'aurais voulu par moments moins bavard.


mots-clés : #antisémitisme #captivite #communautejuive #segregation

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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
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Message par shanidar Jeu 15 Déc - 11:46

Oh là la j'ai noté ce titre il y a des lustres et je n'ai pas pris le temps d'y repenser ! Merci pour le rappel !
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Message par Pia Jeu 15 Déc - 14:50

Je lirais bien "Les locataires".
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Message par shanidar Jeu 15 Déc - 17:05

ah et pourquoi celui-ci, pia, plutôt qu'un autre ?
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Message par bix_229 Jeu 15 Déc - 17:28

shanidar a écrit:Oh là la j'ai noté ce titre il y a des lustres et je n'ai pas pris le temps d'y repenser ! Merci pour le rappel !
Une occasion pour toi de t' interesser de plus près à la littérature américaine.
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Message par shanidar Jeu 15 Déc - 17:30

bix_229 a écrit:
shanidar a écrit:Oh là la j'ai noté ce titre il y a des lustres et je n'ai pas pris le temps d'y repenser ! Merci pour le rappel !
Une occasion pour toi de t' interesser de plus près à la littérature américaine.

et paf ! bien vu bix ! Razz
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Message par tom léo Jeu 15 Déc - 17:46

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L'homme de Kiev

Originale : The Fixer (Anglais/E-U, 1966)

CONTENU :

Yakov Bok est le réparateur (sens de « fixer » en anglais) qui dans l'an 1911 quitte son shetl pour aller chercher à Kiev son bonheur, un petit boulot, du temps pour lire, voir s'instruire. Sa femme Raisl l'avait quitté après six ans de mariage qui était resté sans enfant, et donc comme une sorte de malédiction. A Kiev il va taire ses origines juifs qui de toute façon ne le marquent plus tellement. Il arrive de s'installer en dehors du quartier juif et de trouver même un bon poste auprès d'un antisémite qu'il sauve de la mort. Mais quand dans les environs un assassinat est commis, accompagné par l'idée d'une mort rituelle commise par des Juifs, il est le coupable idéal dans l'atmosphère antisémite sous le tsar Nicolas II. Tout est arrangé, même contre les évidences, pour d'abord l'arrêter, le mettre dans une cellule commune, puis – après un mois – le mettre dans l'isolation. Malgré des circonstances terribles d'internement et le desespoir qui rode, il va toujours en dernier ressort tenir à son innocence...

REMARQUES :

Quel livre d'un auteur qui me fût jusqu'à récemment inconnu (ce qui veut pas dire quelque chose!). Avec les premières lignes nous sommes jetés au milieu des événements, pas de répit, mais du vacarme et du bruit, une petite idée de la haine qui habite les gens autour de Yakov Bok. Bientôt après ces lignes d'ouverture on déroule la chronologie des faits à partir de l'entretien de départ entre Yakov et son beau-père. Nous trouvons un Yakov qui est abattu et revolté au même moment d'avoir été quitté par sa femme, pour un « goyim » (un non-Juif) en plus. Six années de vie commune n'ont pas apporté des enfants, et l'homme se sent (inclinaison de trouver la faute de coté femme, comme si elle doit toujours être là) berné, voir : maudit. Est-ce qu'ils auraient du partir et quitter le shetl avant comme sa femme lui suggèrait ?

Maintenant Yakov le fait, mais dès le début les choses ne vont pas comme il faut : même le vieux cheval n'aimerait pas tirer la charrette. Et le passeur peste contre les Juifs, tout en agissant lui-même selon ce qu'on s'était imaginé comme typiquemment « juif »… Mais oui, pendant un court lapse de temps on aurait pu croire qu'à Kiev le destin tourne : il trouve un bon poste, bien remunéré, et de responsabilité auprès d'un Cent Noir, membre d'un groupe antisémite extrême qui ignore l'origine de Yakov car il s'est bien présenté sous une autre identité. Même sa fille cherche à l'attirer, lui fait des beaux yeux (et plus).

Quand par contre dans les environs un assassinat terrible envers un garçon est commis, le voici le coupable idéal. Comme son identité de Juif est révélée, tout le monde, d'un coup, ont toujours « su » qu'il était dépravé et une figure à craindre. On l'arrête et il est mis pendant un mois dans une cellule commune avant de n'être transféré dans une cellule isolée. Le voici sous des conditions de plus en plus dures, isolées. Il traverse des humiliations, la perte de tout sens de temps ; vit des fois entre rêve, cauchemar et réalité. La cellule dans son manque de lumière, sa humidité et sa crasse sera pendant un bon trois quarts du roman le « lieu d'action ». Donc, un huis-clos. Certes, il y aura certaines répétitions, voir des longeurs, mais n'est-ce pas aussi pour souligner les manques de répéres temporels, l'étirement extrême du temps ? Mais comment Malamud réussit ce tour de force que ce récit si opprimant d'injustice ne signifie pas la défaite intérieure de Bok ? Non, celui-ci n'est pas un superhéros qui ne gémit jamais ou ne souffre pas, mais au fond il va toujours insister sur son innocence, il ne va pas se laisser entraîner dans des jeux de collaboration plus ou moins grande avec ses adversaires.

Voilà qu'on touche une lecture et une compréhension plus profonde de ce roman, peut-être pas visible au premier regard ? C'est l'histoire d'un homme juste, souffrant innocemment. Certains passages du roman peuvent nous donner des pistes de comparaison : soit une sorte de Job, soit même – car il fait avec étonnement la lecture des Evangiles – la proximité avec le Juif Jésus. Il est et reste (malgré une certaine dureté de coeur envers sa femme au début du roman?) du bon coté, même si la souffrance se fait jour. Est-il dans un sens beaucoup plus profond un « fixer », un réparateur ??? Déjà à cause de son appartenance au peuple juif, Bok devient une figure de substitution qui dépasse de loin son destin individuel. Ce qui lui arrive ici dans la Russie antisémite sous le tsar Nicolas II ne le concerne pas seulement lui, mais à une portée universelle. Par ailleurs un acteur va lui dire ouvertement : « Si on ne te prend pas toi, ce sera un autre. » C'est terrible, mais le roman a un arrière-fond historique concret vers 1911-13 dans le cas Beilis, voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Beilis

Derrière ses cris, sa révolte et son désespoir, Yakov a une force de résistance incroyable et il reste entièrement homme, clamant son innocence. Ce livre me paraissait intemporellement actuel et mérite sa place dans un canon de littérature. Une belle découverte pour moi ! Le roman a gagné en 1966 le National Book Award et en 1967 le prix Pulitzer. Sous la direction de John Frankenheimer, il a été adapté en 1968 au cinéma.
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Message par Barcarole Jeu 15 Déc - 18:59

shanidar a écrit:Oh là la j'ai noté ce titre il y a des lustres et je n'ai pas pris le temps d'y repenser ! Merci pour le rappel !

Ca fait un long moment qu'il m'attend sur la pile, L'Homme de Kiev, qui m'intéresse moi aussi !
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Message par Pia Sam 17 Déc - 8:13

shanidar a écrit:ah et pourquoi celui-ci, pia, plutôt qu'un autre ?

Parce que si j'ai bien compris, il aborde les tensions (qui ont existées) entre la communauté afro-américaine et la communauté juive en Amérique. ça m'intéresse.
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Message par shanidar Sam 17 Déc - 12:45

Barcarole a écrit:
shanidar a écrit:Oh là la j'ai noté ce titre il y a des lustres et je n'ai pas pris le temps d'y repenser ! Merci pour le rappel !

Ca fait un long moment qu'il m'attend sur la pile, L'Homme de Kiev, qui m'intéresse moi aussi !

topocl m'avait soufflé ce titre après la lecture sur le même thème (ou à peu près) de Krudy.

Pia a écrit:
shanidar a écrit:ah et pourquoi celui-ci, pia, plutôt qu'un autre ?

Parce que si j'ai bien compris, il aborde les tensions (qui ont existées) entre la communauté afro-américaine et la communauté juive en Amérique. ça m'intéresse.

Ah oui, celui-ci aussi semble intéressant !
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Message par Nadine Sam 17 Déc - 16:00

Pia a écrit:
shanidar a écrit:ah et pourquoi celui-ci, pia, plutôt qu'un autre ?

Parce que si j'ai bien compris, il aborde les tensions (qui ont existées) entre la communauté afro-américaine et la communauté juive en Amérique. ça m'intéresse.
Oui si je devais je commencerais par celui-ci, l'axe m'intéresse également.

J'attendrai par contre que certains en parlent dans une LC, parce que je suis débordée et stagne franchement sur certains livres pour l'instant.
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Message par Bédoulène Mar 17 Jan - 15:47

antisémitisme - Bernard Malamud Commis10

Le commis

Histoire : La famille Bober  de confession Juive tient une épicerie qui périclite. Il semble que le destin s’acharne contre eux (à cause d’erreurs de choix, de malchance…) et voilà qu’un jeune délinquant, Frank,  vient y porter  ses  soucis. Quelle cohabitation espérer entre eux ? entre des Juifs et un goy ?  Il s’avèrera que Frank s’acharnera à sauver la famille, à évoluer, à se racheter mais arrivera-t-il à convaincre et se découvrira t-il ?  

On ne peut pas s’appeler Morris Bober et être riche. Un nom pareil est inconciliable avec la notion de propriété ; comme si c’était dans votre sang et votre histoire de n’avoir rien. Et si, par miracle, il vous arrive de gagner quelque chose, ce ne peut être que pour le reperdre. Finalement à soixante ans, vous vous retrouvez plus pauvre qu’à trente. C’était, pensa Helen, une forme de talent.

Cette phrase m’a interpelée et j’ai cherché ce que pouvait signifier « bober » puisque ce mot paraissait négatif. L’une des significations : se tromper  (ce qui ma foi prend du sens dans ce cas) autre sens : castor (bobr en Tchèque) construction, destruction par les éléments ?

Spoiler:

Frank :

Quel genre d’homme fallait-il être  pour s’enterrer du matin au soir dans ce cercueil géant sans jamais sortir pour respirer une bouffée d’air, à part pour acheter un journal Yiddish ? C’est bien simple , il fallait être juif. Ils sont nés prisonniers.

Les arrangements de Morris avec la religion juive suite aux remarques de Frank

Personne ne pourra dire que je ne suis pas un bon juif parce que, si j’ai une petite faim, je grignote de temps en temps un bout de jambon. Par contre, je n’aurai qu’à me taire si on peut me reprocher  d’avoir failli à la Loi qui commande de faire ce que l’on doit, d’être bon et honnête vis-à-vis de son prochain. C’est ce qui compte : la vie est trop dure sans qu’on aille encore faire du mal. Nous ne sommes pas des animaux c’est pourquoi nous avons besoin de la Loi. Voilà ce en quoi les juifs croient.

Morris Bober :

Malgré la bise de mars la température n’était pas désagréable, mais où était le temps où il s’attendrissait sur la nature ? Qu’ avait-elle donné en échange au pauvre Juif ? Le vent le poussait aux épaules ; il se laissa aller inerte, sans volonté, sans poids, victime offerte à tous les coups du sort : vent, angoisses, dettes, Karp, hold up, faillite. Il n’avait plus la force de parler.

Amer, acculé et envieux malgré tout alors que le magasin de son voisin brûle :

Cet incendie qui aurait pu le sauver, lui Morris, c’était Karp qui l’avait eu et gratuitement par-dessus le marché. La chance ne sourit qu’aux riches.

Frank :

C’est drôle, se dit-il, pour les Juifs la souffrance est une pièce de tissu ; ils s’en drapent comme dans un vêtement. Et d’où sortent tous ces gens qui sont venus pour l’enterrement et que personne ne connaît ?

Helen à propos de Frank  qu’elle aimait mais qu’elle a rejeté  quand quelque peu enivré et amoureux  a tenté de la forcer :

Je l’ai méprisé pour le mal qu’il a fait sans chercher à comprendre ses raisons, sans vouloir reconnaître qu’il peut y avoir une limite au mal et un commencement au bien.


Rêve de Frank :

St-François s’arrêta devant l’épicerie, plongea la main dans la poubelle, en sortit une rose en bois sculpté qu’il lança en l’air et elle se transforma en une vraie fleur. L’ ayant attrapée au vol, il s’inclina et la remit à Helen qui venait de sortir de la maison en lui disant : « Petite sœur voici votre petite sœur la rose. » Et Helen l’accepta des mains de Saint-François bien qu’elle exprima l’amour et les meilleurs vœux de Frank Alpine.

Peut-être est-ce une critique de l’auteur sur le regard que les Juifs (de NY  et du quartier dans ce cas) portent sur les autres, les Goys, des étrangers  avec lesquels ils ne peuvent s’unir, et  ce sentiment qu’ ils exploitent de se draper de leurs souffrances, de se plaindre oubliant leur responsabilité.  
Cependant les arrangements de Morris avec la religion et les désirs d’Helen  montrent également une intelligence à l’adaptation devant une situation difficile. Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’une famille pauvre et le sentiment d’ échec, les sacrifices  sont les mêmes que ceux de tous les pauvres du monde. Frank, sur les conseils d’Helen, lit mais c’est de la lecture de la Bible que naîtra son désir de se convertir à la religion Juive. Une façon pour l'auteur de rappeler son attachement à sa judéité. Frank apprécie la vie de Saint-François d’Assise et on peut dire qu’il l’inspire, car il donnera plus qui lui a été donné. Sa conversion ouvre un espoir, sur le futur et l’amour. Et pour tous la lutte du Bien contre le Mal inhérent à l'Homme

C'était donc une lecture d'émotions et pour avoir lu précédemment une nouvelle de l'auteur (la culotte de cheval) celle-ci confirme le salut dans le don, voire le sacrifice et la difficulté à vivre, à s'accomplir.


mots-clés : #religion #communautejuive

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Bédoulène Lun 23 Jan - 10:39

antisémitisme - Bernard Malamud Images51

L'homme de Kiev

Le livre est basé  sur un fait réel  qui s'est déroulé en Russie.

C'est une belle préface que celle de Safran Foer qui se découvre : Soudain pester contre le monde comme il va ne me suffisait plus.

Plutôt que de délivrer une faible injonction, il pose au lecteur une question cruciale : comment peux-tu rester là à ne rien faire ?

Notre monde - aussi désespéré et détraqué soit-il - a besoin de romans existentiels, de romans qui nous apportent un bien plus précieux que l'espoir : un appel à l'action.


Iakov un Juif que sa femme vient de quitter et qui veut évoluer, s'instruire décide de quitter le shtetl où il vit et rejoindre Kiev. Il n'est pas pratiquant et emporte son sac à outils et un livre de Spinoza qu'il affectionne même si certaines thèses lui échappent . A la suite d'un concours de circonstance il se trouve à gérer la fabrique de briques d'un russe , lequel fait partie des Cent Noirs, association antisémite. Accusé de meurtre rituel sur un enfant il est emprisonné.

Une des raisons de son départ du shtetl :

Qu'est un homme sans enfant : "Il partait car mari sans enfants - homme "vivant mais mort", selon le Talmud - la désertion de sa femme l'ulcérait d'autant plus."

l'autre : sa lecture de Spinoza le conforte dans l'idée que c'est grâce au savoir qu'il pourra changer sa vie médiocre.

                                                                                                                                       
 --------------

Qui mieux qu'un Juif peut-être accusé d'un meurtre si horrible ? Les nombreux pogroms qui ont sévi sur la Russie confirment la virulence de l'antisémitisme dans ce pays. Iakov va subir en prison les plus dégradants et humiliants sévices, la faim, le froid, n'importe quel prisonnier aurait succomber à ce régime mais Yakov lui résiste, il s'oblige quitte à devenir fou, il veut qu' un procès ait lieu, il veut se défendre et que l'on reconnaisse son innocence.
L'isolement où il est conféré le détruit, à petit feu, physiquement et moralement,victime de maladie, d'hallucinations, le monde extérieur tourne sans lui. Il résistera malgré tout près de 3 ans avant d'être conduit à son procès.

                                                                                                                                       
 --------------

L'histoire permet  à l'auteur de dénoncer l' antisémitisme (un antisémitisme qui s'abat d'ailleurs sur un Juif "libre-penseur" ) et la politique Russe de l'époque (et sous-entendu d'autres).

C'est grâce à sa volonté qu'il obtient le procès et pour Malamud l' issue ne sert pas son propos ;   la lutte, la résistance me paraissent être le ferment de ce récit.

"Une chose que j'aurai apprise, songea-t-il, c'est que personne ne peut se permettre d'être apolitique, et surtout pas un Juif. Impossible d'être juif et apolitique, c'est clair. On ne peut rester assis  à se laisser tranquillement détruire."

"Puis il pensa : là où l'on ne se bat pas pour la liberté, elle n'existe pas. Que dit Spinoza ? Si l'état agit d'une façon que la nature humaine réprouve, le moindre mal est de le détruire. Mort aux antisémites ! Vive la révolution ! Vive la liberté !"


C'est très fort que l'auteur est fait le choix d'un Juif "libre penseur" donc qu'il est difficile de rattacher à la religion car comment nommer ce crime de "rituel" sans la force et l'implication de la religion ?

Iakov : "Dieu regarde dans le vide. Il ne nous voit pas et se moque bien de nous. Mon morceau de pain c'est aujourd'hui que je le veux pas au paradis."

"S'il y avait un Dieu, après avoir lu Spinoza il avait dû fermer boutique pour devenir une idée."


Une fois de plus j'ai retrouvé la critique de l'auteur sur certains traits de caractère des Juifs :

"depuis sa naissance, un cheval noir l'avait poursuivi : cauchemar juif. Qu'était un Juif sinon une perpétuelle malédiction ? Les Juifs, il en avait par-dessus la tête de leur histoire, de leur destin et de leur culpabilité."

l'avocat : "Il est regrettable que nos compatriotes grelottent par tous les temps. Pour vous venir en aide, ils ont bien organisé un comité, mais sa prudence reste excessive. Ils n'osent " s'en mêler" de crainte de provoquer une nouvelle calamité, ce qui est en soi une calamité."

Cependant son soutien à sa communauté se révèle aussi :

"Si peu Juif qu'il soit, il l'est assez pour devoir protéger les autres. Après tout il les connait et croit à leur droit d'être Juifs et de vivre sur cette terre comme des Hommes. Il est contre ceux qui sont contre les Juifs. Il protègera ceux-ci dans toute la mesure de ses moyens. C'est l'alliance qu'il conclut avec lui-même. Si Dieu n'est pas homme Yakov a le devoir de l'être. Il lui faut donc tenir coûte que coûte jusqu'au procès pour les obliger par leurs mensonges à faire éclater son innocence. Il n'a d'autre avenir que de tenir bon, de se cramponner."

"Nous sommes persécutés dans les langues les plus civilisées".  (rappel de l'affaire Dreyfus en France)


                                                                                                                                   
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C'était une lecture utile, pour appréhender l' ambiance à cette époque en Russie, la profondeur de l'antisémitisme, le joug qui pesait sur le peuple et qui cristallisait la haine  car il faut toujours à l'homme un responsable à ses tourments et celui qui est différent est l'obligé.

L'antisémitisme  a été concrétisé, hélas, quelques décennies plus tard par l'abomination. Quant à la politique........................mais c'est une autre histoire. Quoi que là aussi la liberté de l'Homme a été tuée.

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Message par topocl Lun 26 Fév - 9:53

Le commis

antisémitisme - Bernard Malamud Commis10

Dans un milieu de petits commerçants new-yorkais immigrés, principalement des Juifs, entre réussite et pauvreté, un jeune homme malmené par la vie, qui s'est laissé entraîner dans de sombres affaires, essaie de se refaire une respectabilité. A force de constance et de sacrifices, guidé par l'amour, aidé par la bienveillance de certains, luttant dans de nombreux allers et retours contre ses mauvais penchant il réussira sa conversion, à tous les sens du terme.

Le récit, riche en dialogues, est d'une simplicité biblique, bien qu'il s'attache à montrer en chacun le bien et le mal mêlés. On y trouve une certaine naïveté voire une bien-pensance, mais les personnages, luttant pour atteindre le meilleur, restent attachants.


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Message par Bédoulène Lun 26 Fév - 10:48

merci topocl ! la bien-pensance une manière de défense, non ?

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Message par topocl Lun 26 Fév - 14:58

Dison que je trouve un peu simpliste de dire que sous prétexte qu'il se convertit au judaïsme, son problème est réglé.

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Message par bix_229 Lun 26 Fév - 16:55

topocl a écrit:Dison que je trouve un peu simpliste de dire que sous prétexte qu'il se convertit au judaïsme, son problème est réglé.
Tu devrais essayer  Les Voisins.
Il y a vraiment matière à réflexion. Je me souvienns encore de ma lecture en LC.
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